Le mensonge, correctement pratiqué, peut mettre énormément de bonheur dans la vie moderne. Et on a des preuves.
OUI, il y a plein de bonnes raisons de mentir, il faut simplement apprendre à le faire dans les règles de l’art. Suivez-nous dans le doux monde du mensonge bien fait !
« Tout le monde ment, dès 3 ans et toute sa vie », assure d’ailleurs Claudine Biland, psychologue sociale et auteur de Psychologie du menteur (Odile Jacob). « On ment en moyenne deux fois par jour. Seuls les vrais introvertis ne sont pas capables de mentir. » Le mensonge serait ainsi un critère de sociabilité, un peu comme une poignée de main.
« C’est en tout cas une condition de la vie en société, qui deviendrait infernale sans ces petits arrangements avec la réalité. En effet, la vérité des faits est parfois difficile à dire comme à entendre, et, dans ce cas, elle est plus nuisible qu’un pieux mensonge. »
Une activité altruiste
N’oublions pas cependant que 75 % de nos petits mensonges quotidiens sont égoïstes, et justifiés par trois motivations principales : donner une bonne image de soi, obtenir un avantage ou éviter un conflit. Il en reste donc 25 % pour soigner sa silhouette morale : 25 % des mensonges en général sont altruistes. Ils ne visent qu’à faire plaisir ou à protéger autrui, et n’apportent rien à l’émetteur, sinon une bonne conscience.
Par ailleurs, 50 % des mensonges féminins sont altruistes. L’auréole nous pousse. On ment pour être aimé. Pourtant, l’injustice classique à propos du mensonge est de le condamner chez l’adulte, mais de le pardonner, voire de le prescrire chez l’enfant. Ainsi le marmot qui annonce : « C’est mon nounours qui a découpé ta robe pour s’en faire des mouchoirs », loin de prendre sa mère pour une débile légère, « ment pour qu’on ne cesse pas de l’aimer, car il a soif d’être accepté par ceux qu’il aime », vous dirait un chœur de psys.
Le corps grandit, mais les motivations demeurent, j’allais dire. C’est donc par besoin d’amour que l’on continue à mentir, et c’est beau, ça, bon sang ! « On ment d’autant plus volontiers que nos mensonges sont rarement découverts », ajoute Claudine Biland. 82% des mensonges ne sont pas détectés. En effet, 82 % d’entre eux ne sont pas détectés. D’abord parce que nous sommes confiants dans la nature humaine, ensuite parce qu’un petit mensonge est presque impossible à confondre, enfin parce que, même s’il l’est, notre interlocuteur préfère souvent se taire plutôt que nous prendre en défaut et, de fait, nous gêner.
Comment bien mentir ? 8 types de mensonges bien faits
Finalement, le mensonge n’est moralement condamnable que si la raison pour laquelle on ment, l’est aussi. Sans compter qu’il est la preuve d’une saine activité intellectuelle, voire d’un certain talent, puisqu’il nécessite une mémoire encyclopédique et une intarissable imagination. C’est donc bon de mentir. La belle phrase ! Répétons-la : c’est bon de mentir.
Quel mensonge servir à qui et en quelle occasion ?
Le mensonge de séduction: Lectrice, sans doute penses-tu que les premières heures passées avec un homme sont les plus sincères, car elles ne sont pas ternies par les dépôts de mensonges qui formeront plus tard une fine pellicule de vice à la surface de la relation ? Tu te méprends, lectrice. Au début d’une relation amoureuse, on ment trois fois plus que dans une relation installée, dixit Claudine Biland.
Non parce que notre âme est noire, mais parce qu’elle est maligne : elle a bien compris que le mensonge était le meilleur moyen de parvenir à ses fins (de soirée). Démonstration. À minuit, l’être que vous vous apprêtez à aimer vous demande tout à trac ce que vous pensez des filles qui couchent le premier soir. Vous essayez alors de dire la vérité – « Des grues » –, mais la langue s’emmêle avec la luette, et ça sort tout brouillé – « Dttgrmmpf ». C’est deux heures après qu’on regrette de n’avoir pas menti – « Elles font bien ».
Trop tard, on est chez soi, démaquillée et en pyjama. Il eût été plus sage de mentir par omission : la prochaine fois, lancez-lui un regard énigmatique, hochez doucement la tête, et laissez-le comprendre.
Le mensonge diplomatique: Appelé aussi « mensonge pour avoir la paix », c’est le plus démocratique, puisqu’on le sert sans discrimination à sa famille comme à ses amis, ou à son conjoint. Quel est l’intérêt d’avouer à ses parents qu’on a un peu recommencé à fumer deux paquets par jour, quand, depuis deux ans, ils croient qu’on a arrêté ? Subir un sermon sur les dangers du tabac et passer pour une fille à la volonté de palourde, jugez comme c’est pertinent. Le mensonge diplomatique, ou « mensonge pour avoir la paix ».
Ou bien : notre meilleure amie nous prie de garder son fils ce week-end, un adorable bambin affectueusement surnommé Pol Pot. Plutôt que de lui avouer qu’on a la fibre maternelle relâchée, on rétorquera : « Pas ce week-end, je suis à Deauville. » Selon Claudine Biland, les intimes sont les plus faciles à berner, parce qu’ils nous font confiance.
Aussi courez-vous peu de risques que votre amie, le regard bileux, vous lance : « Tu me mens, tu me spolies. » Mais le mensonge diplomate fait également merveille sur les aspirants intimes. J’explique. Vous invitez un homme dans votre lit. Au moment de l’effeuillage, aléa du hasard, son ventre tombe sur ses chaussettes. Plutôt que stigmatiser son exubérance abdominale – « Sacré bide ! » –, complimentez-le sur la vaillance de, disons, ses coudes ?
Le mensonge d’appara: Ah, le beau mensonge qui nous pare de qualités ou de dons que l’on ne possède pas (« J’ai eu mon bac à 16 ans », « C’est ma vraie couleur de cheveux ») ! Peut-on le blâmer de nous rendre plus aimable ? Certes non. Pour Claudine Biland, il est même de plus en plus prescrit par une société blasée, qui a besoin de beaucoup pour s’émouvoir encore. Son seul impératif est de rester crédible. Ainsi évitera-t-on d’affirmer : « Mais je te jure, Monique, je suis née en 1983, ces rides étaient déjà là à 13 ans, c’est héréditaire » à une amie qui nous a vue voter Mitterrand en 1988. Après tout, il n’y a pas de honte à avoir plus de 30 ans.
Autre cas d’école : imaginons que vous ayez chez vous une bibliothèque géniale, avec des livres déments que, pour certains, même, vous avez lus. Il est néanmoins délicat de discuter littérature française du début du siècle quand on sait qui est Colette (une échoppe tendance où l’on vend des tee-shirts sans trous pour les bras), mais qu’on sait moins qui est Morand.
En revanche, on peut tout à fait prétendre que c’est nous qui avons fait la blanquette. En effet, avouer qu’on a surtout mis la barquette surgelée au four serait faire preuve d’une modestie hors de propos.
Le mensonge de courtoisie: Communément appelé hypocrisie, c’est le mensonge le plus pratiqué entre femmes. Allez-y sans vergogne, on aime ça : « Tout le monde apprécie d’être flatté », affirme Claudine Biland. « Même si le flatté a conscience que les compliments ne sont pas fondés, il trouve quand même la personne qui le flatte plus sympathique que celle qui lui dit la vérité. » Tout le monde apprécie d’être flatté… Même quand c’est infondé !
Pour la paix dans le monde, mes sœurs, mentons : à la collègue qui débarque avec une coupe de cheveux à glacer le sang, lançons un primesautier : « C’est hyper moderne dans le principe, tes cheveux. » À notre copine qui est passée à côté de l’idée que le beige va avec tout, sauf avec le teint, sourions : « Ravissant, ce pull. » Dernièrement, une amie me demandait ce que je pensais de son nouveau fiancé. En vérité, il est gai comme une paire d’espadrilles et a une fâcheuse tendance à soutenir Philippe de Villiers. Mais elle l’aime, alors j’ai dit : « Sympa. J’adore ce genre de types très, heu, droits. »
Enfin, ne laissons pas les hommes en marge de ces civilités. À un garçon peu avenant qui nous suggère de nous étendre nue sur sa couche, inutile de répondre : « Crève. » Un courtois : « La proposition est tentante, mais je ne fais pas dans le nain boiteux bicentenaire » y pourvoira.
Le mensonge utile:Très utilisé dans le monde merveilleux du travail, le mensonge utile vise à nous faire obtenir un avantage ou à nous éviter un blâme. Selon Claudine Biland, l’activité professionnelle est le domaine où l’on ment le plus, parce que les enjeux sont importants (obtenir un poste, ne pas le perdre, etc.), et que l’on n’entretient pas de rapports affectifs, souvent culpabilisants, avec ceux que l’on berne.
Que celle qui n’a jamais trafiqué son CV me jette le premier : « J’ai bientôt fini ce dossier. » L’activité professionnelle est le domaine où l’on ment le plus. On le sait, pourtant, que le chef commence sa réunion au coup de pistolet à 9 heures. Avouer en débarquant à 9h39 qu’on a oublié ? N’y pensez pas, malheureuse ! Avec la voix d’un bébé phoque qui a mangé du miel, avouez : « J’ai été prise dans les embouteillages », point. Sans ajouter : « En plus, le réveil n’a pas sonné et le chien a mangé mes clés », trop de mensonges nuit à la crédibilité.
Ce qu’il y a de bien avec le mensonge utile, c’est qu’on peut aussi l’utiliser avec la copine à garde-robe abondante. Exemple : « Tu sais, le sac en croco est totalement out cette année, tu peux me le donner. Prends plutôt ton sac à dos, le joli, là, avec les pin’s. »
Le pieux mensonge: « C’est à son conjoint qu’on ment le moins », avance Claudine Biland. Pourtant, le pieux mensonge est au couple ce que le Botox est à Madonna : indispensable. On peut mentir pieusement en dehors de la sphère conjugale, mais c’est auprès de l’être cher que ce mensonge s’épanouit le mieux, bicoze plaisir de la transgression, ivresse de l’interdit, tout ça.
Qu’est-ce qu’un pieux mensonge ? Il repose sur une idée simple : ne pas rouler l’être cher dans le trauma. Imaginons que l’être cher et vous viviez une sexualité épanouie, mais pas ensemble. Une fois votre couple bien vivifié dans le lit d’autrui, est-ce bien nécessaire d’en avertir l’être cher ? « On peut mentir en étant sincère », affirme Claudine Biland. « Par exemple si on trompe son conjoint mais que cela ne remet pas en cause les sentiments qu’on lui porte. » On peut mentir en étant sincère ! Vous voyez ?
Notez qu’on peut aussi mentir pieusement sans coucher dans l’herbe verte du voisin. On en connaît qui assurent sans ciller : « Ton pantalon en velours caca d’oie ? Le beau élimé aux genoux ? Non, je ne sais pas où il est », un sac poubelle caché dans le dos.
Le mensonge plaidoyer Injustement baptisé « mauvaise foi », ce mensonge est très utile quand on veut s’habiller à sa faim. Vous vous promenez dans une boutique de chaussures. Distraite, vous oubliez que vous n’avez pas vingt-deux pieds, et vous achetez une énième paire d’escarpins, sauf que vernis, ceux-là. Au moment de rentrer auprès de cet abstinent de la fringue qui vous pousse à investir dans un PERP, vous avez quatre options : « C’est du vrai cuir, et puis j’épargne où je veux », « Ils n’ont coûté que 50 euros, ça aurait été impoli de refuser », « Ils étaient vendus avec un iPod à brancher sous le talon, j’allais pas laisser passer l’occasion », « Porter mes vieux escarpins démodés aurait fait de moi une femme aigrie, je l’ai fait pour toi, mon amour ».
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OUI, il y a plein de bonnes raisons de mentir, il faut simplement apprendre à le faire dans les règles de l’art. Suivez-nous dans le doux monde du mensonge bien fait !
« Tout le monde ment, dès 3 ans et toute sa vie », assure d’ailleurs Claudine Biland, psychologue sociale et auteur de Psychologie du menteur (Odile Jacob). « On ment en moyenne deux fois par jour. Seuls les vrais introvertis ne sont pas capables de mentir. » Le mensonge serait ainsi un critère de sociabilité, un peu comme une poignée de main.
« C’est en tout cas une condition de la vie en société, qui deviendrait infernale sans ces petits arrangements avec la réalité. En effet, la vérité des faits est parfois difficile à dire comme à entendre, et, dans ce cas, elle est plus nuisible qu’un pieux mensonge. »
Une activité altruiste
N’oublions pas cependant que 75 % de nos petits mensonges quotidiens sont égoïstes, et justifiés par trois motivations principales : donner une bonne image de soi, obtenir un avantage ou éviter un conflit. Il en reste donc 25 % pour soigner sa silhouette morale : 25 % des mensonges en général sont altruistes. Ils ne visent qu’à faire plaisir ou à protéger autrui, et n’apportent rien à l’émetteur, sinon une bonne conscience.
Par ailleurs, 50 % des mensonges féminins sont altruistes. L’auréole nous pousse. On ment pour être aimé. Pourtant, l’injustice classique à propos du mensonge est de le condamner chez l’adulte, mais de le pardonner, voire de le prescrire chez l’enfant. Ainsi le marmot qui annonce : « C’est mon nounours qui a découpé ta robe pour s’en faire des mouchoirs », loin de prendre sa mère pour une débile légère, « ment pour qu’on ne cesse pas de l’aimer, car il a soif d’être accepté par ceux qu’il aime », vous dirait un chœur de psys.
Le corps grandit, mais les motivations demeurent, j’allais dire. C’est donc par besoin d’amour que l’on continue à mentir, et c’est beau, ça, bon sang ! « On ment d’autant plus volontiers que nos mensonges sont rarement découverts », ajoute Claudine Biland. 82% des mensonges ne sont pas détectés. En effet, 82 % d’entre eux ne sont pas détectés. D’abord parce que nous sommes confiants dans la nature humaine, ensuite parce qu’un petit mensonge est presque impossible à confondre, enfin parce que, même s’il l’est, notre interlocuteur préfère souvent se taire plutôt que nous prendre en défaut et, de fait, nous gêner.
Comment bien mentir ? 8 types de mensonges bien faits
Finalement, le mensonge n’est moralement condamnable que si la raison pour laquelle on ment, l’est aussi. Sans compter qu’il est la preuve d’une saine activité intellectuelle, voire d’un certain talent, puisqu’il nécessite une mémoire encyclopédique et une intarissable imagination. C’est donc bon de mentir. La belle phrase ! Répétons-la : c’est bon de mentir.
Quel mensonge servir à qui et en quelle occasion ?
Le mensonge de séduction: Lectrice, sans doute penses-tu que les premières heures passées avec un homme sont les plus sincères, car elles ne sont pas ternies par les dépôts de mensonges qui formeront plus tard une fine pellicule de vice à la surface de la relation ? Tu te méprends, lectrice. Au début d’une relation amoureuse, on ment trois fois plus que dans une relation installée, dixit Claudine Biland.
Non parce que notre âme est noire, mais parce qu’elle est maligne : elle a bien compris que le mensonge était le meilleur moyen de parvenir à ses fins (de soirée). Démonstration. À minuit, l’être que vous vous apprêtez à aimer vous demande tout à trac ce que vous pensez des filles qui couchent le premier soir. Vous essayez alors de dire la vérité – « Des grues » –, mais la langue s’emmêle avec la luette, et ça sort tout brouillé – « Dttgrmmpf ». C’est deux heures après qu’on regrette de n’avoir pas menti – « Elles font bien ».
Trop tard, on est chez soi, démaquillée et en pyjama. Il eût été plus sage de mentir par omission : la prochaine fois, lancez-lui un regard énigmatique, hochez doucement la tête, et laissez-le comprendre.
Le mensonge diplomatique: Appelé aussi « mensonge pour avoir la paix », c’est le plus démocratique, puisqu’on le sert sans discrimination à sa famille comme à ses amis, ou à son conjoint. Quel est l’intérêt d’avouer à ses parents qu’on a un peu recommencé à fumer deux paquets par jour, quand, depuis deux ans, ils croient qu’on a arrêté ? Subir un sermon sur les dangers du tabac et passer pour une fille à la volonté de palourde, jugez comme c’est pertinent. Le mensonge diplomatique, ou « mensonge pour avoir la paix ».
Ou bien : notre meilleure amie nous prie de garder son fils ce week-end, un adorable bambin affectueusement surnommé Pol Pot. Plutôt que de lui avouer qu’on a la fibre maternelle relâchée, on rétorquera : « Pas ce week-end, je suis à Deauville. » Selon Claudine Biland, les intimes sont les plus faciles à berner, parce qu’ils nous font confiance.
Aussi courez-vous peu de risques que votre amie, le regard bileux, vous lance : « Tu me mens, tu me spolies. » Mais le mensonge diplomate fait également merveille sur les aspirants intimes. J’explique. Vous invitez un homme dans votre lit. Au moment de l’effeuillage, aléa du hasard, son ventre tombe sur ses chaussettes. Plutôt que stigmatiser son exubérance abdominale – « Sacré bide ! » –, complimentez-le sur la vaillance de, disons, ses coudes ?
Le mensonge d’appara: Ah, le beau mensonge qui nous pare de qualités ou de dons que l’on ne possède pas (« J’ai eu mon bac à 16 ans », « C’est ma vraie couleur de cheveux ») ! Peut-on le blâmer de nous rendre plus aimable ? Certes non. Pour Claudine Biland, il est même de plus en plus prescrit par une société blasée, qui a besoin de beaucoup pour s’émouvoir encore. Son seul impératif est de rester crédible. Ainsi évitera-t-on d’affirmer : « Mais je te jure, Monique, je suis née en 1983, ces rides étaient déjà là à 13 ans, c’est héréditaire » à une amie qui nous a vue voter Mitterrand en 1988. Après tout, il n’y a pas de honte à avoir plus de 30 ans.
Autre cas d’école : imaginons que vous ayez chez vous une bibliothèque géniale, avec des livres déments que, pour certains, même, vous avez lus. Il est néanmoins délicat de discuter littérature française du début du siècle quand on sait qui est Colette (une échoppe tendance où l’on vend des tee-shirts sans trous pour les bras), mais qu’on sait moins qui est Morand.
En revanche, on peut tout à fait prétendre que c’est nous qui avons fait la blanquette. En effet, avouer qu’on a surtout mis la barquette surgelée au four serait faire preuve d’une modestie hors de propos.
Le mensonge de courtoisie: Communément appelé hypocrisie, c’est le mensonge le plus pratiqué entre femmes. Allez-y sans vergogne, on aime ça : « Tout le monde apprécie d’être flatté », affirme Claudine Biland. « Même si le flatté a conscience que les compliments ne sont pas fondés, il trouve quand même la personne qui le flatte plus sympathique que celle qui lui dit la vérité. » Tout le monde apprécie d’être flatté… Même quand c’est infondé !
Pour la paix dans le monde, mes sœurs, mentons : à la collègue qui débarque avec une coupe de cheveux à glacer le sang, lançons un primesautier : « C’est hyper moderne dans le principe, tes cheveux. » À notre copine qui est passée à côté de l’idée que le beige va avec tout, sauf avec le teint, sourions : « Ravissant, ce pull. » Dernièrement, une amie me demandait ce que je pensais de son nouveau fiancé. En vérité, il est gai comme une paire d’espadrilles et a une fâcheuse tendance à soutenir Philippe de Villiers. Mais elle l’aime, alors j’ai dit : « Sympa. J’adore ce genre de types très, heu, droits. »
Enfin, ne laissons pas les hommes en marge de ces civilités. À un garçon peu avenant qui nous suggère de nous étendre nue sur sa couche, inutile de répondre : « Crève. » Un courtois : « La proposition est tentante, mais je ne fais pas dans le nain boiteux bicentenaire » y pourvoira.
Le mensonge utile:Très utilisé dans le monde merveilleux du travail, le mensonge utile vise à nous faire obtenir un avantage ou à nous éviter un blâme. Selon Claudine Biland, l’activité professionnelle est le domaine où l’on ment le plus, parce que les enjeux sont importants (obtenir un poste, ne pas le perdre, etc.), et que l’on n’entretient pas de rapports affectifs, souvent culpabilisants, avec ceux que l’on berne.
Que celle qui n’a jamais trafiqué son CV me jette le premier : « J’ai bientôt fini ce dossier. » L’activité professionnelle est le domaine où l’on ment le plus. On le sait, pourtant, que le chef commence sa réunion au coup de pistolet à 9 heures. Avouer en débarquant à 9h39 qu’on a oublié ? N’y pensez pas, malheureuse ! Avec la voix d’un bébé phoque qui a mangé du miel, avouez : « J’ai été prise dans les embouteillages », point. Sans ajouter : « En plus, le réveil n’a pas sonné et le chien a mangé mes clés », trop de mensonges nuit à la crédibilité.
Ce qu’il y a de bien avec le mensonge utile, c’est qu’on peut aussi l’utiliser avec la copine à garde-robe abondante. Exemple : « Tu sais, le sac en croco est totalement out cette année, tu peux me le donner. Prends plutôt ton sac à dos, le joli, là, avec les pin’s. »
Le pieux mensonge: « C’est à son conjoint qu’on ment le moins », avance Claudine Biland. Pourtant, le pieux mensonge est au couple ce que le Botox est à Madonna : indispensable. On peut mentir pieusement en dehors de la sphère conjugale, mais c’est auprès de l’être cher que ce mensonge s’épanouit le mieux, bicoze plaisir de la transgression, ivresse de l’interdit, tout ça.
Qu’est-ce qu’un pieux mensonge ? Il repose sur une idée simple : ne pas rouler l’être cher dans le trauma. Imaginons que l’être cher et vous viviez une sexualité épanouie, mais pas ensemble. Une fois votre couple bien vivifié dans le lit d’autrui, est-ce bien nécessaire d’en avertir l’être cher ? « On peut mentir en étant sincère », affirme Claudine Biland. « Par exemple si on trompe son conjoint mais que cela ne remet pas en cause les sentiments qu’on lui porte. » On peut mentir en étant sincère ! Vous voyez ?
Notez qu’on peut aussi mentir pieusement sans coucher dans l’herbe verte du voisin. On en connaît qui assurent sans ciller : « Ton pantalon en velours caca d’oie ? Le beau élimé aux genoux ? Non, je ne sais pas où il est », un sac poubelle caché dans le dos.
Le mensonge plaidoyer Injustement baptisé « mauvaise foi », ce mensonge est très utile quand on veut s’habiller à sa faim. Vous vous promenez dans une boutique de chaussures. Distraite, vous oubliez que vous n’avez pas vingt-deux pieds, et vous achetez une énième paire d’escarpins, sauf que vernis, ceux-là. Au moment de rentrer auprès de cet abstinent de la fringue qui vous pousse à investir dans un PERP, vous avez quatre options : « C’est du vrai cuir, et puis j’épargne où je veux », « Ils n’ont coûté que 50 euros, ça aurait été impoli de refuser », « Ils étaient vendus avec un iPod à brancher sous le talon, j’allais pas laisser passer l’occasion », « Porter mes vieux escarpins démodés aurait fait de moi une femme aigrie, je l’ai fait pour toi, mon amour ».
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