La spectaculaire envolée du coût de la dette en Espagne et en Italie est venue confirmer lundi que l'euro est blessé près du cœur et qu'il faudra offrir bien plus qu'un sparadrap financier à Athènes pour remettre l'économie européenne sur pied.
En prélude au G20 de Los Cabos (Mexique), les États-Unis, les pays émergents et même le Britannique David Cameron ont amplifié le message. Oui, les Grecs ont par leur vote évité le pire à la monnaie commune. Non, les puissances de l'euro n'ont toujours pas remis d'ordre chez elles, qu'il s'agisse du renflouement des banques, de la discipline budgétaire ou d'un coup de pouce attendu à la croissance. Il est temps que les Européens «retirent les échafaudages» qui encombrent leur chantier et utilisent «enfin leurs moyens considérables» pour calmer les marchés, s'impatiente Angel Gurria, secrétaire général (mexicain) de l'OCDE. Patronne du FMI, Christine Lagarde leur donne trois mois.
Au centre de la paralysie se trouve un axe franco-allemand grippé depuis l'élection de François Hollande. Même sur la Grèce, dossier symboliquement lourd mais économiquement mineur (2 % du PIB de la zone euro), les différences continuent d'affleurer. Au soir du vote, dimanche, la France a invité ses partenaires à «accompagner les Grecs vers la croissance». Lundi matin, la chancellerie allemande a recadré tout le monde en estimant que ce n'est «pas le moment» d'accorder à Athènes quelque avance que ce soit.
Paris contre Berlin, sud de l'Euroland contre nord, la même ligne de fracture divise les Européens sur nombre de dossiers que le monde voudrait voir réglés. La question cruciale du rôle de la BCE comme prêteur en dernier ressort, ouverte en théorie depuis trois ans, risque d'exploser dans l'urgence avec l'aggravation de la crise espagnole. François Hollande est pour, Angela Merkel reste contre.
«Gâcher leurs munitions»
Là encore, la critique vient de l'autre côté de l'Atlantique: le président (américain) de la Banque mondiale, Robert Zoellick, juge que les Européens sont en train de «gâcher leurs munitions» dans l'aide de 100 milliards promise aux banques espagnoles. Ce débat hantera dès jeudi le rendez-vous des ministres des Finances de l'Eurogroupe. À Bruxelles, chacun s'attend à ce que le premier ministre Mariano Rajoy lance sa demande d'aide formelle aux pays de l'euro.
Les soucis de l'Italie, s'ils se confirment, renvoient à un autre casse-tête. Avec d'un côté le respect scrupuleux des règles budgétaires existantes, défendu bec et ongles par Angela Merkel, et de l'autre la nécessité d'un espoir de croissance, leitmotiv de François Hollande et du président du Conseil italien, Mario Monti. L'Élysée vient d'adresser aux seize autres capitales de l'euro la version finale de son Pacte pour la croissance en Europe. Peu des mesures proposées par la France trouvent grâce en Allemagne. Il reste moins de dix jours aux deux pays pour élaborer un compromis, avant le sommet européen «décisif» des 28 et 29 juin.
D'autres pommes de discorde subsistent entre Paris et Berlin. Derrière les concepts abstraits d'«union bancaire» et d'«union budgétaire», l'espoir est de réconcilier d'ici à décembre deux visions d'avenir pour l'Europe. Côté allemand, l'une est résolument fédérale. Côté français, l'autre s'appuie sur l'addition des souverainetés nationales. Il va falloir trancher.
Par Jean-Jacques Mevel
En prélude au G20 de Los Cabos (Mexique), les États-Unis, les pays émergents et même le Britannique David Cameron ont amplifié le message. Oui, les Grecs ont par leur vote évité le pire à la monnaie commune. Non, les puissances de l'euro n'ont toujours pas remis d'ordre chez elles, qu'il s'agisse du renflouement des banques, de la discipline budgétaire ou d'un coup de pouce attendu à la croissance. Il est temps que les Européens «retirent les échafaudages» qui encombrent leur chantier et utilisent «enfin leurs moyens considérables» pour calmer les marchés, s'impatiente Angel Gurria, secrétaire général (mexicain) de l'OCDE. Patronne du FMI, Christine Lagarde leur donne trois mois.
Au centre de la paralysie se trouve un axe franco-allemand grippé depuis l'élection de François Hollande. Même sur la Grèce, dossier symboliquement lourd mais économiquement mineur (2 % du PIB de la zone euro), les différences continuent d'affleurer. Au soir du vote, dimanche, la France a invité ses partenaires à «accompagner les Grecs vers la croissance». Lundi matin, la chancellerie allemande a recadré tout le monde en estimant que ce n'est «pas le moment» d'accorder à Athènes quelque avance que ce soit.
Paris contre Berlin, sud de l'Euroland contre nord, la même ligne de fracture divise les Européens sur nombre de dossiers que le monde voudrait voir réglés. La question cruciale du rôle de la BCE comme prêteur en dernier ressort, ouverte en théorie depuis trois ans, risque d'exploser dans l'urgence avec l'aggravation de la crise espagnole. François Hollande est pour, Angela Merkel reste contre.
«Gâcher leurs munitions»
Là encore, la critique vient de l'autre côté de l'Atlantique: le président (américain) de la Banque mondiale, Robert Zoellick, juge que les Européens sont en train de «gâcher leurs munitions» dans l'aide de 100 milliards promise aux banques espagnoles. Ce débat hantera dès jeudi le rendez-vous des ministres des Finances de l'Eurogroupe. À Bruxelles, chacun s'attend à ce que le premier ministre Mariano Rajoy lance sa demande d'aide formelle aux pays de l'euro.
Les soucis de l'Italie, s'ils se confirment, renvoient à un autre casse-tête. Avec d'un côté le respect scrupuleux des règles budgétaires existantes, défendu bec et ongles par Angela Merkel, et de l'autre la nécessité d'un espoir de croissance, leitmotiv de François Hollande et du président du Conseil italien, Mario Monti. L'Élysée vient d'adresser aux seize autres capitales de l'euro la version finale de son Pacte pour la croissance en Europe. Peu des mesures proposées par la France trouvent grâce en Allemagne. Il reste moins de dix jours aux deux pays pour élaborer un compromis, avant le sommet européen «décisif» des 28 et 29 juin.
D'autres pommes de discorde subsistent entre Paris et Berlin. Derrière les concepts abstraits d'«union bancaire» et d'«union budgétaire», l'espoir est de réconcilier d'ici à décembre deux visions d'avenir pour l'Europe. Côté allemand, l'une est résolument fédérale. Côté français, l'autre s'appuie sur l'addition des souverainetés nationales. Il va falloir trancher.
Par Jean-Jacques Mevel