Petite colère d’Abidjan, vis-à vis de Paris. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé a indiqué qu’« on ne fixera pas de date des élections sous la pression de qui que ce soit ». Une déclaration qui a valeur de réplique contre la décision du ministre français des Affaires étrangères de suspendre sa venue à Abidjan. Plus tôt jeudi, Bernard Kouchner avait en effet indiqué qu’il remettait à plus tard son voyage en Côte d’Ivoire, où il aurait dû normalement boucler dimanche, sa tournée africaine entamée mercredi dernier au Rwanda. Motif de ce changement d’agenda selon le Quai d’Orsay, la demande faite la veille, par le chef d’Etat ivoirien, d’un nouveau délai dans le processus électoral dont la clôture était prévue le même jour. Bernard Kouchner conditionne désormais son voyage, à la publication des listes d’électeurs.
Solder le contentieux électoral
Pour Laurent Gbagbo, ce nouveau délai s’avère nécessaire pour solder le contentieux des inscriptions sur les listes électoral. Fin décembre, la Commission électorale indépendante avait annoncé avoir traité seulement 40% du million de cas litigieux. « On ne peut pas aller aux élections alors que de nombreux Ivoiriens n’ont pas été pris en compte », avance le président Gbagbo. La date de la présidentielle ne sera pas annoncée, ajoute-t-il, avant « qu’on ait une liste définitive en main ».
Mais Paris analyse le nouveau délai souhaité par la présidence ivoirienne, comme une tentative de reporter une fois de plus, un scrutin qui a déjà été reporté six fois depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005. D’où le souhait de Bernard Kouchner, de ne pas se rendre tout de suite à Abidjan. Pour le pouvoir ivoirien, cette décision serait en réalité une tentative de pression, qu’il voit d’un très mauvais œil.
Pourtant, en pronostiquant la victoire de Laurent Gbagbo en décembre dernier, le chef de la diplomatie française avait seulement provoqué la colère de l’opposition ivoirienne. Pas celle du camp Gbagbo qui n’avait d’ailleurs pas caché sa joie. « Qu’un ministre des Affaires étrangères d’un pays comme la France dise que Laurent Gbagbo l’emportera (...) devrait inciter les sceptiques à comprendre qu’il va en effet gagner », avait commenté satisfait, Sokouri Bohui, secrétaire du Front populaire ivoirien (FPI).
L’hostilité apparente du pouvoir ivoirien vis-à-vis du même Bernard Kouchner traduit dans ce contexte, selon certains observateurs, la stratégie électoraliste habituelle du président Gbagbo : se présenter devant ses compatriotes comme le nationaliste qui, depuis 2003, avec Chirac résiste à la France ; mais dans le même temps, maintenir ses réseaux parisiens, n’hésitant pas pour cela, à abreuver ses « amis » français de marchés juteux. Dans sa livraison de jeudi dernier, La lettre du continent observe ainsi que même au plus fort de la crise entre Paris et Abidjan, Laurent Gbagbo a continuer à choyer son réseau français. Vincent Bolloré règne en maître sur le port d’Abidjan, et Martin Bouygues va réaliser le troisième grand pont d’Abidjan.
Très attendue, l’élection présidentielle devrait mettre un terme à la partition du pays en deux, suite à la crise qui avait éclatée en 2002 entre le gouvernement d’Abidjan et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
René Dassié
Source Afrik.com
Solder le contentieux électoral
Pour Laurent Gbagbo, ce nouveau délai s’avère nécessaire pour solder le contentieux des inscriptions sur les listes électoral. Fin décembre, la Commission électorale indépendante avait annoncé avoir traité seulement 40% du million de cas litigieux. « On ne peut pas aller aux élections alors que de nombreux Ivoiriens n’ont pas été pris en compte », avance le président Gbagbo. La date de la présidentielle ne sera pas annoncée, ajoute-t-il, avant « qu’on ait une liste définitive en main ».
Mais Paris analyse le nouveau délai souhaité par la présidence ivoirienne, comme une tentative de reporter une fois de plus, un scrutin qui a déjà été reporté six fois depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005. D’où le souhait de Bernard Kouchner, de ne pas se rendre tout de suite à Abidjan. Pour le pouvoir ivoirien, cette décision serait en réalité une tentative de pression, qu’il voit d’un très mauvais œil.
Pourtant, en pronostiquant la victoire de Laurent Gbagbo en décembre dernier, le chef de la diplomatie française avait seulement provoqué la colère de l’opposition ivoirienne. Pas celle du camp Gbagbo qui n’avait d’ailleurs pas caché sa joie. « Qu’un ministre des Affaires étrangères d’un pays comme la France dise que Laurent Gbagbo l’emportera (...) devrait inciter les sceptiques à comprendre qu’il va en effet gagner », avait commenté satisfait, Sokouri Bohui, secrétaire du Front populaire ivoirien (FPI).
L’hostilité apparente du pouvoir ivoirien vis-à-vis du même Bernard Kouchner traduit dans ce contexte, selon certains observateurs, la stratégie électoraliste habituelle du président Gbagbo : se présenter devant ses compatriotes comme le nationaliste qui, depuis 2003, avec Chirac résiste à la France ; mais dans le même temps, maintenir ses réseaux parisiens, n’hésitant pas pour cela, à abreuver ses « amis » français de marchés juteux. Dans sa livraison de jeudi dernier, La lettre du continent observe ainsi que même au plus fort de la crise entre Paris et Abidjan, Laurent Gbagbo a continuer à choyer son réseau français. Vincent Bolloré règne en maître sur le port d’Abidjan, et Martin Bouygues va réaliser le troisième grand pont d’Abidjan.
Très attendue, l’élection présidentielle devrait mettre un terme à la partition du pays en deux, suite à la crise qui avait éclatée en 2002 entre le gouvernement d’Abidjan et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
René Dassié
Source Afrik.com