Alors, je ne vais pas m’immoler par le feu, car je perdrai aussi bien sur terre qu’à l’au-delà.
Je ne vaisni mendier, ni voler, ni agresser, car ces personnes à qui je vole ou que j’agresse ne sont pas les auteurs de ma situation actuelle. Je suis le seul coupable.
Je ne vais pas vendre mon corps, car mes futurs enfants méritent mieux que voir leur mère se faire traiter de gigolo, à l’image de ces prostitués, hommes et femmes, devenus pères et mères de familles.
Je ne vais pas non plus tendre la main dans les métros parisiens car mon pays d’origine mérite mieux que de voir ses jeunes réduire leur vie à la mendicité dans un pays européen.
Je ne vais pas fatiguer mon frère qui se trouve en Belgique car il a aussi sa vie à construire et je ne dois pas être cet obstacle qui lui empêchera de réaliser ses ambitions.
Je ne vais pas non plus réduire ma vie en des séances de calomnie entre copines autour de la théière dans un foyer, car ces heures pourraient me servir à changer ma vie actuelle.
Je vais alors prendre mon avenir en main. Je n’ai pas besoin d’argent pour commencer car j’ai déjà toute la richesse qu’il me faut. J’ai mes mains, mes jambes, mes oreilles, ma langue, mes yeux et ma tête.
Je vais alors trouver un travail au noir. Cela me donnera un peu d’argent. J’en mangerai et j’en mettrai un peu de côté aussi.
Plus tard, avec cet argent que j’aurai épargné, je m’achèterai des produits cosmétiques, du thé, etc…Pour faire du petit commerce dans les foyers. Je vendrai alors du café ou du thé chaud voire de la bouillie de mil. Je ferai de cette bouillie sans doute mon repas quotidien et j’épargnerai un peu d’argent. Je mettrai les filles temporairement de côté et éviterai certaines dépenses que certains de mes amis se font, car ils ont l’argent et moi pas. Je me focaliserai sur mon avenir et ferai la politique de mes moyens. J’épargnerai, encore et encore.
Une fois avoir assez épargné, j’ouvrirai mon business. J’irai améliorer mes compétences pour réussir ce business, s’il le faudra. Et en ce moment, ces personnes qui riaient de moi lorsque je vendais des cure-dents dans ces foyers vont me regarder d’un autre œil. De toute façon c’est leur problème, car je n’aurai pas à regretter d’avoir agressé, volé, ou tendu la main et j’aurai changé ma vie à partir de rien.
Je suis sûr que chaque expatrié dans la même situation que moi peut bien contribuer à réduire le chômage, car moi j’ai pu le faire. Je n’ai pas attendu que l’État vienne à mon secours.
Mais qui suis-je ?
Je suis cette immigrée qui était désespérée après un échec à l’école primaire, pensant que ma vie était finie.
Je suis cette immigrée qui s’apprêtait à s’immoler par le feu pensant que tout était perdu.
Je suis cette immigrée, sans emploi, mais qui a toujours ses bras, ses mains, ses yeux, sa langue, sa tête… qui a donc la possibilité de changer sa vie.
Je suis cette immigrée sénégalaise qui pense que les mentalités doivent changer et que l’on ne peut pas attendre tout de l’État ou des autres. Quelle que soit la situation actuelle qu’une personne peut se trouver, il est possible de changer sa vie sans faire recours à l’agression, au vol, à la prostitution ou à la mendicité.
Je suis cette immigrée sénégalaise qui combat la facilité et est convaincue que la réussite ne tombera jamais du ciel… car le bon Dieu nous a déjà avertis. Il nous aidera lorsque nous nous aidons nous-mêmes.
Je suis cette expatriée sénégalaise qui aimerait que tous mes frères et sœurs s’inspirent de ma vie pour changer les leurs. Il n’est pas encore tard et rien ai encore perdu. Il faut alors se débarrasser de la facilité et des complexes pour faire preuve de réalisme et d’engagement afin de changer ensemble le Sénégal.
Que Dieu bénisse mon pays d’origine, le Sénégal ! »
Propos recueillis par El hadji Diagola à Paris pour xibaaru.com
Je ne vaisni mendier, ni voler, ni agresser, car ces personnes à qui je vole ou que j’agresse ne sont pas les auteurs de ma situation actuelle. Je suis le seul coupable.
Je ne vais pas vendre mon corps, car mes futurs enfants méritent mieux que voir leur mère se faire traiter de gigolo, à l’image de ces prostitués, hommes et femmes, devenus pères et mères de familles.
Je ne vais pas non plus tendre la main dans les métros parisiens car mon pays d’origine mérite mieux que de voir ses jeunes réduire leur vie à la mendicité dans un pays européen.
Je ne vais pas fatiguer mon frère qui se trouve en Belgique car il a aussi sa vie à construire et je ne dois pas être cet obstacle qui lui empêchera de réaliser ses ambitions.
Je ne vais pas non plus réduire ma vie en des séances de calomnie entre copines autour de la théière dans un foyer, car ces heures pourraient me servir à changer ma vie actuelle.
Je vais alors prendre mon avenir en main. Je n’ai pas besoin d’argent pour commencer car j’ai déjà toute la richesse qu’il me faut. J’ai mes mains, mes jambes, mes oreilles, ma langue, mes yeux et ma tête.
Je vais alors trouver un travail au noir. Cela me donnera un peu d’argent. J’en mangerai et j’en mettrai un peu de côté aussi.
Plus tard, avec cet argent que j’aurai épargné, je m’achèterai des produits cosmétiques, du thé, etc…Pour faire du petit commerce dans les foyers. Je vendrai alors du café ou du thé chaud voire de la bouillie de mil. Je ferai de cette bouillie sans doute mon repas quotidien et j’épargnerai un peu d’argent. Je mettrai les filles temporairement de côté et éviterai certaines dépenses que certains de mes amis se font, car ils ont l’argent et moi pas. Je me focaliserai sur mon avenir et ferai la politique de mes moyens. J’épargnerai, encore et encore.
Une fois avoir assez épargné, j’ouvrirai mon business. J’irai améliorer mes compétences pour réussir ce business, s’il le faudra. Et en ce moment, ces personnes qui riaient de moi lorsque je vendais des cure-dents dans ces foyers vont me regarder d’un autre œil. De toute façon c’est leur problème, car je n’aurai pas à regretter d’avoir agressé, volé, ou tendu la main et j’aurai changé ma vie à partir de rien.
Je suis sûr que chaque expatrié dans la même situation que moi peut bien contribuer à réduire le chômage, car moi j’ai pu le faire. Je n’ai pas attendu que l’État vienne à mon secours.
Mais qui suis-je ?
Je suis cette immigrée qui était désespérée après un échec à l’école primaire, pensant que ma vie était finie.
Je suis cette immigrée qui s’apprêtait à s’immoler par le feu pensant que tout était perdu.
Je suis cette immigrée, sans emploi, mais qui a toujours ses bras, ses mains, ses yeux, sa langue, sa tête… qui a donc la possibilité de changer sa vie.
Je suis cette immigrée sénégalaise qui pense que les mentalités doivent changer et que l’on ne peut pas attendre tout de l’État ou des autres. Quelle que soit la situation actuelle qu’une personne peut se trouver, il est possible de changer sa vie sans faire recours à l’agression, au vol, à la prostitution ou à la mendicité.
Je suis cette immigrée sénégalaise qui combat la facilité et est convaincue que la réussite ne tombera jamais du ciel… car le bon Dieu nous a déjà avertis. Il nous aidera lorsque nous nous aidons nous-mêmes.
Je suis cette expatriée sénégalaise qui aimerait que tous mes frères et sœurs s’inspirent de ma vie pour changer les leurs. Il n’est pas encore tard et rien ai encore perdu. Il faut alors se débarrasser de la facilité et des complexes pour faire preuve de réalisme et d’engagement afin de changer ensemble le Sénégal.
Que Dieu bénisse mon pays d’origine, le Sénégal ! »
Propos recueillis par El hadji Diagola à Paris pour xibaaru.com