Daara J Family a refait surface après des années d’absence à travers le single «Tomorrow» pour aussitôt s’éclipser dans la nature. Qu’est-ce qui vous a autant accaparé ? Nous étions en studio en France, pour préparer notre prochain album. Nous y avons collaboré avec une grande artiste, Ayo. C’était lors d’un concert à l’Olympia, le 12 février dernier. En plus d’avoir participé à un événement organisé par des rappeurs pour Haïti. Pour finir, nous avons donné un concert pour la Mairie d’Evry. Nous sommes de retour, même si nous allons repartir bientôt, toujours pour les besoins de l’album. D’ailleurs, nous profitons de l’occasion pour leur annoncer que le produit sera prêt d’ici l’été prochain.
Où en êtes-vous concrètement à propos de cet album ?
Pour l’instant, nous sommes en train d’éditer les morceaux et de finaliser certains mixages. Il ne reste pas grand-chose. Toutefois, il nous est difficile de donner une date bien précise compte tenu des partenaires pour la promotion. C’est un album classique, en fait. Nous y avons développé des thèmes en rapport avec la vie. Nous avons exploité des sonorités étrangères, comme la musique Afro du Nigeria mélangée avec celle moderne. Parmi les morceaux phares, il y a «Temps boy» dans lequel on se remémore les instants passés durant notre enfance, juste pour nous situer par rapport à notre identité. Ce qui, en gros, renvoie à la vie, d’où le titre de l’album «L’école de la vie».
Il y a également un morceau dans lequel vous semblez jeter des pierres au régime en place. Est-ce le cas ?
En tant que rappeurs, nous avons notre part à jouer dans la société. Aussi nous sommes conscients du fait que Hip-hop rime avec messages, donc il est de notre devoir de porter des messages. Le peuple nous a fait confiance, rien qu’en prenant la peine de participer à nos concerts. Par conséquent, il attend beaucoup de nous. C’est pourquoi, nous avons composé le morceau «Yewùleen» qui résulte de nos observations de la société. C’est tout juste la situation qui sévit au Sénégal qui n’est pas du tout normal. L’occasion que nous avons de voyager un peu partout nous a permis de comparer notre peuple avec les autres. Et on s’est rendu compte que le Sénégal a un grave problème de leadership et qu’il est temps d’y remédier. Et de dire que les manifestations sont de plus en plus le lot quotidien des Sénégalais. Ils brandissent des chiffons rouges pour exprimer leur ras-le-bol, alors qu’avant, les chiffons rouges, selon une croyance, ne sortaient que lorsque le fils d’un Djinn s’était perdu. Et le plus cocasse dans tout cela, c’est que, c’est le chef de l’État, lui-même, qui a exhorté le peuple à sortir ces brassards rouges pour montrer leur mécontentement. Toutefois, il ne suffit pas simplement d’agiter des brassards. Les Sénégalais doivent prendre conscience de leurs droits et les faire valoir. Il y a une mauvaise gestion du budget. Il appartient aux Sénégalais de réaliser la gravité du problème et d’éradiquer les racines du mal qui ne sont autres que la corruption.
Que vous inspire alors le fait que le Président veuille se faire succéder par son fils Karim Wade ?
Le Sénégal n’appartient à personne. C’est une Nation et nous sommes tous garants de sa démocratie, si nous voulons léguer cette démocratie à nos enfants. Les Sénégalais sont assez responsables pour choisir leur dirigeant. Ce n’est pas au Président de nommer son successeur, fût-il son fils. On a eu des exemples en Afrique. Des Présidents se sont faits succéder par leurs fils et cela n’a fait qu’installer l’anarchie. Le Sénégal n’est pas une dynastie. Le Président devrait savoir que le Sénégal a une histoire. Nous sommes passés par des chemins tortueux pour que le Sénégal ait une certaine stabilité, une démocratie. Donc, il ne faut pas sacrifier ces efforts pour simplement satisfaire des désirs familiaux. Nous sommes persuadés que si des élections transparentes sont organisées, il n’aura aucune chance de les remporter. Le peuple aussi est assez conscient pour savoir ce qui est bien pour lui.
À vous entendre parler, vous ne comptez pas donner votre voix au pouvoir actuel ?
On ne peut pas dire qu’on votera pour telle ou telle coalition. Mais une chose est sûre, il y a un réel problème de leadership. Nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait des leaders capables de diriger les mairies. Il faut qu’il y ait du sang neuf.
En attendant la sortie prochaine de votre album, que prévoyez-vous pour vos fans, nostalgiques ?
Nous comptons réaliser une tournée aux niveaux des lycées. Même si on n’a pas beaucoup de temps, tout juste moins d’un mois, nous tenons à vivre des moments de communion avec notre public. Nous sommes ici pour le moment, donc c’est à eux de jouer maintenant leur partition. Nous leur demandons donc de venir en masse, participer à ces concerts, car Daara-J Family a vraiment la nostalgie de son public.
Source: L'observateur