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DANS LA JUNGLE DES VÉHICULES VOLÉS ENQUÊTE SUR UNE MAFIA

Le trafic de véhicules volés est devenu un mal endémique dans les pays de la sous-région comme le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau. À l’image du trafic des armes légères que les différentes législations des pays ont du mal à circonscrire le fléau en Afrique, la circulation des véhicules volés mobilise des réseaux de trafiquants, un itinéraire courbe, un tissu de complicités et draine des enjeux si énormes que le Sénégal a du mal à le contenir. Même avec le coup de pouce d’Interpol qui a mis à la disposition de la Direction de la Police judiciaire (Dpj) du Sénégal, une base de données où l’on retrouve l’essentiel des véhicules volés et déclarés. Enquête sur un mal qui prend tous les jours de l’ampleur.


Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Février 2009 à 14:34 | | 1 commentaire(s)|

DANS LA JUNGLE DES VÉHICULES VOLÉS ENQUÊTE SUR UNE MAFIA
La plupart des voitures volées en Europe sont momentanément présentes au Sénégal. Le trafic est organisé par des réseaux huilés avec des répondants en Mauritanie et à Dakar à partir d’où, d’autres marchés sont ravitaillés.
Depuis environ deux ans, le parc automobile du Sénégal a connu une recomposition notable. Les voitures neuves et les bolides de luxe ont remplacé la plupart des petites berlines, alors connues des Sénégalais. Cela intervient au moment où la loi sur la limitation des importations des véhicules de moins de 5 ans est toujours en vigueur. En dépit de cette restriction, il est constaté l’arrivée massive, à Dakar, de voitures de luxe dont une majorité composée de grosses cylindrées. Cette situation n’est nullement la résultante d’une bonne santé financière et économique, au contraire, elle est liée à la recrudescence du phénomène des «voitures volées» en Europe et recyclées dans le pays.
Ce phénomène n’est pas nouveau en ce sens que les voitures volées dans des pays comme la France, la Belgique, l’Espagne ou l’Italie étaient d’abord acheminées dans des pays de l’Europe de l’Est où des réseaux de trafic étaient bien organisés mais, devant le durcissement des systèmes de surveillance et la nouvelle législation en vigueur, la piste de Dakar est explorée. Seulement, si l’on en croit les révélations de personnes bien introduites dans le réseau, «la majorité des véhicules quittent frauduleusement l’Europe à partir d’où, des Russes, des Italiens et des Ukrainiens, entre autres, coordonnent les opérations avec leurs complices qui sont des ressortissants de pays du Maghreb et de l’Afrique centrale. Le réseau de malfaiteurs est connecté à des correspondants installés en Mauritanie». Les voitures transitent par Nouhadibou avant leur réception à Nouakchott où un dispositif huilé est en place. D’ailleurs, des sources policières soufflent «qu’un fils d’une grande personnalité politique mauritanienne est présentée comme l’un des cerveaux du trafic de voitures volées en Europe et vendues en Afrique».
C’est à partir de la Mauritanie que le marché sénégalais est ravitaillé, et les véhicules entrent librement dans le pays par le système de passavant. Dakar constitue aussi le point d’échanges et de ventilation de la marchandise vers des pays comme la Guinée-Bissau et la Gambie. Ce réseau comporte aussi des personnes qui se chargent de la vente et même de l’immatriculation, via un circuit mafieux. Mais, d’autres usagers, intéressés par ces voitures de luxe, font le déplacement jusqu’en Mauritanie pour se procurer leur bagnole de rêve, à un prix abordable. Si l’on en croit des confidences intimes, «le prix d’une 4x4 de moins de trois ans peut se vendre à moins de cinq millions de francs Cfa, alors que son prix réel sur le marché dépasserait largement la vingtaine de millions de francs Cfa». La modicité des prix de vente s’explique par l’importance des risques encourus par les acquéreurs. Car, la saisie des voitures entraîne, de facto, sa perte. Ce à quoi s’ajoutent les poursuites auxquelles le contrevenant est exposé. Seulement, nombreux sont des clients qui acquièrent des véhicules de luxe sans connaître son origine frauduleuse ou illicite. Par contre, «d’autres sont plus portés vers ces engins dans la mesure où ils peuvent bénéficier d’une couverture. C’est le cas des marabouts et des Vip», jure-t-on. Maintenant, une autre voie s’ouvre pour ce réseau, car des sources témoignent que «la majorité des membres du réseau de trafic de voitures volées se sont organisés pour mettre en place un système d’immatriculation qui contourne la législation».
A Dakar, des sources policières ou proches des concessionnaires estiment qu’au moins 40% des véhicules de luxe qui y circulent, surtout dans le périmètre des Almadies, sont d’origine frauduleuse.

Le ménage des réseaux mafieux
Le phénomène des voitures volées est maintenant étroitement lié à d’autres réseaux comme la drogue et la prostitution. Il s’agit de groupes organisés qui s’interconnectent pour des échanges pour le moins illicites. De l’avis de nos sources, un système de troc s’opère dans le milieu. Véhicule contre drogue. Cette tendance est due à l’intérêt que les narcotrafiquants Bissau-guinéens accordent aux véhicules de luxe et au besoin de drogue exprimé par des milieux mafieux sénégalais.
Outre ces opérations, l’on explique également que «les voitures sont, pour la plupart des cas, des caches de drogue. D’ailleurs, certains ont investi ce créneau uniquement pour faire transiter de la drogue». Et dans la plupart des cas, les voitures sont laissées, en guise d’intéressement, à la personne qui a pris le risque de transporter la drogue.

LES DESSOUS DES «VOLS ORGANISES» DE VOITURES : La face cachée d’une arnaque à grande échelle

La majorité des véhicules volés sont des scénarii organisés par des «victimes et des voleurs virtuels». Ces vols cachent une série d’arnaques et d’escroqueries.
Derrière le phénomène grandissant des voitures d’Europe et transportées en Afrique, se cache une vaste opération d’escroquerie. Selon des sources policières, «80% des véhicules déclarées volées ne sont le pas réellement». «Il s’agit, plutôt, d’une entente entre de soi-disant voleurs et de soi-disant victimes», jurent-elles. En effet, l’on dévoile le mécanisme : «Des personnes acquièrent des voitures de luxe à des prix exorbitants en souscrivant à une assurance tous risques. Après une ou deux années d’utilisation, certains prennent le malin plaisir de vendre la voiture à un vil prix aux trafiquants. Mais, tout se règle, car le propriétaire et son complice s’organisent pour que la disparition de la voiture coïncide avec une absence prolongée du premier.» Ce détail n’est pas gratuit, car il permet au voleur virtuel d’avoir le temps nécessaire pour sortir le véhicule du territoire. Après un constat, une déclaration de vol est faite, ce qui ouvre une procédure de dédommagement par les assurances. Ainsi, après avoir vendu son véhicule, le propriétaire peut se retrouver avec un montant équivalent à la valeur de la voiture neuve.
Ce modus operandi est actuellement découvert par les compagnies d’assurances et les forces de polices. D’ailleurs, nombre de compagnies d’assurances européennes ont fait part de leurs inquiétudes devant l’importance des sommes décaissées pour dédommager des victimes de «vols organisés» de véhicules. Ces doutes sont partis du constat selon lequel seules «les voitures de luxe sont déclarées au vol. Il s’y ajoute que la majorité des véhiculés ne sont pas retrouvés en Europe en dépit de toutes les recherches effectuées».

Interpol et son système de recherche sécurisé dans 160 pays
L’ampleur de la situation a déclenché la cote d’alerte. Poussant ainsi les autorités européennes à coordonner leurs actions pour mettre fin à ce trafic à grande échelle. Dans ce combat, «des compagnies d’assurances, affectées par ce phénomène, mettent la main à la pâte par un soutien substantiel aux services d’enquête». En effet, la traque de ces véhicules est coordonnée par Interpol qui, par un système informatique très performant, supervise les recherches. Selon des sources policières, «toutes les voitures déclarées volées dans le monde sont répertoriées. De même, leurs références sont inscrites dans une base de données contenue dans un système de contrôle sécurisé. Cela permet à tous les services de recherches de ces 160 pays d’avoir des informations sur les véhicules fichés». Le procédé de contrôle s’effectue à partir du numéro de chassis, selon les confidences de sources policières. «Il suffit de taper le numéro pour savoir si celui-ci correspond aux données d’une des centaines de milliers de voitures inscrites sur le réseau informatisé d’Interpol». L’on informe également que «ce procédé est d’une sécurité telle qu’il enregistre toutes les recherches faites sur le réseau. Ce qui permet à Interpol de savoir à partir de quel pays le fichier central a été interrogé pour telle ou telle autre voiture».

DURCISSEMENT DES PROCEDURES D’IMMATRICULATION : L’obstacle de la Dic face au réseau des faussaires

Dakar est présentée comme le point de chute de la plupart des voitures volées, mais la majorité de ces bolides transitent pour être acheminées vers d’autres pays. Même si des sources policières considèrent que «40% des voitures de luxe et des grosses cylindrées qui circulent à Dakar proviennent de «vols organisés», il reste que ce nombre est infime par rapport à celui des cas ayant fait le transit par la capitale sénégalaise. Cela s’explique par le cordon de sécurité mis en place par la Division des investigations criminelles (Dic) qui sert de répondant à Interpol à Dakar. Le durcissement des recherches a poussé les membres des réseaux à vendre leur butin hors du territoire national.

Depuis quelque temps, l’immatriculation des véhicules d’occasion est soumise à des conditions. En sus des véhicules étant entré dans le pays par passavant, ceux qui sont convoyés par bateau devront nécessairement passer par un contrôle à la Dic avant d’avoir une plaque minéralogique. En effet, la nouvelle législation impose que tout véhicule venant de l’extérieur soit présenté dans les locaux de la Dic, sis à la rue Carde où l’ordinateur central d’Interpol, est interrogé sur les références de la voiture. Si les références de la voiture en question correspondent avec la base de données d’Interpol sur la liste des véhicules déclarées au vol, l’engin est confisqué et une enquête ouverte pour remonter le réseau. Au cas échéant, une attestation est délivrée au propriétaire de la voiture qui peut s’acquitter de ses droits d’immatriculation auprès des services compétents. Mais, «seuls le Directeur de la police judiciaire et le Chef de la Dic sont nantis de la prérogative de signer ces attestations», précise une source policière.
Cette procédure spéciale décrétée par les autorités réduit considérablement les marges de manœuvres des réseaux mafieux. D’ailleurs, pour contourner cette difficulté imposée par la Dic, un réseau interne s’était organisé à la Direction des transports terrestres pour immatriculer les voitures à partir de fausses attestations. Le modus operandi des malfaiteurs était de passer au scanner la signature du Directeur de la Police judiciaire et du Commissaire Mbengue de la Dic pour les apposer sur des attestations confectionnées au noir. D’ailleurs, il y a trois mois, un réseau de faussaires avait été démantelé et deux personnes incarcérées. Mais, la vigilance des services de Police n’a pas émoussé l’ardeur des faussaires à passer par les mailles des filets. Des agents en service à la Direction des transports révèlent la formation de petits groupes de faussaires.


Dans l’univers des voleurs de véhicules
Les vols de voitures sont devenus très fréquents au Sénégal. Ce phénomène, alors connu dans d’autres pays, a enregistré une évolution spectaculaire ces derniers temps. Il y a quelques jours, une voiture a mystérieusement disparu devant le parking d’Espace Auto où le véhicule devrait subir un entretien. Son propriétaire a juste eu le temps de déposer sa 4X4 Tigo nouveau modèle que le véhicule va disparaître des lieux. Malgré les recherches effectuées dans les minutes qui suivent, l’engin est resté introuvable. Auparavant, une 4x4 avait été volé aux Almadies. Il s’y ajoute aussi qu’un cadre de la société de téléphonie Tigo a perdu son véhicule après une agression. Il a fallu d’intenses recherches pour que l’auteur du forfait soit retrouvé et déféré au parquet.
A côté de ces vols spectaculaires, l’on a noté les agissements d’un ressortissant mauritanien du nom de M. Camara. Ce dernier faisait le tour des maisons de location de voitures pour les arnaquer. Sa pêche a été fructueuse, car il a réussi à se volatiliser avec 5 véhicules de type 4x4 avant de se fondre dans la nature. Ce n’est que le mois dernier que la Dic a mis fin à son activité illicite. C’est en revenant, après une longue pause, pour louer des véhicules qu’il a été reconnu et alpagué. M. Camara a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. Cette tendance de vol de voitures jamais connue des Sénégalais inquiète les autorités policières qui reconnaissent des difficultés à faire face au fléau. Signe que les réseaux qui s’activent dans ce secteur ne sont pas aussi démunis qu’on pourrait le penser, Modou Fall, qui a été arrêté par la Dic et placé sous mandat de dépôt lors du Magal de Touba, a plusieurs fois réussi à s’évader de la prison de Ziguinchor et plus récemment du commissariat central. Au-delà des arguments surnaturels évoqués par la presse, certaines sources lient cette facilité à passer à travers les mailles des forces de l’ordre par ses soutiens solides tapis dans l’ombre. Modou Fall était à bord d’une 4X4 ML de luxe volée au moment de sa dernière arrestation.

Article Par NDIAGA NDIAYE , L'Observateur

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1.Posté par samba kethio mbondo le 26/02/2009 14:47 | Alerter
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l un des plus grands responsables de ce traffic c est le commissaire ndoye qui fut la tete de la dic.il reclamait pour chaque attestation signee la somme de 500 000 francs.je peux prouver ce que je dis, avec document a l appui.je detiens des pieces prouvant ce que je dis .mais qui n`est pas mafieux dans ce pays de wade.il est le seul responsable.

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