Icône : Vous allez fêter vos 22 ans sur la scène musicale, dites-nous les temps forts de votre carrière.
Tout d’abord, je rends grâce à Dieu parce que tout cela n’était pas évident. Déjà que j’ai démarré toute jeune (à l’âge de 7 ans) et j’en ai parcouru depuis lors ! Et aujourd’hui, avec le recul, il m’arrive de me dire «Waouh !!». De «Seytané» à «Ma djinn» c’est un très long chemin que j’ai parcouru et beaucoup de choses m’ont marquée également. Vous savez, une carrière, ou même de manière générale, la vie d’une personne est remplie d’épreuves et faite de victoires, de défaites, d’échecs et pleines de choses encore. Et pendant ses 22 ans de carrière, j’avoue que j’en ai vu beaucoup ! J’en ai vu des vertes et des pas mûres, comme on dit. Et tous les moments mauvais ou difficiles m’ont renforcée, m’ont encouragée, ont renforcé ma volonté de réussite et m’ont forgée jusqu’à ce que je devienne une personne forte. Et mes victoires ne m’ont jamais brûlée les ailes, elles ne m’ont jamais fait perdre la tête au contraire. A chaque fois que j’en ai eu, elles m’ont permis de prendre un recul et de me remettre en question. Je n’ai jamais considéré ces victoires comme une fin en soi, au contraire, il fallait les savourer pleinement mais avec lucidité. C’est comme cela que j’ai toujours fonctionné jusqu’à aujourd’hui.
Icône : Pouvez-vous un peu revenir sur ces moments où vous en avez vu des «vertes et des pas mûres» comme vous le dites ?
Quand vous faites de la musique, vous êtes en Afrique où ce n’est pas évident, vous êtes issue d’une famille très modeste, avec une mère qui n’est pas une intellectuelle, un père policier qui est passionné de musique et qui voulait coûte que coûte que sa fille devienne une Mahalia Jackson. Un père qui a mis tout son espoir sur moi alors que les moyens ne suivaient pas. J’ai connu des campagnes de dénigrement ; soit dans la presse soit simplement de bouche à oreille. Et c’est toujours des rumeurs malsaines pour salir de manière gratuite votre réputation. Quand vous êtes jeune, une adolescente, vous avez surtout besoin d’être renforcée, d’être soutenue. Mais, par la force de la situation vous êtes obligé de grandir de manière brutale si vous voulez vous en sortir et ne pas subir la fatalité de la jalousie des hommes, des femmes. Donc j’ai connu un changement brusque puisqu’étant obligée de sortir de l’enfance pour atterrir de manière soudaine dans le cercle des adultes. Je suis devenue subitement majeure parce que pour moi, c’était le seul moyen que j’avais pour me protéger et me défendre contre certaines attaques. Alors, cela n’a pas été toujours facile pour l’adolescente que j’étais. J’avais besoin de plus d’assistance, de compréhension or je ne l’avais pas toujours. C’était un peu normal que je prenne toujours mal certaines choses. Et à des moments, je ne savais vraiment plus où donner de la tête. Mais j’arrivais quand même à me relever et à aller de l’avant.
Icône Vous avez parlé de rumeurs, de campagnes de dénigrements. Un exemple qui vous a vraiment touchée ?
Il est arrivé qu’une bande de personnes malintentionnées, de se mettre par exemple à afficher ma photo sur une page de journal ou de magazine chaque semaine pour ensuite coller la photo d’une autre artiste qui, elle, était à ses débuts, à côté de la mienne et écrire comme commentaire que quand moi je joue, il n’y a pas un chat. Et que l’autre artiste quand elle joue ça marche. Ce qui était totalement faux. Il est aussi arrivé, quand j’ai eu mon crâne rasé et que, dans cette même période, j’ai sorti ma cassette en même temps qu’une autre chanteuse, qu’une autre campagne de dénigrement soit faite à mon égard pour salir ma réputation en utilisant comme argument le fait que j’ai le crâne rasé. Ils disaient du genre : «voilà, elle a maintenant le crâne rasé, elle ne fréquente alors que les toubabs. Coumba est une fille perverse, une fille qui n’a pas reçu une bonne éducation. Elle est exactement à l’image de sa nouvelle cassette qui vient de sortir». Il arrivait même qu’il y ait des émissions, des jeux concours sur les chaînes radio faits sous forme de questions-réponses qui s’organisaient pour faire des duels entre Coumba Gawlo contre telle artiste. Et les questions tournaient autour de «qui est la plus aimée entre les deux ? Qui est la plus célèbre ?». Et le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Et je ne peux même pas répéter toutes les méchancetés qui se disaient sur moi. Des choses inventées de toutes pièces comme quoi j’ai le crâne rasé maintenant, je fréquente des personnes à Mbour…et j’en passe.
Icône : Comment vous avez fait pour traverser ces moments difficiles ?
Je rends beaucoup grâce à Dieu parce qu’il m’a toujours donné la force de supporter cela. J’ai toujours compris d’où cela venait, j’ai toujours compris l’objectif de ces personnes-là et c’est pour cela que je me suis toujours dis : «Ma fille, il faut t’armer de courage et de force. Ta force cela doit émaner de toi, mis à part ta famille. Si ces gens organisent toutes ces campagnes de dénigrements sur ta personne, c’est juste parce qu’ils n’ont aucune force, parce qu’ils n’ont aucun talent, parce qu’ils n’ont pas de foi, c’est vraiment parce qu’ils ont peur de toi». Ce qui a fait ma force, c’est bien parce que je n’ai jamais écouté les haineux, je ne me suis jamais attardée sur leurs dires en faisant de la polémique. Parce que, en quelque sorte, polémiquer sur certaines attaques de tes ennemis, leur donne la force et le courage de continuer parce que tu leur montres que leurs dires te font du mal. Il faut les ignorer pour qu’ils se posent la question à savoir s’ils sont entendus ou non.
Icône : A un certain moment de votre carrière, vous avez eu à chanter des morceaux que les gens ont jugés un peu salaces. Pourquoi avez-vous adopté ce style avec «Ma yeur linga yor» ou encore «Sa lii sa lee» ?
Moi, je trouve que l’art c’est l’art. La musique, c’est la musique. Un artiste doit pouvoir provoquer, un artiste doit pouvoir créer des polémiques autour de telle ou telle chose. C’est bien cela qui prouve que vous intéressez les gens, que les gens vous écoutent et que vos paroles attirent les gens. Et un artiste doit être un artiste à part entière ! Moi, je me considère comme une artiste. Pour moi, l’art est tellement profond qu’il faut aller puiser les mots, puiser les phrases et les textes au plus profond de nous. «Sa lii sa lee» c’est quoi ? Je traduis : «ton ceci, ton cela». C’est rien, cela ne veut rien dire ! Et quand finalement vous écoutez bien toute la chanson, il n’y a rien qui choque, rien d’extraordinaire. Mais le but recherché était évidemment que cette cassette soit bien vendue. C’était pour que ces millions de Sénégalais l’écoutent tous les jours que ce soit grâce au titre ou aux rumeurs. Et cela a marché ! Au bout du compte, l’auditeur qui a voulu entendre ce que je disais de grave dans la musique se rend compte qu’il n’y avait rien de vraiment choquant. La même chose pour «Ma yeur lingua yor». Tu peux avoir un verre et je te demande «yow ma yeur linga yor, li lane la ?». Il faut savoir que moi, j’ai mis tout cela dans le compte de l’ouverture, parce que je trouve que j’ai été la première fille à entrer dans le monde de la musique sénégalaise moderne, je précise bien moderne. Car, avant moi, il y avait nos mamans comme Kiné Laam et autres et, jusque-là, il n’y avait pas cette petite qui devait révolutionner ou bouleverser les choses. Ce n’est pas que je prétends avoir révolutionné les choses, mais je dois avouer que j’en ai créé, des choses. Et j’ai réussi à attirer l’attention. Et le fait que j’arrive avec un esprit moderne, ouvert, audacieux, forcément cela ne plaît pas à certaines personnes qui comprennent mal ton message ou ton discours, des personnes qui pensent intérieurement ce que j’ai dit tout haut et fort certaines choses. Et tout cela, c’était dans mon plan de carrière et je trouve que tous les artistes doivent en avoir un. Je me suis dit à telle période de ma carrière, j’ai envie de faire ceci ou cela. Mais maintenant je suis très loin de tout cela. Aujourd’hui, je suis au stade de ma maturité ou je pense que je n’ai plus besoin de ces plans pour attirer l’attention, plus besoin de tout cela pour être écouté. Maintenant je suis plus sereine dans ma musique, plus sereine dans mes compositions, encore plus profonde dans mes textes parce que tout simplement, je n’ai plus rien à prouver.
Icône : On va sortir un peu du cadre de votre vie artistique pour découvrir vraiment la femme que vous êtes. Déjà, pourquoi n’êtes-vous toujours pas mariée Coumba ?
Ah cela, il faut le demander au bon Dieu car c’est lui qui décide de là-haut, qui décide de tout dans la vie. Vous allez sûrement vous dire qu’elle va rabâcher encore sa réponse standard sur la question mais, vous savez, je suis quelqu’un de très croyant, de tellement croyant que vous ne pouvez même pas imaginer car je trouve que tout en moi, c’est Dieu. Il m’a tellement donné de choses dans la vie que quand il m’en prive, je ne me prends jamais la tête. Il y a des millions de filles qui n’ont pas cette chance que j’ai eue, avec tout ce que j’ai accompli, avec un nom qui a fait le tour du monde à mon âge. J’arrive à ouvrir des boîtes machallah grâce à Dieu. Si maintenant, à mon âge comme vous dites, il ne me donne pas ce bonheur d’être avec une personne, de me marier, de ressentir le plaisir d’être une mère…vous voulez que j’aille pleurer tous les jours sur mon sort ? Ce serait de l’ingratitude à l’égard de Dieu ! Lorsqu’il me donne des victoires, je suis bien contente, alors, si dans ce domaine, il ne m’a encore rien donné, vaut mieux que je me calme que je sois patiente.
Icône : Il y a également eu des rumeurs concernant une de vos relations amoureuses avec une personne avec laquelle vous aviez même prévu de vous marier mais finalement cela a foiré. Pouvez-vous nous apporter quelques éclaircissements sur cet épisode de votre vie ?
Effectivement, je suis un être humain comme tout le monde, une fille comme toutes les autres avec mes émotions, mes coups de gueule et de colère. C’est vrai que j’ai connu, il y a quelques années, une personne qui, pour moi, était l’homme avec lequel je devais faire ma vie. Je n’en ai jamais parlé parce que je n’aime pas étaler ma vie privée, jusqu’au moment où j’ai malheureusement retrouvé ma vie privée étalée dans la presse avec cette personne avec qui j’étais. Cette dernière était vraiment celui qu’il me fallait parce qu’étant un homme formidable, généreux du cœur, qui m’aimait beaucoup, qui était gentil avec toutes les qualités que l’on cherche lorsqu’on est une femme. Il pouvait me regarder pendant des heures parce qu’il croyait que j’étais la plus belle femme au monde (rires) et qui disait : «Ah ! Mais Dieu sait donner. Qu’est-ce que tu es belle ! Tu dois aller aux États-Unis car ici, ce n’est pas ta place. Toi tu es une artiste pour les USA, il faut que tu ailles là-bas !», Et il faisait tout pour que j’aille aux Etats-Unis. Lorsqu’on a la chance de tomber sur un homme comme ça, on se dit forcément que c’est l’homme qu’il nous faut. Un homme qui est ouvert, intellectuel, gentil et j’en passe. Tout était vraiment bien jusqu’à ce qu’un jour, je me réveille et je nous vois sur la Une des journaux disant des histoires comme : «Coumba Gawlo vient de se marier…». Et c’était fait sciemment. C’est donc à partir de ce jour-là que plein de choses ont commencé à se gâcher car, comme l’adage le dit, «pour vivre heureux, il faut vivre caché». J’ai toujours protégé ma vie privée. Je n’ai jamais voulu l’exhiber et quand on a eu ce scandale, c’est ce jour-là qu’on a plus eu la paix. De mon côté, on m’appelait de partout pour me dire que «ouais, c’est un coureur, il ne va pas t’épouser, il n’est pas sérieux, il ne t’aime pas…». Et lui de son côté c’était : «Elle ne va pas rester avec toi, elle va te plaquer au bout de trois mois…» Enfin, des histoires par ci, par là comme nous savons si bien le faire au Sénégal. Ce n’était que de la pure jalousie. Après il y a eu des problèmes de gauche à droite jusqu’à ce que le mystique vienne entrer là-dedans et s’en est suivi une maladie pour cette personne-là. Et notre histoire a pris fin comme ça, sa maladie a évolué jusqu’à ce que Dieu décide de le prendre et maintenant, il n’est plus de ce monde. Et je dois avouer que ça a été des moments très durs pour moi car j’étais encore beaucoup plus jeune, j’avais 27 ans et j’en ai beaucoup souffert.
Icône : Est-ce que vous culpabilisez par rapport à sa mort ?
Non, parce que moi, je n’ai rien à me reprocher. Je ne culpabilise pas, bien au contraire. Jusqu’à sa mort, je n’ai pas pu le voir parce que, malade à un certain moment, ce sont plus les proches de la famille qui sont présents. Et quand vous êtes seule contre tous, ce n’est pas évident. Et je dois avouer que, dans ma vie personnelle ou privée, ce sont des moments qui ont été très douloureux que j’ai surmontés avec beaucoup de dignité, beaucoup de souffrance dans le silence. Alors, j’ai compris, qu’il faut beaucoup se battre pour préserver sa vie privée. Et depuis lors, je me suis promise de protéger davantage ma vie privée.
Icône : On vous a également prêté une relation avec le chanteur français Patrick Bruel ?
Vous savez, quand deux artistes homme et femme travaillent ensemble, il y a toujours des rumeurs du genre : «ils sont ensemble». Même si c’était une femme on allait peut-être dire que c’est ma nana ! Les gens créent beaucoup ! Tant qu’ils ne connaissent rien, ils continueront toujours à créer.
Icône : Aujourd’hui est-ce que Coumba vit avec quelqu’un et ambitionne de se marier ?
Je suis une femme comme toutes les autres, mon rêve c’est de me marier, d’avoir des enfants, de faire ma vie mais je ne force rien. J’ai eu des douleurs comme tout le monde, des déceptions ou des espoirs mais je ne me prends pas la tête, je rends grâce à Dieu.
Propos recueillis par :
Mamadou Ly et Gina
Tout d’abord, je rends grâce à Dieu parce que tout cela n’était pas évident. Déjà que j’ai démarré toute jeune (à l’âge de 7 ans) et j’en ai parcouru depuis lors ! Et aujourd’hui, avec le recul, il m’arrive de me dire «Waouh !!». De «Seytané» à «Ma djinn» c’est un très long chemin que j’ai parcouru et beaucoup de choses m’ont marquée également. Vous savez, une carrière, ou même de manière générale, la vie d’une personne est remplie d’épreuves et faite de victoires, de défaites, d’échecs et pleines de choses encore. Et pendant ses 22 ans de carrière, j’avoue que j’en ai vu beaucoup ! J’en ai vu des vertes et des pas mûres, comme on dit. Et tous les moments mauvais ou difficiles m’ont renforcée, m’ont encouragée, ont renforcé ma volonté de réussite et m’ont forgée jusqu’à ce que je devienne une personne forte. Et mes victoires ne m’ont jamais brûlée les ailes, elles ne m’ont jamais fait perdre la tête au contraire. A chaque fois que j’en ai eu, elles m’ont permis de prendre un recul et de me remettre en question. Je n’ai jamais considéré ces victoires comme une fin en soi, au contraire, il fallait les savourer pleinement mais avec lucidité. C’est comme cela que j’ai toujours fonctionné jusqu’à aujourd’hui.
Icône : Pouvez-vous un peu revenir sur ces moments où vous en avez vu des «vertes et des pas mûres» comme vous le dites ?
Quand vous faites de la musique, vous êtes en Afrique où ce n’est pas évident, vous êtes issue d’une famille très modeste, avec une mère qui n’est pas une intellectuelle, un père policier qui est passionné de musique et qui voulait coûte que coûte que sa fille devienne une Mahalia Jackson. Un père qui a mis tout son espoir sur moi alors que les moyens ne suivaient pas. J’ai connu des campagnes de dénigrement ; soit dans la presse soit simplement de bouche à oreille. Et c’est toujours des rumeurs malsaines pour salir de manière gratuite votre réputation. Quand vous êtes jeune, une adolescente, vous avez surtout besoin d’être renforcée, d’être soutenue. Mais, par la force de la situation vous êtes obligé de grandir de manière brutale si vous voulez vous en sortir et ne pas subir la fatalité de la jalousie des hommes, des femmes. Donc j’ai connu un changement brusque puisqu’étant obligée de sortir de l’enfance pour atterrir de manière soudaine dans le cercle des adultes. Je suis devenue subitement majeure parce que pour moi, c’était le seul moyen que j’avais pour me protéger et me défendre contre certaines attaques. Alors, cela n’a pas été toujours facile pour l’adolescente que j’étais. J’avais besoin de plus d’assistance, de compréhension or je ne l’avais pas toujours. C’était un peu normal que je prenne toujours mal certaines choses. Et à des moments, je ne savais vraiment plus où donner de la tête. Mais j’arrivais quand même à me relever et à aller de l’avant.
Icône Vous avez parlé de rumeurs, de campagnes de dénigrements. Un exemple qui vous a vraiment touchée ?
Il est arrivé qu’une bande de personnes malintentionnées, de se mettre par exemple à afficher ma photo sur une page de journal ou de magazine chaque semaine pour ensuite coller la photo d’une autre artiste qui, elle, était à ses débuts, à côté de la mienne et écrire comme commentaire que quand moi je joue, il n’y a pas un chat. Et que l’autre artiste quand elle joue ça marche. Ce qui était totalement faux. Il est aussi arrivé, quand j’ai eu mon crâne rasé et que, dans cette même période, j’ai sorti ma cassette en même temps qu’une autre chanteuse, qu’une autre campagne de dénigrement soit faite à mon égard pour salir ma réputation en utilisant comme argument le fait que j’ai le crâne rasé. Ils disaient du genre : «voilà, elle a maintenant le crâne rasé, elle ne fréquente alors que les toubabs. Coumba est une fille perverse, une fille qui n’a pas reçu une bonne éducation. Elle est exactement à l’image de sa nouvelle cassette qui vient de sortir». Il arrivait même qu’il y ait des émissions, des jeux concours sur les chaînes radio faits sous forme de questions-réponses qui s’organisaient pour faire des duels entre Coumba Gawlo contre telle artiste. Et les questions tournaient autour de «qui est la plus aimée entre les deux ? Qui est la plus célèbre ?». Et le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Et je ne peux même pas répéter toutes les méchancetés qui se disaient sur moi. Des choses inventées de toutes pièces comme quoi j’ai le crâne rasé maintenant, je fréquente des personnes à Mbour…et j’en passe.
Icône : Comment vous avez fait pour traverser ces moments difficiles ?
Je rends beaucoup grâce à Dieu parce qu’il m’a toujours donné la force de supporter cela. J’ai toujours compris d’où cela venait, j’ai toujours compris l’objectif de ces personnes-là et c’est pour cela que je me suis toujours dis : «Ma fille, il faut t’armer de courage et de force. Ta force cela doit émaner de toi, mis à part ta famille. Si ces gens organisent toutes ces campagnes de dénigrements sur ta personne, c’est juste parce qu’ils n’ont aucune force, parce qu’ils n’ont aucun talent, parce qu’ils n’ont pas de foi, c’est vraiment parce qu’ils ont peur de toi». Ce qui a fait ma force, c’est bien parce que je n’ai jamais écouté les haineux, je ne me suis jamais attardée sur leurs dires en faisant de la polémique. Parce que, en quelque sorte, polémiquer sur certaines attaques de tes ennemis, leur donne la force et le courage de continuer parce que tu leur montres que leurs dires te font du mal. Il faut les ignorer pour qu’ils se posent la question à savoir s’ils sont entendus ou non.
Icône : A un certain moment de votre carrière, vous avez eu à chanter des morceaux que les gens ont jugés un peu salaces. Pourquoi avez-vous adopté ce style avec «Ma yeur linga yor» ou encore «Sa lii sa lee» ?
Moi, je trouve que l’art c’est l’art. La musique, c’est la musique. Un artiste doit pouvoir provoquer, un artiste doit pouvoir créer des polémiques autour de telle ou telle chose. C’est bien cela qui prouve que vous intéressez les gens, que les gens vous écoutent et que vos paroles attirent les gens. Et un artiste doit être un artiste à part entière ! Moi, je me considère comme une artiste. Pour moi, l’art est tellement profond qu’il faut aller puiser les mots, puiser les phrases et les textes au plus profond de nous. «Sa lii sa lee» c’est quoi ? Je traduis : «ton ceci, ton cela». C’est rien, cela ne veut rien dire ! Et quand finalement vous écoutez bien toute la chanson, il n’y a rien qui choque, rien d’extraordinaire. Mais le but recherché était évidemment que cette cassette soit bien vendue. C’était pour que ces millions de Sénégalais l’écoutent tous les jours que ce soit grâce au titre ou aux rumeurs. Et cela a marché ! Au bout du compte, l’auditeur qui a voulu entendre ce que je disais de grave dans la musique se rend compte qu’il n’y avait rien de vraiment choquant. La même chose pour «Ma yeur lingua yor». Tu peux avoir un verre et je te demande «yow ma yeur linga yor, li lane la ?». Il faut savoir que moi, j’ai mis tout cela dans le compte de l’ouverture, parce que je trouve que j’ai été la première fille à entrer dans le monde de la musique sénégalaise moderne, je précise bien moderne. Car, avant moi, il y avait nos mamans comme Kiné Laam et autres et, jusque-là, il n’y avait pas cette petite qui devait révolutionner ou bouleverser les choses. Ce n’est pas que je prétends avoir révolutionné les choses, mais je dois avouer que j’en ai créé, des choses. Et j’ai réussi à attirer l’attention. Et le fait que j’arrive avec un esprit moderne, ouvert, audacieux, forcément cela ne plaît pas à certaines personnes qui comprennent mal ton message ou ton discours, des personnes qui pensent intérieurement ce que j’ai dit tout haut et fort certaines choses. Et tout cela, c’était dans mon plan de carrière et je trouve que tous les artistes doivent en avoir un. Je me suis dit à telle période de ma carrière, j’ai envie de faire ceci ou cela. Mais maintenant je suis très loin de tout cela. Aujourd’hui, je suis au stade de ma maturité ou je pense que je n’ai plus besoin de ces plans pour attirer l’attention, plus besoin de tout cela pour être écouté. Maintenant je suis plus sereine dans ma musique, plus sereine dans mes compositions, encore plus profonde dans mes textes parce que tout simplement, je n’ai plus rien à prouver.
Icône : On va sortir un peu du cadre de votre vie artistique pour découvrir vraiment la femme que vous êtes. Déjà, pourquoi n’êtes-vous toujours pas mariée Coumba ?
Ah cela, il faut le demander au bon Dieu car c’est lui qui décide de là-haut, qui décide de tout dans la vie. Vous allez sûrement vous dire qu’elle va rabâcher encore sa réponse standard sur la question mais, vous savez, je suis quelqu’un de très croyant, de tellement croyant que vous ne pouvez même pas imaginer car je trouve que tout en moi, c’est Dieu. Il m’a tellement donné de choses dans la vie que quand il m’en prive, je ne me prends jamais la tête. Il y a des millions de filles qui n’ont pas cette chance que j’ai eue, avec tout ce que j’ai accompli, avec un nom qui a fait le tour du monde à mon âge. J’arrive à ouvrir des boîtes machallah grâce à Dieu. Si maintenant, à mon âge comme vous dites, il ne me donne pas ce bonheur d’être avec une personne, de me marier, de ressentir le plaisir d’être une mère…vous voulez que j’aille pleurer tous les jours sur mon sort ? Ce serait de l’ingratitude à l’égard de Dieu ! Lorsqu’il me donne des victoires, je suis bien contente, alors, si dans ce domaine, il ne m’a encore rien donné, vaut mieux que je me calme que je sois patiente.
Icône : Il y a également eu des rumeurs concernant une de vos relations amoureuses avec une personne avec laquelle vous aviez même prévu de vous marier mais finalement cela a foiré. Pouvez-vous nous apporter quelques éclaircissements sur cet épisode de votre vie ?
Effectivement, je suis un être humain comme tout le monde, une fille comme toutes les autres avec mes émotions, mes coups de gueule et de colère. C’est vrai que j’ai connu, il y a quelques années, une personne qui, pour moi, était l’homme avec lequel je devais faire ma vie. Je n’en ai jamais parlé parce que je n’aime pas étaler ma vie privée, jusqu’au moment où j’ai malheureusement retrouvé ma vie privée étalée dans la presse avec cette personne avec qui j’étais. Cette dernière était vraiment celui qu’il me fallait parce qu’étant un homme formidable, généreux du cœur, qui m’aimait beaucoup, qui était gentil avec toutes les qualités que l’on cherche lorsqu’on est une femme. Il pouvait me regarder pendant des heures parce qu’il croyait que j’étais la plus belle femme au monde (rires) et qui disait : «Ah ! Mais Dieu sait donner. Qu’est-ce que tu es belle ! Tu dois aller aux États-Unis car ici, ce n’est pas ta place. Toi tu es une artiste pour les USA, il faut que tu ailles là-bas !», Et il faisait tout pour que j’aille aux Etats-Unis. Lorsqu’on a la chance de tomber sur un homme comme ça, on se dit forcément que c’est l’homme qu’il nous faut. Un homme qui est ouvert, intellectuel, gentil et j’en passe. Tout était vraiment bien jusqu’à ce qu’un jour, je me réveille et je nous vois sur la Une des journaux disant des histoires comme : «Coumba Gawlo vient de se marier…». Et c’était fait sciemment. C’est donc à partir de ce jour-là que plein de choses ont commencé à se gâcher car, comme l’adage le dit, «pour vivre heureux, il faut vivre caché». J’ai toujours protégé ma vie privée. Je n’ai jamais voulu l’exhiber et quand on a eu ce scandale, c’est ce jour-là qu’on a plus eu la paix. De mon côté, on m’appelait de partout pour me dire que «ouais, c’est un coureur, il ne va pas t’épouser, il n’est pas sérieux, il ne t’aime pas…». Et lui de son côté c’était : «Elle ne va pas rester avec toi, elle va te plaquer au bout de trois mois…» Enfin, des histoires par ci, par là comme nous savons si bien le faire au Sénégal. Ce n’était que de la pure jalousie. Après il y a eu des problèmes de gauche à droite jusqu’à ce que le mystique vienne entrer là-dedans et s’en est suivi une maladie pour cette personne-là. Et notre histoire a pris fin comme ça, sa maladie a évolué jusqu’à ce que Dieu décide de le prendre et maintenant, il n’est plus de ce monde. Et je dois avouer que ça a été des moments très durs pour moi car j’étais encore beaucoup plus jeune, j’avais 27 ans et j’en ai beaucoup souffert.
Icône : Est-ce que vous culpabilisez par rapport à sa mort ?
Non, parce que moi, je n’ai rien à me reprocher. Je ne culpabilise pas, bien au contraire. Jusqu’à sa mort, je n’ai pas pu le voir parce que, malade à un certain moment, ce sont plus les proches de la famille qui sont présents. Et quand vous êtes seule contre tous, ce n’est pas évident. Et je dois avouer que, dans ma vie personnelle ou privée, ce sont des moments qui ont été très douloureux que j’ai surmontés avec beaucoup de dignité, beaucoup de souffrance dans le silence. Alors, j’ai compris, qu’il faut beaucoup se battre pour préserver sa vie privée. Et depuis lors, je me suis promise de protéger davantage ma vie privée.
Icône : On vous a également prêté une relation avec le chanteur français Patrick Bruel ?
Vous savez, quand deux artistes homme et femme travaillent ensemble, il y a toujours des rumeurs du genre : «ils sont ensemble». Même si c’était une femme on allait peut-être dire que c’est ma nana ! Les gens créent beaucoup ! Tant qu’ils ne connaissent rien, ils continueront toujours à créer.
Icône : Aujourd’hui est-ce que Coumba vit avec quelqu’un et ambitionne de se marier ?
Je suis une femme comme toutes les autres, mon rêve c’est de me marier, d’avoir des enfants, de faire ma vie mais je ne force rien. J’ai eu des douleurs comme tout le monde, des déceptions ou des espoirs mais je ne me prends pas la tête, je rends grâce à Dieu.
Propos recueillis par :
Mamadou Ly et Gina