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Des causes différentes produiront-elles le même effet ?

Rédigé par leral.net le Mercredi 28 Mars 2012 à 16:49 | | 0 commentaire(s)|

Entre le second tour de l’élection présidentielle de 2000 et celui de 2012, les deux challengers n’ont pas les mêmes atouts dans leur besace, ni les mêmes handicaps dressés sur le chemin menant au palais. Tant les trajectoires et les contextes sont différents.


Des causes différentes produiront-elles le même effet ?
Les deux candidats « admis » au second tour fourbissent leurs armes. Ils se préparent à un duel singulier rude, le 25 mars prochain. Les états major peaufinent leurs stratégies et les alliances se multiplient de part et d’autre. Mais, les combats épiques qui contre la candidature de Me Abdoulaye donnent un avantage considérable à Macky Sall. Il bénéficie d’un soutien indéfectible de toute l’opposition et d’une partie de la société civile, sans grand effort. Au nom du principe pour lequel, les opposants se sont battus contre la candidature du président, ils n’ont pas vraiment autre choix que de renforcer le camp de Macky. Dans cette dernière étape de la course, le « Vieux » se retrouve seul contre tous. A l’opposé de Wade en 2012, le candidat Diouf avait une plus grande marge de manœuvre pour recruter dans les rangs de ses adversaires au premier tour. Après moult conciliabules Djibo Kâ arrivé quatrième accepte de rejoindre ses frères socialistes. Ensuite rien ne s’opposait à une alliance entre Iba Der Thiam et Diouf. Parce que le Pr Thiam été ministre de Diouf et il s’est illustré de façon singulière à la présidentielle de 88 en créant « Abdo Doy ». la plupart des « petits » candidats d’alors auraient également pu nouer une alliance avec Diouf sans que personne ne trouve à redire. Une situation qui ne s’offre pas à Wade. Dans son entêtement à se présenter à cette élection, le président Abdoulaye Wade fait le vide autour de sa personne. Il est parvenu à fédérer tous ses opposants naturels contre lui. Il a réussi la prouesse de retourner même ses plus fidèles lieutenants d’antan contre sa personne. Idrissa Seck, Lamine Bâ, Aminata Tall, Cheikh Tidjiane Gadio participent joyeusement à la mise à mort du gourou. A défaut de soutien politique, Wade se défausse sur le Ndiguël pour sortir du guêpier.

Report de voix

Après que tous les leaders de l’opposition ont soutenu Macky Sall au second tour, la question du report effectif des voix reste encore une inconnue qui va déterminer l’issue de l’élection. En 2000, le report des voix en faveur de l’opposant Wade n’avait pas posé de problème. Abdoulaye Wade sorti deuxième avec 31% contre 41% pour Diouf a facilement renversé la vapeur. Au second tour, il gagne haut la main avec un score de 58,49%. Pour espérer réussir la même prouesse, Macky Sall devra presque doubler son score au premier tour (26, 19%). En dépit des atouts avérés du leader de l’Apr, les trajectoires des deux hommes politiques ne sont pas similaires. Macky Sall n’a pas la carrure de Wade lorsqu’il était au second tour. Abdoulaye Wade était à l’époque le leader confirmé de l’opposition. Les résultats des différents scrutins, son charisme et son ancienneté sur la scène politique donnaient à Me Wade la posture incontestable et incontestée de chef de l’opposition. C’est autant de raisons qui ont facilité le report des voix. En plus, Abdoulaye Wade était porté par le pôle de gauche. Landing Savané, Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho qui ont sacrifié leurs intérêts personnels sur l’autel de la nécessité historique de changement. Moustapha Niass arrivé deuxième a apporté un soutien indéfectible à Wade. Tant sur le plan financier que matériel. Qui plus est, le changement en 2000 était presque révolutionnaire car il devait mettre fin à 40 ans de règne socialiste.

Jeunesse contre vieillesse

Cette élection oppose aussi la jeunesse à la vieillesse. En 2000 lorsque le peuple devrait choisir un nouveau président, l’âge a été un facteur important en faveur du candidat Abdoulaye. A 74 ans Abdoulaye Wade donnait un solide gage de sagesse et de maturité. Mais 12 ans après, le facteur âge s’est mué en inconvénient contre l’homme Wade qui a franchi la barre des 86 ans. Le président Abdoulaye Wade donne l’image d’un homme vieux, fatigué et usé cherchant désespérément un troisième mandat par procuration pour son fils devenu l’homme le plus puissant du pays en raison du large éventail de ses portefeuilles ministériels. D’ailleurs, le président Wade répète sans cesse pour rassurer l’électorat qu’il n’a besoin que de trois ans pour terminer ses chantiers. Son âge avancé n’est pas étranger à cet argumentaire. A l’opposé de Me Wade, le leader de l’Apr reflète l’image d’une jeunesse conquérante. A 50 ans, le produit Macky est une offre de vente intéressante pour une bonne partie de l’électorat qui réclamait une alternance générationnelle. Dans ce combat singulier entre les deux candidats, l’âge renforce inéluctablement la position concurrentielle du challenger.

Baye Makébé SARR