Le moteur tourne à vide
Crack …crack…crack, le vélo ne bouge pas. Pourtant le garçon fait des efforts de pédalage, mais en vain,le vélo refuse d’avancer et le garçon risque de tomber. Il pose un pied à terre et se penche vers la chaîne de transmission, qui a lâché, évidemment. La roue dentée de devant (attelée aux pédales) reçoit bien la force du garçon qui pédale, et elle tourne, tourne, mais la roue arrière ne reçoit aucune force devant lui permettre de propulser le vélo en avant.
J’aurais pu prendre l’exemple de la voiture, mais celui du vélo est plus percutant. Les français disent bien”pédaler dans la choucroute” ou pédaler dans la semoule” pour parler de quelqu’un qui n’a aucune prise sur la réalité.
C’est ce qui nous arrive Madame le Premier ministre à nous Africains et notamment sénégalais.
Depuis plus de cinquante ans que nous sommes “indépendants”, nous n’avons aucune prise sur notre réalité, nous ne pouvons pas nous nourrir, nous ne pouvons pas nous soigner, notre système éducatif bat de l’aile depuis que les colons ont retire leur assistance technique, nous ne pouvons pas nous loger etc…. mais surtout nous ne parlons pas notre langue et ignorons notre propre histoire, nous ne nous connaissons pas et nous, sommes désorientés par rapport à la perspective historique.
Comment expliquer le formidable bond économique et social de la Corée du Sud qui avait le même niveau de développement que le Sénégal à l’indépendance, alors que aujourdhui nous allons leur tendre la main pour vivre?
Comment expliquer le niveau appréciable de développement du Vietnam? Alors que ce pays, après une longue colonisation (française) a connu trois agressions extérieures auxquelles il a victorieusement résisté: japonaise pendant toute la deuxième guerre mondiale, française qui entendait récupérer sa colonie de 1945 à 1954;et enfin américaine de 1954 à 1975.
Le Vietnam est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de café (Robusta surtout) et le pays progresse rapidement.
Comment expliquer que Cuba, qui a connu le plus long embargo du monde (depuis 1960); qui a fait face, victorieusement, à de multiples tentatives de déstabilisation fomentées par son puissant voisin, dont la plus célèbre est celle de la Baie des cochons en 1962;comment expliquer que ce pays, non seulement rejette la marchandisation de son économie (source de tous ses déboires), mais donne à sa population, un niveau de vie décent, un mode de vie désaliéné: instruction gratuite, médecine de première qualité et gratuite, droit au logement assuré.Tous ces pays ont réussi leurs prouesses en assumant leur histoire, en travaillant dans leur culture,avec le véhicule de cette dernière qu’est la langue Madame le Premier ministre.
A ce stade, comment ne pas parler de l’Afrique du Sud? Qui, après plus de trois décennies de tentatives de déstructuration de la société négro-africaine, s’est totalement libérée; en acceptant son passé, quel qu’il soit; en regardant son présent lucidement (commission justice et réconciliation, institution de onze langues nationales etc….) en envisageant son avenir avec assurance, dans la construction d’une société multiraciale fraternelle et apaisée. Bien entendu les obstacles sont nombreux, les défis immenses; mais le pays sait d’où il vient et où il veut aller. Des jalons sont posés et la société progresse.
Pendant ce temps dans l’autre partie de l’Afrique plus particulièrement chez nous, la stagnation voire la régression est la règle partout. Des scandales <géologiques et hydro agricoles comme le RD Congo et la Guinée Conakry font mal à tout Africain soucieux du devenir de son continent. La misère des populations dans ces pays est insupportable au vu du potentiel économique.
Quand au Sénégal, ses potentialités économiques sans etre extraordinaires sont cependant non négligeables (pêche, tourisme, agriculture, élevage etc.….) mais surtout sa position géostratégique et la qualité de ses ressources humaines auraient du lui permettre de décoller depuis longtemps. Au lieu de cela, nous assistons à un éternel recommencement, une ronde sans fin.
Comment en sommes nous arrivés là? Il serait long et fastidieux de réécrire l’histoire ici, mais retenons qu’il y a eu plusieurs chocs exogènes qui ont coupé la chaîne d’évolution endogène qui aurait permis à l’Afrique de connaitre un développement au moins aussi important que l’Europe en a connu. Car pendant le moyen age européen (continent divisé en multiples chefferies et féodalités arriérées, pauvres, belliqueuses….) l’Afrique avait des empires et des civilisations qui suscitaient l’admiration des lettrés de époque.
Il y a eu d’abord, l’islamisation, à partir du neuvième siècle dans le Tékrour ( Vallée du Sénégal). Les populations qui l’ont refusée se sont dispersées et sont descendues vers le sud et vers l’ouest. Celles qui l’ont accepté l’ont intégrée dans leur mode de vie.
Deuxième choc, plus important, l’esclavage à partir du quinzième siècle qui installe la violence systématique et endémique;il faut tuer ou se faire tuer pour y échapper. Les guerres ethniques, inter tribales, les razzia, les rapts de personnes isolées font rage un peu partout en Afrique et en particulier dans les pays côtiers comme le Sénégal. Il faut approvisionner le marché de la traite.
L’insécurité et le prélèvement de millions d’africains parmi les plus valides, physiquement, intellectuellement (on parle de 20 millions sans compter les morts à la guerre) déstabilisent et affaiblissent les états et sociétés .
Ainsi a été préparé le lit du troisième choc, la colonisation qui a parachevé l’oeuvre destructrice de l’esclavage. Le propos délibéré, la volonté manifeste de la colonisation était de détruire l’âme noire pour n’avoir plus qu’un corps vigoureux pour en faire une machine de production. Pour ce faire, les colonisateurs ont fait un subtil mélange de violence militaire, de perfidie religieuse et de malhonnêteté idéologique.
La mayonnaise a pris et tenu pendant longtemps, en campant l’africain dans un complexe d’infériorité qui l’amenait à voir et accepter tout ce qui venait du nord ou de l’Est (hommes, idéologies; langues, arts, sciences, produits etc.…..) Comme béni en tous cas supérieurs à ce qui se faisait sur place.
Jusqu’à présent, malgré nos “indépendances” et notre “émancipation” nous avons du mal à nous défaire de ce complexe. Les colons savaient ce qu’ils faisaient (leurs idéologues). La colonisation la plus violente, parce qu’insidieuse, perfide, durable est la colonisation intellectuelle.
C’est pourquoi il est un devoir pour tout africain soucieux de l’émergence de ce continent de travailler à la décolonisation intellectuelle. Il ne s’agit pas là d’une chimère juste bonne à justifier nos échecs, notre “incompétence”; Il ne s’agit non plus d’un nationalisme étroit, ni d’un afro – centrisme étriqué.
Mais posons nous une question légitime: pourquoi depuis plus de cinquante ans nous n’arrivons pas à mètre sur pieds une structure moderne de production de biens et services qui ne soit contrôlé par un étranger? Pas une banque, pas une sucrerie, pas une meunerie pas une sidérurgie etc. Les rares unités de production qui tenaient ont fini par péricliter (Siscoma, Sar, BNDS USB.)Ou ont fini dans l’escarcelle des multinationales (Sonatel, Sde et dans le viseur de ces ogres de la finance: la Senelec). Ce qui est le plus insupportable, c’est que nous soyons toujours impuissants à protéger ces secteurs stratégiques contre la spoliation extérieure. Pourquoi?
Questions légitimes: pourquoi après cinquante ans d’indépendance sommes nous toujours englués dans des problèmes d’intendance dans
des pays où les facteurs de production de nourriture (terre, eau, savoir faire paysan) ne manquent pas?
Pourquoi nous ne pouvons nous soigner, pourquoi l’éducation de nos enfants s’est engluée dans des marais apparemment sans fond?
Pourquoi la crise du logement, pourquoi la crise de l’emploi dans un pays où tout est à construire?
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi cette ronde infernale?
C’est pourquoi lors du débat après votre déclaration de politique Générale, j’ai dit que tous les Premiers Ministres du, Sénégal depuis le Président Dia ont tous échoué.
Non, nous ne pouvons faire l’économie d’une révolution tranquille
Nous décoloniser enfin en retrouvant notre histoire et notre culture et son véhicule: la langue, et pour ce faire:Introduire immédiatement l’étude des langues nationales dés l’école primaire, avant l’étude de toute autre langue étrangère. Pour ce faire toutes les modalités existent, il ne manque que la volonté politique pour l’application.
Introduire immédiatement l’étude de l’histoire africaine et sénégalaise dans tous les programmes du primaire à l’université, et cela prioritairement mais dans dans l’étude de l’histoire universelle
Viser avec détermination, l’alphabétisation universelle (tous les adultes) dans les langues nationales.
Là aussi tout est fin prêt pour une application.
Attaquer avec lucidité et courage ,le problème de la langue officielle ou des langues officielles,(l’Afrique du Sud en a onze). Mais le Sénégal a cet avantage sur l’Afrique du Sud, d’avoir une langue véhiculaire comprise par Presque 80% de la population. En plus de la volonté politique défaillante d’aller de l’avant, quelques susceptibilités ethniques empêchent de progresser. Certaines “élites” de certaines ethnies préconisent même l’élimination des langues nationales au profit du français.
Bien entendu pour n’avoir pas à parler le Wolof dont elles ont une haine viscérale malgré le fait que dans leurs propres maisons leurs enfants reprennent les chansons de Youssou Ndour et de Pape Diouf, Ballago et autres. C’est proprement énorme d’obscurantisme mais c’est ainsi. Cependant comme la haine n’est pas irrationnelle, il n’est pas exclu d’en arriver à bout avec une bonne campagne de communication et d’explication au people, à tout le peuple.
Ici, il se fait tard: il faut prendre immédiatement les mesures nécessaires pour une explication en profondeur. Bien entendu pour cela l faudra comprendre les enjeux pour mètre en avant la volonté politique nécessaire, pour faire face aux défis et les relever, bousculer les obstructions factices et délibérées, lever les obstacles naturels, réduire les susceptibilités ethniques. Ce problème est vraiment délicat, mais la solution existe: une langue comprise et parlée par une très grande majorité de la population, ayant un tronc commun avec d’autres langues (Pulaar, Sérère, Joola) évoluant dans la même aire culturelle avec les autres langues de la branche mandé (Socé, Soninke tc…).
La wolofisation progresse très très vite avec l’avènement universel des médias et cela va faciliter le règlement du problème. A condition de le poser et de vouloir le régler. Et il faudra le régler Madame le Premier Ministre.
Nous savons comment produire des denrées alimentaires, produire des cultures de rente, notre vieille méthode d’éducation par classe d’age doit être revisitée et modernisée. Notre médecine traditionnelle doit être revivifiée et mise au gout du jour.
Bref, il serait illusoire que nous espérions nous développer en empruntant les sentiers du capitalisme en panne du reste; “ KU wacc sa and and boo war mu tocc, mba nga fekk ca borom mu ne tonc”. Cet adage Wolof n’a jamais été aussi approprié que dans le propos qui nous préoccupe aujourd’hui.
Pour nous réapproprier notre culture, raccrocher avec notre histoire, bref nous désaliéner et prendre enfin notre destin en mains et le chemin de l’émergence, il nous faut être conscients des enjeux, déterminés et engagés pleinement. Car il s’agit rien moins que d’engager une bataille contre les ennemis de toujours: intérieurs comme les féodalités de toutes sortes (bureaucratiques, économiques, politiques etc.)
Extérieures: les oligarchies financières transnationales difficilement identifiables, donc d’autant plus féroces; et qui veillent au grain.
Pour être sur de mener victorieusement cette bataille il faut absolument avoir le Peuple avec soi, bouclier indispensable contre les ennemis. Et pour cela, ne rien faire sans le peuple, tout faire avec lui. C’est pourquoi Madame le Premier ministre, l’Alliance pour la Paix et le Développement (APD Gem Sa Boop appelle à un vaste rassemblement pour la bonne mise en oeuvre de votre déclaration de politique Générale dont les préalables ont été bien déclinés dans cette modeste contribution qui appelle à la révolution tranquille devant nous mener vers notre véritable Indépendance.
Thierno LO
Ancien Ministre
President de L’Alliance pour la Paix et Le Développement (APD Gem sa Boop)
Crack …crack…crack, le vélo ne bouge pas. Pourtant le garçon fait des efforts de pédalage, mais en vain,le vélo refuse d’avancer et le garçon risque de tomber. Il pose un pied à terre et se penche vers la chaîne de transmission, qui a lâché, évidemment. La roue dentée de devant (attelée aux pédales) reçoit bien la force du garçon qui pédale, et elle tourne, tourne, mais la roue arrière ne reçoit aucune force devant lui permettre de propulser le vélo en avant.
J’aurais pu prendre l’exemple de la voiture, mais celui du vélo est plus percutant. Les français disent bien”pédaler dans la choucroute” ou pédaler dans la semoule” pour parler de quelqu’un qui n’a aucune prise sur la réalité.
C’est ce qui nous arrive Madame le Premier ministre à nous Africains et notamment sénégalais.
Depuis plus de cinquante ans que nous sommes “indépendants”, nous n’avons aucune prise sur notre réalité, nous ne pouvons pas nous nourrir, nous ne pouvons pas nous soigner, notre système éducatif bat de l’aile depuis que les colons ont retire leur assistance technique, nous ne pouvons pas nous loger etc…. mais surtout nous ne parlons pas notre langue et ignorons notre propre histoire, nous ne nous connaissons pas et nous, sommes désorientés par rapport à la perspective historique.
Comment expliquer le formidable bond économique et social de la Corée du Sud qui avait le même niveau de développement que le Sénégal à l’indépendance, alors que aujourdhui nous allons leur tendre la main pour vivre?
Comment expliquer le niveau appréciable de développement du Vietnam? Alors que ce pays, après une longue colonisation (française) a connu trois agressions extérieures auxquelles il a victorieusement résisté: japonaise pendant toute la deuxième guerre mondiale, française qui entendait récupérer sa colonie de 1945 à 1954;et enfin américaine de 1954 à 1975.
Le Vietnam est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de café (Robusta surtout) et le pays progresse rapidement.
Comment expliquer que Cuba, qui a connu le plus long embargo du monde (depuis 1960); qui a fait face, victorieusement, à de multiples tentatives de déstabilisation fomentées par son puissant voisin, dont la plus célèbre est celle de la Baie des cochons en 1962;comment expliquer que ce pays, non seulement rejette la marchandisation de son économie (source de tous ses déboires), mais donne à sa population, un niveau de vie décent, un mode de vie désaliéné: instruction gratuite, médecine de première qualité et gratuite, droit au logement assuré.Tous ces pays ont réussi leurs prouesses en assumant leur histoire, en travaillant dans leur culture,avec le véhicule de cette dernière qu’est la langue Madame le Premier ministre.
A ce stade, comment ne pas parler de l’Afrique du Sud? Qui, après plus de trois décennies de tentatives de déstructuration de la société négro-africaine, s’est totalement libérée; en acceptant son passé, quel qu’il soit; en regardant son présent lucidement (commission justice et réconciliation, institution de onze langues nationales etc….) en envisageant son avenir avec assurance, dans la construction d’une société multiraciale fraternelle et apaisée. Bien entendu les obstacles sont nombreux, les défis immenses; mais le pays sait d’où il vient et où il veut aller. Des jalons sont posés et la société progresse.
Pendant ce temps dans l’autre partie de l’Afrique plus particulièrement chez nous, la stagnation voire la régression est la règle partout. Des scandales <géologiques et hydro agricoles comme le RD Congo et la Guinée Conakry font mal à tout Africain soucieux du devenir de son continent. La misère des populations dans ces pays est insupportable au vu du potentiel économique.
Quand au Sénégal, ses potentialités économiques sans etre extraordinaires sont cependant non négligeables (pêche, tourisme, agriculture, élevage etc.….) mais surtout sa position géostratégique et la qualité de ses ressources humaines auraient du lui permettre de décoller depuis longtemps. Au lieu de cela, nous assistons à un éternel recommencement, une ronde sans fin.
Comment en sommes nous arrivés là? Il serait long et fastidieux de réécrire l’histoire ici, mais retenons qu’il y a eu plusieurs chocs exogènes qui ont coupé la chaîne d’évolution endogène qui aurait permis à l’Afrique de connaitre un développement au moins aussi important que l’Europe en a connu. Car pendant le moyen age européen (continent divisé en multiples chefferies et féodalités arriérées, pauvres, belliqueuses….) l’Afrique avait des empires et des civilisations qui suscitaient l’admiration des lettrés de époque.
Il y a eu d’abord, l’islamisation, à partir du neuvième siècle dans le Tékrour ( Vallée du Sénégal). Les populations qui l’ont refusée se sont dispersées et sont descendues vers le sud et vers l’ouest. Celles qui l’ont accepté l’ont intégrée dans leur mode de vie.
Deuxième choc, plus important, l’esclavage à partir du quinzième siècle qui installe la violence systématique et endémique;il faut tuer ou se faire tuer pour y échapper. Les guerres ethniques, inter tribales, les razzia, les rapts de personnes isolées font rage un peu partout en Afrique et en particulier dans les pays côtiers comme le Sénégal. Il faut approvisionner le marché de la traite.
L’insécurité et le prélèvement de millions d’africains parmi les plus valides, physiquement, intellectuellement (on parle de 20 millions sans compter les morts à la guerre) déstabilisent et affaiblissent les états et sociétés .
Ainsi a été préparé le lit du troisième choc, la colonisation qui a parachevé l’oeuvre destructrice de l’esclavage. Le propos délibéré, la volonté manifeste de la colonisation était de détruire l’âme noire pour n’avoir plus qu’un corps vigoureux pour en faire une machine de production. Pour ce faire, les colonisateurs ont fait un subtil mélange de violence militaire, de perfidie religieuse et de malhonnêteté idéologique.
La mayonnaise a pris et tenu pendant longtemps, en campant l’africain dans un complexe d’infériorité qui l’amenait à voir et accepter tout ce qui venait du nord ou de l’Est (hommes, idéologies; langues, arts, sciences, produits etc.…..) Comme béni en tous cas supérieurs à ce qui se faisait sur place.
Jusqu’à présent, malgré nos “indépendances” et notre “émancipation” nous avons du mal à nous défaire de ce complexe. Les colons savaient ce qu’ils faisaient (leurs idéologues). La colonisation la plus violente, parce qu’insidieuse, perfide, durable est la colonisation intellectuelle.
C’est pourquoi il est un devoir pour tout africain soucieux de l’émergence de ce continent de travailler à la décolonisation intellectuelle. Il ne s’agit pas là d’une chimère juste bonne à justifier nos échecs, notre “incompétence”; Il ne s’agit non plus d’un nationalisme étroit, ni d’un afro – centrisme étriqué.
Mais posons nous une question légitime: pourquoi depuis plus de cinquante ans nous n’arrivons pas à mètre sur pieds une structure moderne de production de biens et services qui ne soit contrôlé par un étranger? Pas une banque, pas une sucrerie, pas une meunerie pas une sidérurgie etc. Les rares unités de production qui tenaient ont fini par péricliter (Siscoma, Sar, BNDS USB.)Ou ont fini dans l’escarcelle des multinationales (Sonatel, Sde et dans le viseur de ces ogres de la finance: la Senelec). Ce qui est le plus insupportable, c’est que nous soyons toujours impuissants à protéger ces secteurs stratégiques contre la spoliation extérieure. Pourquoi?
Questions légitimes: pourquoi après cinquante ans d’indépendance sommes nous toujours englués dans des problèmes d’intendance dans
des pays où les facteurs de production de nourriture (terre, eau, savoir faire paysan) ne manquent pas?
Pourquoi nous ne pouvons nous soigner, pourquoi l’éducation de nos enfants s’est engluée dans des marais apparemment sans fond?
Pourquoi la crise du logement, pourquoi la crise de l’emploi dans un pays où tout est à construire?
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi cette ronde infernale?
C’est pourquoi lors du débat après votre déclaration de politique Générale, j’ai dit que tous les Premiers Ministres du, Sénégal depuis le Président Dia ont tous échoué.
Non, nous ne pouvons faire l’économie d’une révolution tranquille
Nous décoloniser enfin en retrouvant notre histoire et notre culture et son véhicule: la langue, et pour ce faire:Introduire immédiatement l’étude des langues nationales dés l’école primaire, avant l’étude de toute autre langue étrangère. Pour ce faire toutes les modalités existent, il ne manque que la volonté politique pour l’application.
Introduire immédiatement l’étude de l’histoire africaine et sénégalaise dans tous les programmes du primaire à l’université, et cela prioritairement mais dans dans l’étude de l’histoire universelle
Viser avec détermination, l’alphabétisation universelle (tous les adultes) dans les langues nationales.
Là aussi tout est fin prêt pour une application.
Attaquer avec lucidité et courage ,le problème de la langue officielle ou des langues officielles,(l’Afrique du Sud en a onze). Mais le Sénégal a cet avantage sur l’Afrique du Sud, d’avoir une langue véhiculaire comprise par Presque 80% de la population. En plus de la volonté politique défaillante d’aller de l’avant, quelques susceptibilités ethniques empêchent de progresser. Certaines “élites” de certaines ethnies préconisent même l’élimination des langues nationales au profit du français.
Bien entendu pour n’avoir pas à parler le Wolof dont elles ont une haine viscérale malgré le fait que dans leurs propres maisons leurs enfants reprennent les chansons de Youssou Ndour et de Pape Diouf, Ballago et autres. C’est proprement énorme d’obscurantisme mais c’est ainsi. Cependant comme la haine n’est pas irrationnelle, il n’est pas exclu d’en arriver à bout avec une bonne campagne de communication et d’explication au people, à tout le peuple.
Ici, il se fait tard: il faut prendre immédiatement les mesures nécessaires pour une explication en profondeur. Bien entendu pour cela l faudra comprendre les enjeux pour mètre en avant la volonté politique nécessaire, pour faire face aux défis et les relever, bousculer les obstructions factices et délibérées, lever les obstacles naturels, réduire les susceptibilités ethniques. Ce problème est vraiment délicat, mais la solution existe: une langue comprise et parlée par une très grande majorité de la population, ayant un tronc commun avec d’autres langues (Pulaar, Sérère, Joola) évoluant dans la même aire culturelle avec les autres langues de la branche mandé (Socé, Soninke tc…).
La wolofisation progresse très très vite avec l’avènement universel des médias et cela va faciliter le règlement du problème. A condition de le poser et de vouloir le régler. Et il faudra le régler Madame le Premier Ministre.
Nous savons comment produire des denrées alimentaires, produire des cultures de rente, notre vieille méthode d’éducation par classe d’age doit être revisitée et modernisée. Notre médecine traditionnelle doit être revivifiée et mise au gout du jour.
Bref, il serait illusoire que nous espérions nous développer en empruntant les sentiers du capitalisme en panne du reste; “ KU wacc sa and and boo war mu tocc, mba nga fekk ca borom mu ne tonc”. Cet adage Wolof n’a jamais été aussi approprié que dans le propos qui nous préoccupe aujourd’hui.
Pour nous réapproprier notre culture, raccrocher avec notre histoire, bref nous désaliéner et prendre enfin notre destin en mains et le chemin de l’émergence, il nous faut être conscients des enjeux, déterminés et engagés pleinement. Car il s’agit rien moins que d’engager une bataille contre les ennemis de toujours: intérieurs comme les féodalités de toutes sortes (bureaucratiques, économiques, politiques etc.)
Extérieures: les oligarchies financières transnationales difficilement identifiables, donc d’autant plus féroces; et qui veillent au grain.
Pour être sur de mener victorieusement cette bataille il faut absolument avoir le Peuple avec soi, bouclier indispensable contre les ennemis. Et pour cela, ne rien faire sans le peuple, tout faire avec lui. C’est pourquoi Madame le Premier ministre, l’Alliance pour la Paix et le Développement (APD Gem Sa Boop appelle à un vaste rassemblement pour la bonne mise en oeuvre de votre déclaration de politique Générale dont les préalables ont été bien déclinés dans cette modeste contribution qui appelle à la révolution tranquille devant nous mener vers notre véritable Indépendance.
Thierno LO
Ancien Ministre
President de L’Alliance pour la Paix et Le Développement (APD Gem sa Boop)