Dans les coulisses du mannequinat: Kéwé Mar : «J’avais la rage de réussir, je voulais prouver à mes parents que je pouvais y arriver, je suis une tigresse et je sais me battre»

Au début, ce fut un rêve de gamine, une passion pour la jeune sénégalaise dont la sveltesse a séduit l’un des plus grands couturiers du monde, Yves Saint-Laurent, l’homme aux ciseaux d’or qui n’a pas hésité à propulser Kéwé Mar sur le devant de la scène. Une scène qu’elle n’a jamais quittée depuis lors : de Christian Dior à Thierry Mugler en passant par Christian Lacroix, Azzedine Allaia, entre autres marques prestigieuses qu’elle présentera à travers le monde. « J’avais la rage de réussir, je voulais prouver à mes parents que je pouvais y arriver »

Une histoire d’amour qui a commencé le jour où Kéwé regarde un documentaire d’Yves Saint-Laurent, ce qui provoqua chez elle une prise de conscience sur ce qu’est le métier de mannequin et de créateur, et tout l’investissement que cela demande. Beaucoup d’appréhension au départ, mais Kéwé Mar s’estime à la hauteur, capable de relever le défi, et de satisfaire aux exigences que requiert le monde de la haute couture. « J’ai tout de suite compris que c’était tout sauf de la rigolade. J’avais la rage de réussir, je voulais prouver à mes parents que je pouvais y arriver», se rappelle la Sénégalaise, dont la mère fut une « passionnée de mode ». Le futur mannequin de l’agence Essencia Models défilera d’abord sur les podiums dakarois, pour Collé Ardo, Oumou Sy, en même temps qu’elle dévorait les magazines de mode. Des models auxquels elle voulait ressembler, ou les détrôner même. Claudia Schiffer, Naomi Campbell, entre autres précurseurs qui inspireront la jeune Kéwé. Qui sait où elle veut aller, comment y arriver, et les moyens à mettre en œuvre.
La petite expérience sénégalaise se consolide au Niger, puis en Côte d’ivoire lorsqu’elle est sollicitée par le couturier nigérien Alphadi pour les besoins du Fima, le festival international de la mode Africaine. Le Fima donnera à la carrière du mannequin débutant, une dimension sous-régionale, voire continentale.

Khady Dia Sy, très connue dans le milieu, « a beaucoup cru en moi », dit-elle en toute reconnaissance de celle qui a été parmi ceux qui ont guidé ses premiers pas dans un milieu où seule la ténacité, la rage de réussir, et l’abnégation feront la différence, surtout lorsqu’on est Africaine, aspirant à se faire un nom sur le plan international. Car il ne s’agit pas seulement d’être belle et svelte, mais de savoir s’approprier les podiums, un travail de longue haleine auquel Kéwé Mar n’a jamais dérogé. Elle se rappelle encore sa première venue en France. « Sur place à Paris, j’ai passé des coups de fil, j’ai été reçue dans certaines agences. L’une d’entre elles était intéressée par ce que je faisais », se souvient celle qui plus tard séduira le styliste et couturier Azzedine Alaia, qui à son tour, lui apprendra le métier. Mais de toutes ses rencontres, celle avec le grand couturier aura le plus marqué la jeune Kéwé. « Yves Saint-Laurent, « le plus grand créateur au monde, a beaucoup fait pour valoriser la femme noire sur la scène internationale. C’est au Fima que je l’ai rencontré alors que je défilais pour Alphadi. »
Mais c’est par le biais de Nicole Dorier, très proche du couturier, que se fera l’arrivée de Kéwé dans les ateliers de Saint-Laurent. « Il adore les filles comme toi, m’a soufflé Nicole Dorier », qui au début a parié sur les talents de la Sénégalaise, devenue une proche et nostalgique de Saint-Laurent. « J’ai cumulé beaucoup d’expérience avant d’arriver en Europe », confie Kéwé Mar qui garde une image très positive de cette période qu’elle aura passée sous le feu des projecteurs aux côtés du grand maître couturier dont la santé n’était pas des meilleures. « Il adorait le chocolat ; à Noël, je pense à lui, aux cadeaux qu’il m’offrait. » Mieux, l’aspect humain du créateur l’aura séduite le plus : « il prenait des nouvelles, de mes parents, à chaque fois que je revenais du Sénégal », confie le mannequin talentueux qui ne tardera pas à révéler au public une autre facette de sa personne.