d’entendre ou de lire. Cela flattait notre ego et nous donnait envie de toujours nous illustrer. Foin de ce temps béni où l’école produisait des intellectuels de la veine de Cheikh Hamidou Kane, Souleymane Bachir Diagne, Mamoudou Touré, Mamadou Lamine Loum, etc. Ce temps appartient désormais à l’imaginaire. Au conte. Il était une fois…
Les temps ont bien changé. La mode est, aujourd’hui, l’effeuillage, aux muscles, aux pieds volants et aux f… tremblotants. Votre enfant peine à trouver sa voie à l’école, rassurez-vous, la réussite se ramasse dans la rue. Plus besoin d’acheter des fournitures scolaires aussi ruineuses que les factures très électriques de la Senelec. Trouvez plutôt des anabolisants et des haltères à vos chérubins et mettez-les à l’ouvrage sur le sable océan. Les muscles se monnaient à coups de millions dans l’arène sénégalaise. Ou désinscrivez-les de cette machine à former des chômeurs qu’est l’école sénégalaise pour les confier à des formateurs de foot.
Il fut un temps pas très loin derrière nous où nos parents veillaient sur nous avec un zèle de nouveau converti. Les jeux étaient interdits et les études passaient avant tout. Il n’était pas question, pour eux, que leur enfant passât son temps à taper sur un ballon, à courir sans raison, à lire des bandes dessinées ou à pousser la chansonnette. Les saltimbanques n’étaient pas désirés dans nos familles, les sportifs encore moins. Non ! Il fallait être un crack, réussir dans les études, devenir ministre, député, gouverneur ou même président de la République. Le rêve de tout parent. Et pour aider la progéniture à bien assimiler ses leçons, l’on n’hésitait pas à lui faire ingurgiter des litres de « kiiss », cette eau miraculeuse tout droit sortie des amulettes maraboutiques et destinée à fixer le savoir dans les cerveaux distraits de la marmaille. Que l’on est loin de tout cela aujourd’hui. Nombre de parents rêvent de donner naissance à un El Hadj Diouf ou à un Balla Gaye 2. Ils n’ont pas été des cracks sur les bancs de l’école, mais gagnent aujourd’hui beaucoup plus que ces génies au QI surdimensionné.
Pas facile d’avoir le talent de Diouf ou les muscles de BG2. Pour contourner la difficulté, les jeunes Sénégalais rivalisent d’impertinence et de légèreté. Et ils n’ont pas tort, puisque l’outrecuidance est devenue la nouvelle mesure de la réussite. Il suffit, en effet, de se tondre la tête, d’inventer une danse de singe à laquelle on colle le doux sobriquet de « caxagun » pour passer pour une star. Tous les soirs, une chaine de télé de la place empêche Dakar de dormir en compilant tous les « tanebeer » du Sénégal. C’est du « caxagun » à longueur d’émissions. Une nouvelle danse, une nouvelle philosophie de la légèreté qui, telle une voûte de fumée, profonde et sombre, a fini d’envelopper le peu de matière pensante qui résidait en nous. L’école est en grève, le taux de réussite lors des examens est à un niveau historique de faiblesse, mais la tristesse ne nous martyrise nullement. Comment être triste dans un pays de « caxagun » généralisé ?
* « Caxagun » : une danse en vogue
Les temps ont bien changé. La mode est, aujourd’hui, l’effeuillage, aux muscles, aux pieds volants et aux f… tremblotants. Votre enfant peine à trouver sa voie à l’école, rassurez-vous, la réussite se ramasse dans la rue. Plus besoin d’acheter des fournitures scolaires aussi ruineuses que les factures très électriques de la Senelec. Trouvez plutôt des anabolisants et des haltères à vos chérubins et mettez-les à l’ouvrage sur le sable océan. Les muscles se monnaient à coups de millions dans l’arène sénégalaise. Ou désinscrivez-les de cette machine à former des chômeurs qu’est l’école sénégalaise pour les confier à des formateurs de foot.
Il fut un temps pas très loin derrière nous où nos parents veillaient sur nous avec un zèle de nouveau converti. Les jeux étaient interdits et les études passaient avant tout. Il n’était pas question, pour eux, que leur enfant passât son temps à taper sur un ballon, à courir sans raison, à lire des bandes dessinées ou à pousser la chansonnette. Les saltimbanques n’étaient pas désirés dans nos familles, les sportifs encore moins. Non ! Il fallait être un crack, réussir dans les études, devenir ministre, député, gouverneur ou même président de la République. Le rêve de tout parent. Et pour aider la progéniture à bien assimiler ses leçons, l’on n’hésitait pas à lui faire ingurgiter des litres de « kiiss », cette eau miraculeuse tout droit sortie des amulettes maraboutiques et destinée à fixer le savoir dans les cerveaux distraits de la marmaille. Que l’on est loin de tout cela aujourd’hui. Nombre de parents rêvent de donner naissance à un El Hadj Diouf ou à un Balla Gaye 2. Ils n’ont pas été des cracks sur les bancs de l’école, mais gagnent aujourd’hui beaucoup plus que ces génies au QI surdimensionné.
Pas facile d’avoir le talent de Diouf ou les muscles de BG2. Pour contourner la difficulté, les jeunes Sénégalais rivalisent d’impertinence et de légèreté. Et ils n’ont pas tort, puisque l’outrecuidance est devenue la nouvelle mesure de la réussite. Il suffit, en effet, de se tondre la tête, d’inventer une danse de singe à laquelle on colle le doux sobriquet de « caxagun » pour passer pour une star. Tous les soirs, une chaine de télé de la place empêche Dakar de dormir en compilant tous les « tanebeer » du Sénégal. C’est du « caxagun » à longueur d’émissions. Une nouvelle danse, une nouvelle philosophie de la légèreté qui, telle une voûte de fumée, profonde et sombre, a fini d’envelopper le peu de matière pensante qui résidait en nous. L’école est en grève, le taux de réussite lors des examens est à un niveau historique de faiblesse, mais la tristesse ne nous martyrise nullement. Comment être triste dans un pays de « caxagun » généralisé ?
* « Caxagun » : une danse en vogue