Examinons de près sa mise au point devant les révélations fracassantes (mais pas nouvelles) de l’hebdomadaire français. M.Wade affirme ceci : « Vous écrivez: "Abdoulaye Wade, jadis initié à Besançon, fait figure de maçon dormant. De fait, il aurait pris depuis des lustres ses distances avec sa loge."C'est exact, mais je précise que je ne suis pas dormant mais radié par suite de ma démission volontaire. Le maçon en sommeil ou dormant est celui qui reste inscrit, donc membre de l'association, mais sans activité. Ce n'est pas mon cas. Etudiant à Besançon, j'ai quitté cette ville en septembre 1959, après ma thèse, soutenue le 27 juin 1959, il y a cinquante ans. Lorsque j'étais jeune professeur, un de mes collègues eut souvent à m'entretenir de la maçonnerie. Par curiosité, j'y ai adhéré, espérant y trouver des échanges intellectuels de très haut niveau. Ce ne fut pas le cas. J'ai démissionné. Acte m'en a été donné depuis plus de quarante ans. S'agissant d'une association, au regard de la loi et de ses statuts, on y entre sur sélection, mais on en sort librement. C'est ce que j'ai fait. »
Cette volonté de clarification vespérale et bancale aurait eu plus de poids, de sens et de crédibilité si le mis en cause avait pris le parti de sortir de l’ombre (ou de la lumière dans le cas d’espèce) de sa propre initiative.
C’est donc acculé, jusque dans ses derniers retranchements, notamment par le battage médiatique occidental, qu’il a décidé de sortir du bois. On se rappelle, en 2007, Mme Marie Mbengue, mère de la défunte Penda Kébé avait jeté un pavé dans la fraternité de « lumière » de M. Wade en lui déniant toute dignité à accueillir l’Organisation de la Conférence islamique. « Un franc-maçon ne peut pas diriger le sommet de l’Oci. Il est franc-maçon. Il a été initié au Grand Orient de France. Il appartient à la loge France unité universelle de Dakar.. Sa femme, Viviane Wade, appartient au Droit humain, la loge mixte de Dakar. Cela s’appelle Fraternité universelle », avait déclaré la dame en colère, sans faire l’objet du moindre démenti ou droit de réponse.. (Source nettali.net du 14 décembre 2007).
La société sénégalaise, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, est fortement hostile aux influentes loges maçonniques accusées de manipuler nos gouvernants après avoir grandement contribué à leur élection. Ce qu’elles ne démentent guère. Les politiques menées sous nos tropiques sont souvent la résonance de visées occidentalo-centristes (diabolisation des religions, laïcisation à outrance de l’espace public, libération totale des mœurs, promotion de l’homosexualité, pénalisation de la polygamie, légalisation de la prostitution…). Les populations locales ne se retrouvent pas souvent dans les choix politiques de leurs dirigeants. Les constitutions africaines sont de pâles copies de celles européennes et les imitent jusqu’à leurs dernières modifications. Le nombre de chefs d’Etat surtout africains, cités dans la franc-maçonnerie, est tellement effarant qu’on se demande si cette obédience ne dirige pas en réalité le monde. S’ils sont aux premières loges (l’expression revêt ici son sens plein et entier) en Afrique, dans les pays occidentaux, les francs-maçons plus ou moins connus peuplent les cénacles des pouvoirs à travers des postes de ministres, élus, conseillers ou capitaines d’industries d’où ils influencent les politiques. En France, il existe une fraternelle parlementaire qui réunit des députés et sénateurs de tous bords affiliés à la franc-maçonnerie qui impulsent la législation hexagonale.
Là-bas, dernièrement, des soupçons démentis par l’Elysée, ont circulé sur l’adhésion de Sarkozy à la franc-maçonnerie après qu’il a apposé à côté de son paraphe habituel dans une lettre adressée au bâtonnier un signe distinctif de la franc-maçonnerie. (Voir Le Quotidien du 6 février 2006).
Le Grand-maître du Grand-Orient de France disait dans une interview au Soleil en avril 2007 que « la maçonnerie au Sénégal est dynamique et en plein développement » renforçant son prédécesseur au poste Alain Bauer (ancien conseiller du Premier ministre socialiste Michel Rocard et conseiller occulte en sécurité de Sarkozy) qui avait soutenu que sa loge avait contribué à l’alternance politique au Sénégal en 2000.
Pis, au Sénégal, la phraséologie sociopolitique ambiante depuis plusieurs années tourne curieusement autour d’un vocabulaire grandiloquent. Remarquez que la maçonnerie affectionne également le qualificatif Grand (Grand Orient, Grand-maître, Grande Loge, Grand Architecte.., signe d’élitisme et de mégalomanie).
La correspondance est pour le moins frappante. Jugez-en : Grands chantiers, Très Grands Projets, Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance, Train à Grand écartement, Grande muraille verte…On nous signalera la Case des Tout-petits. Soit.
De même, la place du béton (vénéré et sanctifié), des statues (mystérieuses, coûteuses et inutiles) du concret (chanté, dévoyé et galvaudé) est de plus en plus préoccupante au détriment des urgences sociales ravalées au rang de détails qui intéressent seulement nous autres petites gens happées par la grande pauvreté concrète, celle-là. Nous n’avons certainement rien contre la grandeur, loin s’en faut, si elle sert tous les intérêts et non seulement ceux d’une caste de privilégiés qui oublient que le béton, aussi important soit-il, ne se mange pas.
L’aveu tardif de Wade pose également le problème de son opportunité.
Ne serait-il pas plus sage pour notre cher président après s’être repenti de son appartenance ancienne à une loge maçonnique de le garder pour lui-même et ses proches. Sa famille et ses conseillers auraient dû lui suggérer de nous épargner cette confession. Elle n’apporte pas grand-chose, si ce n’est la polémique souvent stérile. Le jeu en valait-il la chandelle ? Assurément non ! L’analyse fine du contexte a visiblement manqué dans cette sortie du président.
Lourd boulet qu’il traîne dans ce contexte particulier du Sénégal et qu’il a voulu détacher en relançant dans le débat public un nouvel os à ronger : présenter officiellement à Touba son fils Karim Wade qu’il définit comme « un bras droit d’une rare fidélité ». Peut-on attendre moins de son enfant ? L’essentiel est ailleurs.
L’idéal serait que le président Wade nous informât sur sa vie avant de briguer nos suffrages. Dans ce cas nous choisirions en toute connaissance de cause. Cela pose avec acuité la nécessité d’une enquête sérieuse de moralité et de personnalité des candidats aux postes de gouvernance.
Maintenant ce qu’on attend de lui, c’est qu’il s’active pour poser des actes qui vont à l’encontre de ses anciennes amours ésotériques. Et les signes sont loin d’être rassurants. Nous en voulons pour preuve le foisonnement de rues, édifices et symboles portant des noms d’éminents personnages maçonniques tels que Jules Ferry, Théodore Roosevelt, Goethe, Washington, Voltaire, Mozart, Félix Eboué et du député sénégalais Blaise Diagne, parrain de rue, école et aéroport (non encore sorti de terre). Cette inflation symbolique ne conforte pas le repentir.
Nous ne faisons pas ici le procès de la franc-maçonnerie encore moins celui de Wade mais avons essayé simplement de passer au crible des actes posés par celui sur qui repose la souveraineté populaire. Cela concernerait un citoyen ordinaire que cela ne nous intéresserait pas. Nous aimerions que le coup de marteau présidentiel ne soit pas un nouvel acte de diversion et non de dévotion sincère, il est urgent que cet aveu franc (?) d’un ex (?) maçon soit suivi d’actes sincères et de rupture. Et là seulement il pourra « se consoler de ses fautes » comme il a eu « la force de les avouer » pour paraphraser la maxime de la Rochefoucauld. Comme quoi c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon.
Samba Saër Diop
Citoyen inquiet
sambasaerdiop@yahoo.fr
Cette volonté de clarification vespérale et bancale aurait eu plus de poids, de sens et de crédibilité si le mis en cause avait pris le parti de sortir de l’ombre (ou de la lumière dans le cas d’espèce) de sa propre initiative.
C’est donc acculé, jusque dans ses derniers retranchements, notamment par le battage médiatique occidental, qu’il a décidé de sortir du bois. On se rappelle, en 2007, Mme Marie Mbengue, mère de la défunte Penda Kébé avait jeté un pavé dans la fraternité de « lumière » de M. Wade en lui déniant toute dignité à accueillir l’Organisation de la Conférence islamique. « Un franc-maçon ne peut pas diriger le sommet de l’Oci. Il est franc-maçon. Il a été initié au Grand Orient de France. Il appartient à la loge France unité universelle de Dakar.. Sa femme, Viviane Wade, appartient au Droit humain, la loge mixte de Dakar. Cela s’appelle Fraternité universelle », avait déclaré la dame en colère, sans faire l’objet du moindre démenti ou droit de réponse.. (Source nettali.net du 14 décembre 2007).
La société sénégalaise, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, est fortement hostile aux influentes loges maçonniques accusées de manipuler nos gouvernants après avoir grandement contribué à leur élection. Ce qu’elles ne démentent guère. Les politiques menées sous nos tropiques sont souvent la résonance de visées occidentalo-centristes (diabolisation des religions, laïcisation à outrance de l’espace public, libération totale des mœurs, promotion de l’homosexualité, pénalisation de la polygamie, légalisation de la prostitution…). Les populations locales ne se retrouvent pas souvent dans les choix politiques de leurs dirigeants. Les constitutions africaines sont de pâles copies de celles européennes et les imitent jusqu’à leurs dernières modifications. Le nombre de chefs d’Etat surtout africains, cités dans la franc-maçonnerie, est tellement effarant qu’on se demande si cette obédience ne dirige pas en réalité le monde. S’ils sont aux premières loges (l’expression revêt ici son sens plein et entier) en Afrique, dans les pays occidentaux, les francs-maçons plus ou moins connus peuplent les cénacles des pouvoirs à travers des postes de ministres, élus, conseillers ou capitaines d’industries d’où ils influencent les politiques. En France, il existe une fraternelle parlementaire qui réunit des députés et sénateurs de tous bords affiliés à la franc-maçonnerie qui impulsent la législation hexagonale.
Là-bas, dernièrement, des soupçons démentis par l’Elysée, ont circulé sur l’adhésion de Sarkozy à la franc-maçonnerie après qu’il a apposé à côté de son paraphe habituel dans une lettre adressée au bâtonnier un signe distinctif de la franc-maçonnerie. (Voir Le Quotidien du 6 février 2006).
Le Grand-maître du Grand-Orient de France disait dans une interview au Soleil en avril 2007 que « la maçonnerie au Sénégal est dynamique et en plein développement » renforçant son prédécesseur au poste Alain Bauer (ancien conseiller du Premier ministre socialiste Michel Rocard et conseiller occulte en sécurité de Sarkozy) qui avait soutenu que sa loge avait contribué à l’alternance politique au Sénégal en 2000.
Pis, au Sénégal, la phraséologie sociopolitique ambiante depuis plusieurs années tourne curieusement autour d’un vocabulaire grandiloquent. Remarquez que la maçonnerie affectionne également le qualificatif Grand (Grand Orient, Grand-maître, Grande Loge, Grand Architecte.., signe d’élitisme et de mégalomanie).
La correspondance est pour le moins frappante. Jugez-en : Grands chantiers, Très Grands Projets, Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance, Train à Grand écartement, Grande muraille verte…On nous signalera la Case des Tout-petits. Soit.
De même, la place du béton (vénéré et sanctifié), des statues (mystérieuses, coûteuses et inutiles) du concret (chanté, dévoyé et galvaudé) est de plus en plus préoccupante au détriment des urgences sociales ravalées au rang de détails qui intéressent seulement nous autres petites gens happées par la grande pauvreté concrète, celle-là. Nous n’avons certainement rien contre la grandeur, loin s’en faut, si elle sert tous les intérêts et non seulement ceux d’une caste de privilégiés qui oublient que le béton, aussi important soit-il, ne se mange pas.
L’aveu tardif de Wade pose également le problème de son opportunité.
Ne serait-il pas plus sage pour notre cher président après s’être repenti de son appartenance ancienne à une loge maçonnique de le garder pour lui-même et ses proches. Sa famille et ses conseillers auraient dû lui suggérer de nous épargner cette confession. Elle n’apporte pas grand-chose, si ce n’est la polémique souvent stérile. Le jeu en valait-il la chandelle ? Assurément non ! L’analyse fine du contexte a visiblement manqué dans cette sortie du président.
Lourd boulet qu’il traîne dans ce contexte particulier du Sénégal et qu’il a voulu détacher en relançant dans le débat public un nouvel os à ronger : présenter officiellement à Touba son fils Karim Wade qu’il définit comme « un bras droit d’une rare fidélité ». Peut-on attendre moins de son enfant ? L’essentiel est ailleurs.
L’idéal serait que le président Wade nous informât sur sa vie avant de briguer nos suffrages. Dans ce cas nous choisirions en toute connaissance de cause. Cela pose avec acuité la nécessité d’une enquête sérieuse de moralité et de personnalité des candidats aux postes de gouvernance.
Maintenant ce qu’on attend de lui, c’est qu’il s’active pour poser des actes qui vont à l’encontre de ses anciennes amours ésotériques. Et les signes sont loin d’être rassurants. Nous en voulons pour preuve le foisonnement de rues, édifices et symboles portant des noms d’éminents personnages maçonniques tels que Jules Ferry, Théodore Roosevelt, Goethe, Washington, Voltaire, Mozart, Félix Eboué et du député sénégalais Blaise Diagne, parrain de rue, école et aéroport (non encore sorti de terre). Cette inflation symbolique ne conforte pas le repentir.
Nous ne faisons pas ici le procès de la franc-maçonnerie encore moins celui de Wade mais avons essayé simplement de passer au crible des actes posés par celui sur qui repose la souveraineté populaire. Cela concernerait un citoyen ordinaire que cela ne nous intéresserait pas. Nous aimerions que le coup de marteau présidentiel ne soit pas un nouvel acte de diversion et non de dévotion sincère, il est urgent que cet aveu franc (?) d’un ex (?) maçon soit suivi d’actes sincères et de rupture. Et là seulement il pourra « se consoler de ses fautes » comme il a eu « la force de les avouer » pour paraphraser la maxime de la Rochefoucauld. Comme quoi c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon.
Samba Saër Diop
Citoyen inquiet
sambasaerdiop@yahoo.fr