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Commentaire : Entre la bonté de Dieu et les « nianes » de nos saints…

Aux dernières nouvelles, l’enquête pour déterminer les causes et situer les responsabilités du terrible incendie qui, dans la nuit de dimanche à lundi dernier, a fait dix morts dont sept talibés, cette enquête, donc, a été confiée à la Sûreté urbaine. Il s’agit d’une unité de la Police nationale spécialisée dans les investigations criminelles et dont les locaux ont été partiellement ravagés par… un incendie qui s’y est déclaré il y a dix jours. On aurait envie d’en rire si le sujet n’était pas particulièrement grave et dramatique. En effet, les policiers chargés d’enquêter sur cet incendie de la Médina n’ont eux-mêmes plus de locaux, chassés qu’ils ont été du pan du bâtiment qu’ils occupaient par le feu. Il est vrai que la vieille bâtisse du commissariat central où ils officient en même temps que d’autres services de la Police, a été construite dans les années 20 et n’a été réfectionnée — rafistolée serait plus approprié — qu’en 1995.


Rédigé par leral.net le Dimanche 10 Mars 2013 à 16:10 | | 1 commentaire(s)|

Commentaire :  Entre la bonté de Dieu et les « nianes » de nos saints…
Depuis lors, elle a subi une dégradation avancée et des morceaux du plafond se sont détachés plus d’une fois pour tomber sur les occupants. Quant aux installations électriques, il y a bien longtemps que, selon des policiers s’exprimant sous le couvert de l’anonymat cités par des confrères, la Senelec a déclaré qu’elles n’étaient pas aux normes. Personne n’a bougé pour autant, et nul ne s’est soucié de les mettre aux normes. Même chose pour tous nos marchés, dont le principal, Sandaga, constitue un baril de poudre dont la mèche est allumée depuis longtemps. Dans ce marché, les installations électriques « clandestines » — en fait, faites au vu et au su de tout le monde — serpentent entre les cantines et constituent une véritable toile d’araignée dont s’échappent parfois des étincelles. Des incendies s’y sont déclarés qui ne représentent rien en comparaison de la catastrophe qui menace. Pour autant, les autorités n’ont rien fait pour obliger les contrevenants à se mettre aux normes ou pour arracher leurs branchements anarchiques porteurs de courts-circuits. Yalla bakh na, Dieu est grand. On attendra qu’un incendie se déclare, qu’il y ait mort d’hommes, des centaines de millions, voire des milliards de francs de dégâts, pour accourir, la larme à l’œil, la voie tremblante, la compassion feinte pour dire, face aux caméras, qu’il n’y aura plus jamais pareille catastrophe, que les mesures idoines seront prises, que l’Etat sévira avec la plus grande rigueur et vigueur, que les contrevenants seront sanctionnés, que rien ne sera plus comme avant etc. L’émotion retombée, la clameur publique estompée, l’indignation des médias recouverte par le bruit et la fureur d’une actualité toujours plus apocalyptique, nos gouvernants retomberont dans leur train-train routinier et… à leurs querelles politiciennes !
Les élections locales, c’est dans un an, en effet, et, déjà, ces gouvernants ne vivent plus que pour cette échéance à l’agenda de laquelle tout est suspendu désormais. Déguerpir les marchands ambulants ainsi que les sédentaires qui squattent les trottoirs de Dakar au point que les piétons ne peuvent plus y circuler ? Mais vous êtes fous, ils vont nous sanctionner lors des locales ! Mieux vaut attendre après. Mettre de l’ordre dans les marchés, arracher les installations électriques anarchiques ? Surtout pas, car les commerçants et autres tailleurs pourraient faire un vote sanction ! Augmenter le coût de l’électricité pour résorber un tant soit peu le déficit abyssal de la Senelec ? Ce serait suicidaire électoralement. Prendre le taureau de l’instabilité du système scolaire et universitaire par les cornes et sanctionner tous ces enseignants qui passent leur temps à faire la grève ainsi que ces étudiants qui sont devenus des casseurs professionnels ? Pas question de s’aliéner ces deux couches qui risquent, si on les fâche, de grossir les bataillons de l’opposition ! Mettre fin à la transhumance ? Mais ça irait à l’encontre de la volonté du Président de massifier son parti !
Résultat : le Sénégal ayant des échéances électorales à peu près tous les deux ans et demi, sa classe politique, qui est aussi celle qui gère l’Etat et les collectivités locales, hélas, en l’absence d’un secteur privé fort, cette classe politique, donc, est en campagne électorale permanente. Et qui dit campagne électorale permanente dit, forcément, chantages permanents. On n’en sort pas et nos gouvernants ont constamment les mains liées, craignant de prendre les mesures impopulaires que nécessite pourtant la situation. Redoutant des sanctions, elles repoussent sans cesse la prise de ces mesures indispensables au redressement de notre pays et à sa mise sur les rails de l’émergence.
L’UEMOA sort une directive concernant les charges à l’essieu ? Dans tous les pays de l’Union, la mesure est appliquée sauf au Sénégal où les propriétaires de camions imposent à leurs chauffeurs de garer leurs gros-porteurs au motif que… les ponts bascules mis en service ne seraient pas fiables ! Et que les tarifs demandés seraient exorbitants. Devant la recrudescence des accidents de la route mortels, un centre de contrôle technique automobile de dernière génération est construit pour vérifier l’état des véhicules ? Certains chauffeurs refusent de se soumettre à ces contrôles qui concernent seulement, pourtant, les freins, la lumière et la direction, autant d’organes essentiels, quand même, pour la conduite de tout véhicule. Le rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar refuse d’autoriser tous les étudiants titulaires d’une licence à s’inscrire en master ? Les étudiants recalés décident que tant qu’on n’accèdera pas à leur demande, il n’y aura plus de cours dans cette Université ! Et les autorités en sont réduites à négocier…
Dans ces conditions, dans un pays dont les autorités ne veulent mettre en place aucune norme — ça ne servirait à rien de toute façon puisque les populations refuseraient de s’y soumettre —, faut-il s étonner que des drames comme celui survenu dimanche à la Médina se répètent ! Ce n’est pas pour rien, du reste, que la plus grosse catastrophe maritime de l’histoire de l’Humanité s’est produite chez nous, au large des côtes gambiennes, et que quelque 2000 personnes y ont péri. A l’époque, on avait dit que c’était fini, que tous les actes d’indiscipline seraient punis désormais, que c’était tolérance zéro, qu’il fallait que les Sénégalais changent de comportement ou que le glaive de l’Etat s’abatte sur leur tête, à tout le moins qu’ils seraient frappés au portefeuille, que les surcharges dans les véhicules de transport en commun seraient bannies… Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans nos bus Tata, nos cars de la Sotrac, nos taxis clandos, notre Petit Train Bleu, nos camions en partance pour Touba ou la Guinée-Conakry… pour constater que, hélas, à peine chassé le naturel de l’indiscipline des Sénégalais en 2002, après le naufrage du « Joola », il est revenu au galop ! Que voulez-vous ? Nos compatriotes sont convaincus que rien de fâcheux ne pourra leur arriver sur cette terre qui aurait été bénie par les saints qui y reposent ! Ces saints ayant béni cette terre de leurs « nianes », rien, aucune catastrophe ne saurait survenir en ce cher Sénégal. Et ce, quel que soit le comportement désinvolte des citoyens d’un genre particulier que nous sommes. Car, à vrai dire, le problème, c’est le Sénégalais lui-même qui refuse obstinément de changer… et qui compte sur ses gouvernants pour, en un coup de baguette magique, transformer leur quotidien. Ils refusent de travailler, paressent à longueur d’année, font la fête et la grève et veulent malgré tout, comme la fourmi de la fable, être nourris à crédit.
Hypocrites de Sénégalais ! Qui ignorait donc — qui ignore — que dans nos quartiers, nos villages, en plein cœur de la capitale, des centaines de gamins en haillons sont envoyés mendier tous les jours, jusque tard la nuit, par des maîtres coraniques peu scrupuleux ? Des talibés qui habitent dans les quartiers et qui donnent bonne conscience aux habitants. Lesquels leur donnent les reliefs de leurs repas ainsi que quelques piécettes, histoire de conjurer le mauvais sort. Des talibés dont nos autorités savent où les trouver pour leur remettre les sacrifices et offrandes prescrits par leurs marabouts.Notre éminente compatriote, la grande dame des lettres Aminata Sow Fall, avait bien vu le problème dans son chef d’oeuvre intitulé « La grève des battu ». Malgré tout, après le drame de dimanche, tout le monde a feint de découvrir le martyre de ces pauvres enfants. Disons-le : ce drame de la Médina, tout le monde en est responsable, et pas seulement ces pauvres maîtres coraniques que l’on veut faire passer pour des boucs émissaires. Tout le monde et, au premier chef, leurs parents qui, après les avoir mis au monde, et aussitôt après leur sevrage, les ont remis à leur marabout ou à un maître coranique en leur disant : « ramenez-moi leurs os quand ils seront morts, car, de leur vivant, ils sont votre propriété ». C’est comme ça que ça se passe dans le monde rural et depuis des temps immémoriaux.
Ces pauvres enfants, la République, qui était pourtant censée leur apporter la lumière symbolisée par l’instruction publique, ne leur a malheureusement réservé que les ténèbres et la misère. Le « Yoonu yokkuté », non plus, n’a rien fait pour ces anges, sinon verser des larmes sur leurs cendres… et promettre que plus aucun drame ne se produira sous le magistère de M. Macky Sall. Jusqu’au prochain drame et… aux prochaines promesses du président de la République. Ou de son successeur. Zut mais… les élections locales, c’est dans un an seulement ! Surtout ne rien entreprendre qui puisse mécontenter qui que ce soit d’ici là. Et après, il y aura la présidentielle à préparer mon Dieu et ce Idrissa Seck qui se fait si menaçant ! Bref, les Sénégalais ne sont pas sortis de l’auberge… encore moins du cycle des catastrophes.
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1116 –Hebdomadaire Sénégalais (Mars 2013)

( Les News )


1.Posté par schwarzeraal le 10/03/2013 18:34 | Alerter
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des millions d´instalations electriques ne sont pas dans les normes , ceux qui liront cet article pourront se retourner pour se rendre de l´etat , une vraie salade de cables .pour se mouiller de salives de nos saints comme vous dites , il faut etre detourneurs de deniers publics.moi je m´adresse á dieu que je remercie tous les jours sans cesse de m´avoir donné mon soutoura sans tendre les mains á ces saints.alhamdoullahi rabillallamina.

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