Les demandes de divorce se multiplient au palais de justice de Ouagadougou. « Il y a une nette augmentation des cas de divorce », notent les juges. Les statistiques publiées dans Sidwaya n° 6494 du 25 août 2009 montrent qu’en 2006, 36 cas de séparations y ont été enregistrés, 117 cas en 2007 et 119 cas en 2008. La juge Rakèta Zoromé du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou a traité, à elle seule, deux cas de divorce en 2008, 12 cas en 2009 et 19 cas en 2010. Hier, lorsque les femmes n’en pouvaient plus, elles rejoignaient le domicile familial, avec une forte probabilité de rejoindre leur mari tôt ou tard, après la "cicatrisation des plaies".
Les conseils de famille dominés par les hommes donnaient des avis contraignants, susceptibles d’aucun recours, en guise de médiation. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes osent aller demander le divorce et même se constituer en Association des femmes divorcées (AFEDI). L’explication est à rechercher dans l’évolution des mentalités des femmes. Pour Rakèta Zoromé : « avant, on disait que la femme devrait tout supporter, on esseyait de résoudre les problèmes au niveau des familles et des témoins de mariage. Maintenant, le plus souvent, la femme vient pour un oui ou pour un non. Elle sait qu’elle a des droits à faire valoir et elle vient pour les exercer ».L’explication peut aussi se retrouver dans l’attitude statique machiste et féodale des hommes.
Ils sont le plus souvent épinglés dans les cas d’infidélité, de violences conjugales, d’incestes. Mais ils tolèrent peu le retour de l’ascenseur. « Les hommes burkinabè ne pardonnent pas l’infidélité. Ils ne sont pas tolérants », explique la juge Zoromé. En plus, ils débordent d’orgueil. « Tu peux sentir qu’il (l’homme) aime toujours la femme, mais parce qu’il a découvert par exemple des messages suspects, il ne va plus y revenir », ajoute-elle.
Causes des divorces : infidélité, violences et comportements déviants
C’est ce qui explique cette situation : « A chaque audience civile, des divorces sont systématiquement prononcés ». Les causes évoquées par les plaignants sont principalement l’infidélité. « Ça vient du côté de la femme comme de l’homme », fait-on remarquer au tribunal. Viennent ensuite les violences conjugales. Elles peuvent être physiques ou morales dit Mme Zoromé avant de préciser : « Nous n’avons pas de statistiques, mais c’est surtout du côté des femmes ». La juge a également cité des demandes de rupture fondées sur des raisons financières. Soit c’est la femme habituée à vivre de la poche de son mari qui ne veut pas contribuer à la prise en charge de la famille alors qu’elle a désormais ses propres ressources financières, soit c’est le mari qui ne veut pas assumer ses responsabilités en déliant la bourse.
Mais il y a aussi des exemples jugés « assez choquants » par la juge du TGI. Des femmes qui ont pris leurs maris en flagrant délit d’attouchements sur leurs enfants ont simplement demandé à partir loin ; tout comme celles qui ont découvert que l’auteur de la grossesse de leur bonne n’est rien d’autres que le chef de famille. « Mais c’est assez rare, en trois ans, j’en ai vu une seule fois », a précisé la juge Zoromé. Certes, mais dans le vécu quotidien, c’est plutôt des cas répandus même si tous n’atterrissent pas sur le bureau des juges. Pour taire l’affaire, certains maris préfèrent quitter le domicile conjugal pour longtemps ou pour toujours.
Par ailleurs, les raisons publiquement évoquées (infidélité, violences) cachent bien souvent d’intimes raisons dissoutes dans la pudeur, ou masquent des causes moralement indéfendables ou juridiquement peu constituées. Les désillusions, les insatisfactions ou l’horreur envers les pratiques occultes ou immorales sont alors rebaptisées sous le nom de violences conjugales et d’infidélité. En tous les cas, rien n’est vraiment nouveau, sauf que les femmes ne se laissent plus faire. On parle d’évolution des mentalités, mais on pourrait y voir simplement un changement de société.
Aimé Mouor KAMBIRE
Sidwaya
Les conseils de famille dominés par les hommes donnaient des avis contraignants, susceptibles d’aucun recours, en guise de médiation. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes osent aller demander le divorce et même se constituer en Association des femmes divorcées (AFEDI). L’explication est à rechercher dans l’évolution des mentalités des femmes. Pour Rakèta Zoromé : « avant, on disait que la femme devrait tout supporter, on esseyait de résoudre les problèmes au niveau des familles et des témoins de mariage. Maintenant, le plus souvent, la femme vient pour un oui ou pour un non. Elle sait qu’elle a des droits à faire valoir et elle vient pour les exercer ».L’explication peut aussi se retrouver dans l’attitude statique machiste et féodale des hommes.
Ils sont le plus souvent épinglés dans les cas d’infidélité, de violences conjugales, d’incestes. Mais ils tolèrent peu le retour de l’ascenseur. « Les hommes burkinabè ne pardonnent pas l’infidélité. Ils ne sont pas tolérants », explique la juge Zoromé. En plus, ils débordent d’orgueil. « Tu peux sentir qu’il (l’homme) aime toujours la femme, mais parce qu’il a découvert par exemple des messages suspects, il ne va plus y revenir », ajoute-elle.
Causes des divorces : infidélité, violences et comportements déviants
C’est ce qui explique cette situation : « A chaque audience civile, des divorces sont systématiquement prononcés ». Les causes évoquées par les plaignants sont principalement l’infidélité. « Ça vient du côté de la femme comme de l’homme », fait-on remarquer au tribunal. Viennent ensuite les violences conjugales. Elles peuvent être physiques ou morales dit Mme Zoromé avant de préciser : « Nous n’avons pas de statistiques, mais c’est surtout du côté des femmes ». La juge a également cité des demandes de rupture fondées sur des raisons financières. Soit c’est la femme habituée à vivre de la poche de son mari qui ne veut pas contribuer à la prise en charge de la famille alors qu’elle a désormais ses propres ressources financières, soit c’est le mari qui ne veut pas assumer ses responsabilités en déliant la bourse.
Mais il y a aussi des exemples jugés « assez choquants » par la juge du TGI. Des femmes qui ont pris leurs maris en flagrant délit d’attouchements sur leurs enfants ont simplement demandé à partir loin ; tout comme celles qui ont découvert que l’auteur de la grossesse de leur bonne n’est rien d’autres que le chef de famille. « Mais c’est assez rare, en trois ans, j’en ai vu une seule fois », a précisé la juge Zoromé. Certes, mais dans le vécu quotidien, c’est plutôt des cas répandus même si tous n’atterrissent pas sur le bureau des juges. Pour taire l’affaire, certains maris préfèrent quitter le domicile conjugal pour longtemps ou pour toujours.
Par ailleurs, les raisons publiquement évoquées (infidélité, violences) cachent bien souvent d’intimes raisons dissoutes dans la pudeur, ou masquent des causes moralement indéfendables ou juridiquement peu constituées. Les désillusions, les insatisfactions ou l’horreur envers les pratiques occultes ou immorales sont alors rebaptisées sous le nom de violences conjugales et d’infidélité. En tous les cas, rien n’est vraiment nouveau, sauf que les femmes ne se laissent plus faire. On parle d’évolution des mentalités, mais on pourrait y voir simplement un changement de société.
Aimé Mouor KAMBIRE
Sidwaya