A la mémoire du Professeur Souleymane SECK digne fils de Bargny, ancien Directeur de l’ENSUT et ancien Recteur de l’Université internationale Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie (Egypte), que Dieu l’accueille en son paradis.
L’œuvre d’Edouard GLISSANT se caractérise par sa diversité : poésie, essai, roman, théâtre la composent à parts inégales mais nécessaires. Son écriture, à la fois érudite et populaire se veut pan mondialiste bien que profondément enracinée en Martinique
Nous proposons d’examiner dans cette œuvre la question de la relation, et plus précisément celle de l’interrelation entre les hommes, les cultures et les langues, pour montrer que ces questions ne se posent plus ici sur le mode de la domination ou du mépris, mais plutôt sur celui de l’échange et de la dette mutuelle.
Le xx siècle est marqué par les deux guerres mondiales et l’ère des décolonisations. Hiroshima a sonné le glas d’une civilisation européenne triomphante ; réintroduisant incertitude et relativisme. Glissant à partir du « discours antillais » et de la nouvelle quête d’identité qu’il implique, pose qu’une nouvelle relation mondiale est nécessaire, à l’heure où le temps du monde fini commence (Paul Valery).
Le poète essayiste redessine ainsi un monde utopique et réaliste à la fois, où l’homme vivrait en harmonie avec son prochain dans le respect des différences sans indifférences. Cette nouvelle relation mondiale se pose comme un nouvel humanisme (Sartre). Les valeurs humaines étant affirmées comme supérieures à toutes les autres. Ce rêve du poète s’étaye, toutefois, sur la sagesse du philosophe et le réalisme du penseur politique, pour dire que dans la tolérance l’homme ne serait plus un loup pour l’homme.
A l’heure de la montée des intégrismes et de la réaffirmation du nationalisme; cette poétique de la relation se donne comme objet contemporain de méditation.
On retrouve chez Glissant, Césaire ou Senghor des poètes chantres, revendiquant leur couleur noire et décriant l’européocentrisme, toutes les valeurs sur lesquelles se sont construites la légitimation de l’exploitation de l’esclavage et de la colonisation. L’homme noir ne trouvant pas son identité dans un monde où l’historiographie est formulée en Europe ; c est à dire dans les mains du colon et de l’ancien maître, d’où une tentative du noir de réécrire l’histoire, une volonté de reformuler le monde de façon poly centrée et non plus européenne. Le FESMAN 3, initiative de maître WADE, s’inscrit comme les précédents, dans une volonté de réaffirmation de l’identité africaine, de la culture nègre ; un appel pour la renaissance africaine qu’il ne faut pas confondre avec un repli identitaire. En effet, pour Glissant le monde est désormais pluriel et aucun peuple n’est en droit supérieur à un autre ni d’ailleurs aucune race ou langue. La chute de la tour de Babel étant une chance ; car elle consacre l’avènement du multilinguisme. La renaissance africaine prônée par Me Wade à la suite de Cheikh Anta Diop, des pères de la négritude et des pays laissés au rebut de l’histoire, devient le droit à la différence qui n’est pas un retour de barbarie, mais un moyen de lutter contre la présomption de la supériorité d’une race ou d’une culture. EDOUARD GLISSANT nous invite à la rencontre des cultures mais sur un nouveau mode, celui de l’échange et de l’enrichissement mutuel.
La poétique de la relation devient une apologie du voyage, de l’ouverture vers l’autre, de la pluralité, du dialogue des cultures, mais aussi et surtout un appel au relativisme, à la tolérance et à la diversité culturelle. La poétique de la relation est aussi un humanisme, car elle est réaction face à la menace de l’anéantissement et de la négation de l’homme ; mais elle est aussi un hymne à l’amour de son prochain, à l’espoir d’un monde unifié sans être totalitaire ou hiérarchisé. L’émigration qui permet le contact des cultures différentes devient une fuite de la misère, de la guerre vers des terres d’espoir, elle devient une dynamique erratique, une part du rêve du monde. L’occident doit alors éviter l’uniformisation; les arabes, les noirs et les autres minorités doivent et peuvent garder leurs valeurs intrinsèques tout en s’ouvrant à la culture française et en respectant les lois de la république. Ceci est peut être la réponse de Glissant à la brulante question de l’identité en France et de l’interdiction des minarets en suisse. La culture française ne devrait pas phagocyter les cultures de ces minorités ; toutes les cultures, toutes les religions doivent avoir leur place au rendez vous du donner et du recevoir, car même si on ne les partage pas, il faudra au moins les respecter. Les attentats du 11 septembre aux usa, bien que monstrueux et condamnables doivent nous interpeller tous et nous faire prendre conscience de la dérive du monde (choc des civilisations). Le terrorisme est une réponse à l’exclusion (conflit israélo- palestinien) et à la nouvelle bipolarisation du monde après l’effondrement de l’Urss. En effet, entre le monde occidental « l’axe du bien » et le reste du monde « axe du mal » Corée du nord Iran, Irak, Afghanistan etc., le fossé ne cesse de se creuser. Cette situation risque de mener à un conflit ouvert entre les deux pôles dont aucun ne triomphera ; car le 11 septembre a démontré qu’aucun pays n’est à l’abri quelque soit sa puissance militaire et technologique ; l’humanité seule y perdra. Le retour des américains à l’Unesco et le prix Nobel de la paix attribué à OBAMA sont un signal fort ; le dialogue des cultures devient une nécessité qui pourra peut être freiner les ardeurs des nationalismes triomphants et intolérants. L’avènement de Barak OBAMA à la tête des USA consacre une certaine rupture avec la politique belliciste de son prédécesseur Georges Bush, même s’il n’a pas trop de marge de manœuvre face à Al-Qaïda, la menace terroriste et les besoins sécuritaires des USA. La charte de l’Unesco sur le dialogue des cultures doit être le socle sur lequel reposent désormais les nouveaux rapports entre les peuples et les cultures.
Glissant est pour nous, non seulement un humaniste mais un visionnaire ; car sa poétique de la relation est un appel qui s’il est bien reçu pourra sauver l’humanité, car elle consacre la tolérance le respect de l’autre et le dialogue des cultures. A l’heure de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la plupart des pays africains et du FESMAN3 en perspective de maître Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal, la renaissance africaine est plus que d’actualité. Toutefois, elle ne doit pas signifier pour nous africains un repli identitaire mais plutôt une ouverture vers les autres et mieux encore un appel à une nouvelle relation mondiale.
Arona GAYE
Ex doctorant à l’Université Paul Valéry
Sujet de thèse : Edouard Glissant : poétique de la relation et humanisme
Ex-conseiller du président de la république chargé de la jeunesse et des sports
Champion du monde de scrabble, ex membre du conseil d’administration de la fédération internationale de scrabble francophone.
Email g.arona@voila.fr
Tél :( 00221) 77644 40 66
L’œuvre d’Edouard GLISSANT se caractérise par sa diversité : poésie, essai, roman, théâtre la composent à parts inégales mais nécessaires. Son écriture, à la fois érudite et populaire se veut pan mondialiste bien que profondément enracinée en Martinique
Nous proposons d’examiner dans cette œuvre la question de la relation, et plus précisément celle de l’interrelation entre les hommes, les cultures et les langues, pour montrer que ces questions ne se posent plus ici sur le mode de la domination ou du mépris, mais plutôt sur celui de l’échange et de la dette mutuelle.
Le xx siècle est marqué par les deux guerres mondiales et l’ère des décolonisations. Hiroshima a sonné le glas d’une civilisation européenne triomphante ; réintroduisant incertitude et relativisme. Glissant à partir du « discours antillais » et de la nouvelle quête d’identité qu’il implique, pose qu’une nouvelle relation mondiale est nécessaire, à l’heure où le temps du monde fini commence (Paul Valery).
Le poète essayiste redessine ainsi un monde utopique et réaliste à la fois, où l’homme vivrait en harmonie avec son prochain dans le respect des différences sans indifférences. Cette nouvelle relation mondiale se pose comme un nouvel humanisme (Sartre). Les valeurs humaines étant affirmées comme supérieures à toutes les autres. Ce rêve du poète s’étaye, toutefois, sur la sagesse du philosophe et le réalisme du penseur politique, pour dire que dans la tolérance l’homme ne serait plus un loup pour l’homme.
A l’heure de la montée des intégrismes et de la réaffirmation du nationalisme; cette poétique de la relation se donne comme objet contemporain de méditation.
On retrouve chez Glissant, Césaire ou Senghor des poètes chantres, revendiquant leur couleur noire et décriant l’européocentrisme, toutes les valeurs sur lesquelles se sont construites la légitimation de l’exploitation de l’esclavage et de la colonisation. L’homme noir ne trouvant pas son identité dans un monde où l’historiographie est formulée en Europe ; c est à dire dans les mains du colon et de l’ancien maître, d’où une tentative du noir de réécrire l’histoire, une volonté de reformuler le monde de façon poly centrée et non plus européenne. Le FESMAN 3, initiative de maître WADE, s’inscrit comme les précédents, dans une volonté de réaffirmation de l’identité africaine, de la culture nègre ; un appel pour la renaissance africaine qu’il ne faut pas confondre avec un repli identitaire. En effet, pour Glissant le monde est désormais pluriel et aucun peuple n’est en droit supérieur à un autre ni d’ailleurs aucune race ou langue. La chute de la tour de Babel étant une chance ; car elle consacre l’avènement du multilinguisme. La renaissance africaine prônée par Me Wade à la suite de Cheikh Anta Diop, des pères de la négritude et des pays laissés au rebut de l’histoire, devient le droit à la différence qui n’est pas un retour de barbarie, mais un moyen de lutter contre la présomption de la supériorité d’une race ou d’une culture. EDOUARD GLISSANT nous invite à la rencontre des cultures mais sur un nouveau mode, celui de l’échange et de l’enrichissement mutuel.
La poétique de la relation devient une apologie du voyage, de l’ouverture vers l’autre, de la pluralité, du dialogue des cultures, mais aussi et surtout un appel au relativisme, à la tolérance et à la diversité culturelle. La poétique de la relation est aussi un humanisme, car elle est réaction face à la menace de l’anéantissement et de la négation de l’homme ; mais elle est aussi un hymne à l’amour de son prochain, à l’espoir d’un monde unifié sans être totalitaire ou hiérarchisé. L’émigration qui permet le contact des cultures différentes devient une fuite de la misère, de la guerre vers des terres d’espoir, elle devient une dynamique erratique, une part du rêve du monde. L’occident doit alors éviter l’uniformisation; les arabes, les noirs et les autres minorités doivent et peuvent garder leurs valeurs intrinsèques tout en s’ouvrant à la culture française et en respectant les lois de la république. Ceci est peut être la réponse de Glissant à la brulante question de l’identité en France et de l’interdiction des minarets en suisse. La culture française ne devrait pas phagocyter les cultures de ces minorités ; toutes les cultures, toutes les religions doivent avoir leur place au rendez vous du donner et du recevoir, car même si on ne les partage pas, il faudra au moins les respecter. Les attentats du 11 septembre aux usa, bien que monstrueux et condamnables doivent nous interpeller tous et nous faire prendre conscience de la dérive du monde (choc des civilisations). Le terrorisme est une réponse à l’exclusion (conflit israélo- palestinien) et à la nouvelle bipolarisation du monde après l’effondrement de l’Urss. En effet, entre le monde occidental « l’axe du bien » et le reste du monde « axe du mal » Corée du nord Iran, Irak, Afghanistan etc., le fossé ne cesse de se creuser. Cette situation risque de mener à un conflit ouvert entre les deux pôles dont aucun ne triomphera ; car le 11 septembre a démontré qu’aucun pays n’est à l’abri quelque soit sa puissance militaire et technologique ; l’humanité seule y perdra. Le retour des américains à l’Unesco et le prix Nobel de la paix attribué à OBAMA sont un signal fort ; le dialogue des cultures devient une nécessité qui pourra peut être freiner les ardeurs des nationalismes triomphants et intolérants. L’avènement de Barak OBAMA à la tête des USA consacre une certaine rupture avec la politique belliciste de son prédécesseur Georges Bush, même s’il n’a pas trop de marge de manœuvre face à Al-Qaïda, la menace terroriste et les besoins sécuritaires des USA. La charte de l’Unesco sur le dialogue des cultures doit être le socle sur lequel reposent désormais les nouveaux rapports entre les peuples et les cultures.
Glissant est pour nous, non seulement un humaniste mais un visionnaire ; car sa poétique de la relation est un appel qui s’il est bien reçu pourra sauver l’humanité, car elle consacre la tolérance le respect de l’autre et le dialogue des cultures. A l’heure de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la plupart des pays africains et du FESMAN3 en perspective de maître Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal, la renaissance africaine est plus que d’actualité. Toutefois, elle ne doit pas signifier pour nous africains un repli identitaire mais plutôt une ouverture vers les autres et mieux encore un appel à une nouvelle relation mondiale.
Arona GAYE
Ex doctorant à l’Université Paul Valéry
Sujet de thèse : Edouard Glissant : poétique de la relation et humanisme
Ex-conseiller du président de la république chargé de la jeunesse et des sports
Champion du monde de scrabble, ex membre du conseil d’administration de la fédération internationale de scrabble francophone.
Email g.arona@voila.fr
Tél :( 00221) 77644 40 66