Bye bye Aminata Tall ! Le verdict des urnes lors des élections locales du 22 mars 2009 a été sans appel pour les libéraux du Baol et de sa principale commune en particulier. En votant pour une équipe nouvelle pour présider aux destinées de Diourbel, les électeurs sanctionnaient négativement la politique de la maire sortante. Celle-ci, consciente de n’avoir pas répondu aux attentes naguère portées en elle, avait dès septembre 2008, lors de la signature du contrat de ville paraphé avec l’Agence de développement municipale (Adm), laissé entendre qu’elle ne serait pas candidate à sa succession. L’annonce avait fait l’effet d’une bombe chez les libéraux dont la plupart avouaient ne pas comprendre l’attitude mystérieuse de Mme Tall.
En réalité, Aminata Tall était plutôt consciente que son passage à la tête de la municipalité avait carrément déçu les populations. D’où sa défaite très nette face à Bennoo Siggil Senegaal après une parenthèse de sept ans. L’édile libérale et ses administrés ont eu des relations très heurtées pendant cette période. Mais, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase a été l’emprisonnement de quinze commerçants en 2004 après l’affaire dite «paiement de la taxe sur la voie publique» appelée communément Odp (Occupation du domaine public).
Pendant son magistère, Aminata Tall s’était attachée les services d’une vingtaine d’agents dont la plupart ne présentaient pas le profil requis pour les emplois auxquels ils avaient été «recrutés» par la mairie. C’est cette affaire qui avait abouti à l’envoi en 2007 d’une mission de l’Inspection générale d’Etat dans la capitale du Baol. L’Ige avait alors pondu plusieurs recommandations dont l’essentiel avait trait au respect des règles relatives aux nominations et recrutements d’employés municipaux. Au cours de leurs investigations, les inspecteurs avaient été sidérés de constater que des secrétaires de direction n’avaient comme diplôme que le Certificat d’études primaires (Cepe) ou le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Pis, Aminata Tall elle-même s’était accommodée d’une secrétaire qui était en même temps professeur de Lettres modernes au lycée d’enseignement général de Diourbel. Cette secrétaire particulière, qui travaillait à mi-temps lors des rares séjours de sa patronne à Diourbel, émargeait naturellement au budget de la municipalité.
Dans son staff, Aminata Tall comptait également un chef de Cabinet en la personne de Sidy Sow. Cet homme, instituteur de profession, avait été détaché uniquement à cet effet et bénéficiait d’une indemnité mensuelle d’environ 100 000 francs Cfa. Ce dérapage dans les recasements de proches avait atteint son pic à une petite semaine des scrutins locaux du 22 mars. La maire toute-puissante avait alors procédé au recrutement du sieur Dame Ndiaye au poste de commis administratif. Il est vrai que cet ancien responsable des Jeunesses socialistes venait de transhumer au Parti démocratique sénégalais.
Cette boulimie d’embauches a favorisé l’inflation d’employés à la municipalité de Diourbel : 121 permanents, 11 contractuels et 30 volontaires du Service de l’hygiène recrutés grâce à un partenariat avec l’Agence des travaux d’intérêt public contre le sous-emploi (Agetip).
Du côté du secrétariat municipal, le maître des lieux refuse de dévoiler les émoluments de ses agents. Tout juste se contente-t-elle de justifier le maintien de ces volontaires. «Nous les avons maintenus pour faire du social. Nous ne voulions pas les laisser partir malgré la fin du projet. C’est pourquoi, nous les avons laissés sur place en les indemnisant à chaque fin de mois.» A quel prix ? Mystère total, mais une réponse nous a été fournie par un volontaire sous couvert de l’anonymat. «Nous sommes exploités. Figurez-vous qu’avec l’Agetip, on nous remettait du lait et des gants en plus de notre rémunération. Actuellement, la mairie ne nous donne que 20 000 francs.»
Ces charges très lourdes grèvent le budget municipal et plombent son fonctionnement. Le budget voté cette année à la somme de 913 millions 279 mille 818 francs Cfa ne sert pour l’essentiel qu’à payer les salaires des employés. Seuls 50 millions de francs sont prévus pour les investissements.
Par ailleurs, l’histoire retiendra que pendant tout un septennat (2002-2009), aucune distribution de parcelles n’a été faite alors que les demandes n’avaient pas manqué. D’un côté, cette retenue peut être considérée comme positive au regard de ce qui se passe généralement dans les Collectivités locales. En revanche, la gestion municipale de l’édile sortante de la capitale du Baol a été marquée par une spéculation foncière très prononcée. En effet, pour la première fois dans l’histoire des Collectivités locales, on demandait aux populations d’aller «payer directement à la perception municipale 25 000 f pour acquérir une parcelle» au moment où les sollicitations étaient en souffrance dans les tiroirs de l’institution depuis plus de 4 ans. Cette situation avait provoqué la mise en place d’un collectif de conseillers municipaux sur la gestion administrative et financière de la mairie dirigé par Bathie Mbaye, un conseiller libéral proche de l’ancienne ministre d’Etat à la présidence de la République. Ce collectif s’insurgeait contre les dérives de l’équipe municipale qui n’existait plus que de nom car «sur les 9 adjoints, seuls trois poursuivaient encore le compagnonnage avec le maire». Sur cette spéculation foncière, le nouveau maire Me Jacques Baudin a sorti, le 16 avril dernier, un arrêté pour indiquer que : «Les arrêtés municipaux portant autorisation d’occupation du domaine public qui n’ont pas connu un début ou qui sont en cours d’exécution sont suspendus.»
L’évasion des recettes municipales est aussi une tare à Diourbel comme le déplore Me Baudin. «Des collecteurs utilisent le système de bénévolat et prennent des cousins ou des jeunes du quartier à qui ils donnent de l’argent. Il y en a, semble-t-il, certains qui ont deux carnets : un pour leur poche, un pour la réception. Le même système a cours au niveau de la gare routière. Au niveau du foirail, il n’y a pas longtemps, on avait la possibilité de mobiliser comme taxes perçues 100 000 francs chaque jeudi (jour du marché hebdomadaire, Ndlr) ; aujourd’hui, on en est à 30 000 francs.» Ces manquements dans le captage de recettes municipales ont rendu nécessaire «un audit du personnel et des finances (qui) a débuté depuis jeudi dernier, histoire d’y voir plus clair dans les gestions de la délégation spéciale et dans celle de Aminata Tall».
En tant qu’ancienne ministre de la Décentralisation, Aminata Tall devait être le meilleur avocat de la politique locale, estime-t-on généralement dans la capitale du Baol. Mais malheureusement, «elle aura été sa plus grande pourfendeuse». En attestent les nominations auxquelles elle a procédées. En 7 ans, elle aura nommé quatre secrétaires municipaux dont le dernier a été Amet Dieng. Celui-ci était un agent municipal bombardé directeur de Cabinet de la maire. A l’origine, il devait assurer les fonctions de secrétaire municipal après les Législatives de juin 2007 en remplacement de Serigne Mbacké Diop. Depuis il est toujours en place même s’il n’a pas le profil requis pour assumer de telles responsabilités. Le Code des collectivités locales dispose en effet que «le secrétaire municipal d’une commune capitale de région doit être un fonctionnaire de la hiérarchie A ou assimilé». Mais, en dépit du refus du préfet de Diourbel d’avaliser ce choix, Mme Tall, dont la ligne de défense était que M. Dieng n’était là qu’à titre provisoire, l’a quand même maintenu au poste pendant plus de deux ans.
En outre, pour la première fois sans doute dans l’histoire de la décentralisation, un commissaire de Police, Alassane Samb, a occupé les mêmes fonctions de secrétaire municipal à la mairie de Diourbel.
Au plan de la coopération décentralisée, Diourbel était l’une des rares communes dirigée à l’époque par un maire également ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales à n’avoir pas de partenaires étrangers. Pendant sept ans, l’équipe municipale n’a pas été capable d’élaborer un plan d’investissement communal, l’outil stratégique réclamé par tous les bailleurs de fonds qui souhaitent investir dans une Collectivité locale. Les 15 milliards de francs du programme Spécial Indépendance 2007 sur lesquels elle comptait pour transformer radicalement le visage d’une commune très laide à travers l’émergence d’infrastructures modernes n’ont jamais atterri là où il fallait qu’ils atterrissent. Quant aux Diourbellois, ils se souviendront longtemps encore de son passage à la tête de la municipalité où elle aura laissé des dettes chiffrées à plusieurs millions de francs.
Réalisations
Tout n’a pas été noir dans l’action de Aminata Tall. Grâce à elle, la commune a pu bénéficier d’un important programme d’assainissement financé à hauteur de 12 milliards par la Banque ouest africaine de développement (Boad). C’est aussi sous son magistère que l’état civil de la municipalité a été informatisé et le patrimoine immobilier de la commune augmenté grâce au don fait par le Président Abdoulaye Wade le 1er aout 2003 concernant l’hôtel baobab. Dans le cadre du partenariat avec l’organisation non-gouvernementale Chênes et Baobabs, le district sanitaire a pu disposer d’une ambulance médicalisée et d’un centre hospitalier régional, de matériels médicaux d’une grande valeur. En outre, deux postes de santé érigés dans les quartiers Ndayane et Sessène sont à mettre à l’actif de madame le Maire.
Le Quotidien
En réalité, Aminata Tall était plutôt consciente que son passage à la tête de la municipalité avait carrément déçu les populations. D’où sa défaite très nette face à Bennoo Siggil Senegaal après une parenthèse de sept ans. L’édile libérale et ses administrés ont eu des relations très heurtées pendant cette période. Mais, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase a été l’emprisonnement de quinze commerçants en 2004 après l’affaire dite «paiement de la taxe sur la voie publique» appelée communément Odp (Occupation du domaine public).
Pendant son magistère, Aminata Tall s’était attachée les services d’une vingtaine d’agents dont la plupart ne présentaient pas le profil requis pour les emplois auxquels ils avaient été «recrutés» par la mairie. C’est cette affaire qui avait abouti à l’envoi en 2007 d’une mission de l’Inspection générale d’Etat dans la capitale du Baol. L’Ige avait alors pondu plusieurs recommandations dont l’essentiel avait trait au respect des règles relatives aux nominations et recrutements d’employés municipaux. Au cours de leurs investigations, les inspecteurs avaient été sidérés de constater que des secrétaires de direction n’avaient comme diplôme que le Certificat d’études primaires (Cepe) ou le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Pis, Aminata Tall elle-même s’était accommodée d’une secrétaire qui était en même temps professeur de Lettres modernes au lycée d’enseignement général de Diourbel. Cette secrétaire particulière, qui travaillait à mi-temps lors des rares séjours de sa patronne à Diourbel, émargeait naturellement au budget de la municipalité.
Dans son staff, Aminata Tall comptait également un chef de Cabinet en la personne de Sidy Sow. Cet homme, instituteur de profession, avait été détaché uniquement à cet effet et bénéficiait d’une indemnité mensuelle d’environ 100 000 francs Cfa. Ce dérapage dans les recasements de proches avait atteint son pic à une petite semaine des scrutins locaux du 22 mars. La maire toute-puissante avait alors procédé au recrutement du sieur Dame Ndiaye au poste de commis administratif. Il est vrai que cet ancien responsable des Jeunesses socialistes venait de transhumer au Parti démocratique sénégalais.
Cette boulimie d’embauches a favorisé l’inflation d’employés à la municipalité de Diourbel : 121 permanents, 11 contractuels et 30 volontaires du Service de l’hygiène recrutés grâce à un partenariat avec l’Agence des travaux d’intérêt public contre le sous-emploi (Agetip).
Du côté du secrétariat municipal, le maître des lieux refuse de dévoiler les émoluments de ses agents. Tout juste se contente-t-elle de justifier le maintien de ces volontaires. «Nous les avons maintenus pour faire du social. Nous ne voulions pas les laisser partir malgré la fin du projet. C’est pourquoi, nous les avons laissés sur place en les indemnisant à chaque fin de mois.» A quel prix ? Mystère total, mais une réponse nous a été fournie par un volontaire sous couvert de l’anonymat. «Nous sommes exploités. Figurez-vous qu’avec l’Agetip, on nous remettait du lait et des gants en plus de notre rémunération. Actuellement, la mairie ne nous donne que 20 000 francs.»
Ces charges très lourdes grèvent le budget municipal et plombent son fonctionnement. Le budget voté cette année à la somme de 913 millions 279 mille 818 francs Cfa ne sert pour l’essentiel qu’à payer les salaires des employés. Seuls 50 millions de francs sont prévus pour les investissements.
Par ailleurs, l’histoire retiendra que pendant tout un septennat (2002-2009), aucune distribution de parcelles n’a été faite alors que les demandes n’avaient pas manqué. D’un côté, cette retenue peut être considérée comme positive au regard de ce qui se passe généralement dans les Collectivités locales. En revanche, la gestion municipale de l’édile sortante de la capitale du Baol a été marquée par une spéculation foncière très prononcée. En effet, pour la première fois dans l’histoire des Collectivités locales, on demandait aux populations d’aller «payer directement à la perception municipale 25 000 f pour acquérir une parcelle» au moment où les sollicitations étaient en souffrance dans les tiroirs de l’institution depuis plus de 4 ans. Cette situation avait provoqué la mise en place d’un collectif de conseillers municipaux sur la gestion administrative et financière de la mairie dirigé par Bathie Mbaye, un conseiller libéral proche de l’ancienne ministre d’Etat à la présidence de la République. Ce collectif s’insurgeait contre les dérives de l’équipe municipale qui n’existait plus que de nom car «sur les 9 adjoints, seuls trois poursuivaient encore le compagnonnage avec le maire». Sur cette spéculation foncière, le nouveau maire Me Jacques Baudin a sorti, le 16 avril dernier, un arrêté pour indiquer que : «Les arrêtés municipaux portant autorisation d’occupation du domaine public qui n’ont pas connu un début ou qui sont en cours d’exécution sont suspendus.»
L’évasion des recettes municipales est aussi une tare à Diourbel comme le déplore Me Baudin. «Des collecteurs utilisent le système de bénévolat et prennent des cousins ou des jeunes du quartier à qui ils donnent de l’argent. Il y en a, semble-t-il, certains qui ont deux carnets : un pour leur poche, un pour la réception. Le même système a cours au niveau de la gare routière. Au niveau du foirail, il n’y a pas longtemps, on avait la possibilité de mobiliser comme taxes perçues 100 000 francs chaque jeudi (jour du marché hebdomadaire, Ndlr) ; aujourd’hui, on en est à 30 000 francs.» Ces manquements dans le captage de recettes municipales ont rendu nécessaire «un audit du personnel et des finances (qui) a débuté depuis jeudi dernier, histoire d’y voir plus clair dans les gestions de la délégation spéciale et dans celle de Aminata Tall».
En tant qu’ancienne ministre de la Décentralisation, Aminata Tall devait être le meilleur avocat de la politique locale, estime-t-on généralement dans la capitale du Baol. Mais malheureusement, «elle aura été sa plus grande pourfendeuse». En attestent les nominations auxquelles elle a procédées. En 7 ans, elle aura nommé quatre secrétaires municipaux dont le dernier a été Amet Dieng. Celui-ci était un agent municipal bombardé directeur de Cabinet de la maire. A l’origine, il devait assurer les fonctions de secrétaire municipal après les Législatives de juin 2007 en remplacement de Serigne Mbacké Diop. Depuis il est toujours en place même s’il n’a pas le profil requis pour assumer de telles responsabilités. Le Code des collectivités locales dispose en effet que «le secrétaire municipal d’une commune capitale de région doit être un fonctionnaire de la hiérarchie A ou assimilé». Mais, en dépit du refus du préfet de Diourbel d’avaliser ce choix, Mme Tall, dont la ligne de défense était que M. Dieng n’était là qu’à titre provisoire, l’a quand même maintenu au poste pendant plus de deux ans.
En outre, pour la première fois sans doute dans l’histoire de la décentralisation, un commissaire de Police, Alassane Samb, a occupé les mêmes fonctions de secrétaire municipal à la mairie de Diourbel.
Au plan de la coopération décentralisée, Diourbel était l’une des rares communes dirigée à l’époque par un maire également ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales à n’avoir pas de partenaires étrangers. Pendant sept ans, l’équipe municipale n’a pas été capable d’élaborer un plan d’investissement communal, l’outil stratégique réclamé par tous les bailleurs de fonds qui souhaitent investir dans une Collectivité locale. Les 15 milliards de francs du programme Spécial Indépendance 2007 sur lesquels elle comptait pour transformer radicalement le visage d’une commune très laide à travers l’émergence d’infrastructures modernes n’ont jamais atterri là où il fallait qu’ils atterrissent. Quant aux Diourbellois, ils se souviendront longtemps encore de son passage à la tête de la municipalité où elle aura laissé des dettes chiffrées à plusieurs millions de francs.
Réalisations
Tout n’a pas été noir dans l’action de Aminata Tall. Grâce à elle, la commune a pu bénéficier d’un important programme d’assainissement financé à hauteur de 12 milliards par la Banque ouest africaine de développement (Boad). C’est aussi sous son magistère que l’état civil de la municipalité a été informatisé et le patrimoine immobilier de la commune augmenté grâce au don fait par le Président Abdoulaye Wade le 1er aout 2003 concernant l’hôtel baobab. Dans le cadre du partenariat avec l’organisation non-gouvernementale Chênes et Baobabs, le district sanitaire a pu disposer d’une ambulance médicalisée et d’un centre hospitalier régional, de matériels médicaux d’une grande valeur. En outre, deux postes de santé érigés dans les quartiers Ndayane et Sessène sont à mettre à l’actif de madame le Maire.
Le Quotidien