Il fut un temps où les soldats de la force internationale étaient les victimes régulières des talibans. Aujourd'hui, alors que l'ennemi se niche même parmi les alliés, ils craignent tout autant de tomber sous les balles des policiers et des soldats locaux qu'ils entraînent et conseillent patiemment depuis des années.
Le mois dernier, Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense, affirmait encore qu'il s'agissait d'attaques «sporadiques» qui traduisaient un signe de faiblesse de la part des talibans. Quant aux officiers de l'Otan, ils ont longtemps évoqué des «incidents isolés» perpétrés par des soldats afghans à bout de nerfs. Mais, face à l'augmentation spectaculaire de ce type d'attaques, même le président Barack Obama a dû faire publiquement part de son «inquiétude».
Tout se passe en effet comme si ce que l'on appelle désormais les «attaques internes» reflétait en fait une nouvelle stratégie des talibans. Leur chef religieux, le mollah Omar, s'est d'ailleurs vanté que ses hommes aient infiltré les forces de sécurité afghanes, conformément à un plan mis au point l'an dernier. Il a appelé policiers et militaires à rejoindre les rangs talibans et à multiplier les assauts contre les forces étrangères. «Pour l'instant, 25 % seulement des incidents de ce type sont perpétrés par les talibans, même s'ils s'attribuent le mérite de la plupart d'entre eux», relativise un officier général français en Afghanistan. Mais ce pourcentage est en constante augmentation.
Dans une guerre de guérilla, l'adversaire s'adapte toujours rapidement à la situation sur le terrain. Après avoir misé sur les IED - engins explosifs improvisés - et sur les attaques d'envergure, les talibans cherchent aujourd'hui de nouveaux moyens, peu onéreux, de pousser les forces internationales vers la sortie tout en préservant au maximum leur force de combat.
Effet psychologique maximum
En infiltrant les unités de sécurité locales, les talibans, qui recherchent toujours l'effet psychologique maximum, brisent la confiance difficilement acquise des forces internationales envers leurs alliés. Ils affaiblissent leur moral et érodent leur volonté. À terme, et c'est aussi le but des talibans, qui préparent l'après-Karzaï et le départ des forces étrangères, ce nouveau mode opératoire contribue à diminuer le soutien apporté par la population au gouvernement afghan et à ses institutions.
C'est donc toute la stratégie des Occidentaux, qui consiste à transférer peu à peu la responsabilité de la sécurité du pays aux forces de sécurité locales jusqu'au retrait des forces américaines fin 2014, qui pourrait être remise en cause. Sans confiance, impossible de s'entraîner ensemble. Et si les forces de sécurité ne sont pas assez solides et unies pour remplacer les troupes américaines, la transition et la stabilisation du pays s'annoncent mal.
Les forces internationales ont réagi. Comme elles avaient inventé des parades aux IED et consolidé les bunkers pour être moins vulnérables aux offensives ennemies, elles ont inventé des «anges gardiens» (guardian angel) dont l'unique tâche est de protéger les forces étrangères des «attaques internes».
Les soldats rentrent désormais dans leurs bases les armes chargées. Les méthodes de recrutement ont été durcies. «Nous trouverons la parade», assure l'officier général français. Mais les talibans aussi, sans doute. Eux n'ont pas besoin de gagner sur le champ de bataille pour arracher la victoire en Afghanistan.
Par Isabelle Lasserre
Le mois dernier, Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense, affirmait encore qu'il s'agissait d'attaques «sporadiques» qui traduisaient un signe de faiblesse de la part des talibans. Quant aux officiers de l'Otan, ils ont longtemps évoqué des «incidents isolés» perpétrés par des soldats afghans à bout de nerfs. Mais, face à l'augmentation spectaculaire de ce type d'attaques, même le président Barack Obama a dû faire publiquement part de son «inquiétude».
Tout se passe en effet comme si ce que l'on appelle désormais les «attaques internes» reflétait en fait une nouvelle stratégie des talibans. Leur chef religieux, le mollah Omar, s'est d'ailleurs vanté que ses hommes aient infiltré les forces de sécurité afghanes, conformément à un plan mis au point l'an dernier. Il a appelé policiers et militaires à rejoindre les rangs talibans et à multiplier les assauts contre les forces étrangères. «Pour l'instant, 25 % seulement des incidents de ce type sont perpétrés par les talibans, même s'ils s'attribuent le mérite de la plupart d'entre eux», relativise un officier général français en Afghanistan. Mais ce pourcentage est en constante augmentation.
Dans une guerre de guérilla, l'adversaire s'adapte toujours rapidement à la situation sur le terrain. Après avoir misé sur les IED - engins explosifs improvisés - et sur les attaques d'envergure, les talibans cherchent aujourd'hui de nouveaux moyens, peu onéreux, de pousser les forces internationales vers la sortie tout en préservant au maximum leur force de combat.
Effet psychologique maximum
En infiltrant les unités de sécurité locales, les talibans, qui recherchent toujours l'effet psychologique maximum, brisent la confiance difficilement acquise des forces internationales envers leurs alliés. Ils affaiblissent leur moral et érodent leur volonté. À terme, et c'est aussi le but des talibans, qui préparent l'après-Karzaï et le départ des forces étrangères, ce nouveau mode opératoire contribue à diminuer le soutien apporté par la population au gouvernement afghan et à ses institutions.
C'est donc toute la stratégie des Occidentaux, qui consiste à transférer peu à peu la responsabilité de la sécurité du pays aux forces de sécurité locales jusqu'au retrait des forces américaines fin 2014, qui pourrait être remise en cause. Sans confiance, impossible de s'entraîner ensemble. Et si les forces de sécurité ne sont pas assez solides et unies pour remplacer les troupes américaines, la transition et la stabilisation du pays s'annoncent mal.
Les forces internationales ont réagi. Comme elles avaient inventé des parades aux IED et consolidé les bunkers pour être moins vulnérables aux offensives ennemies, elles ont inventé des «anges gardiens» (guardian angel) dont l'unique tâche est de protéger les forces étrangères des «attaques internes».
Les soldats rentrent désormais dans leurs bases les armes chargées. Les méthodes de recrutement ont été durcies. «Nous trouverons la parade», assure l'officier général français. Mais les talibans aussi, sans doute. Eux n'ont pas besoin de gagner sur le champ de bataille pour arracher la victoire en Afghanistan.
Par Isabelle Lasserre