On nous annonce que la suppression du sénat permettrait d’économiser près de 8 milliards de franc CFA par an et que ces économies financeraient, dans l’immédiat, la lutte contre les inondations.
Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé que le programme de gestion des eaux pluviales pour la zone périurbaine de la région de Dakar, d’un coût de près de 40 milliards de FCFA, démarre dès 2013.
L’assainissement est aujourd’hui, à juste titre et à la force des évènements, considéré comme l’une des priorités du gouvernement.
Cependant, les investissements dans le secteur de l’assainissement ont toujours coûté cher au Sénégal et les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes.
Pour illustrer ces mauvais investissements, je pends l’exemple de la superbe station d’épuration de Cambérène.
Elle nous a coûté plus de 12 milliards de francs CFA :
Construction : 2 630 112 106 F CFA (en 1989) ;
Réhabilitation : 4 106 399 453 CFA (en 2004)
Extension : 5 698 018 141 F CFA (en 2008)
Ces dépenses ne comprennent pas tous les frais liés aux études et à la supervision des travaux.
La station d’épuration de Cambérène est sans doute le plus bel ouvrage d’assainissement au Sénégal et dispose d’une technologie avancée en matière de traitement des eaux résiduaires urbaines.
Malgré tous ces investissements, la station d’épuration est encore aujourd’hui source de polémiques :
Performances épuratoires insuffisantes ;
Pollution du milieu récepteur ;
Objectif initial de réutilisation des eaux traitées très compromis
Colère permanente des riverains...
Au mois de mai 2012, à la suite d’un conseil interministériel sur cette « bombe écologique », le Premier ministre a déclaré : « La solution, on est tous d'accord, passe par une délocalisation, une meilleure prise en compte de l'impact écologique ».
Cette solution consiste en réalité à démolir la station d’épuration de Cambérène et construire une nouvelle unité de traitement sur un nouveau site.
La déconstruction de cette station d’épuration serait un terrible gaspillage et un aveu d’incompétence des services techniques et administratifs chargés de l’assainissement au Sénégal.
Cette délocalisation, à l’odeur très nauséabonde, coûterait cher au contribuable sénégalais.
En effet cette solution signifie :
Un investissement de 12 milliards pour rien ;
Des coûts importants pour reconstruire une nouvelle station ;
Des investissements lourds pour reconfigurer les réseaux de collecte ;
La démolition de la station actuelle dans le respect de l’environnement coûte également.
Je pense qu’un pays comme le Sénégal ne doit pas se permettre de tels gaspillages.
Ce projet qui devait être un exemple de pas de géant vers une gestion durable des eaux sera au final un frein important à l’expansion de l’assainissement collectif au Sénégal.
Je ne vois pas comment on peut aller défendre devant les bailleurs de fonds le financement d’une nouvelle usine de traitement si on envisage d’en démolir une autre qui aura coûté des milliards il y a moins de 5 ans.
Comment en sommes nous arrivés là ? Par non prise en compte de nos réalités et de nos contraintes spécifiques et surtout par incompétence.
Comment éviter que cela se reproduise ? Essayons d’apporter des pistes.
La mise en place d’un système d’assainissement nécessité l’intégration en un tout opérationnel de plusieurs facteurs : spécificités locales, réglementation, possibilités techniques…
La construction et le bon fonctionnement d’une station d’épuration est le résultat d’un long processus qui commence par une analyse comparative de l’ensemble des ressources en eau disponibles sur notre territoire et les besoins actuels et futurs. Cette analyse permet de déterminer l’état de stress hydrique du pays et de définir un schéma global des ressources en eau.
En cohérence avec ce schéma de gestion, nous devons disposer d’une réglementation qui fixe entre autres les normes de rejet des eaux en fonction de :
La taille de l’agglomération ;
Des usages de l’eau en amont ;
De la destination des eaux traitées : réutilisation, rejet en mer, rejet dans un cours d’eau, infiltration…
L’élaboration de la réglementation de l’eau doit faire appel à tous les services ministériels concernés de près ou de loin par la question de l’eau (assainissement, santé, environnement, agriculture…)
Tous ces documents réglementaires existent aujourd’hui au Sénégal mais les incohérences d’un document à l’autre sont terrifiantes.
Dans la logique de cette réglementation chaque collectivité devra disposer d’un schéma directeur et d’un zonage d’assainissement.
C’est lors de l’élaboration du schéma directeur et du zonage que les populations concernées par les projets sont consultées. Chaque schéma directeur doit être cohérent avec la réglementation sur l’eau et doit être validé par la collectivité locale avec une implication autant que possible de la population.
Chaque collectivité disposant d’un schéma directeur et d’un zonage peut entreprendre avec l’aide de l’état les travaux de mise en place de son système d’assainissement.
Plusieurs points doivent être validés avant l’exécution des travaux : le choix de la filière, le choix du site d’implantation, le choix du milieu récepteur…
Le choix du site d’implantation et de la destination des eaux traitées doit être validé avec les populations concernées par le projet pour éviter toute polémique ultérieure. Bien sûr que ce choix doit être établi sur des raisons techniques, mais des réunions publiques d’explication sont nécessaires pour une adhésion des riverains au projet chose primordiale.
Le choix de la filière de traitement dépend des contraintes spécifiques à la collectivité, des caractéristiques des eaux usées et des performances de traitement attendues.
Je vous cite quelques type de filières de traitement des eaux usées et leur adaptabilité au Sénégal.
Station rustique de type lagunage naturel
Principe
Il s'agit d'un procédé biologique à cultures libres qui repose sur la présence équilibrée de bactéries aérobies et d’algues.
Ces installations sont constituées de 3 bassins successifs :
bassin n°1 : abattement de la pollution carbonée
bassin n° 2 : abattement de l’azote et du phosphore.
bassin n° 3 : continue l’abattement du bassin n°2.
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Facilité et faible coût d’exploitation.
- Aucune consommation d’énergie si la topographie le permet.
- Bons rendements d’élimination sur les paramètres azote et phosphore.
- Emprise au sol très importante.
- Elimination moyenne de la matière organique.
Adaptée à toutes les communes de petite et moyenne taille disposant de superficie nécessaire pour l’implantation des ouvrages.
La construction d’une station de ce type peut être entièrement réalisée par des entreprises sénégalaises sans aucune importation (sauf géotextile pour étanchéité des bassins).
Station rustique de type filtres plantés de roseaux
Principe
Il s'agit d'un procédé biologique à cultures fixées sur supports fins basé sur la percolation de l'eau usée au travers de massifs filtrants colonisés par des bactéries qui assurent les processus épuratoires.
La caractéristique principale des filtres plantés de roseaux réside dans le fait qu'ils peuvent être alimentés directement avec des eaux usées brutes sans décantation préalable et après un simple dégrillage. Ceci est rendu possible par la plantation de roseaux dont l'important système racinaire se développe dans le massif filtrant. Il comporte des tiges souterraines (rhizomes) à partir desquels se développent des tiges qui viennent perforer les dépôts superficiels et ainsi créent des passages pour l'eau en évitant le colmatage.
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Possibilité de traiter des eaux domestiques brutes.
- Gestion réduite au minimum des dépôts organiques retenus sur les filtres du 1er étage.
- Surface au sol optimisée
- Facilité et faible coût d’exploitation.
- Aucune consommation d’énergie si la topographie le permet.
- Curage des boues tous les 8 à 10 ans.
- Exploitation simple, de faible durée mais régulière.
- Faucardage annuel de la partie aérienne des roseaux à partir de la deuxième année suivant la plantation.
.
Il s’agit d’une filière très compatible à la majeure partie des villes du Sénégal.
D’autant plus que le traitement est très efficace quand la température est supérieure à 18°C.
Le traitement des matières de vidange est bien assuré par cette filière.
Aucune importation nécessaire sauf géotextile pour l’étanchéité.
Station de type boues activées
Principe
Le procédé boues activées consiste à mélanger et à agiter des eaux usées brutes avec des boues activées liquides, bactériologiquement très actives.
La dégradation aérobie de la pollution s’effectue par mélange des micro-organismes épurateurs et de l’effluent à traiter.
En fin de traitement, l’eau épurée est obtenue par séparation physique de l’eau et de la boue (composée notamment des bactéries épuratrices).
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Adaptée pour toute taille de collectivité.
- Excellents résultats sur la DBO5, la DCO, les MES.
- Nitrification poussée.
- Facilité de mise en œuvre d’une déphosphatation pour le traitement du phosphore.
- Coût d’investissement élevé.
- Consommation énergétique.
- Nécessité d’un personnel qualifié et d’une surveillance régulière.
- Production de boues qu’il faut concentrer.
Adaptée aux grandes villes comme Dakar.
Toute la partie équipement est importée et sa construction nécessite à l’heure actuelle de faire appel à un épurateur occidental.
Biodisques
Principe
Les disques biologiques ou biodisques sont une filière de traitement biologique aérobie à biomasse fixée.
Les supports de la microflore épuratrice sont des disques partiellement immergés dans l'effluent à traiter et animés d'un mouvement de rotation lequel assure à la fois le mélange et l'aération. Lors de la phase immergée, la biomasse absorbe la matière organique qu'elle dégrade par fermentation aérobie grâce à l'oxygène atmosphérique.
Dès qu’il dépasse une épaisseur de quelques millimètres, le biofilm (les boues) en excédent se détache et est entraîné vers le décanteur final où il est séparé de l’eau épurée. Les boues ainsi piégées sont automatiquement renvoyées par pompage périodique vers l’ouvrage de tête pour y être stockées et digérées (filière classique).
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Consommation électrique faible (1 kWh/kg de DBO5 éliminé),
- Boues bien épaissies dans le décanteur -digesteur,
- Bonne résistance aux surcharges organiques et hydrauliques passagères,
.
- Nécessité d'un personnel ayant des compétences en électromécanique,
- Abattement limité de l'azote en dimensionnement
classique,
- Sensibilité aux coupures d'électricité prolongées qui entraînent un développement inégal du film biologique entre les parties émergées et immergées (dessiccation de la partie émergée pendant l’arrêt)..
A éviter autant que possible au Sénégal.
Les collectivités peuvent faire appel à des bureaux d’études pour les aider dans le pilotage du projet.
En tout état de cause chaque construction d’infrastructure doit faire l’objet d’une étude poussée aboutissant à un cahier des charges bien défini avant de faire appel aux entreprises.
Si nous continuons de lancer des appels d’offre sans passer par cette procédure, nous aurons toujours des infrastructures qui coûtent cher mais pas forcément adaptées à nos contraintes.
Pire encore, si nous continuons de faire savoir à STEREAU que les marchés de station d’épuration sont pour elle, alors elle nous vendra toujours ses produits les plus rentables et expérimentera ses process à grandeur nature chez nous.
Nous devons savoir ce que nous voulons avant de chercher qui peut faire les travaux.
Je me réjouis que l’eau et l’assainissement soient au cœur des priorités du Sénégal.
Nous sommes vitrine de la démocratie africaine, nous pouvons être pionnier de la gestion durable de l’eau dans la sous-région. Nous en avons les compétences, les talents et vraisemblablement la volonté et c’est dans l’intérêt de notre pays.
J’espère de tout cœur que ces investissements à venir ne seront pas un moyen d’enrichir certaines entreprises et certaines personnes au dépourvu des citoyens qui paieront l’addition quel que soit le résultat.
Nous ne pouvons plus continuer de jeter des milliards aux égouts.
Moussa KEBE
Chef de Projets en gestion et traitement des eaux
AMODIAG Environnement – Agence Nord Picardie
Tel : 00 33 6 72 24 53 12
Mail : mkebe@amodiag.com
9,avenue Marc Lefrancq
ZAC de Valenciennes Rouvignies
59121 PROUVY
France
Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé que le programme de gestion des eaux pluviales pour la zone périurbaine de la région de Dakar, d’un coût de près de 40 milliards de FCFA, démarre dès 2013.
L’assainissement est aujourd’hui, à juste titre et à la force des évènements, considéré comme l’une des priorités du gouvernement.
Cependant, les investissements dans le secteur de l’assainissement ont toujours coûté cher au Sénégal et les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes.
Pour illustrer ces mauvais investissements, je pends l’exemple de la superbe station d’épuration de Cambérène.
Elle nous a coûté plus de 12 milliards de francs CFA :
Construction : 2 630 112 106 F CFA (en 1989) ;
Réhabilitation : 4 106 399 453 CFA (en 2004)
Extension : 5 698 018 141 F CFA (en 2008)
Ces dépenses ne comprennent pas tous les frais liés aux études et à la supervision des travaux.
La station d’épuration de Cambérène est sans doute le plus bel ouvrage d’assainissement au Sénégal et dispose d’une technologie avancée en matière de traitement des eaux résiduaires urbaines.
Malgré tous ces investissements, la station d’épuration est encore aujourd’hui source de polémiques :
Performances épuratoires insuffisantes ;
Pollution du milieu récepteur ;
Objectif initial de réutilisation des eaux traitées très compromis
Colère permanente des riverains...
Au mois de mai 2012, à la suite d’un conseil interministériel sur cette « bombe écologique », le Premier ministre a déclaré : « La solution, on est tous d'accord, passe par une délocalisation, une meilleure prise en compte de l'impact écologique ».
Cette solution consiste en réalité à démolir la station d’épuration de Cambérène et construire une nouvelle unité de traitement sur un nouveau site.
La déconstruction de cette station d’épuration serait un terrible gaspillage et un aveu d’incompétence des services techniques et administratifs chargés de l’assainissement au Sénégal.
Cette délocalisation, à l’odeur très nauséabonde, coûterait cher au contribuable sénégalais.
En effet cette solution signifie :
Un investissement de 12 milliards pour rien ;
Des coûts importants pour reconstruire une nouvelle station ;
Des investissements lourds pour reconfigurer les réseaux de collecte ;
La démolition de la station actuelle dans le respect de l’environnement coûte également.
Je pense qu’un pays comme le Sénégal ne doit pas se permettre de tels gaspillages.
Ce projet qui devait être un exemple de pas de géant vers une gestion durable des eaux sera au final un frein important à l’expansion de l’assainissement collectif au Sénégal.
Je ne vois pas comment on peut aller défendre devant les bailleurs de fonds le financement d’une nouvelle usine de traitement si on envisage d’en démolir une autre qui aura coûté des milliards il y a moins de 5 ans.
Comment en sommes nous arrivés là ? Par non prise en compte de nos réalités et de nos contraintes spécifiques et surtout par incompétence.
Comment éviter que cela se reproduise ? Essayons d’apporter des pistes.
La mise en place d’un système d’assainissement nécessité l’intégration en un tout opérationnel de plusieurs facteurs : spécificités locales, réglementation, possibilités techniques…
La construction et le bon fonctionnement d’une station d’épuration est le résultat d’un long processus qui commence par une analyse comparative de l’ensemble des ressources en eau disponibles sur notre territoire et les besoins actuels et futurs. Cette analyse permet de déterminer l’état de stress hydrique du pays et de définir un schéma global des ressources en eau.
En cohérence avec ce schéma de gestion, nous devons disposer d’une réglementation qui fixe entre autres les normes de rejet des eaux en fonction de :
La taille de l’agglomération ;
Des usages de l’eau en amont ;
De la destination des eaux traitées : réutilisation, rejet en mer, rejet dans un cours d’eau, infiltration…
L’élaboration de la réglementation de l’eau doit faire appel à tous les services ministériels concernés de près ou de loin par la question de l’eau (assainissement, santé, environnement, agriculture…)
Tous ces documents réglementaires existent aujourd’hui au Sénégal mais les incohérences d’un document à l’autre sont terrifiantes.
Dans la logique de cette réglementation chaque collectivité devra disposer d’un schéma directeur et d’un zonage d’assainissement.
C’est lors de l’élaboration du schéma directeur et du zonage que les populations concernées par les projets sont consultées. Chaque schéma directeur doit être cohérent avec la réglementation sur l’eau et doit être validé par la collectivité locale avec une implication autant que possible de la population.
Chaque collectivité disposant d’un schéma directeur et d’un zonage peut entreprendre avec l’aide de l’état les travaux de mise en place de son système d’assainissement.
Plusieurs points doivent être validés avant l’exécution des travaux : le choix de la filière, le choix du site d’implantation, le choix du milieu récepteur…
Le choix du site d’implantation et de la destination des eaux traitées doit être validé avec les populations concernées par le projet pour éviter toute polémique ultérieure. Bien sûr que ce choix doit être établi sur des raisons techniques, mais des réunions publiques d’explication sont nécessaires pour une adhésion des riverains au projet chose primordiale.
Le choix de la filière de traitement dépend des contraintes spécifiques à la collectivité, des caractéristiques des eaux usées et des performances de traitement attendues.
Je vous cite quelques type de filières de traitement des eaux usées et leur adaptabilité au Sénégal.
Station rustique de type lagunage naturel
Principe
Il s'agit d'un procédé biologique à cultures libres qui repose sur la présence équilibrée de bactéries aérobies et d’algues.
Ces installations sont constituées de 3 bassins successifs :
bassin n°1 : abattement de la pollution carbonée
bassin n° 2 : abattement de l’azote et du phosphore.
bassin n° 3 : continue l’abattement du bassin n°2.
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Facilité et faible coût d’exploitation.
- Aucune consommation d’énergie si la topographie le permet.
- Bons rendements d’élimination sur les paramètres azote et phosphore.
- Emprise au sol très importante.
- Elimination moyenne de la matière organique.
Adaptée à toutes les communes de petite et moyenne taille disposant de superficie nécessaire pour l’implantation des ouvrages.
La construction d’une station de ce type peut être entièrement réalisée par des entreprises sénégalaises sans aucune importation (sauf géotextile pour étanchéité des bassins).
Station rustique de type filtres plantés de roseaux
Principe
Il s'agit d'un procédé biologique à cultures fixées sur supports fins basé sur la percolation de l'eau usée au travers de massifs filtrants colonisés par des bactéries qui assurent les processus épuratoires.
La caractéristique principale des filtres plantés de roseaux réside dans le fait qu'ils peuvent être alimentés directement avec des eaux usées brutes sans décantation préalable et après un simple dégrillage. Ceci est rendu possible par la plantation de roseaux dont l'important système racinaire se développe dans le massif filtrant. Il comporte des tiges souterraines (rhizomes) à partir desquels se développent des tiges qui viennent perforer les dépôts superficiels et ainsi créent des passages pour l'eau en évitant le colmatage.
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Possibilité de traiter des eaux domestiques brutes.
- Gestion réduite au minimum des dépôts organiques retenus sur les filtres du 1er étage.
- Surface au sol optimisée
- Facilité et faible coût d’exploitation.
- Aucune consommation d’énergie si la topographie le permet.
- Curage des boues tous les 8 à 10 ans.
- Exploitation simple, de faible durée mais régulière.
- Faucardage annuel de la partie aérienne des roseaux à partir de la deuxième année suivant la plantation.
.
Il s’agit d’une filière très compatible à la majeure partie des villes du Sénégal.
D’autant plus que le traitement est très efficace quand la température est supérieure à 18°C.
Le traitement des matières de vidange est bien assuré par cette filière.
Aucune importation nécessaire sauf géotextile pour l’étanchéité.
Station de type boues activées
Principe
Le procédé boues activées consiste à mélanger et à agiter des eaux usées brutes avec des boues activées liquides, bactériologiquement très actives.
La dégradation aérobie de la pollution s’effectue par mélange des micro-organismes épurateurs et de l’effluent à traiter.
En fin de traitement, l’eau épurée est obtenue par séparation physique de l’eau et de la boue (composée notamment des bactéries épuratrices).
Avantages et inconvénients
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Adaptée pour toute taille de collectivité.
- Excellents résultats sur la DBO5, la DCO, les MES.
- Nitrification poussée.
- Facilité de mise en œuvre d’une déphosphatation pour le traitement du phosphore.
- Coût d’investissement élevé.
- Consommation énergétique.
- Nécessité d’un personnel qualifié et d’une surveillance régulière.
- Production de boues qu’il faut concentrer.
Adaptée aux grandes villes comme Dakar.
Toute la partie équipement est importée et sa construction nécessite à l’heure actuelle de faire appel à un épurateur occidental.
Biodisques
Principe
Les disques biologiques ou biodisques sont une filière de traitement biologique aérobie à biomasse fixée.
Les supports de la microflore épuratrice sont des disques partiellement immergés dans l'effluent à traiter et animés d'un mouvement de rotation lequel assure à la fois le mélange et l'aération. Lors de la phase immergée, la biomasse absorbe la matière organique qu'elle dégrade par fermentation aérobie grâce à l'oxygène atmosphérique.
Dès qu’il dépasse une épaisseur de quelques millimètres, le biofilm (les boues) en excédent se détache et est entraîné vers le décanteur final où il est séparé de l’eau épurée. Les boues ainsi piégées sont automatiquement renvoyées par pompage périodique vers l’ouvrage de tête pour y être stockées et digérées (filière classique).
Avantages
Inconvénients
Adaptabilité pour le Sénégal
- Consommation électrique faible (1 kWh/kg de DBO5 éliminé),
- Boues bien épaissies dans le décanteur -digesteur,
- Bonne résistance aux surcharges organiques et hydrauliques passagères,
.
- Nécessité d'un personnel ayant des compétences en électromécanique,
- Abattement limité de l'azote en dimensionnement
classique,
- Sensibilité aux coupures d'électricité prolongées qui entraînent un développement inégal du film biologique entre les parties émergées et immergées (dessiccation de la partie émergée pendant l’arrêt)..
A éviter autant que possible au Sénégal.
Les collectivités peuvent faire appel à des bureaux d’études pour les aider dans le pilotage du projet.
En tout état de cause chaque construction d’infrastructure doit faire l’objet d’une étude poussée aboutissant à un cahier des charges bien défini avant de faire appel aux entreprises.
Si nous continuons de lancer des appels d’offre sans passer par cette procédure, nous aurons toujours des infrastructures qui coûtent cher mais pas forcément adaptées à nos contraintes.
Pire encore, si nous continuons de faire savoir à STEREAU que les marchés de station d’épuration sont pour elle, alors elle nous vendra toujours ses produits les plus rentables et expérimentera ses process à grandeur nature chez nous.
Nous devons savoir ce que nous voulons avant de chercher qui peut faire les travaux.
Je me réjouis que l’eau et l’assainissement soient au cœur des priorités du Sénégal.
Nous sommes vitrine de la démocratie africaine, nous pouvons être pionnier de la gestion durable de l’eau dans la sous-région. Nous en avons les compétences, les talents et vraisemblablement la volonté et c’est dans l’intérêt de notre pays.
J’espère de tout cœur que ces investissements à venir ne seront pas un moyen d’enrichir certaines entreprises et certaines personnes au dépourvu des citoyens qui paieront l’addition quel que soit le résultat.
Nous ne pouvons plus continuer de jeter des milliards aux égouts.
Moussa KEBE
Chef de Projets en gestion et traitement des eaux
AMODIAG Environnement – Agence Nord Picardie
Tel : 00 33 6 72 24 53 12
Mail : mkebe@amodiag.com
9,avenue Marc Lefrancq
ZAC de Valenciennes Rouvignies
59121 PROUVY
France