La jeune commissaire bulgare Mariya Gabriel se retrouve en première ligne face au Covid-19. Depuis janvier, elle sonne l'alerte au sein de la Commission pour que les équipes de recherche puissent obtenir les soutiens suffisants. Responsable de l'innovation, de la recherche, de la culture, de l'éducation et de la jeunesse, elle a sollicité les supercalculateurs de l'UE pour accélérer la recherche d'un vaccin. Toutefois, les essais cliniques prendront du temps… Naturellement, les fonds nécessaires à la recherche européenne doivent être beaucoup plus ambitieux à l'avenir. De quoi méditer après la pingrerie affichée par certains en février… Entretien.
Le Point : Vous avez annoncé débloquer 10 millions d'euros pour accélérer la recherche d'un vaccin contre le Covid-19. Mais d'autres fonds se sont ajoutés depuis. Pouvez-vous nous détailler les moyens investis ?
Mariya Gabriel : En effet, à la suite de la publication d'une demande d'expression d'intérêt de 10 millions d'euros, le 30 janvier, la Commission européenne a obtenu 37,5 millions d'euros supplémentaires (donc 47,5 millions d'euros au total) pour la recherche sur le diagnostic, les traitements et les vaccins pour le Covid-19, ainsi que l'épidémiologie et la dynamique sociale de la maladie. Les résultats ont été annoncés le 5 mars, avec 17 projets sélectionnés.
La Commission s'est également engagée à contribuer jusqu'à 45 millions d'euros pour la recherche sur les vaccins et les traitements contre le Covid-19, par le biais d'un appel publié le 3 mars par l'initiative pour les médicaments innovants (IMI), auquel l'industrie pharmaceutique devrait contribuer avec un montant égal, donc jusqu'à 90 millions d'euros au total.
Quel est le rôle des supercalculateurs dans la recherche d'un vaccin et où sont-ils situés en Europe ?
Les supercalculateurs peuvent aider à dépister des milliers de molécules et à accélérer l'identification de celles qui pourraient être potentiellement utilisées pour développer des vaccins et des traitements contre le Covid-19. EXSCALATE4CoV est l'un des projets retenus pour le financement dans le cadre de l'action d'urgence de la Commission. Il sera soutenu par des centres de (super)calculs tels que le Cineca en Italie, le BSC en Espagne et le Jülich en Allemagne afin d'identifier les médicaments sûrs qui peuvent être réutilisés pour le Covid-19.
Aujourd'hui, combien de laboratoires et combien de chercheurs sont-ils à la recherche d'une solution au sein de l'UE ?
Nous n'avons pas un catalogue complet de tous les chercheurs européens travaillant sur le coronavirus et les questions connexes. Toutefois, nous savons que l'initiative de la Commission soutiendra 17 projets impliquant plus de 136 équipes de recherche de toute l'UE et, d'ailleurs, bien que certains de ces 136 soient les mêmes équipes-institutions participant à plusieurs projets en parallèle. Par ailleurs, d'autres projets financés par l'UE sont déjà en cours, comme Prepare, qui implique 28 organisations, ou Zapi, qui compte 20 organisations partenaires. D'autres projets européens figurent sur la fiche d'information recherche coronavirus.
"Les estimations actuelles semblent indiquer qu'un vaccin pourrait être mis au point dans environ un an"
Comment le niveau de recherche national s'articule-t-il avec le niveau européen ?
La Commission travaille avec d'autres organismes de financement de la recherche dans le cadre du réseau GloPID-R : Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness. Ce réseau a été mis en place pour coordonner les programmes de recherche et répondre aux besoins de recherche prioritaires, en collaboration avec l'OMS.
Qu'est-ce qu'il faudra améliorer à l'avenir pour faire face aux risques sanitaires en Europe qui ne connaissent pas de frontières ?
Nous vivons une crise sans précédent. Il faut être clair, les virus ne s'arrêtent pas aux frontières. Ensemble, nous pouvons faire face à cette situation, mais nous tous — les États membres, la Commission européenne, chacun et chacune d'entre nous — devrions agir de manière responsable et coordonnée. Seulement unis, nous pouvons contrôler efficacement la situation, qui évolue quotidiennement. À travers une bonne coordination, nous pouvons faire en sorte que les matériels médicaux et les équipements de protection atteignent les personnes qui en ont besoin. À travers une bonne coordination, nous pouvons trouver le juste équilibre entre un ralentissement de la diffusion du virus et le fait de ne pas étouffer l'économie. Ce n'est qu'en combinant les efforts des meilleurs chercheurs et médecins dans tous nos pays que nous pourrons faire face aux crises.
"La coordination nous rend tous plus forts face à la crise"
Les États membres sont-ils égaux devant un risque d'épidémie compte tenu des moyens de santé très différents dont nous disposons ?
Chaque pays, sans exception, doit accepter la réalité : cette crise représente un défi sanitaire mais aussi économique d'une ampleur sans précédent. Notre réponse sera plus forte si nous la donnons ensemble. Le marché unique ne devrait pas être remis en question de sorte que les camions transportant des fournitures médicales parviennent aux hôpitaux et que nous puissions intensifier la production et la distribution d'équipements de protection, etc. Des mesures visant à ralentir la propagation du virus ont déjà été prises, mais, pour être plus efficaces, nous avons besoin de coordination et de solidarité. Ce n'est pas un jeu à somme nulle, la coordination nous rend tous plus forts face à la crise.
Lors du dernier sommet européen, les États dits frugaux – Danemark, Autriche, Pays-Bas, Suède – ont rechigné à augmenter le budget européen plafonné à 80 milliards d'euros sur sept ans dans la proposition de Charles Michel. Dans l'idéal, quel serait le montant d'un budget de la recherche ambitieux pour l'Europe pour les sept ans à venir ?
La Commission européenne a proposé que le nouveau programme européen pour la recherche et l’innovation — Horizon Europe — soit doté d’un budget de 100 milliards d’euros. La raison en est très simple : les investissements dans la recherche et l’innovation sont des investissements dans notre avenir. Les initiatives ambitieuses que nous avons prises au niveau européen ne peuvent être menées qu’avec l’aide de la recherche et de l’innovation. L’innovation est au cœur de la nouvelle stratégie industrielle européenne, par exemple. Et elle est bien entendu essentielle pour la lutte contre le coronavirus. Nous avons réussi, en un temps record, à mobiliser, à travers Horizon 2020 et l’industrie pharmaceutique, près de 140 millions d’euros pour financer la recherche sur le coronavirus. Nous parlons de possibles résultats concrets et rapides : de meilleurs tests diagnostiques, de nouveaux traitements, la mise au point de nouveaux vaccins qui seront utilisés pour la prévention et le traitement. Dans le contexte actuel, il n’existe pas de meilleur exemple que la R & I [recherche et innovation, NDLR] pour relever les défis sociétaux les plus importants.
Le Point : Vous avez annoncé débloquer 10 millions d'euros pour accélérer la recherche d'un vaccin contre le Covid-19. Mais d'autres fonds se sont ajoutés depuis. Pouvez-vous nous détailler les moyens investis ?
Mariya Gabriel : En effet, à la suite de la publication d'une demande d'expression d'intérêt de 10 millions d'euros, le 30 janvier, la Commission européenne a obtenu 37,5 millions d'euros supplémentaires (donc 47,5 millions d'euros au total) pour la recherche sur le diagnostic, les traitements et les vaccins pour le Covid-19, ainsi que l'épidémiologie et la dynamique sociale de la maladie. Les résultats ont été annoncés le 5 mars, avec 17 projets sélectionnés.
La Commission s'est également engagée à contribuer jusqu'à 45 millions d'euros pour la recherche sur les vaccins et les traitements contre le Covid-19, par le biais d'un appel publié le 3 mars par l'initiative pour les médicaments innovants (IMI), auquel l'industrie pharmaceutique devrait contribuer avec un montant égal, donc jusqu'à 90 millions d'euros au total.
Quel est le rôle des supercalculateurs dans la recherche d'un vaccin et où sont-ils situés en Europe ?
Les supercalculateurs peuvent aider à dépister des milliers de molécules et à accélérer l'identification de celles qui pourraient être potentiellement utilisées pour développer des vaccins et des traitements contre le Covid-19. EXSCALATE4CoV est l'un des projets retenus pour le financement dans le cadre de l'action d'urgence de la Commission. Il sera soutenu par des centres de (super)calculs tels que le Cineca en Italie, le BSC en Espagne et le Jülich en Allemagne afin d'identifier les médicaments sûrs qui peuvent être réutilisés pour le Covid-19.
Aujourd'hui, combien de laboratoires et combien de chercheurs sont-ils à la recherche d'une solution au sein de l'UE ?
Nous n'avons pas un catalogue complet de tous les chercheurs européens travaillant sur le coronavirus et les questions connexes. Toutefois, nous savons que l'initiative de la Commission soutiendra 17 projets impliquant plus de 136 équipes de recherche de toute l'UE et, d'ailleurs, bien que certains de ces 136 soient les mêmes équipes-institutions participant à plusieurs projets en parallèle. Par ailleurs, d'autres projets financés par l'UE sont déjà en cours, comme Prepare, qui implique 28 organisations, ou Zapi, qui compte 20 organisations partenaires. D'autres projets européens figurent sur la fiche d'information recherche coronavirus.
"Les estimations actuelles semblent indiquer qu'un vaccin pourrait être mis au point dans environ un an"
Comment le niveau de recherche national s'articule-t-il avec le niveau européen ?
La Commission travaille avec d'autres organismes de financement de la recherche dans le cadre du réseau GloPID-R : Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness. Ce réseau a été mis en place pour coordonner les programmes de recherche et répondre aux besoins de recherche prioritaires, en collaboration avec l'OMS.
Qu'est-ce qu'il faudra améliorer à l'avenir pour faire face aux risques sanitaires en Europe qui ne connaissent pas de frontières ?
Nous vivons une crise sans précédent. Il faut être clair, les virus ne s'arrêtent pas aux frontières. Ensemble, nous pouvons faire face à cette situation, mais nous tous — les États membres, la Commission européenne, chacun et chacune d'entre nous — devrions agir de manière responsable et coordonnée. Seulement unis, nous pouvons contrôler efficacement la situation, qui évolue quotidiennement. À travers une bonne coordination, nous pouvons faire en sorte que les matériels médicaux et les équipements de protection atteignent les personnes qui en ont besoin. À travers une bonne coordination, nous pouvons trouver le juste équilibre entre un ralentissement de la diffusion du virus et le fait de ne pas étouffer l'économie. Ce n'est qu'en combinant les efforts des meilleurs chercheurs et médecins dans tous nos pays que nous pourrons faire face aux crises.
"La coordination nous rend tous plus forts face à la crise"
Les États membres sont-ils égaux devant un risque d'épidémie compte tenu des moyens de santé très différents dont nous disposons ?
Chaque pays, sans exception, doit accepter la réalité : cette crise représente un défi sanitaire mais aussi économique d'une ampleur sans précédent. Notre réponse sera plus forte si nous la donnons ensemble. Le marché unique ne devrait pas être remis en question de sorte que les camions transportant des fournitures médicales parviennent aux hôpitaux et que nous puissions intensifier la production et la distribution d'équipements de protection, etc. Des mesures visant à ralentir la propagation du virus ont déjà été prises, mais, pour être plus efficaces, nous avons besoin de coordination et de solidarité. Ce n'est pas un jeu à somme nulle, la coordination nous rend tous plus forts face à la crise.
Lors du dernier sommet européen, les États dits frugaux – Danemark, Autriche, Pays-Bas, Suède – ont rechigné à augmenter le budget européen plafonné à 80 milliards d'euros sur sept ans dans la proposition de Charles Michel. Dans l'idéal, quel serait le montant d'un budget de la recherche ambitieux pour l'Europe pour les sept ans à venir ?
La Commission européenne a proposé que le nouveau programme européen pour la recherche et l’innovation — Horizon Europe — soit doté d’un budget de 100 milliards d’euros. La raison en est très simple : les investissements dans la recherche et l’innovation sont des investissements dans notre avenir. Les initiatives ambitieuses que nous avons prises au niveau européen ne peuvent être menées qu’avec l’aide de la recherche et de l’innovation. L’innovation est au cœur de la nouvelle stratégie industrielle européenne, par exemple. Et elle est bien entendu essentielle pour la lutte contre le coronavirus. Nous avons réussi, en un temps record, à mobiliser, à travers Horizon 2020 et l’industrie pharmaceutique, près de 140 millions d’euros pour financer la recherche sur le coronavirus. Nous parlons de possibles résultats concrets et rapides : de meilleurs tests diagnostiques, de nouveaux traitements, la mise au point de nouveaux vaccins qui seront utilisés pour la prévention et le traitement. Dans le contexte actuel, il n’existe pas de meilleur exemple que la R & I [recherche et innovation, NDLR] pour relever les défis sociétaux les plus importants.