Alors se pose la lancinante question de la gestion de ces sinistrés, mais aussi et surtout de la résolution définitive de l’évacuation des eaux pluviales.
En filigrane de ces problématiques, apparait la question de leurs gestions temporelles.
Si la prise en charge des sinistrés nécessite des actions d’envergure immédiates, à court terme, que le plan ORSEC est entrain de dérouler, il en demeure autrement pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan stratégique d’assainissement global.
Justement, c’est ce volet complexe, nécessitant du temps, de la patience et d’énormes ressources qui nous interpelle en tant que spécialiste.
Fondamentalement, les études relatives à des projets hydrauliques d’une certaine envergure se font dans la durée pour deux raisons essentielles :
• D’abord, les hypothèses et autres paramètres de calculs doivent se fonder sur le comportement variable et aléatoire de l’eau. De ce point de vue, les phénomènes cycliques, le plus souvent par période de 10 ans (le réchauffement climatique permet certainement aujourd’hui de réduire cette périodicité), qui génèrent les éléments essentiels de calculs nécessitent beaucoup de temps, car émanant de relevés et d’observations in situ. Ainsi, les situations les plus défavorables sont mieux cernées et prises en compte, pour être pondérées dans le but d’optimiser le dimensionnement des ouvrages qui résulteront des études. Il s’y ajoute que des projets de cette nature exigent dans leur mise en œuvre beaucoup de technicité et de rigueur, car leur destruction accidentelle entraine souvent des conséquences chaotiques pour les populations ;
• Ensuite, il y a le cout faramineux de ces types de projet. Leur importance exige que toute la méthodologie qui sied soit respectée, notamment la prise en compte des dimensions historique, sociologique, scientifique etc. Pour cela, il est absolument nécessaire de répertorier l’existant, de cerner les comportements des populations et de se projeter sur le long terme. En effet, au delà des conséquences sociales dramatiques évoquées plus haut, liées à une mauvaise conception des ouvrages, du fait du non respect des différentes étapes nécessaires pour asseoir des études sérieuses, il y a le gâchis financier énorme qui en découle, et qui peut même compromettre la crédibilité et le développement économique d’un pays.
Dès lors, la question des inondations qui nous interpelle doit être abordée sous le rapport d’un plan à long terme, exécuté séquentiellement sur la base d’études bien élaborées, pour la réalisation d’ouvrages facilement extensibles, dont la durée de vie devrait prendre en compte les besoins de plusieurs générations de citoyens.
Pour cela, au-delà des généralités les actions suivantes s’imposent à nous :
• Faire l’état des lieux de toutes les infrastructures existantes avec toutes leurs caractéristiques. L’objectif de cette démarche est de les intégrer dans le nouveau plan si elles s’avèrent nécessaires à leur exploitation, mais aussi d’éviter les redondances inutiles pouvant entrainer des surcouts ;
• Relever immédiatement, cela a du être fait à la fin de la pluie du Dimanche, les niveaux d’eaux à des endroits bien choisis, par rapport au niveau de la mer. Cette précaution s’imposait d’ailleurs depuis 2005. Ceci aurait permis aujourd’hui en 2012, donc sur une période de 7 ans de disposer de données assez fiables pour faire des extrapolations sur le long terme ( je suppose que les données existent);
• Collecter par satellite les photographies et données de la zone géographique du Cap Vert hors d’eau, pour avoir :
le relief naturel avant les pluies ;
mais également l’état des lieux juste après les inondations.
En effet, les ruissellements des eaux pluviales se font de façon naturelle, en fonction du relief, des talus ou de façon forcée à travers des aménagements ou autres équipements faits volontairement ou involontairement par les hommes.
La véritable problématique réside donc dans notre capacité à élaborer un plan stratégique, et non ponctuel, déclinant des projets intégrés de mise en œuvre d’un réseau national d’assainissement, en profitant au mieux de ce que la nature nous offre en terme de relief et de littoral pour bien capter les eaux pluviales et ensuite les évacuer.
Il est clair que de telles réalisations, si tant est que nous voulons régler définitivement la question des inondations, vont créer des désagréments importants pour les populations en termes de délogements par exemple. Bien entendu il va falloir s’efforcer de les minimiser dans la limite permise par les études pour atteindre les objectifs du plan.
Enfin, je le rappelle, il y a la durée des études et la planification des travaux qu’aucune pression ne devrait écourter dans leur déroulement normal. Bien sensibilisées, les populations attendraient sereinement un plan définitif de résolution de leurs problèmes, avec parallèlement des mesures intermédiaires comme le plan ORSEC.
Je m’en vais donner pour finir, quelques exemples pour vous édifier sur la névralgique question de la durée, de la patience dans les projets d’aménagements et de construction hydraulique.
Pour le barrage d’Itaipu entre le Brésil et le Paraguay, les études commencées en Février 1971, ont duré 4 ans. Au préalable la décision de faire le projet avait été prise en 1960. Quant aux travaux, démarrés en 1975, ils n’ont été achevés qu’en 1982
Plus prés de nous, les travaux du barrage de Manantali ont démarré en 1997 et se sont achevés en 2001 pour un cout de 246 milliards FCFA.
Ces exemples peuvent être perçus démesurés, le barrage d’Itaipu et celui Chinois des Trois-Gorges sont les plus grands du monde, mais si l’on prend en compte les besoins en assainissement de Dakar, pour ne citer que la capitale, et la complexité de réaliser de gros ouvrages en pleine ville, la comparaison se justifie amplement.
Telle est la réflexion que je voulais apporter dans ces moments difficiles que traverse notre pays.
Samba NDIAYE
Ingénieur G.C option : Aménagements et Construction Hydraulique
Maire de Ndoffane
DG de la SIRN
msndiaye421@yahoo.fr
En filigrane de ces problématiques, apparait la question de leurs gestions temporelles.
Si la prise en charge des sinistrés nécessite des actions d’envergure immédiates, à court terme, que le plan ORSEC est entrain de dérouler, il en demeure autrement pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan stratégique d’assainissement global.
Justement, c’est ce volet complexe, nécessitant du temps, de la patience et d’énormes ressources qui nous interpelle en tant que spécialiste.
Fondamentalement, les études relatives à des projets hydrauliques d’une certaine envergure se font dans la durée pour deux raisons essentielles :
• D’abord, les hypothèses et autres paramètres de calculs doivent se fonder sur le comportement variable et aléatoire de l’eau. De ce point de vue, les phénomènes cycliques, le plus souvent par période de 10 ans (le réchauffement climatique permet certainement aujourd’hui de réduire cette périodicité), qui génèrent les éléments essentiels de calculs nécessitent beaucoup de temps, car émanant de relevés et d’observations in situ. Ainsi, les situations les plus défavorables sont mieux cernées et prises en compte, pour être pondérées dans le but d’optimiser le dimensionnement des ouvrages qui résulteront des études. Il s’y ajoute que des projets de cette nature exigent dans leur mise en œuvre beaucoup de technicité et de rigueur, car leur destruction accidentelle entraine souvent des conséquences chaotiques pour les populations ;
• Ensuite, il y a le cout faramineux de ces types de projet. Leur importance exige que toute la méthodologie qui sied soit respectée, notamment la prise en compte des dimensions historique, sociologique, scientifique etc. Pour cela, il est absolument nécessaire de répertorier l’existant, de cerner les comportements des populations et de se projeter sur le long terme. En effet, au delà des conséquences sociales dramatiques évoquées plus haut, liées à une mauvaise conception des ouvrages, du fait du non respect des différentes étapes nécessaires pour asseoir des études sérieuses, il y a le gâchis financier énorme qui en découle, et qui peut même compromettre la crédibilité et le développement économique d’un pays.
Dès lors, la question des inondations qui nous interpelle doit être abordée sous le rapport d’un plan à long terme, exécuté séquentiellement sur la base d’études bien élaborées, pour la réalisation d’ouvrages facilement extensibles, dont la durée de vie devrait prendre en compte les besoins de plusieurs générations de citoyens.
Pour cela, au-delà des généralités les actions suivantes s’imposent à nous :
• Faire l’état des lieux de toutes les infrastructures existantes avec toutes leurs caractéristiques. L’objectif de cette démarche est de les intégrer dans le nouveau plan si elles s’avèrent nécessaires à leur exploitation, mais aussi d’éviter les redondances inutiles pouvant entrainer des surcouts ;
• Relever immédiatement, cela a du être fait à la fin de la pluie du Dimanche, les niveaux d’eaux à des endroits bien choisis, par rapport au niveau de la mer. Cette précaution s’imposait d’ailleurs depuis 2005. Ceci aurait permis aujourd’hui en 2012, donc sur une période de 7 ans de disposer de données assez fiables pour faire des extrapolations sur le long terme ( je suppose que les données existent);
• Collecter par satellite les photographies et données de la zone géographique du Cap Vert hors d’eau, pour avoir :
le relief naturel avant les pluies ;
mais également l’état des lieux juste après les inondations.
En effet, les ruissellements des eaux pluviales se font de façon naturelle, en fonction du relief, des talus ou de façon forcée à travers des aménagements ou autres équipements faits volontairement ou involontairement par les hommes.
La véritable problématique réside donc dans notre capacité à élaborer un plan stratégique, et non ponctuel, déclinant des projets intégrés de mise en œuvre d’un réseau national d’assainissement, en profitant au mieux de ce que la nature nous offre en terme de relief et de littoral pour bien capter les eaux pluviales et ensuite les évacuer.
Il est clair que de telles réalisations, si tant est que nous voulons régler définitivement la question des inondations, vont créer des désagréments importants pour les populations en termes de délogements par exemple. Bien entendu il va falloir s’efforcer de les minimiser dans la limite permise par les études pour atteindre les objectifs du plan.
Enfin, je le rappelle, il y a la durée des études et la planification des travaux qu’aucune pression ne devrait écourter dans leur déroulement normal. Bien sensibilisées, les populations attendraient sereinement un plan définitif de résolution de leurs problèmes, avec parallèlement des mesures intermédiaires comme le plan ORSEC.
Je m’en vais donner pour finir, quelques exemples pour vous édifier sur la névralgique question de la durée, de la patience dans les projets d’aménagements et de construction hydraulique.
Pour le barrage d’Itaipu entre le Brésil et le Paraguay, les études commencées en Février 1971, ont duré 4 ans. Au préalable la décision de faire le projet avait été prise en 1960. Quant aux travaux, démarrés en 1975, ils n’ont été achevés qu’en 1982
Plus prés de nous, les travaux du barrage de Manantali ont démarré en 1997 et se sont achevés en 2001 pour un cout de 246 milliards FCFA.
Ces exemples peuvent être perçus démesurés, le barrage d’Itaipu et celui Chinois des Trois-Gorges sont les plus grands du monde, mais si l’on prend en compte les besoins en assainissement de Dakar, pour ne citer que la capitale, et la complexité de réaliser de gros ouvrages en pleine ville, la comparaison se justifie amplement.
Telle est la réflexion que je voulais apporter dans ces moments difficiles que traverse notre pays.
Samba NDIAYE
Ingénieur G.C option : Aménagements et Construction Hydraulique
Maire de Ndoffane
DG de la SIRN
msndiaye421@yahoo.fr