Les maux de l’enseignement supérieur mis à nu
A l’approche de la période des examens, l’Association des doctorants et jeunes docteurs (Adjd) a donné lieu à un débat, samedi, au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, autour du thème : L’avenir de l’enseignement supérieur au Sénégal. L’association, créée en 2006 et présidée par Amadou Diallo a souhaité intervenir dans cette situation de crise que traverse l’enseignement supérieur. Actuellement, a expliqué le président du Comité d’organisation, l’école fait face à des «grèves récurrentes», connaît un «faible taux de recrutement d’enseignants permanents» et laisse ses jeunes diplômés au chômage.
Mme Penda Mbow, professeur d’histoire à l’Ucad, le professeur Mamadou Sangharé, mathématicien et le professeur Jeanne Lopis Sylla, chercheuse et chef de laboratoire à l’Ifan, ont développé les thèmes de l’évolution de l’enseignement supérieur, l’accès et la qualité de l’enseignement supérieur et l’environnement de la recherche. Ces thèmes abordés ont ainsi permis de prendre pleine conscience de l’histoire de l’université, née au XIIIe siècle en Europe et développée en Afrique avec la colonisation, et ses difficultés actuelles. Si l’université est le signe de prospérité d’un pays ainsi que de son développement, c’est aussi un outil qui a pour vocation de former une élite, les étudiants s’y adonnant «aux choses de l’esprit» comme l’explique Penda Mbow.
Au Sénégal, c’est cette élite qui a remis en cause le système colonial et développé une réflexion politique, panafricaine. Après l’indépendance, l’Université de Dakar, avant d’être un établissement sénégalais, était surtout une école africaine. Mais cette période élitiste est révolue.
La dégradation de l’Ucad est liée à l’augmentation de ses effectifs, une fois devenue une université de développement dans les années 80. Ainsi, prévue pour accueillir 3 000 étudiants, l’Ucad en compte aujourd’hui 70 000, soit près de 95 % des étudiants sénégalais sont à Dakar. Les amphithéâtres sont surpeuplés et les chambres censées loger 3 étudiants en comprennent souvent 10. Le campus s’est développé et est désormais envahi par l’urbanisation. «On ne peut plus réfléchir avec le bruit des voitures», s’est désolé le professeur Sangharé.
Le professeur Sangharé a aussi tenu à rappeler le manque d’accessibilité à l’enseignement supérieur. Les étudiants handicapés n’ont pas de structure qui puisse les accueillir. En outre, on ne recense pas assez d’universités publiques mais beaucoup d’écoles privées où «l’on vend le diplôme très cher», précise un des intervenants.
De plus, l’inconvénient de ces inscriptions massives, c’est que seulement 1 100 enseignants sont mis à la disposition des étudiants. Et dans ce chiffre il faut aussi compter les vacataires, au nombre de 800 à l’Ucad. Payés à l’heure, sans statut réel dans le système enseignant, ces derniers ne sont parfois pas payés durant un an. Toutes ces conditions se répercutent sur la qualité de l’enseignement et mènent à une paupérisation de l’intellect. Pour le professeur Sangharé, il faut dissocier l’université «d’une garderie pour adultes».
La majorité des problèmes résiderait dans le manque de ressources et de financement de l’université. L’Etat injecte 20 milliards de francs Cfa dans l’enseignement supérieur, moins que l’année dernière et pas suffisamment, aux dires des intervenants.
Suite au débat mené, le président de l’association s’est dit satisfait et aurait entrevu des solutions. Il souhaiterait que tout soit clairement planifié désormais et que le dialogue touche un maximum d’acteurs, sans laisser pour autant intervenir la politique. «C’est aux acteurs de prendre les choses en mains et de discuter», afin d’instaurer à nouveau un encadrement et un enseignement de qualité.
Stagiaire
Le QUotidien
A l’approche de la période des examens, l’Association des doctorants et jeunes docteurs (Adjd) a donné lieu à un débat, samedi, au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, autour du thème : L’avenir de l’enseignement supérieur au Sénégal. L’association, créée en 2006 et présidée par Amadou Diallo a souhaité intervenir dans cette situation de crise que traverse l’enseignement supérieur. Actuellement, a expliqué le président du Comité d’organisation, l’école fait face à des «grèves récurrentes», connaît un «faible taux de recrutement d’enseignants permanents» et laisse ses jeunes diplômés au chômage.
Mme Penda Mbow, professeur d’histoire à l’Ucad, le professeur Mamadou Sangharé, mathématicien et le professeur Jeanne Lopis Sylla, chercheuse et chef de laboratoire à l’Ifan, ont développé les thèmes de l’évolution de l’enseignement supérieur, l’accès et la qualité de l’enseignement supérieur et l’environnement de la recherche. Ces thèmes abordés ont ainsi permis de prendre pleine conscience de l’histoire de l’université, née au XIIIe siècle en Europe et développée en Afrique avec la colonisation, et ses difficultés actuelles. Si l’université est le signe de prospérité d’un pays ainsi que de son développement, c’est aussi un outil qui a pour vocation de former une élite, les étudiants s’y adonnant «aux choses de l’esprit» comme l’explique Penda Mbow.
Au Sénégal, c’est cette élite qui a remis en cause le système colonial et développé une réflexion politique, panafricaine. Après l’indépendance, l’Université de Dakar, avant d’être un établissement sénégalais, était surtout une école africaine. Mais cette période élitiste est révolue.
La dégradation de l’Ucad est liée à l’augmentation de ses effectifs, une fois devenue une université de développement dans les années 80. Ainsi, prévue pour accueillir 3 000 étudiants, l’Ucad en compte aujourd’hui 70 000, soit près de 95 % des étudiants sénégalais sont à Dakar. Les amphithéâtres sont surpeuplés et les chambres censées loger 3 étudiants en comprennent souvent 10. Le campus s’est développé et est désormais envahi par l’urbanisation. «On ne peut plus réfléchir avec le bruit des voitures», s’est désolé le professeur Sangharé.
Le professeur Sangharé a aussi tenu à rappeler le manque d’accessibilité à l’enseignement supérieur. Les étudiants handicapés n’ont pas de structure qui puisse les accueillir. En outre, on ne recense pas assez d’universités publiques mais beaucoup d’écoles privées où «l’on vend le diplôme très cher», précise un des intervenants.
De plus, l’inconvénient de ces inscriptions massives, c’est que seulement 1 100 enseignants sont mis à la disposition des étudiants. Et dans ce chiffre il faut aussi compter les vacataires, au nombre de 800 à l’Ucad. Payés à l’heure, sans statut réel dans le système enseignant, ces derniers ne sont parfois pas payés durant un an. Toutes ces conditions se répercutent sur la qualité de l’enseignement et mènent à une paupérisation de l’intellect. Pour le professeur Sangharé, il faut dissocier l’université «d’une garderie pour adultes».
La majorité des problèmes résiderait dans le manque de ressources et de financement de l’université. L’Etat injecte 20 milliards de francs Cfa dans l’enseignement supérieur, moins que l’année dernière et pas suffisamment, aux dires des intervenants.
Suite au débat mené, le président de l’association s’est dit satisfait et aurait entrevu des solutions. Il souhaiterait que tout soit clairement planifié désormais et que le dialogue touche un maximum d’acteurs, sans laisser pour autant intervenir la politique. «C’est aux acteurs de prendre les choses en mains et de discuter», afin d’instaurer à nouveau un encadrement et un enseignement de qualité.
Stagiaire
Le QUotidien