Voitures calcinées, édifices publics incendiés, pneus et poubelles brûlés, troncs d'arbres jonchant les principales rues et avenues : La paisible Dakar a été ravagée jeudi par de scènes d'émeutes d'une rare violence qui ont rappelé aux Sénégalais les années de lutte entre le président actuel, Abdoulaye Wade, alors dans l'opposition, et son prédécesseur Abdou Diouf.
Des milliers de jeunes désœuvrés, venant la plupart des banlieues pauvres de la capitale, durement touchés par le chômage et les longues coupures d'électricité, se sont donnés rendez-vous aux premières heures de la journée devant le siège du Parlement où les députés examinaient en procédure d'urgence le projet de loi instituant l'élection simultanée du président et du vice-président.
L'opposition et le mouvement "Y en a marre", né dans le sillage des révoltes dans le monde arabe, mobilisent depuis une semaine contre ce projet qui prévoit la possibilité d'élire le ticket présidentiel, dès le premier tour, avec seulement 25% des suffrages exprimés.
Les détracteurs du texte soupçonnent aussi le président Wade, 85 ans, de vouloir choisir son fils Karim, promu ministre d'Etat, pour occuper ce poste de vice-président avant de lui transmettre le pouvoir.
En quelques heures, la place Soweto, jouxtant le parlement, s'est noircie de monde.
En face, des centaines de policiers anti-émeutes, sous-équipés, contemplaient cette marée humaine. L'ambiance est trop chargée.
Commença alors une longue journée d'affrontements et de course-poursuites entre forces de l'ordre et manifestants.
Les pierres vont pleuvoir sur le siège du Parlement, où les députés du parti démocratique sénégalais (PDS) ont entamé leur plaidoyer en faveur du texte. Majoritaires, ils sont sûrs de le faire adopter sans coup férir.
Des vitres sont cassées. Un gendarme en faction devant l'hémicycle, est grièvement blessé, gisant au sol.
Les bombes lacrymogènes résonnent et les canons à eau arrosent la foule.
A quelques encablures de là, l'avenue Lamine Guye est fermée à la circulation.
Plusieurs pneus sont en flammes et des jeunes érigent des barricades de fortune, alors que d'autres sont en train d'incendier un véhicule administratif.
Le ministère des Mines subit aussi la furie des jeunes en colère qui mettent le feu à un 4X4 flambant neuf.
Les résidences de plusieurs figures de proue du pouvoir ne sont pas épargnées. Les bureaux et commerces ont été fermés et les rues désertées de leurs piétons et véhicules.
Devant l'ampleur des affrontements, la fronde s'installe dans les rangs du parti au pouvoir dont plusieurs députés menacent de voter contre le projet.
Les manifestants engrangent un premier succès.
Vers midi, le gouvernement fait marche arrière et le ministre de la Justice annonce devant les députés le retrait de la disposition la plus décriée du texte, à savoir la possibilité d'élire le président et le vice-président avec seulement 25 pc des suffrages exprimés, et le maintien de la notion de la majorité absolue.
Insuffisant, répondent les jeunes manifestants qui réclament le retrait pur et simple de tout le projet.
Les violences continuent et les émeutes gagnent plusieurs quartiers de Dakar. Cela ressemblait par endroits à des scènes de guerre. Les policiers sont débordés.
D'épaisses colonnes de fumées s'échappent de plusieurs bâtiments administratifs et symboles du pouvoir et du parti présidentiel dont plusieurs dépendances ont été saccagées.
Le siège de la télévision sénégalaise (RTS), accusée d'impartialité par l'opposition, a été violemment attaqué à coup de pierres par les jeunes qui voulaient investir les lieux avant d'être repoussés par la police.
La contestation gagne plusieurs villes de l'intérieur du pays comme à Thiès, Louga, Djourbel, où plusieurs figures du pouvoir ont rejoint les manifestants, et à Kaolack.
Vers 16h00, le gouvernement cède à la pression à la rue et annonce le retrait du projet de la réforme de la Constitution "pour préserver la paix sociale".
"Le président a reçu des messages de partout et singulièrement, de nos chefs religieux, et c'est fort de cela qu'il m'a demandé de retirer ce projet de loi", a déclaré aux députés le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy.
Peu après cette annonce, le calme commence à s'installer progressivement dans les rues de Dakar, en dépit de quelques échauffourées sporadiques.
"Nous avons toujours été un exemple de paix en Afrique de l'Ouest. On n'avait pas besoin de ça", crie un jeune manifestant, qui s'apprête à rentrer à la maison après avoir obtenu gain de cause.
La police, qui a annoncé la libération de toutes les personnes interpelées, a démenti les informations faisant état de la mort d'hommes durant les manifestations qui auraient toutefois fait plus d'une centaine de blessés selon les médias.
Les services de la mairie de Dakar ont passé une bonne partie de la nuit à ramasser les tonnes d'ordures déversées et les débris de vitres cassées, mais les rues portaient encore vendredi matin les séquelles des violences de la veille.
MAP
Des milliers de jeunes désœuvrés, venant la plupart des banlieues pauvres de la capitale, durement touchés par le chômage et les longues coupures d'électricité, se sont donnés rendez-vous aux premières heures de la journée devant le siège du Parlement où les députés examinaient en procédure d'urgence le projet de loi instituant l'élection simultanée du président et du vice-président.
L'opposition et le mouvement "Y en a marre", né dans le sillage des révoltes dans le monde arabe, mobilisent depuis une semaine contre ce projet qui prévoit la possibilité d'élire le ticket présidentiel, dès le premier tour, avec seulement 25% des suffrages exprimés.
Les détracteurs du texte soupçonnent aussi le président Wade, 85 ans, de vouloir choisir son fils Karim, promu ministre d'Etat, pour occuper ce poste de vice-président avant de lui transmettre le pouvoir.
En quelques heures, la place Soweto, jouxtant le parlement, s'est noircie de monde.
En face, des centaines de policiers anti-émeutes, sous-équipés, contemplaient cette marée humaine. L'ambiance est trop chargée.
Commença alors une longue journée d'affrontements et de course-poursuites entre forces de l'ordre et manifestants.
Les pierres vont pleuvoir sur le siège du Parlement, où les députés du parti démocratique sénégalais (PDS) ont entamé leur plaidoyer en faveur du texte. Majoritaires, ils sont sûrs de le faire adopter sans coup férir.
Des vitres sont cassées. Un gendarme en faction devant l'hémicycle, est grièvement blessé, gisant au sol.
Les bombes lacrymogènes résonnent et les canons à eau arrosent la foule.
A quelques encablures de là, l'avenue Lamine Guye est fermée à la circulation.
Plusieurs pneus sont en flammes et des jeunes érigent des barricades de fortune, alors que d'autres sont en train d'incendier un véhicule administratif.
Le ministère des Mines subit aussi la furie des jeunes en colère qui mettent le feu à un 4X4 flambant neuf.
Les résidences de plusieurs figures de proue du pouvoir ne sont pas épargnées. Les bureaux et commerces ont été fermés et les rues désertées de leurs piétons et véhicules.
Devant l'ampleur des affrontements, la fronde s'installe dans les rangs du parti au pouvoir dont plusieurs députés menacent de voter contre le projet.
Les manifestants engrangent un premier succès.
Vers midi, le gouvernement fait marche arrière et le ministre de la Justice annonce devant les députés le retrait de la disposition la plus décriée du texte, à savoir la possibilité d'élire le président et le vice-président avec seulement 25 pc des suffrages exprimés, et le maintien de la notion de la majorité absolue.
Insuffisant, répondent les jeunes manifestants qui réclament le retrait pur et simple de tout le projet.
Les violences continuent et les émeutes gagnent plusieurs quartiers de Dakar. Cela ressemblait par endroits à des scènes de guerre. Les policiers sont débordés.
D'épaisses colonnes de fumées s'échappent de plusieurs bâtiments administratifs et symboles du pouvoir et du parti présidentiel dont plusieurs dépendances ont été saccagées.
Le siège de la télévision sénégalaise (RTS), accusée d'impartialité par l'opposition, a été violemment attaqué à coup de pierres par les jeunes qui voulaient investir les lieux avant d'être repoussés par la police.
La contestation gagne plusieurs villes de l'intérieur du pays comme à Thiès, Louga, Djourbel, où plusieurs figures du pouvoir ont rejoint les manifestants, et à Kaolack.
Vers 16h00, le gouvernement cède à la pression à la rue et annonce le retrait du projet de la réforme de la Constitution "pour préserver la paix sociale".
"Le président a reçu des messages de partout et singulièrement, de nos chefs religieux, et c'est fort de cela qu'il m'a demandé de retirer ce projet de loi", a déclaré aux députés le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy.
Peu après cette annonce, le calme commence à s'installer progressivement dans les rues de Dakar, en dépit de quelques échauffourées sporadiques.
"Nous avons toujours été un exemple de paix en Afrique de l'Ouest. On n'avait pas besoin de ça", crie un jeune manifestant, qui s'apprête à rentrer à la maison après avoir obtenu gain de cause.
La police, qui a annoncé la libération de toutes les personnes interpelées, a démenti les informations faisant état de la mort d'hommes durant les manifestations qui auraient toutefois fait plus d'une centaine de blessés selon les médias.
Les services de la mairie de Dakar ont passé une bonne partie de la nuit à ramasser les tonnes d'ordures déversées et les débris de vitres cassées, mais les rues portaient encore vendredi matin les séquelles des violences de la veille.
MAP