Et pourtant, « se libérer » de BBY, pour le président de la République, est si aisé que les Assises Nationales, dont il a signé la Charte de gouvernance démocratique, quoique avec certain état d’âme, et qui dépassent très largement la coalition BBY, peuvent, en l’occurrence, opportunément, se substituer à cette dernière.
Rappelons, tout à propos, que Bennoo Bokk Yaakaar est née entre les deux tours de la dernière élection présidentielle. Ainsi, BBY est-elle par définition une coalition de circonstance/conjoncture ; c'est-à-dire une coalition-nécessité-du-moment, une coalition ad hoc ; et donc une coalition potentiellement éphémère. Au contraire, bien évidemment, des coalitions d’avant premier tour de la dite élection, qui, elles, sont des coalitions structurelles ; autrement dit, des coalitions susceptibles de survivre à l’accession de Monsieur Macky SALL à la magistrature suprême du Sénégal. D’ailleurs, est-ce peut-être le lieu, sinon le moment, de se préoccuper, de manière sérieuse, des incidences négatives sur la démocratie qui peuvent survenir de la survie, après une élection, de coalitions de circonstance nées entre les deux tours de la dite élection. Tout comme une réflexion sérieuse devrait pouvoir ouvrir la voie à la limitation (à 3 voire 4 ou 5 partis ?) de la taille des coalitions de partis politiques, au-delà de laquelle, par exemple, toute coalition concernée deviendrait, sous peine de disparaître, un parti politique. Et ce, justement, pour éviter la formation ou la promotion de coalitions « alimentaires » ou par opportunisme, au profit de coalitions qui procèdent objectivement de valeurs, d’idées ou d’idéologies communes ou réputées telles.
Pour autant, ce besoin soudain de remanier un gouvernement d’à peine six mois sous-tend, à son corps défendant, un autre besoin, autrement plus actuel, parce que plus légitime ; celui précisément d’un débat de fond sur la nécessité d’un nouvel Etat et d’une nouvelle République dans un Sénégal nouveau.
En effet, dans le contexte actuel de l’Etat et de la République sénégalais, unitaires et centralisés, voire ultra-centralisés, un ministre n’est tel qu’en tant que haut commis de l’Etat et de la République, chargé d’une fonction éminemment politique, quoiqu’il se doive de s’entourer de femmes et d’hommes aux compétences techniques avérées et éprouvées. A cet effet, l’action d’un ministre, si productive qu’elle pût être, ne saurait, sous aucun prétexte, engager ni la communauté ni la région dont il est originaire.
Or, si nous convenons que, tant par essence que du point de vue de leur finalité, l’Etat et la République transcendent toutes les identités nationales, nous devons admettre tout autant que chaque identité nationale, sous peine de s’éteindre, participe de son rôle – le sien propre ! – dans la société, en l’occurrence la société sénégalaise.
C’est pour ainsi affirmer qu’envisager d’augmenter la taille du gouvernement, pour coller littéralement, de par sa composition, aux réalités ethniques et géographiques du pays, tel qu’annoncé par le chef de l’Etat depuis les Etats-Unis, est inopportun. Qui plus est, cela serait une tentative malheureuse d’apporter une réponse inappropriée à la Question Nationale selon laquelle : ‘‘Quelle République et quel Etat sénégalais correspondraient-ils le mieux aux réalités historiques, socioéconomiques, culturelles, politiques et territoriales du Sénégal ?’’ En d’autres termes, quelle République et quel Etat sénégalais seraient-ils (le plus) propices à l’accomplissement plein et entier, en tant que telles, des identités nationales du Sénégal que sont : Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et La Casamance ?
Plus fondamentalement, au lieu de tabler sur un gouvernement sociologiquement et géographiquement « conforme » aux identités nationales, ne serait-il pas plutôt plus légitime, et donc plus judicieux, de tenter de trouver une réponse, à la fois politique et institutionnelle, à la Question Nationale, non encore résolue, et dont la crise tri-décennale en Casamance n’est qu’un dramatique pendant ? Auquel cas, nous comprendrions alors, certainement, que le Sénégal ne peut prospérer durablement que si, et seulement si, ses identités nationales s’épanouissent, en tant que telles, et se développent suivant un schème, sinon un schéma, qui obéisse inexorablement au principe de leur accomplissement sous la forme de véritables pôles socioéconomiques. En cela, une refondation de la République et une profonde réforme de l’Etat, au Sénégal, s’imposent, qui se traduisent notamment par la réhabilitation, comme telles, des six Régions Naturelles du pays (Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et La Casamance) et par leur érection en Régions ou Provinces autonomes (juridiquement, techniquement et financièrement), tel que le préconise le Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (MFDC). Il va s’en dire, naturellement, que, dans un tel contexte, chaque Région ou Province autonome disposerait d’un gouvernement et d’une assemblée régionaux ou provinciaux élus. Aussi, en tant qu’institutions de proximité, les gouvernements et les assemblées régionaux ou provinciaux devraient-ils – autant que faire se peut, notamment pour en être une émanation légitime – refléter les identités nationales respectives qu’ils seraient appelés à administrer, conformément à leurs aspirations.
Alors, et seulement alors, plus que jamais, nous nous inscririons dans la logique en vertu de laquelle : ‘‘On ne développe pas, on se développe !’’ Tandis que le pays tout entier y gagnerait, à coup sûr, en termes de développement et de paix durables.
Dakar, le 5 octobre 2012.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC)
Rappelons, tout à propos, que Bennoo Bokk Yaakaar est née entre les deux tours de la dernière élection présidentielle. Ainsi, BBY est-elle par définition une coalition de circonstance/conjoncture ; c'est-à-dire une coalition-nécessité-du-moment, une coalition ad hoc ; et donc une coalition potentiellement éphémère. Au contraire, bien évidemment, des coalitions d’avant premier tour de la dite élection, qui, elles, sont des coalitions structurelles ; autrement dit, des coalitions susceptibles de survivre à l’accession de Monsieur Macky SALL à la magistrature suprême du Sénégal. D’ailleurs, est-ce peut-être le lieu, sinon le moment, de se préoccuper, de manière sérieuse, des incidences négatives sur la démocratie qui peuvent survenir de la survie, après une élection, de coalitions de circonstance nées entre les deux tours de la dite élection. Tout comme une réflexion sérieuse devrait pouvoir ouvrir la voie à la limitation (à 3 voire 4 ou 5 partis ?) de la taille des coalitions de partis politiques, au-delà de laquelle, par exemple, toute coalition concernée deviendrait, sous peine de disparaître, un parti politique. Et ce, justement, pour éviter la formation ou la promotion de coalitions « alimentaires » ou par opportunisme, au profit de coalitions qui procèdent objectivement de valeurs, d’idées ou d’idéologies communes ou réputées telles.
Pour autant, ce besoin soudain de remanier un gouvernement d’à peine six mois sous-tend, à son corps défendant, un autre besoin, autrement plus actuel, parce que plus légitime ; celui précisément d’un débat de fond sur la nécessité d’un nouvel Etat et d’une nouvelle République dans un Sénégal nouveau.
En effet, dans le contexte actuel de l’Etat et de la République sénégalais, unitaires et centralisés, voire ultra-centralisés, un ministre n’est tel qu’en tant que haut commis de l’Etat et de la République, chargé d’une fonction éminemment politique, quoiqu’il se doive de s’entourer de femmes et d’hommes aux compétences techniques avérées et éprouvées. A cet effet, l’action d’un ministre, si productive qu’elle pût être, ne saurait, sous aucun prétexte, engager ni la communauté ni la région dont il est originaire.
Or, si nous convenons que, tant par essence que du point de vue de leur finalité, l’Etat et la République transcendent toutes les identités nationales, nous devons admettre tout autant que chaque identité nationale, sous peine de s’éteindre, participe de son rôle – le sien propre ! – dans la société, en l’occurrence la société sénégalaise.
C’est pour ainsi affirmer qu’envisager d’augmenter la taille du gouvernement, pour coller littéralement, de par sa composition, aux réalités ethniques et géographiques du pays, tel qu’annoncé par le chef de l’Etat depuis les Etats-Unis, est inopportun. Qui plus est, cela serait une tentative malheureuse d’apporter une réponse inappropriée à la Question Nationale selon laquelle : ‘‘Quelle République et quel Etat sénégalais correspondraient-ils le mieux aux réalités historiques, socioéconomiques, culturelles, politiques et territoriales du Sénégal ?’’ En d’autres termes, quelle République et quel Etat sénégalais seraient-ils (le plus) propices à l’accomplissement plein et entier, en tant que telles, des identités nationales du Sénégal que sont : Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et La Casamance ?
Plus fondamentalement, au lieu de tabler sur un gouvernement sociologiquement et géographiquement « conforme » aux identités nationales, ne serait-il pas plutôt plus légitime, et donc plus judicieux, de tenter de trouver une réponse, à la fois politique et institutionnelle, à la Question Nationale, non encore résolue, et dont la crise tri-décennale en Casamance n’est qu’un dramatique pendant ? Auquel cas, nous comprendrions alors, certainement, que le Sénégal ne peut prospérer durablement que si, et seulement si, ses identités nationales s’épanouissent, en tant que telles, et se développent suivant un schème, sinon un schéma, qui obéisse inexorablement au principe de leur accomplissement sous la forme de véritables pôles socioéconomiques. En cela, une refondation de la République et une profonde réforme de l’Etat, au Sénégal, s’imposent, qui se traduisent notamment par la réhabilitation, comme telles, des six Régions Naturelles du pays (Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et La Casamance) et par leur érection en Régions ou Provinces autonomes (juridiquement, techniquement et financièrement), tel que le préconise le Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (MFDC). Il va s’en dire, naturellement, que, dans un tel contexte, chaque Région ou Province autonome disposerait d’un gouvernement et d’une assemblée régionaux ou provinciaux élus. Aussi, en tant qu’institutions de proximité, les gouvernements et les assemblées régionaux ou provinciaux devraient-ils – autant que faire se peut, notamment pour en être une émanation légitime – refléter les identités nationales respectives qu’ils seraient appelés à administrer, conformément à leurs aspirations.
Alors, et seulement alors, plus que jamais, nous nous inscririons dans la logique en vertu de laquelle : ‘‘On ne développe pas, on se développe !’’ Tandis que le pays tout entier y gagnerait, à coup sûr, en termes de développement et de paix durables.
Dakar, le 5 octobre 2012.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC)