L'étau se resserre autour de Joao Vaccari, trésorier du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir au Brésil, arrêté mercredi par la police dans le cadre de l'enquête sur le scandale de corruption autour du géant pétrolier Petrobras dans lequel il avait déjà été mis en examen.
Joao Vaccari, qui nie les accusations portées contre lui, "a été arrêté à Sao Paulo" mercredi matin et va être transféré à Curitiba (Parana) où le juge de première instance Sergio Moro a ouvert une procédure contre lui, a précisé un porte-parole de la police.
La détention de cet homme fort du PT, parti au pouvoir depuis 12 ans, place de nouveau sous les projecteurs le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, en difficultés depuis qu'elle a entamé son second mandat en janvier.
La justice brésilienne accuse M. Vaccari d'avoir reçu des fonds provenant de contrats frauduleux de Petrobras et de les avoir enregistrés comme s'il s'agissait de dons électoraux. Il doit être bientôt jugé, tout comme 26 autres accusés dans ce scandale aux vastes ramifications.
- Opérateur du PT ? -
Plusieurs accusés, qui collaborent avec la justice dans l'espoir d'obtenir une réduction de peine, ont affirmé que M. Vaccari opérait pour le compte du PT dans ce réseau de corruption.
Il recevait, selon eux, des pots-de-vin et se réunissait clandestinement avec des financiers spécialistes du blanchiment, avait des comptes bancaires au nom de membres de sa famille et détournait le pourcentage surfacturé à des entreprises du BTP qui obtenaient des contrats avec Petrobras au bénéfice de son parti.
Selon la police, quatre milliards de dollars auraient circulé dans ce réseau au cours de la dernière décennie.
Mais le PT rejette ces accusations : "Vaccari n'a participé à aucun réseau pour recevoir des pots-de-vin ou des fonds d'origine illégale destinés au PT", a-t-il indiqué en mars.
"Vaccari n'était pas trésorier du PT dans la période citée par les procureurs (...) puisqu'il n'a assumé ses fonctions qu'en février 2010", ajoutait le PT fondé en 1980, à la fin de la dictature, par l'ancien président, ex-métallurgiste et syndicaliste, Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).
Ce vaste réseau de fraude autour de Petrobras, principale entreprise et premier investisseur du pays qui faisait l'orgueil des Brésiliens, éclabousse le PT car l'enquête cherche à savoir comment il a financé son fonctionnement et la première campagne électorale qui a porté Mme Rousseff, dauphine de Lula, au pouvoir en 2010.
- Nettoyage -
"Petrobras tient bon, a nettoyé ce qu'elle devait nettoyer. Elle a renvoyé tous ceux qu'elle devait renvoyer et qui ont profité de leur position pour s'enrichir", a déclaré Mme Rousseff la semaine dernière.
Le scandale a coûté cher à Petrobras, pionnière dans l'exploitation pétrolière en eaux profondes, qui a perdu des millions de dollars à la Bourse et a vu récemment la note de sa dette reléguée en catégorie spéculative par l'agence de notation Moody's.
Réélue difficilement en novembre pour un second mandat de quatre ans, Dilma Rousseff est au plus bas dans les sondages, avec un taux d?approbation d'à peine 13%. Elle a déjà fait face à deux grandes manifestations, la dernière dimanche où 600.000 Brésiliens indignés par le scandale ont réclamé la fin de l'impunité et sa destitution.
La trame du scandale dénommé "petrolao", dévoilée il y a un peu plus d'un an, a mis au jour un réseau de versement de pots-de-vin en échange de contrats destinés à financer des partis, qui implique des entreprises de construction, d'anciens hauts dirigeants de Petrobras et des hommes politiques membres du PT et des partis de la coalition gouvernementale.
Une quarantaine d'hommes politiques, dont 13 sénateurs et 22 députés, font l'objet d'une enquête.