(SenePlus) - La mission de médiation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) envoyée en Guinée-Bissau a été forcée de quitter précipitamment le pays samedi 1er mars suite à des menaces d'expulsion proférées par le président Umaru Sissoco Embalo, selon un communiqué officiel de l'organisation régionale.
D'après le texte, cette délégation s'était rendue à Bissau du 21 au 28 février dans le but de résoudre les tensions politiques autour de la date de fin du mandat présidentiel, un sujet qui divise profondément le pouvoir et l'opposition.
"La mission a préparé un projet d'accord pour une feuille de route pour la tenue des législatives et de la présidentielle et a commencé à le présenter aux parties prenantes pour leur consentement", indique le communiqué daté de samedi et signé par Bagudu Hirse, chef des médiateurs régionaux. Ce document ne précise cependant pas le contenu exact de cette proposition.
Les médiateurs ont été contraints de prendre une décision rapide face à l'hostilité manifeste du président. Selon le même communiqué, la délégation "a quitté Bissau tôt le matin du 1er mars après des menaces du président Embalo de l'expulser", sans plus de détails sur la nature exacte de ces menaces.
Au cœur de cette tension se trouve un désaccord fondamental sur l'interprétation constitutionnelle concernant la fin du mandat présidentiel. Trois dates différentes circulent, créant une confusion politique majeure.
Selon les informations rapportées par l'AFP, la Cour suprême de Bissau considère que le mandat de M. Embalo se termine le 4 septembre, une date que le président lui-même aurait acceptée. Cependant, Domingos Simoes Pereira, chef de l'opposition, affirme que ce mandat a déjà pris fin le 27 février dernier.
Cette date du 27 février n'est pas anodine, puisque M. Embalo avait prêté serment pour un mandat de cinq ans le 27 février 2020, dans un contexte déjà marqué par des contestations. Comme le rappelle l'AFP, "la communauté internationale a fini par approuver son élection, mais le résultat avait été contesté par son rival M. Pereira."
En plein milieu de cette confusion, le président Embalo a déclaré le 23 février que les élections présidentielle et législatives se tiendraient le 30 novembre 2025, annonçant ainsi un calendrier électoral sans attendre les conclusions de la mission de médiation.
Durant leur séjour d'une semaine, les médiateurs ouest-africains ont rencontré "différents acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la gestion des élections", selon leurs propres dires rapportés par l'AFP. L'objectif était de trouver un terrain d'entente acceptable pour toutes les parties.
Lorsque les médiateurs ont commencé à présenter leur projet d'accord aux différentes parties prenantes, la situation semble avoir dégénéré rapidement. Le président Embalo, qui avait pourtant rencontré la délégation au début de leur mission, se trouvait à l'étranger au moment de l'escalade.
À ce jour, "la présidence bissau-guinéenne n'a pas encore réagi" à cette expulsion de facto, précise l'AFP.
Malgré ce revers diplomatique significatif, la mission de la CEDEAO ne semble pas abandonner ses efforts de médiation. Le communiqué indique que la délégation va "présenter au président de la commission de la CEDEAO (Omar Alieu Touray) son rapport incluant sa proposition d'une feuille de route pour des élections inclusives et pacifiques en 2025".
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Source : https://www.seneplus.com/international/des-mediate...