Tous les matins, Gabriel Tendeng part au champ en vélo, à Djibelor, une bourgade située à la sortie de Ziguinchor. Ce vieil homme vient récolter le riz, avec l’aide de sa femme, sur un terrain d’à peine un hectare. C’est peu, mais il ne peut pas faire mieux : il loue cette parcelle depuis qu’il vit réfugié à Ziguinchor dans les années 1990.
« On se débrouille, explique-t-il en coupant au couteau des tiges de riz. Nous devons nous adresser à quelqu’un qui possède des rizières et qui accepte de nous les prêter ou de nous les louer. Nous cultivons, puis nous devons reverser la moitié des bénéfices au propriétaire de cette terre… Ce que nous gagnons, souligne-t-il, est uniquement destiné à la consommation de la famille ».
A Ziguinchor, la principale ville de Casamance, on recense, selon les données du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge), près de 9 659 personnes déplacées du conflit. Ces populations vivent dans la précarité. La plupart sont des agriculteurs qui n’ont pas pu se reconvertir, faute d’emplois et d’industries à Ziguinchor.
« Sans la paix, il n'y a pas de développement économique »
Bourama Toumboul Sané, un autre habitant du village de Badem, vit dans une maison en tôle. Il dispose d’à peine trois pièces dans lesquelles il dort avec 18 membres de sa famille. « Ce que nous cultivons nourrit ma famille seulement trois mois, lâche-t-il d’un ton empli de nervosité. Nous mangeons du riz blanc avec du poisson que l’on nomme ' yaboye ', c’est le moins cher sur le marché », précise-t-il. Ce qui semblait provisoire il y a 21 ans s’est finalement éternisé. Après tant d’années passées en milieu urbain, il ne songe qu’à retrouver ses terres. « Sans le retour des populations déplacées, il n’y a pas de paix, analyse ce vieil homme. Sans la paix, il n’y a pas de développement économique ».
Comme de nombreux villageois déplacés, cet agriculteur n’ose pas rentrer chez lui. A cause de l’insécurité. Et à cause des mines. Pourtant, la région connaît une relative accalmie. Désormais, dans certaines zones durement touchées par le conflit, des villageois s’organisent pour reprendre les choses en main.
Sur la « route du sud », se dresse le village d’Agnak. Tôt le matin, plusieurs femmes arrosent des pousses de laitue. C’est un périmètre maraîcher dans lequel on exploite le haricot niébé, l’oignon, le gombo et l’oseille. Et cela représente un revenu conséquent. « Mes recettes me permettent de payer la scolarité de mes enfants, de payer les médicaments lorsqu’on tombe malade et même de soutenir mon mari. En période de bonne commercialisation, je peux gagner jusqu’à 50 et 75 000 FCFA », affirme Diarètou Sagna.
Réconcilier les populations
Ce périmètre maraîcher a été mis en place il y a trois ans pour réunir les femmes autour d’un projet commun. A ce jour, il compte quatre hectares que se partagent 411 femmes. Au-delà du maraîchage, ce périmètre a permis de réconcilier les populations dans cette zone de conflit. « Avant de travailler dans ce projet, j’avais moi-même des réticences, je ne parlais pas aux gens du village, raconte Woury Wade, qui avait dû fuir avec sa famille. Tout le monde avait peur. On vivait repliés sur nous-mêmes, on n’osait pas s’adresser la parole… Nous n’avions pas confiance, à cause du conflit. Maintenant, note cette femme, grâce au périmètre maraîcher, les gens se connaissent mieux et la confiance est revenue ».
Ce n’était pas si évident de réconcilier les gens, car six ethnies vivent à Agnak. « Nous avons constaté un repli identitaire, lorsque les gens sont rentrés au village », se souvient Mamina Camama, qui travaille pour Usoforal, une association qui a soutenu ce projet. Pour ce responsable, ces femmes sont parvenues à travers ce projet à tisser de nouveaux liens dans cette ancienne zone de crise.
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« On se débrouille, explique-t-il en coupant au couteau des tiges de riz. Nous devons nous adresser à quelqu’un qui possède des rizières et qui accepte de nous les prêter ou de nous les louer. Nous cultivons, puis nous devons reverser la moitié des bénéfices au propriétaire de cette terre… Ce que nous gagnons, souligne-t-il, est uniquement destiné à la consommation de la famille ».
A Ziguinchor, la principale ville de Casamance, on recense, selon les données du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge), près de 9 659 personnes déplacées du conflit. Ces populations vivent dans la précarité. La plupart sont des agriculteurs qui n’ont pas pu se reconvertir, faute d’emplois et d’industries à Ziguinchor.
« Sans la paix, il n'y a pas de développement économique »
Bourama Toumboul Sané, un autre habitant du village de Badem, vit dans une maison en tôle. Il dispose d’à peine trois pièces dans lesquelles il dort avec 18 membres de sa famille. « Ce que nous cultivons nourrit ma famille seulement trois mois, lâche-t-il d’un ton empli de nervosité. Nous mangeons du riz blanc avec du poisson que l’on nomme ' yaboye ', c’est le moins cher sur le marché », précise-t-il. Ce qui semblait provisoire il y a 21 ans s’est finalement éternisé. Après tant d’années passées en milieu urbain, il ne songe qu’à retrouver ses terres. « Sans le retour des populations déplacées, il n’y a pas de paix, analyse ce vieil homme. Sans la paix, il n’y a pas de développement économique ».
Comme de nombreux villageois déplacés, cet agriculteur n’ose pas rentrer chez lui. A cause de l’insécurité. Et à cause des mines. Pourtant, la région connaît une relative accalmie. Désormais, dans certaines zones durement touchées par le conflit, des villageois s’organisent pour reprendre les choses en main.
Sur la « route du sud », se dresse le village d’Agnak. Tôt le matin, plusieurs femmes arrosent des pousses de laitue. C’est un périmètre maraîcher dans lequel on exploite le haricot niébé, l’oignon, le gombo et l’oseille. Et cela représente un revenu conséquent. « Mes recettes me permettent de payer la scolarité de mes enfants, de payer les médicaments lorsqu’on tombe malade et même de soutenir mon mari. En période de bonne commercialisation, je peux gagner jusqu’à 50 et 75 000 FCFA », affirme Diarètou Sagna.
Réconcilier les populations
Ce périmètre maraîcher a été mis en place il y a trois ans pour réunir les femmes autour d’un projet commun. A ce jour, il compte quatre hectares que se partagent 411 femmes. Au-delà du maraîchage, ce périmètre a permis de réconcilier les populations dans cette zone de conflit. « Avant de travailler dans ce projet, j’avais moi-même des réticences, je ne parlais pas aux gens du village, raconte Woury Wade, qui avait dû fuir avec sa famille. Tout le monde avait peur. On vivait repliés sur nous-mêmes, on n’osait pas s’adresser la parole… Nous n’avions pas confiance, à cause du conflit. Maintenant, note cette femme, grâce au périmètre maraîcher, les gens se connaissent mieux et la confiance est revenue ».
Ce n’était pas si évident de réconcilier les gens, car six ethnies vivent à Agnak. « Nous avons constaté un repli identitaire, lorsque les gens sont rentrés au village », se souvient Mamina Camama, qui travaille pour Usoforal, une association qui a soutenu ce projet. Pour ce responsable, ces femmes sont parvenues à travers ce projet à tisser de nouveaux liens dans cette ancienne zone de crise.
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