La surveillance a été renforcée en Casamance pour lutter contre le trafic de bois. C’est l’annonce faite par le Lieutenant-Colonel Ndèye Ngoné Samb, ingénieure des Eaux et Forêts. Elle note une diminution de ces pratiques illicites.
Le sujet lié à la coupe illicite de bois en Casamance a été abordé, le 21 février dernier, lors d’un panel organisé par l’École supérieure de journalisme, des métiers de l’internet et de la communication (Ejicom). Selon le Lieutenant-Colonel Ndèye Ngoné Samb, ingénieure des Eaux et Forêts, les Forces de défense et de sécurité sont déterminées à combattre ce fléau entretenu au niveau de la frontière entre le Sénégal et la Gambie. « Dieu merci, les agents des Eaux et Forêts sont devenus un service militarisé. De ce fait, nous faisons partie des Forces de défense et de sécurité. Ce qui nous permet de travailler en étroite collaboration avec les autres forces à savoir les militaires et les gendarmes qui nous facilitent la mission sur le terrain », a-t-elle déclaré.
Dans une enquête publiée en 2020, l’Agence d’enquête environnementale (Eie), établie en Gambie, a révélé qu’« environ 1,6 million de tonnes de bois rose ont été coupées illégalement au Sénégal et introduites clandestinement en Gambie entre juin 2012 et avril 2020 ». Les enquêteurs ont aussi mentionné que « le trafic de bois rose entre le Sénégal et la Gambie a été largement contrôlé par le groupe rebelle armé du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) et constitue la principale source de revenus pour les rebelles de haut niveau ».
En revanche, si le secteur des eaux et forêts avait un problème d’effectifs et de moyens, actuellement, ce n’est plus le cas, s’est félicitée Mme Samb. « La surveillance est accentuée, le contrôle aussi. De ce fait, l’exploitation abusive du bois commence à diminuer dans cette zone. De toute façon, nous allons nous battre becs et ongles pour préserver ce trésor de la Casamance », a-t-elle rassuré.
Pour l’ingénieure des Eaux et Forêts, en Afrique, les pays en voie de développement, jadis avec ses forêts denses, n’avaient pas de problèmes par rapport aux changements climatiques. « Maintenant, nous sommes impactés et exposés à ces effets, parce qu’il y a une déforestation pointue, un défrichage au détriment de l’agriculture », a-t-elle souligné.
Au cours de cette rencontre axée sur le thème : « La problématique de la conservation des produits agricoles locaux », Ndèye Ngoné Samb a noté que les forêts constituent les parents pauvres de l’agriculture. « Il y a beaucoup de producteurs qui dévastent des forêts pour des activités agricoles. Il faut faire comprendre aux agriculteurs et producteurs qu’on n’a pas besoin de déforestation pour faire de la place aux activités agricoles. Les deux peuvent aller ensemble », a-t-elle conclu.
Babacar Guèye DIOP
LIEUTENANT-COLONEL MAMADOU GAYE INSPECTEUR RÉGIONAL DES EAUX ET FORÊTS DE TAMBACOUNDA
« Le renforcement de nos équipements a fait effet »
Dans l’exercice de leur fonction, les services des Eaux et Forêts font face à plusieurs défis, notamment la lutte contre les feux de brousse. Pour trouver une solution à cette problématique, ils ont besoin d’équipements. Dans cet entretien, l’inspecteur régional de Tambacounda, le lieutenant-colonel Mamadou Gaye, a indiqué que les services des Eaux et Forêts ont été bien équipés ces dernières années.
TAMBACOUNDA : Les agents des Eaux et Forêts de la Région de Tambacounda sont confrontés à deux problèmes majeurs. Le premier concerne la coupe abusive de bois et le second s’appelle les feux de brousse. Pour lutter contre ces fléaux, l’État et les partenaires techniques et financiers ont mis à la disposition de l’Inspection régionale des Eaux et Forêts (Iref), d’importants moyens logistiques, a indiqué l’inspecteur régional de Tambacounda, le lieutenant-colonel Mamadou Gaye. « Nous avons été dotés d’importants moyens d’équipements pour lutter contre les phénomènes de feux de brousse et la coupe illicite de bois », a-t-il fait savoir dans un entretien avec « Le Soleil ».
Selon M. Gaye, la région de Tambacounda est bien fournie en matière d’équipements pour lutter contre les feux de brousse et la coupe abusive de bois. « Il faut saluer la montée en puissance des services des Eaux et Forêts qui s’est renforcée en moyens ces dernières années », affirme-t-il. En effet, à travers son partenariat avec la Société de gestion de l’énergie de Manantali (Sogem), l’Iref a reçu, l’année dernière, 7 véhicules (unités légères). Ces dernières ont été déployées dans les communes et départements, d’après le commandant Gaye. En plus, le ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique a mis à la disposition du service régional de Tambacounda un véhicule d’une capacité de 30 mètres cube d’eau. Sa mission est de participer à la lutte contre les feux de brousse.
Les comités de lutte ont également été équipés en matériels (pelle, râteau, brouette, sceau, arrosoir…). « Aujourd’hui, nous assistons à un maillage de la région en termes d’équipements de lutte contre les feux de brousse et de coupe de bois », affirme le colonel.
Grâce à ces efforts, d’importants résultats ont été enregistrés. L’année dernière, par exemple, la région a connu moins de cas de feux brousse. « Les rares qui se sont signalés ont été rapidement maîtrisés. La coupe abusive de bois a fortement baissé. Le trafic international du bois a été éradiqué, reste celui intérieur, qui demande l’implication de toutes les forces vives », a invité l’Iref Gaye. Ce trafic intérieur sévit surtout dans le département de Goudiry, plus précisément dans l’arrondissement de Dianké Makhan. Pour dissuader les fraudeurs, ces derniers sont traduits devant la justice. C’est dans ce cadre qu’une brigade régionale spéciale, équipée de véhicules, a été créée pour superviser les forêts de la région de Tambacounda.
« Mais, malgré tous ces moyens, le problème persiste, d’où la nécessité de chercher d’autres alternatives », a regretté M. Gaye. Selon lui, lutter contre la pauvreté, en créant d’autres sources de revenus pour ces nombreux pères de famille pourrait être pertinent.
Le lieutenant-colonel Mamadou Gaye est revenu aussi sur le bilan et les différentes réalisations de l’année 2023, qu’il juge satisfaisantes. Dans le cadre de l’aménagement, trois nouvelles forêts ont été aménagées. Il s’agit de Kouthiaba (Koumpentoum), Comoty et Dianké Makhan (Goudiry). M. Gaye de souligner que « ces formations forestières contribuent au développement de la région, dans la mesure où les populations locales y travaillent légalement et les retombées économiques reviennent aux collectivités locales qui les abritent ». Concernant le reboisement et la conservation des sols, en 2023, plus de trois millions de plants ont été produits à l’échelle régionale. « Ces différents plants ont été entretenus dans les pépinières en régie des services des Eaux et Forêts. Ces plants composés d’anacardiers, de citronniers etc., ont été reboisés sur plusieurs hectares. Des plantations linéaires pour protéger les cultures, ainsi que celles d’embellissements ou conservatoires, ont été réalisées dans toutes les communes, pour prévenir l’ensablement », a soutenu M. Gaye.
Boubacar Agna CAMARA (Correspondant)
Des unités de conservation de la biodiversité mises en place
La région de Tambacounda dispose désormais d’unités de reforestation et de conservation de la biodiversité (Urcb). Elles ont été mises en place dans le but de conserver la biodiversité et améliorer la qualité des forêts. C’est ainsi que des plantations de cinq hectares ont été clôturées. « Cela a permis de lutter contre les feux de brousse », a indiqué dans un entretien l’inspecteur régional de Tambacounda, le lieutenant-colonel Mamadou Gaye, qui a insisté sur l’importance du tapis herbacé, car la région de Tambacounda accueille du bétail venant des autres localités. C’est ainsi que plus de 200 kilomètres de pare feux ont été ouverts pour limiter les dégâts des feux de brousse. Des émissions de radios sont également organisées au niveau local pour sensibiliser les populations. Pour cette année 2024, le chef de service des Eaux et de Forêts de Tambacounda compte continuer sur sa bonne lancée. « C’est pourquoi, il veut développer, avec l’inspection d’académie, des stratégies de sensibilisation dans les établissements scolaires sur la coupe du bois. Cela permettra de sensibiliser les enfants sur l’importance de la protection de l’environnement qui seront les adultes de demain », a soutenu Mamadou Gaye qui a reconnu que les forêts classées de Tambacounda font face à une problématique d’empiétement par les populations. « Nous devons résoudre cette question le plus rapidement possible », a lancé le commandant. Il a informé, d’ailleurs, de la mise en place d’un nouveau programme pour prendre en charge cette problématique. L’Iref, qui salue tous les efforts consentis par l’État et les partenaires, pour améliorer les conditions de travail de ces agents, espère une continuité dans l’accompagnement pour la sauvegarde de la forêt du Sénégal oriental. B. Agna CAMARA
URBANISATION GALOPANTE
Les forêts de Tivaouane subissent une forte pression foncière
TIVAOUANE- Les forêts du département de Tivaouane subissent une forte pression foncière, due à l’urbanisation galopante et à une nouvelle forme de spéculation pratiquée par des individus qui convoitent de nouvelles terres, pour espérer les monnayer contre des remboursements d’impenses. « À Tivaouane, plusieurs facteurs sont à l’origine d’un rétrécissement des surfaces boisées du département, où les populations sont toujours à la recherche de nouvelles terres », a indiqué le capitaine Younouss Diédhiou, chef du secteur départemental des Eaux et Forêts dans un entretien. Si certaines personnes sont intéressées par des espaces pour exercer leurs activités agricoles, beaucoup d’autres comme les spéculateurs fonciers, conscients de l’intérêt des industries extractives pour la zone, occupent ces terres dans l’espoir de pouvoir prétendre à des impenses, devenues un filon juteux. Plusieurs sociétés extractives sont en activité dans le département de Tivaouane dont le riche sous-sol est très convoité. Les Industries chimiques du Sénégal (Ics), Grande côte opération (Gco), ont toutes besoin de terres. Sachant qu’en ayant un lopin de terre quelque part, ces derniers pourraient ultérieurement bénéficier du paiement d’impenses, quand ils devront être déplacés pour les besoins d’exploitation. Suscitant autant de convoitises, les populations et spéculateurs fonciers se ruent de plus en plus vers de nouveaux espaces inoccupés. Cette nouvelle forme de spéculation foncière, adossée à la recherche de retombées issues des impenses, a tendance à se généraliser à travers tout le territoire du département de Tivaouane dont le riche sous-sol est très convoité. APS
Source : https://lesoleil.sn/coupe-abusive-du-bois-une-dimi...