Depuis le milieu de la journée, dans le ciel londonien, se préparait un violent orage. L'atmosphère était tout aussi tendue à l'intérieur des Communes, à l'approche d'un vote crucial sur la réforme de l'auguste Chambre des lords, dont l'origine remonte au XIe siècle. À 16 heures, les nuages noirs ont fini par éclater et, de manière simultanée, sous la pression des députés conservateurs rebelles, le gouvernement a plié.
Pour échapper à une défaite annoncée, David Cameron a décidé de ne pas imposer aux députés l'examen éclair du projet de modernisation de la seconde chambre du Parlement de Westminster. Prenant tout à coup conscience de l'ampleur de la révolte au sein de son parti, le premier ministre s'est résolu à annuler le vote programmé dans la soirée. Le projet de loi, qui vise à moderniser la Chambre des lords, devrait être de nouveau examiné à l'automne.
Mais, mardi soir, l'aboutissement de la réforme ardemment défendue par les libéraux-démocrates depuis un siècle semblait incertain. Portée par Nick Clegg, vice-premier ministre et leader des libéraux-démocrates, elle vise à faire de la Chambre des lords, dont la majorité des membres sont actuellement nommés à vie, une assemblée élue à 80 %. Elle a aussi pour but de pratiquement diviser par deux le nombre de ses membres. De 825 à l'heure actuelle, les Lords passeraient à 450. Parmi eux se trouvent d'anciens responsables politiques, des experts désignés par le gouvernement, mais aussi 26 évêques et quelques pairs héréditaires.
Les verrous de la discipline parlementaire ont sauté
Ce projet de loi mécontente un certain nombre de conservateurs attachés à l'idée d'une chambre non élue, censée être moins contrôlée par les appareils des partis et donc plus à même de faire contrepoids face aux Communes. Fait rare, lundi, 70 députés conservateurs avaient rendu publique leur opposition à la réforme, faisant valoir dans une lettre que la réforme des Lords ajoutait «une crise constitutionnelle à une crise économique ». L'abandon du calendrier accéléré de l'examen du projet est donc une victoire incontestable pour ces détracteurs. Le gouvernement se disait mardi soir prêt à accorder quelques concessions aux députés rebelles. Cependant, rien ne dit que l'été permettra d'aplanir les différends.
Dans ce dossier, il est particulièrement difficile de faire la part des choses entre idéologie et manœuvre politique. Depuis mai 2010, à la Chambre des communes, les conservateurs se plient de mauvaise grâce aux compromis avec les libéraux-démocrates. Or, le projet de réforme de la Chambre des lords semble avoir fait sauter tous les verrous de la discipline parlementaire à droite.
David Cameron ressort doublement affaibli de ce bras de fer. Ouvertement contesté par ses troupes, il risque de subir également une pression accrue de la part des libéraux-démocrates au sein du gouvernement. En privé, Nick Clegg aurait déjà menacé David Cameron de s'opposer au redécoupage des circonscriptions législatives si la réforme de la Chambre haute était enterrée.
Par amandine Alexandre
Pour échapper à une défaite annoncée, David Cameron a décidé de ne pas imposer aux députés l'examen éclair du projet de modernisation de la seconde chambre du Parlement de Westminster. Prenant tout à coup conscience de l'ampleur de la révolte au sein de son parti, le premier ministre s'est résolu à annuler le vote programmé dans la soirée. Le projet de loi, qui vise à moderniser la Chambre des lords, devrait être de nouveau examiné à l'automne.
Mais, mardi soir, l'aboutissement de la réforme ardemment défendue par les libéraux-démocrates depuis un siècle semblait incertain. Portée par Nick Clegg, vice-premier ministre et leader des libéraux-démocrates, elle vise à faire de la Chambre des lords, dont la majorité des membres sont actuellement nommés à vie, une assemblée élue à 80 %. Elle a aussi pour but de pratiquement diviser par deux le nombre de ses membres. De 825 à l'heure actuelle, les Lords passeraient à 450. Parmi eux se trouvent d'anciens responsables politiques, des experts désignés par le gouvernement, mais aussi 26 évêques et quelques pairs héréditaires.
Les verrous de la discipline parlementaire ont sauté
Ce projet de loi mécontente un certain nombre de conservateurs attachés à l'idée d'une chambre non élue, censée être moins contrôlée par les appareils des partis et donc plus à même de faire contrepoids face aux Communes. Fait rare, lundi, 70 députés conservateurs avaient rendu publique leur opposition à la réforme, faisant valoir dans une lettre que la réforme des Lords ajoutait «une crise constitutionnelle à une crise économique ». L'abandon du calendrier accéléré de l'examen du projet est donc une victoire incontestable pour ces détracteurs. Le gouvernement se disait mardi soir prêt à accorder quelques concessions aux députés rebelles. Cependant, rien ne dit que l'été permettra d'aplanir les différends.
Dans ce dossier, il est particulièrement difficile de faire la part des choses entre idéologie et manœuvre politique. Depuis mai 2010, à la Chambre des communes, les conservateurs se plient de mauvaise grâce aux compromis avec les libéraux-démocrates. Or, le projet de réforme de la Chambre des lords semble avoir fait sauter tous les verrous de la discipline parlementaire à droite.
David Cameron ressort doublement affaibli de ce bras de fer. Ouvertement contesté par ses troupes, il risque de subir également une pression accrue de la part des libéraux-démocrates au sein du gouvernement. En privé, Nick Clegg aurait déjà menacé David Cameron de s'opposer au redécoupage des circonscriptions législatives si la réforme de la Chambre haute était enterrée.
Par amandine Alexandre