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Dakar en été : Vie au ralenti, flâneries et loisirs

Peu de Sénégalais ont l’occasion de passer leurs vacances d’été hors du pays. Mis à part ceux qui retournent dans leurs régions, beaucoup de gens ne bougent pas de Dakar. La raison est parfois le manque de moyens ou d’occasion, ou simplement parce que ces personnes n’ont pas l’habitude de « voyager » durant cette période. Tableau d’une journée à travers la ville


Rédigé par leral.net le Vendredi 22 Août 2008 à 15:57 | | 0 commentaire(s)|

L’été est la saison des événements sportifs, des bals, des concerts, des festivals et autres manifestations culturelles. Les murs et les abribus sont chargés d’affiches. Des groupes de gens reviennent de la plage tous les soirs. On entend, jusqu’à tard dans la nuit, les rires de ceux qui se retrouvent pour boire du thé et le jour, les jeunes filles déambulent dans les rues en tenue estivales.

Une jeune femme un peu trop habillée, descend du bus après une journée de travail. Sur le trottoir d’en face, deux domestiques promènent les enfants de leurs employeurs à travers les rues ensablées de la banlieue dakaroise, évitant de justesse les gosses qui jouent au ballon, courant dans tous les sens et bousculant les passants inattentifs. Le mois d’août est déjà bien entamé, on est en plein été. Des jeunes hommes désœuvrés observent du coin de l’œil les passants, assis sur des chaises en plastique, devant une théière fumante.

Malan Mané habite aux Parcelles Assainies chez sa tante. Nous l’avons croisé du côté de la cité universitaire.

En vacances depuis deux semaines à peine, il a l’intention de trouver un job d’été pour meubler son temps libre. De taille moyenne, mince et la voix bégayante, il s’exprime avec peine. « J’ai proposé mes services un peu partout, sans succès. Pour l’instant, je m’occupe de ma petite cousine, je me promène et je lis un peu... De plus, je suis du genre casanier, donc je ne sors pas la nuit pour aller danser ou passer des nuits blanches chez mes voisins ». Des femmes d’âge mûr tiennent leur commerce de beignets, de fruits et de cacahuètes, non loin, entourés de leurs enfants. La mosquée du quartier sert de lieu de ralliement des fidèles. Ils parlent religion et refont sans cesse le monde. Un peu plus loin, des enfants en bas âge, dans les bras de leurs aînés, sommeillent tranquillement sous la lumière dorée d’un après midi vieillissant.

Un avis généralement bien partagé par les différents interlocuteurs que nous avons rencontrés, montre que les occupations des Dakarois les plus courantes sont les emplois d’été, le « bachotage » (révisions des programmes étudiés durant l’année ), le sport, la détente et la lecture.

Papa Malé Fall, 30 ans, est inscrit à la faculté de sciences et technique de l’université de Dakar (la FST) en année de DEA énergie solaire. Cet homme souriant, qui sent le savon, est vêtu d’un simple t-shirt vert bouteille et d’un pantalon à pinces kaki. Il porte des mocassins « sebago » avachies. Une montre à large bracelet métallique, enserre son poignet gauche. Durant l’année scolaire, Papa Malé donne des cours de mathématiques, de physique et de chimie dans un lycée de Dakar. Pendant les vacances, il est libre de ses obligations d’enseignant et se consacre à ses recherches : « Normalement, je quitte mon domicile de Rufisque assez tôt, vers 7heures, pour pouvoir profiter au maximum du labo de la faculté. Il m’arrive quelque fois de m’offrir un peu plus de sommeil et de rester tout simplement à la maison, puisque ce sont les vacances... Quoi qu’il en soit, je suis à Dakar vers 15 heures parce que je prends des cours du soir en télécommunication.

Dans les rues de la Médina

Fatou Diouf est quant à elle, un bourreau du travail. Non seulement son stage d’études d’une durée d’un mois a été prolongé d’une semaine, mais elle compte en faire un autre, dès le début du mois de septembre. « J’ai intégré une grande école et j’ai conscience des lacunes qu’il me reste à combler », explique t- elle. « Je veux pouvoir répondre aux attentes de mes professeurs. De toutes façons, je n’ai jamais aimé rester oisive, à la maison. L’année dernière, je prenais des cours d’anglais dans un institut spécialisé, je compte m’y remettre si j’en ai le temps ». Loin de cette ambiance studieuse, un attroupement se forme autour d’un batteur de tam-tam dans les rues de la Médina. Les jeunes filles pimpantes qui se dandinaient lentement un peu plus tôt, accourent en gloussant, le bruit de chaussures écorchent le pavé. Chassée par un vent fort, une nuée de poussière monte des vieux quartiers de Dakar. Trois hommes d’une quarantaine d’années, traversent la rue. Leurs longues enjambées agitent leurs boubous bien amidonnés. Ils marchent vite et rient très fort. Un vieillard assis à l’arrêt de bus, fait tourner sa canne de bois entre ses mains. Assise à sa droite, une femme rajuste la position du bébé attaché sur son dos à l’aide de grands pagnes.

Des moutons, des poulets et des chèvres prennent le soleil sur le trottoir d’en face. Prés du canal, une végétation éphémère et humide ondule dans le vent, il s’agit des mauvaises herbes nées de l’hivernage. Installés sur le trottoir, à quelques mètres de là, des commerçants somnolent dans l’attente d’un client. Ils jettent un coup d’œil sur les jeunes filles bavardes qui passent devant leurs étals de marchandises. Une fille voilée traverse la rue, l’air réservé. Les étals au bord de la route sont couverts de suie noire et chargés de pacotille poussiéreuse. Deux Cyclistes en tenues de sport filent à toute allure sur leurs vélos.

C’est le tableau d’une journée de vacances typiques à Dakar. Des milliers de petites choses s’y passent sans que rien ne se passe vraiment. Ce ne sont que les respirations lentes d’une vieille ville cosmopolite et accueillante.

Reportage de Sophiane BenjelouN (Stagiaire

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