Des femmes en tailleur tapotent sur leur ordinateur portable, l’air sévère et pénétrées de leur importance de fonctionnaires onusiennes en mission. Ruisselant de sueur, je vois bien que je ne fais pas trop couleur locale. Mais les vigiles me laissent passer. Comme si la blancheur de ma peau servait de viatique.
Je décide que j’ai, moi aussi, droit à la vue sur la grande bleue. Je m’accoude de longues minutes aux balustrades du restaurant panoramique. L’océan me rafraîchit, m’apaise. Avant que je me décide à repartir. Presque à regret. L’opulence a aussi de bons côtés. Mais il faut se résoudre à quitter les lieux. Viendra forcément le moment fatidique où un employé zélé va se demander ce que je fais ici. M’inviter à mettre la main au portefeuille. Au cas où, j’ai déjà inventé mon numéro de chambre. 212, celui que je donne habituellement aux empêcheurs de courir en rond. Mais personne ne me demande rien.
Au Radisson, les chambres les moins chères valent 160 000 francs CFA (environ 200 euros). L’équivalent du salaire mensuel d’un enseignant du secondaire. Je reprends la route. Un peu plus loin sur la Corniche, nous tombons nez à nez sur un concurrent du Radisson. Une nuit dans la suite présidentielle coûte un demi million de francs CFA (près de 800 euros).
Il est temps de revenir aux réalités des autres Sénégalais. Je traverse
la Médina, le quartier populaire où a grandi le chanteur Youssou N’dour. Nous retrouvons l’autre visage du pays. Les routes jonchées de nids de poules. La poussière. Les embouteillages monstres à toute heure du jour et parfois de la nuit. Les coups de klaxon permanents. Les gaz d’échappement, les fumées noires de cars à l’agonie. Les petits commerces en bois qui envahissent les trottoirs. Les mendiants, les handicapés et les talibés qui font sans cesse appel à la générosité des passants. Les petits vendeurs des rues, les « bana bana » qui courent après les belles de Dakar et leur proposant des prix « défiant toute concurrence ».
Enfin, nous arrivons place de l’Indépendance, le cœur de la ville, dans le Plateau, le quartier administratif. A deux pas de la Présidence, des ambassades et des ministères. Un Plateau où bien des routes sont, elles aussi, en piteux état. Un cœur de ville miséreux. Comme si les plus aisés ne se souciaient plus guère du cœur vibrant de la ville. Depuis qu’ils ont trouvé refuge sur la corniche. Leur étrange paradis artificiel, tourné vers le grand large et ses promesses.
le monde
Je décide que j’ai, moi aussi, droit à la vue sur la grande bleue. Je m’accoude de longues minutes aux balustrades du restaurant panoramique. L’océan me rafraîchit, m’apaise. Avant que je me décide à repartir. Presque à regret. L’opulence a aussi de bons côtés. Mais il faut se résoudre à quitter les lieux. Viendra forcément le moment fatidique où un employé zélé va se demander ce que je fais ici. M’inviter à mettre la main au portefeuille. Au cas où, j’ai déjà inventé mon numéro de chambre. 212, celui que je donne habituellement aux empêcheurs de courir en rond. Mais personne ne me demande rien.
Au Radisson, les chambres les moins chères valent 160 000 francs CFA (environ 200 euros). L’équivalent du salaire mensuel d’un enseignant du secondaire. Je reprends la route. Un peu plus loin sur la Corniche, nous tombons nez à nez sur un concurrent du Radisson. Une nuit dans la suite présidentielle coûte un demi million de francs CFA (près de 800 euros).
Il est temps de revenir aux réalités des autres Sénégalais. Je traverse
la Médina, le quartier populaire où a grandi le chanteur Youssou N’dour. Nous retrouvons l’autre visage du pays. Les routes jonchées de nids de poules. La poussière. Les embouteillages monstres à toute heure du jour et parfois de la nuit. Les coups de klaxon permanents. Les gaz d’échappement, les fumées noires de cars à l’agonie. Les petits commerces en bois qui envahissent les trottoirs. Les mendiants, les handicapés et les talibés qui font sans cesse appel à la générosité des passants. Les petits vendeurs des rues, les « bana bana » qui courent après les belles de Dakar et leur proposant des prix « défiant toute concurrence ».
Enfin, nous arrivons place de l’Indépendance, le cœur de la ville, dans le Plateau, le quartier administratif. A deux pas de la Présidence, des ambassades et des ministères. Un Plateau où bien des routes sont, elles aussi, en piteux état. Un cœur de ville miséreux. Comme si les plus aisés ne se souciaient plus guère du cœur vibrant de la ville. Depuis qu’ils ont trouvé refuge sur la corniche. Leur étrange paradis artificiel, tourné vers le grand large et ses promesses.
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