Doit-on enseigner aux jeunes médecins le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s endormi-e-s au bloc ?". Une cinquantaine de médecins, journalistes et féministes, posent la question dans une tribune publiée vendredi contre des pratiques "faisant fi" du consentement des malades, et appelant les pouvoirs publics à réagir.
Les auteurs de la tribune ont aussi mis en ligne une pétition pour demander aux ministres Marisol Touraine (Santé) et Najat Vallaud-Belkacem (Enseignement supérieur) "de faire toute la lumière sur cette affaire". Samedi, Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des Droits des Femmes, a aussi indiqué sur Twitter qu'il était nécessaire de "faire la lumière sur les cas évoqués"."Pratique jusqu'alors largement niée", le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s inconscient-e-s et non informé-e-s à des fins pédagogiques est "évoqué dans plusieurs blogs, par des témoignages de futurs médecins et même attesté par des documents", affirment les signataires de la tribune. Or ce ne sont pas des "gestes anodins", ni pour les patients, ni pour le futur médecin. "Négation" des droits du malade, le toucher vaginal "effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d'autrui par contrainte ou par surprise, c'est-à-dire un viol", poursuivent-ils.
Un article de Metronews publié en début de semaine relayait un document publié sur le site de la Faculté de médecine Lyon Sud Charles-Mérieux, laissant penser que ces méthodes étaient employées par ses étudiants.
Des allégations fermement démenties par l'établissement dès mardi soir. Selon une porte-parole de l’université Claude-Bernard Lyon 1, dont dépend la faculté, le document cité par Metronews est ancien et figurait par erreur sur son site. "Il n'a jamais été organisé de formation sur des patientes endormies (...) Ce n'est pas possible, ce n'est pas éthique, ce serait inacceptable", a affirmé mercredi le chef du service de Lyon Sud, François Golfier.
De leur côté, les auteurs de la tribune assurent que "bon nombre de professionnels de la santé et d'internes" ont justifié ces pratiques, expliquant "qu'ils doivent apprendre leur métier, et qu'il est préférable que la patiente (...) ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la 'voir'".
Touchers vaginaux, mais aussi touchers rectaux: "On est passés à la chaîne, chacun l’un après l’autre, pour lui faire un toucher rectal, raconte une ancienne étudiante en médecine citée par Les Inrocks, entre autres témoignages publiés dans la presse depuis l'article de Metronews. Ils nous encourageaient à le demander au chef. C’était sous-entendu dans n’importe quelle opération, y compris dans des chirurgies où le patient n’a pas besoin de touchers rectaux, par exemple en chirurgie de l’obésité".
"La première fois, j’ai accepté sans ciller, raconte une autre étudiante. Je ne me suis pas posée la question sur le moment, ce que je regrette beaucoup. C’était mon premier bloc opératoire. On nous dit toujours que certains chirurgiens peuvent être impatients quand on ne fait pas les choses rapidement. J’étais stressée à l’idée de faire une erreur, j’obéissais le plus vite possible sans discuter. C’est considéré pour les médecins comme un non-événement. Personne n’aurait jugé utile de le dire à la patiente".
"La loi du 4 mars 2002 est très claire : 'l'examen d'une personne malade dans le cadre d'un enseignement clinique requiert son consentement préalable'. Aucun acte médical ne peut donc être pratiqué sans avoir auparavant reçu l'accord du patient", a déjà réagi le ministère de la Santé. "L'apprentissage des touchers pelviens et rectaux doit être réalisé dans le respect de la loi, avec interdiction formelle pour un étudiant d'examiner un(e) patient(e)" sans son "consentement éclairé", ni "sans la présence et la supervision d'un enseignant".
Le ministère a assuré qu'il "continuera de veiller au respect absolu de la loi et que "si des infractions étaient avérées elles seraient inadmissibles et devraient être sanctionnées."
"Attention aux amalgames", prévient quant à lui le docteur Bertrand de Rochambeau, formé à Lyon et vice-président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France. "Faire examiner des patientes par des étudiants à leur insu, je n'ai jamais vu ça". Par contre, lorsqu'un interne suit un patient, il peut être amené à l'examiner. "Dans ce cadre-là, (...) le patient n'a probablement pas signé un consentement écrit sur ce point particulier", mais "ce n'est pas un viol", estime-t-il.
Les auteurs de la tribune ont aussi mis en ligne une pétition pour demander aux ministres Marisol Touraine (Santé) et Najat Vallaud-Belkacem (Enseignement supérieur) "de faire toute la lumière sur cette affaire". Samedi, Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des Droits des Femmes, a aussi indiqué sur Twitter qu'il était nécessaire de "faire la lumière sur les cas évoqués"."Pratique jusqu'alors largement niée", le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s inconscient-e-s et non informé-e-s à des fins pédagogiques est "évoqué dans plusieurs blogs, par des témoignages de futurs médecins et même attesté par des documents", affirment les signataires de la tribune. Or ce ne sont pas des "gestes anodins", ni pour les patients, ni pour le futur médecin. "Négation" des droits du malade, le toucher vaginal "effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d'autrui par contrainte ou par surprise, c'est-à-dire un viol", poursuivent-ils.
Un article de Metronews publié en début de semaine relayait un document publié sur le site de la Faculté de médecine Lyon Sud Charles-Mérieux, laissant penser que ces méthodes étaient employées par ses étudiants.
Des allégations fermement démenties par l'établissement dès mardi soir. Selon une porte-parole de l’université Claude-Bernard Lyon 1, dont dépend la faculté, le document cité par Metronews est ancien et figurait par erreur sur son site. "Il n'a jamais été organisé de formation sur des patientes endormies (...) Ce n'est pas possible, ce n'est pas éthique, ce serait inacceptable", a affirmé mercredi le chef du service de Lyon Sud, François Golfier.
De leur côté, les auteurs de la tribune assurent que "bon nombre de professionnels de la santé et d'internes" ont justifié ces pratiques, expliquant "qu'ils doivent apprendre leur métier, et qu'il est préférable que la patiente (...) ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la 'voir'".
Touchers vaginaux, mais aussi touchers rectaux: "On est passés à la chaîne, chacun l’un après l’autre, pour lui faire un toucher rectal, raconte une ancienne étudiante en médecine citée par Les Inrocks, entre autres témoignages publiés dans la presse depuis l'article de Metronews. Ils nous encourageaient à le demander au chef. C’était sous-entendu dans n’importe quelle opération, y compris dans des chirurgies où le patient n’a pas besoin de touchers rectaux, par exemple en chirurgie de l’obésité".
"La première fois, j’ai accepté sans ciller, raconte une autre étudiante. Je ne me suis pas posée la question sur le moment, ce que je regrette beaucoup. C’était mon premier bloc opératoire. On nous dit toujours que certains chirurgiens peuvent être impatients quand on ne fait pas les choses rapidement. J’étais stressée à l’idée de faire une erreur, j’obéissais le plus vite possible sans discuter. C’est considéré pour les médecins comme un non-événement. Personne n’aurait jugé utile de le dire à la patiente".
"La loi du 4 mars 2002 est très claire : 'l'examen d'une personne malade dans le cadre d'un enseignement clinique requiert son consentement préalable'. Aucun acte médical ne peut donc être pratiqué sans avoir auparavant reçu l'accord du patient", a déjà réagi le ministère de la Santé. "L'apprentissage des touchers pelviens et rectaux doit être réalisé dans le respect de la loi, avec interdiction formelle pour un étudiant d'examiner un(e) patient(e)" sans son "consentement éclairé", ni "sans la présence et la supervision d'un enseignant".
Le ministère a assuré qu'il "continuera de veiller au respect absolu de la loi et que "si des infractions étaient avérées elles seraient inadmissibles et devraient être sanctionnées."
"Attention aux amalgames", prévient quant à lui le docteur Bertrand de Rochambeau, formé à Lyon et vice-président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France. "Faire examiner des patientes par des étudiants à leur insu, je n'ai jamais vu ça". Par contre, lorsqu'un interne suit un patient, il peut être amené à l'examiner. "Dans ce cadre-là, (...) le patient n'a probablement pas signé un consentement écrit sur ce point particulier", mais "ce n'est pas un viol", estime-t-il.