Les médias sont censés être des lieux de réflexion, d’information et d’échange constructif. Pourtant, au Sénégal, un mal insidieux gangrène peu à peu l’espace médiatique : la dérive des chroniqueurs. Autrefois perçus comme des analystes capables de décrypter l’actualité avec rigueur et impartialité, nombre d’entre eux ne sont aujourd’hui que des imposteurs du débat public. À la place de l’intellect et de l’argumentation, ils offrent au public, du vacarme, des clashs et des polémiques stériles.
Le pire dans cette affaire ? Ce sont eux qui font l’opinion.
L’avènement des « charlatans médiatiques »
Le chroniqueur, dans sa forme la plus noble, est un observateur critique, un penseur qui éclaire le public. Mais au fil des années, une nouvelle espèce a émergé : les charlatans médiatiques.
Ces pseudo-analystes squattent les plateaux de télévision et les studios de radio, se présentant comme des experts, sans en avoir ni la formation ni la compétence. Ils se construisent une réputation à coups de déclarations fracassantes, d’attaques personnelles et de théories fumeuses. Peu importe la vérité, ce qui compte, c’est de faire du bruit, voire du buzz.
Leur stratégie est bien rodée :
Provocation systématique : Ils lancent des affirmations chocs, souvent sans fondement, pour capter l’attention.
Manque total de rigueur : Peu ou pas de vérification des faits, car ce qui importe, c’est l’impact immédiat.
Personnalisation des débats : Plutôt que de discuter des idées, ils s’attaquent aux individus, jetant en pâture des noms et des accusations gratuites.
Allégeance politique ou économique : Beaucoup sont en réalité des mercenaires médiatiques, mis en service par des lobbies ou des groupes politiques, qui les paient pour orienter l’opinion publique.
Ainsi, au lieu d’informer, ils manipulent. Au lieu d’éclairer, ils obscurcissent.
Quand la chronique devient une arme de destruction massive
Le problème ne se limite pas à quelques figures isolées. C’est l’ensemble du paysage médiatique sénégalais qui est affecté.
Les grandes chaînes de télévision, obnubilées par les audiences et les buzz sur les réseaux sociaux, ouvrent leurs antennes à ces bateleurs de foire, au détriment des vrais journalistes. Plus besoin de rigueur ni de compétence : une bonne dose d’arrogance et un verbe acerbe, suffisent pour se hisser au rang de « star » médiatique.
Cette dynamique a des conséquences désastreuses :
Une dégradation du débat public : Plutôt que de poser des questions pertinentes sur les grands enjeux nationaux, on assiste à des pugilats verbaux, où la raison est écrasée par la surenchère et le mépris.
Une manipulation massive de l’opinion : De fausses informations sont relayées sans le moindre contrôle, influençant des millions de citoyens.
Un affaiblissement des institutions : Lorsque des chroniqueurs passent leur temps à diffamer, à exagérer et à propager des rumeurs, ils sapent la confiance du public dans les institutions de l’État, les entreprises et les acteurs politiques.
Une montée des tensions sociales et politiques : À force de pousser à l’extrême les clivages et d’attiser la colère populaire, ces chroniqueurs irresponsables deviennent des facteurs d’instabilité.
Le plus alarmant, c’est que ces imposteurs sont désormais pris au sérieux. On ne les remet plus en question, car ils occupent tellement d’espace médiatique, qu’ils finissent par imposer leur discours.
Le vrai chroniqueur : une espèce en voie de disparition ?
Face à cette marée de populisme et de désinformation, les vrais chroniqueurs — ceux qui analysent avec objectivité, qui apportent des faits et qui prennent le temps de construire une pensée solide, sont en train de disparaître.
Pourquoi ? Parce qu’ils ne font pas assez de bruit.
Parce qu’ils ne cherchent pas le scandale.
Parce qu’ils refusent d’être les pantins d’un système corrompu par la soif du buzz.
Mais leur disparition est un danger pour la société. Un pays sans analystes sérieux, sans penseurs crédibles, est un pays livré à la manipulation et à la médiocrité intellectuelle.
Comment sortir de cette spirale destructrice ?
Il est encore possible d’inverser la tendance, mais cela exige une action immédiate et rigoureuse :
Réguler l’accès aux plateaux médiatiques : Les chaînes de télévision et les radios doivent cesser de donner la parole à des individus qui ne respectent aucune éthique professionnelle. Inviter un charlatan, c’est donner du crédit au mensonge.
Responsabiliser les médias : Les rédactions doivent imposer des standards plus stricts et cesser de privilégier le sensationnel au détriment de la qualité.
Éduquer le public : Les citoyens doivent apprendre à distinguer un véritable chroniqueur d’un simple agitateur. Cela passe par une meilleure culture médiatique et un regard critique sur les sources d’information
Renforcer les sanctions contre la diffamation et la désinformation : Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) doit être plus ferme face aux abus et punir les médias qui diffusent de fausses informations ou qui tolèrent les discours haineux.
Redonner de la place aux vrais analystes : Universitaires, experts, journalistes sérieux doivent être plus présents dans le débat public. Leur voix doit être amplifiée, pour contrebalancer le tumulte des imposteurs.
Exigeons mieux !
Le Sénégal est un pays de débats, de contradictions et d’opinions fortes. Mais le débat ne doit pas être un champ de bataille où tous les coups sont permis. Il doit être un espace de réflexion, d’argumentation et de construction.
Aujourd’hui, les médias sénégalais sont à la croisée des chemins : soit ils continuent à être le théâtre du populisme et du bruit inutile, soit ils choisissent de redevenir des piliers de la démocratie et de la vérité.
Quant aux citoyens, ils doivent aussi prendre leurs responsabilités. Ne pas se laisser aveugler par les manipulateurs. Ne pas confondre arrogance et intelligence. Ne pas accepter la médiocrité comme norme.
Le Sénégal mérite mieux que des charlatans médiatiques. Il est temps d’exiger un vrai débat, porté par de vrais chroniqueurs.
JOHNSON MBENGUE
33e Promo CESTI
johnson.mbengue20@gmail.com
Le pire dans cette affaire ? Ce sont eux qui font l’opinion.
L’avènement des « charlatans médiatiques »
Le chroniqueur, dans sa forme la plus noble, est un observateur critique, un penseur qui éclaire le public. Mais au fil des années, une nouvelle espèce a émergé : les charlatans médiatiques.
Ces pseudo-analystes squattent les plateaux de télévision et les studios de radio, se présentant comme des experts, sans en avoir ni la formation ni la compétence. Ils se construisent une réputation à coups de déclarations fracassantes, d’attaques personnelles et de théories fumeuses. Peu importe la vérité, ce qui compte, c’est de faire du bruit, voire du buzz.
Leur stratégie est bien rodée :
Provocation systématique : Ils lancent des affirmations chocs, souvent sans fondement, pour capter l’attention.
Manque total de rigueur : Peu ou pas de vérification des faits, car ce qui importe, c’est l’impact immédiat.
Personnalisation des débats : Plutôt que de discuter des idées, ils s’attaquent aux individus, jetant en pâture des noms et des accusations gratuites.
Allégeance politique ou économique : Beaucoup sont en réalité des mercenaires médiatiques, mis en service par des lobbies ou des groupes politiques, qui les paient pour orienter l’opinion publique.
Ainsi, au lieu d’informer, ils manipulent. Au lieu d’éclairer, ils obscurcissent.
Quand la chronique devient une arme de destruction massive
Le problème ne se limite pas à quelques figures isolées. C’est l’ensemble du paysage médiatique sénégalais qui est affecté.
Les grandes chaînes de télévision, obnubilées par les audiences et les buzz sur les réseaux sociaux, ouvrent leurs antennes à ces bateleurs de foire, au détriment des vrais journalistes. Plus besoin de rigueur ni de compétence : une bonne dose d’arrogance et un verbe acerbe, suffisent pour se hisser au rang de « star » médiatique.
Cette dynamique a des conséquences désastreuses :
Une dégradation du débat public : Plutôt que de poser des questions pertinentes sur les grands enjeux nationaux, on assiste à des pugilats verbaux, où la raison est écrasée par la surenchère et le mépris.
Une manipulation massive de l’opinion : De fausses informations sont relayées sans le moindre contrôle, influençant des millions de citoyens.
Un affaiblissement des institutions : Lorsque des chroniqueurs passent leur temps à diffamer, à exagérer et à propager des rumeurs, ils sapent la confiance du public dans les institutions de l’État, les entreprises et les acteurs politiques.
Une montée des tensions sociales et politiques : À force de pousser à l’extrême les clivages et d’attiser la colère populaire, ces chroniqueurs irresponsables deviennent des facteurs d’instabilité.
Le plus alarmant, c’est que ces imposteurs sont désormais pris au sérieux. On ne les remet plus en question, car ils occupent tellement d’espace médiatique, qu’ils finissent par imposer leur discours.
Le vrai chroniqueur : une espèce en voie de disparition ?
Face à cette marée de populisme et de désinformation, les vrais chroniqueurs — ceux qui analysent avec objectivité, qui apportent des faits et qui prennent le temps de construire une pensée solide, sont en train de disparaître.
Pourquoi ? Parce qu’ils ne font pas assez de bruit.
Parce qu’ils ne cherchent pas le scandale.
Parce qu’ils refusent d’être les pantins d’un système corrompu par la soif du buzz.
Mais leur disparition est un danger pour la société. Un pays sans analystes sérieux, sans penseurs crédibles, est un pays livré à la manipulation et à la médiocrité intellectuelle.
Comment sortir de cette spirale destructrice ?
Il est encore possible d’inverser la tendance, mais cela exige une action immédiate et rigoureuse :
Réguler l’accès aux plateaux médiatiques : Les chaînes de télévision et les radios doivent cesser de donner la parole à des individus qui ne respectent aucune éthique professionnelle. Inviter un charlatan, c’est donner du crédit au mensonge.
Responsabiliser les médias : Les rédactions doivent imposer des standards plus stricts et cesser de privilégier le sensationnel au détriment de la qualité.
Éduquer le public : Les citoyens doivent apprendre à distinguer un véritable chroniqueur d’un simple agitateur. Cela passe par une meilleure culture médiatique et un regard critique sur les sources d’information
Renforcer les sanctions contre la diffamation et la désinformation : Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) doit être plus ferme face aux abus et punir les médias qui diffusent de fausses informations ou qui tolèrent les discours haineux.
Redonner de la place aux vrais analystes : Universitaires, experts, journalistes sérieux doivent être plus présents dans le débat public. Leur voix doit être amplifiée, pour contrebalancer le tumulte des imposteurs.
Exigeons mieux !
Le Sénégal est un pays de débats, de contradictions et d’opinions fortes. Mais le débat ne doit pas être un champ de bataille où tous les coups sont permis. Il doit être un espace de réflexion, d’argumentation et de construction.
Aujourd’hui, les médias sénégalais sont à la croisée des chemins : soit ils continuent à être le théâtre du populisme et du bruit inutile, soit ils choisissent de redevenir des piliers de la démocratie et de la vérité.
Quant aux citoyens, ils doivent aussi prendre leurs responsabilités. Ne pas se laisser aveugler par les manipulateurs. Ne pas confondre arrogance et intelligence. Ne pas accepter la médiocrité comme norme.
Le Sénégal mérite mieux que des charlatans médiatiques. Il est temps d’exiger un vrai débat, porté par de vrais chroniqueurs.
JOHNSON MBENGUE
33e Promo CESTI
johnson.mbengue20@gmail.com