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Des dizaines de morts suite aux manifs, 1000 milliards du covid, scandales à répétition …Qui pour se constituer partie civile ?

Tribune-Après la constitution de partie civile de l’État pour obtenir une indemnisation dans les procédures judiciaires ouvertes contre l’opposant Ousmane Sonko, qui pour se constituer partie civile et exiger justice au nom des dizaines de morts lors des manifestations, pour nos 1000 milliards du fonds Covid et ces scandales à répétition à n'en plus finir ?


Rédigé par leral.net le Mercredi 30 Août 2023 à 10:26 | | 0 commentaire(s)|

L’État du Sénégal va se constituer partie civile pour obtenir une indemnisation dans les procédures judiciaires ouvertes contre l’opposant Ousmane Sonko et son conseil franco-espagnol Juan Branco, en lien avec de récents troubles dans le pays.

Seulement, l’État ne doit pas s’arrêter en si bon chemin, car il y a le problème des dizaines de morts suite aux évènements de mars et juin 2023 qui reste à élucider. Car, après les émeutes du mois de mars 2021, l’État avait promis de faire toute la lumière sur la mort des 14 personnes dont 12 tuées par balles par des forces de défense et de sécurité, selon des organisations des droits de l’homme.

Deux ans après ces douloureux évènements, des dizaines d’autres victimes sont venues allonger la liste macabre. À ce jour, nul n’a entendu une quelconque commission d’enquête pour élucider ces morts. Alors que des nervis ont été aperçus à la permanence de l’Apr et sur le théâtre des opérations avec des armes à feu. Des journalistes de médias français ont même confirmé, la présence de ces mêmes personnes armées auprès de la police.

Mieux ou pire, le journaliste Pape Alé Niang a même publié dans son site un extrait d’une interview dans laquelle un nervi accuse le parti au pouvoir de les avoir recrutés pour faire le sale boulot. Pendant ce temps, l’État fait le mort, alors qu’il a tous les leviers en main pour éclairer la lanterne des populations.

Malheureusement, aucun acte tendant à élucider cette affaire n’a été posé si ce n’est tenter de mettre tout sur le dos d'Ousmane Sonko. Car depuis l’éclatement de cette affaire, l’État n’a jamais caché sa volonté de lui faire porter le chapeau.

Pour rappel, au lendemain des évènements de mars 2021, Me Malick Sall, alors ministre de la Justice, avait condamné le leader du Pastef avant l'heure lors d'un meeting tenu le 22 mars au Fouta : «De nombreux jeunes sont morts à Dakar. Plusieurs parmi eux n'ont pas été tués par la police ni par la gendarmerie, mais par les partisans de Sonko», avait-il déclaré alors qu’aucune enquête n’avait été ouverte.

Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, avait lui aussi, face à la presse, tout mis sur le dos de Sonko et blanchi le pouvoir en présentant le mémorandum du gouvernement. Pour dire que ce qui est en train de se passer avec toutes les charges qui pèsent sur le leader du Pastef ne doit surprendre personne. Et aujourd’hui, ceux qui nourrissent des doutes légitimes quant à la tenue d’un procès régulier et équitable n’ont pas tort, car son dossier est chargé comme pas possible.

Pourtant, après les violentes émeutes ayant causé des pertes en vies humaines entre le 1er et le 3 juin au Sénégal, le HautCommissariat de l’Onu aux droits de l’Homme (HCDH) avait dans un communiqué publié le 13 juin, invité à diligenter une «enquête indépendante» sur la mort par balle de plusieurs manifestants. Les services du Haut-commissaire Volker Türk avaient affirmé avoir pris note de la décision des autorités sénégalaises d’ouvrir des enquêtes. «Nous demandons de veiller à ce que celles-ci soient rapides, indépendantes et approfondies», avait déclaré, lors d’une conférence de presse régulière de l’Onu à Genève, la porte-parole du HCDH, Seif Magango, citée dans le document.

Aujourd’hui, avec l’arrestation, l’emprisonnement d"Ousmane Sonko, et la dissolution du Pastef il y a des questions à se poser. Soit l’enquête a été bouclée sans que les gens ne soient informés, soit le pouvoir a mis la charrue avant les bœufs.

Mais, ce qui importe le plus aujourd’hui, c’est de savoir où se trouve la vérité, rien que la vérité. Étant donné que nous sommes dans un pays de droit comme aiment le répéter les tenants du pouvoir, ce qui serait logique est qu’une enquête impartiale soit ouverte afin que toute la lumière jaillisse.

Et de la même manière que l’État s’est constitué partie civile, avec un pool d’avocats mis sur pied pour se constituer dans les procédures concernant les pertes, les préjudices infligés à l’État du Sénégal, un autre pool d’avocats devrait être mis sur pied pour élucider les dizaines de pertes en vie humaines, les 1000 milliards du Covid et les scandales à répétition. Il ne faudrait pas que tout cela passe par pertes et profits, d’autant que l’État considéré lui-même comme une personne morale n’est pas audessus de la loi et doit rendre compte à ses administrés.
Tribune