Cette situation, complexe et chargée d’émotion, met en lumière les défis liés à la gestion foncière, dans un contexte de développement urbain accéléré.
Tout commence en 2013, avec le décret n°2013-1043, qui déclare d’utilité publique l’ensemble du périmètre du Pôle Urbain de Diamniadio. Suivent deux autres décrets : le n°2014-968 du 19 août 2014, qui immatricule au nom de l’État une superficie de 1 644 hectares, et le n°2021-698 du 4 juin 2021, qui valide le Plan d’urbanisme de détail. Selon la DGPU, ces textes ont légalement transféré les terres de Keur Ndiaye Lô dans le domaine privé de l’État, annulant tous les droits antérieurs. Les ayants droit auraient été indemnisés entre 2015 et 2017, selon les déclarations officielles.
Pourtant, les habitants de Keur Ndiaye Lô contestent cette version. Pour eux, ces terres, exploitées depuis des générations pour l’agriculture et le maraîchage, constituent un patrimoine inaliénable. « Ce sont des terres que nous exploitons depuis des décennies. Certains s’investissent dans l’agriculture, d’autres dans le maraîchage. Ces terres nous appartiennent », insiste Youssou Samb, chef du village.
La DGPU, de son côté, justifie son action par la nécessité de réaliser des projets structurants pour le développement économique du Sénégal. Parmi ces projets, figurent une école des douanes, une école de 5 000 élèves en partenariat avec la Fondation Maarif de Turquie, le siège de la Haute Autorité du Waqf, un programme immobilier de 800 logements avec Al Madina et un autre projet de 80 milliards FCfa avec SENEGUINDIA. Ces initiatives, selon la DGPU, sont essentielles pour créer des emplois et impulser une dynamique industrielle et urbaine.
Cependant, les populations locales dénoncent une « spoliation » de leurs terres au profit de promoteurs privés. « La DGPU veut nous enlever plus de 100 hectares qui ont servi de champs à nos grands-parents et parents avant nous. C’est une zone d’extension naturelle du village, et c’est notre droit de l’occuper », martèle El Hadj Youssou Samb.
Dans un communiqué, la DGPU rejette toute responsabilité dans les tensions actuelles. Elle affirme que les constructions illégales sur ces terres, relèvent de la compétence de la Direction Générale de Surveillance des Constructions et de l’Occupation des Sols (DGSCOS) et des autorités locales, notamment le préfet de Rufisque. La DGPU se présente comme un acteur légal, œuvrant uniquement pour la mise en œuvre des projets prévus par l’État.
Le Délégué général, Bara Diouf, est également montré du doigt par certains habitants. Pourtant, la DGPU souligne qu’il n’était pas en poste lors de l’immatriculation des terres en 2014. Connu pour son attachement à la légalité, M. Diouf a initié plusieurs dialogues avec la mairie et les populations, pour trouver des solutions concertées. Un programme de 200 millions FCfa a même été prévu pour financer des projets communautaires à Sangalkam et Keur Ndiaye Lô.
Dans un communiqué publié par sa cellule de communication, la mairie de Sangalkam dément les accusations portées contre le maire Alpha Bocar Khouma. Elle affirme que les terres arrachées aux habitants, ont été attribuées à des promoteurs privés par la DGPU, dénonçant un « déshabillage de Jean pour habiller Paul ». La mairie insiste sur le fait que tous les habitants impactés n’ont pas été indemnisés et que les impenses n’ont pas été totalement payées.
Le maire Khouma, décrit comme un défenseur des droits des populations, privilégie le dialogue et la concertation. Il recommande un audit du pôle urbain de Diamniadio, conformément aux recommandations du Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi qu’une démarche de « Jubbanti » pour corriger les injustices commises sous le régime précédent.
Sur le terrain, la situation reste tendue. Des jeunes ont incendié des pneus sur la route des Niayes, bloquant la circulation pendant plusieurs heures. Les habitants, déterminés à défendre leurs terres, menacent de poursuivre leur combat, même au péril de leur vie. « Nous n’allons jamais accepter cette spoliation, même s’il faut y laisser nos vies », ont-ils lancé.
Alors que les tensions persistent, une question demeure : comment concilier développement urbain et respect des droits fonciers des populations locales ? La réponse pourrait se trouver dans un dialogue approfondi et inclusif, associant toutes les parties prenantes. Une enquête approfondie et un audit indépendant pourraient également permettre de clarifier les responsabilités et de rétablir la confiance.
Cette affaire, loin d’être close, ouvre la voie à des investigations plus poussées, pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à cette situation explosive. Une chose est sûre : l’équilibre entre développement et justice sociale reste un défi majeur pour l’avenir du Sénégal.
Birame Khary Ndaw
Tout commence en 2013, avec le décret n°2013-1043, qui déclare d’utilité publique l’ensemble du périmètre du Pôle Urbain de Diamniadio. Suivent deux autres décrets : le n°2014-968 du 19 août 2014, qui immatricule au nom de l’État une superficie de 1 644 hectares, et le n°2021-698 du 4 juin 2021, qui valide le Plan d’urbanisme de détail. Selon la DGPU, ces textes ont légalement transféré les terres de Keur Ndiaye Lô dans le domaine privé de l’État, annulant tous les droits antérieurs. Les ayants droit auraient été indemnisés entre 2015 et 2017, selon les déclarations officielles.
Pourtant, les habitants de Keur Ndiaye Lô contestent cette version. Pour eux, ces terres, exploitées depuis des générations pour l’agriculture et le maraîchage, constituent un patrimoine inaliénable. « Ce sont des terres que nous exploitons depuis des décennies. Certains s’investissent dans l’agriculture, d’autres dans le maraîchage. Ces terres nous appartiennent », insiste Youssou Samb, chef du village.
La DGPU, de son côté, justifie son action par la nécessité de réaliser des projets structurants pour le développement économique du Sénégal. Parmi ces projets, figurent une école des douanes, une école de 5 000 élèves en partenariat avec la Fondation Maarif de Turquie, le siège de la Haute Autorité du Waqf, un programme immobilier de 800 logements avec Al Madina et un autre projet de 80 milliards FCfa avec SENEGUINDIA. Ces initiatives, selon la DGPU, sont essentielles pour créer des emplois et impulser une dynamique industrielle et urbaine.
Cependant, les populations locales dénoncent une « spoliation » de leurs terres au profit de promoteurs privés. « La DGPU veut nous enlever plus de 100 hectares qui ont servi de champs à nos grands-parents et parents avant nous. C’est une zone d’extension naturelle du village, et c’est notre droit de l’occuper », martèle El Hadj Youssou Samb.
Dans un communiqué, la DGPU rejette toute responsabilité dans les tensions actuelles. Elle affirme que les constructions illégales sur ces terres, relèvent de la compétence de la Direction Générale de Surveillance des Constructions et de l’Occupation des Sols (DGSCOS) et des autorités locales, notamment le préfet de Rufisque. La DGPU se présente comme un acteur légal, œuvrant uniquement pour la mise en œuvre des projets prévus par l’État.
Le Délégué général, Bara Diouf, est également montré du doigt par certains habitants. Pourtant, la DGPU souligne qu’il n’était pas en poste lors de l’immatriculation des terres en 2014. Connu pour son attachement à la légalité, M. Diouf a initié plusieurs dialogues avec la mairie et les populations, pour trouver des solutions concertées. Un programme de 200 millions FCfa a même été prévu pour financer des projets communautaires à Sangalkam et Keur Ndiaye Lô.
Dans un communiqué publié par sa cellule de communication, la mairie de Sangalkam dément les accusations portées contre le maire Alpha Bocar Khouma. Elle affirme que les terres arrachées aux habitants, ont été attribuées à des promoteurs privés par la DGPU, dénonçant un « déshabillage de Jean pour habiller Paul ». La mairie insiste sur le fait que tous les habitants impactés n’ont pas été indemnisés et que les impenses n’ont pas été totalement payées.
Le maire Khouma, décrit comme un défenseur des droits des populations, privilégie le dialogue et la concertation. Il recommande un audit du pôle urbain de Diamniadio, conformément aux recommandations du Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi qu’une démarche de « Jubbanti » pour corriger les injustices commises sous le régime précédent.
Sur le terrain, la situation reste tendue. Des jeunes ont incendié des pneus sur la route des Niayes, bloquant la circulation pendant plusieurs heures. Les habitants, déterminés à défendre leurs terres, menacent de poursuivre leur combat, même au péril de leur vie. « Nous n’allons jamais accepter cette spoliation, même s’il faut y laisser nos vies », ont-ils lancé.
Alors que les tensions persistent, une question demeure : comment concilier développement urbain et respect des droits fonciers des populations locales ? La réponse pourrait se trouver dans un dialogue approfondi et inclusif, associant toutes les parties prenantes. Une enquête approfondie et un audit indépendant pourraient également permettre de clarifier les responsabilités et de rétablir la confiance.
Cette affaire, loin d’être close, ouvre la voie à des investigations plus poussées, pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à cette situation explosive. Une chose est sûre : l’équilibre entre développement et justice sociale reste un défi majeur pour l’avenir du Sénégal.
Birame Khary Ndaw