Des pillards très mobiles ont installé des barricades sur les principales voies de Port-Gentil pour empêcher les véhicules des forces de l’ordre de circuler. Selon des témoins joints par téléphone, des affrontements ont aussi lieu samedi soir dans des quartiers du centre-ville de Port-Gentil comme à Sindara, Cocotiers, et Quartier Chic.
Le verdict de la Cour constitutionnelle gabonaise qui a confirmé vendredi après-midi la victoire d’Ali Bongo Odimba, n’a pas apaisé les esprits. Samedi soir Port-Gentil, la capitale économique du Gabon et fief de l’opposition, où l’on déplore déjà deux morts depuis le début des émeutes jeudi, a été le théâtre d’une troisième nuit consécutive de violences. Faisant fi du couvre-feu pillards et partisans de l’opposition ont multiplié les accrochages avec les forces de l’ordre dans les quartiers de Matanda et Salsa et le centre-ville de Port-Gentil, à Sindara, Cocotiers, et Quartier Chic.
Des groupes de pillards très mobiles ont installé des barricades sur les principales voies de Port-Gentil pour empêcher les véhicules des forces de l’ordre de circuler. Total a décidé de transférer "temporairement" les familles des personnels de Port-Gentil à Libreville tandis que selon plusieurs témoignages des centaines d’habitants quittaient la ville. Port-Gentil n’étant accessible que par bateau, le tarif du voyage en pirogue est passé de 10.000 FCFA à 20.000 FCFA (15,25 à 30,50 euros).
Vendredi soir des manifestants avaient incendié le Foyer Roger Buttin, un centre sportif et social de Total. "On entend des tirs sans que l’on sache si ce sont des tirs de gaz lacrymogènes ou des coups de feu mais cela semble très violent", témoignait vendredi soir une habitante du quartier Château où un commissariat a été pillé et brûlé pendant l’après-midi.
Des pillards avaient attaqué vendredi en fin de journée des commerces dans la périphérie nord de Port-Gentil. La veille, des manifestants ont déjà attaqué la prison de la ville et libéré les détenus, avant d’incendier le consulat général de France. Des installations du groupe pétrolier français Total et du groupe franco-américain Schlumberger avaient également été prises pour cibles et trois femmes ont été blessées.
Ces violences, qui ont éclaté jeudi suite à l’annonce de la victoire d’Ali Bongo, ont fait pour le moment deux morts. Selon les autorités gabonaises, une des victimes aurait visé les forces de l’ordre et aurait été tuée jeudi par un tir de riposte. L’autre aurait succombé le même jour aux tirs de pillards. Autant d’incidents qui ont entraîné le départ du gouverneur de la région, démis de ses fonctions jeudi par le gouvernement gabonais.
Kouchner : "Ce qui s’est passé a eu lieu entre Gabonais"
À Libreville, en revanche, aucun incident n’a été signalé. Les activités ont repris sans toutefois connaître leur rythme habituel. Jeudi, des troubles ont eu eu lieu dans de nombreux quartiers populaires . Lors de ces échauffourées, des jeunes tenaient des discours hostiles à Ali Bongo et à la France. "On en a marre de ces Français, il faut les chasser, les tuer !", menaçaient-ils. Jeudi soir, la télévision publique RTG1 a fait état de l’interpellation de plusieurs jeunes impliqués dans les incidents.
Selon des résultats officiels, Ali Bongo, 50 ans, a remporté l’élection à un tour du 30 août avec 41,73% des suffrages, devant l’ex-ministre de l’Intérieur, André Mba Obame (25,88%) et Pierre Mamboundou (25,22%).
Le nouveau président a invité ses adversaires à "accepter le verdict des urnes" et à ne pas "prendre en otage" le peuple gabonais. "Il existe des institutions devant lesquelles on peut porter des réclamations et des recours".
"Il faut absolument que le calme revienne sur toute l’étendue du territoire", a redit samedi le président gabonais à RFI.
"Je trouve curieux" qu’un des candidats "alors que Port-Gentil lui a donné une belle victoire choisisse cette même ville pour y commettre un certain nombre d’exactions", a regretté Ali Bongo, visant, sans le nommer, Pierre Mamboundou.
"Quand on aspire à être président de la République, ce n’est pas avec des gestes comme ceux-là que l’on doit se comporter", a-t-il poursuivi. Pierre Mamboundou, arrivé troisième du scrutin, a notamment appelé à la "résistance". Disparu depuis trois jours, son sort est toujours incertain. Un autre opposant, arrivé deuxième du scrutin, André Mba Obame continue de rejeter les résultats et persiste à s’affirmer vainqueur.
Ali Bongo, qui a refusé la venue du médiateur sénégalais de l’Union africaine , a rejeté les critiques de ses opposants qui estiment que la commission électorale a conclu ses travaux de manière prématurée. "On reste toute une nuit et vous trouvez que c’est prématuré ?
Après avoir fait recompter un certain nombre de localités plusieurs fois pour se rendre compte que les chiffres étaient les mêmes, que les PV (procès-verbaux des bureaux de vote) étaient identiques. C’est de la mauvaise foi, c’est tout !", a-t-il lancé.
De son côté, la France, visée par les manifestants de jeudi, a redit vendredi matin par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qu’elle accepterait le résultat de l’élection, une fois les éventuels recours examinés.
Comme la veille, le ministre français a nié sur RTL toute ingérence dans les affaires gabonaises. Il a une fois encore recommandé aux 10.000 expatriés français de "rester chez eux" tout en écartant pour l’heure toute évacuation. "Aucun Français n’a été molesté", a souligné samedi le ministre.
"Je regrette bien entendu ce qui s’est passé à Port-Gentil, mais voilà c’est entre Gabonais, entre fractions et concurrents, pour le moment. J’espère que le pire est derrière nous", a-t-il souligné.
- Par OUSMANE KEBE DIOP -
Le verdict de la Cour constitutionnelle gabonaise qui a confirmé vendredi après-midi la victoire d’Ali Bongo Odimba, n’a pas apaisé les esprits. Samedi soir Port-Gentil, la capitale économique du Gabon et fief de l’opposition, où l’on déplore déjà deux morts depuis le début des émeutes jeudi, a été le théâtre d’une troisième nuit consécutive de violences. Faisant fi du couvre-feu pillards et partisans de l’opposition ont multiplié les accrochages avec les forces de l’ordre dans les quartiers de Matanda et Salsa et le centre-ville de Port-Gentil, à Sindara, Cocotiers, et Quartier Chic.
Des groupes de pillards très mobiles ont installé des barricades sur les principales voies de Port-Gentil pour empêcher les véhicules des forces de l’ordre de circuler. Total a décidé de transférer "temporairement" les familles des personnels de Port-Gentil à Libreville tandis que selon plusieurs témoignages des centaines d’habitants quittaient la ville. Port-Gentil n’étant accessible que par bateau, le tarif du voyage en pirogue est passé de 10.000 FCFA à 20.000 FCFA (15,25 à 30,50 euros).
Vendredi soir des manifestants avaient incendié le Foyer Roger Buttin, un centre sportif et social de Total. "On entend des tirs sans que l’on sache si ce sont des tirs de gaz lacrymogènes ou des coups de feu mais cela semble très violent", témoignait vendredi soir une habitante du quartier Château où un commissariat a été pillé et brûlé pendant l’après-midi.
Des pillards avaient attaqué vendredi en fin de journée des commerces dans la périphérie nord de Port-Gentil. La veille, des manifestants ont déjà attaqué la prison de la ville et libéré les détenus, avant d’incendier le consulat général de France. Des installations du groupe pétrolier français Total et du groupe franco-américain Schlumberger avaient également été prises pour cibles et trois femmes ont été blessées.
Ces violences, qui ont éclaté jeudi suite à l’annonce de la victoire d’Ali Bongo, ont fait pour le moment deux morts. Selon les autorités gabonaises, une des victimes aurait visé les forces de l’ordre et aurait été tuée jeudi par un tir de riposte. L’autre aurait succombé le même jour aux tirs de pillards. Autant d’incidents qui ont entraîné le départ du gouverneur de la région, démis de ses fonctions jeudi par le gouvernement gabonais.
Kouchner : "Ce qui s’est passé a eu lieu entre Gabonais"
À Libreville, en revanche, aucun incident n’a été signalé. Les activités ont repris sans toutefois connaître leur rythme habituel. Jeudi, des troubles ont eu eu lieu dans de nombreux quartiers populaires . Lors de ces échauffourées, des jeunes tenaient des discours hostiles à Ali Bongo et à la France. "On en a marre de ces Français, il faut les chasser, les tuer !", menaçaient-ils. Jeudi soir, la télévision publique RTG1 a fait état de l’interpellation de plusieurs jeunes impliqués dans les incidents.
Selon des résultats officiels, Ali Bongo, 50 ans, a remporté l’élection à un tour du 30 août avec 41,73% des suffrages, devant l’ex-ministre de l’Intérieur, André Mba Obame (25,88%) et Pierre Mamboundou (25,22%).
Le nouveau président a invité ses adversaires à "accepter le verdict des urnes" et à ne pas "prendre en otage" le peuple gabonais. "Il existe des institutions devant lesquelles on peut porter des réclamations et des recours".
"Il faut absolument que le calme revienne sur toute l’étendue du territoire", a redit samedi le président gabonais à RFI.
"Je trouve curieux" qu’un des candidats "alors que Port-Gentil lui a donné une belle victoire choisisse cette même ville pour y commettre un certain nombre d’exactions", a regretté Ali Bongo, visant, sans le nommer, Pierre Mamboundou.
"Quand on aspire à être président de la République, ce n’est pas avec des gestes comme ceux-là que l’on doit se comporter", a-t-il poursuivi. Pierre Mamboundou, arrivé troisième du scrutin, a notamment appelé à la "résistance". Disparu depuis trois jours, son sort est toujours incertain. Un autre opposant, arrivé deuxième du scrutin, André Mba Obame continue de rejeter les résultats et persiste à s’affirmer vainqueur.
Ali Bongo, qui a refusé la venue du médiateur sénégalais de l’Union africaine , a rejeté les critiques de ses opposants qui estiment que la commission électorale a conclu ses travaux de manière prématurée. "On reste toute une nuit et vous trouvez que c’est prématuré ?
Après avoir fait recompter un certain nombre de localités plusieurs fois pour se rendre compte que les chiffres étaient les mêmes, que les PV (procès-verbaux des bureaux de vote) étaient identiques. C’est de la mauvaise foi, c’est tout !", a-t-il lancé.
De son côté, la France, visée par les manifestants de jeudi, a redit vendredi matin par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qu’elle accepterait le résultat de l’élection, une fois les éventuels recours examinés.
Comme la veille, le ministre français a nié sur RTL toute ingérence dans les affaires gabonaises. Il a une fois encore recommandé aux 10.000 expatriés français de "rester chez eux" tout en écartant pour l’heure toute évacuation. "Aucun Français n’a été molesté", a souligné samedi le ministre.
"Je regrette bien entendu ce qui s’est passé à Port-Gentil, mais voilà c’est entre Gabonais, entre fractions et concurrents, pour le moment. J’espère que le pire est derrière nous", a-t-il souligné.
- Par OUSMANE KEBE DIOP -