Le réalisateur sénégalais, Moussa Touré, président de Ciné Sud en mars dernier, dénonçait déjà ce qu'il estime être « une humiliation ». PHOTO PH.B.
Il est rare de voir les responsables de Plein Sud ouvrir le festival sur un coup de gueule. La chose est d'autant plus étonnante que l'édition 2010 du festival des cultures d'Afrique de Cozes est placée sous le signe de la fête, à l'occasion de son vingtième anniversaire (1). Pour Nicole Ménier, cependant, la coupe est pleine. Une nouvelle fois, certains de ses invités ne pourront pas participer aux débats organisés par l'association, faute de visas pour entrer en France. Une tendance qui ne fait que s'accentuer.
« Cela devient une épreuve pour tout le monde, explique Nicole Ménier. Chaque année, les choses deviennent plus difficiles. » Moussa Touré, invité d'honneur et président du jury de Ciné Sud, en mars dernier (notre édition du 28 mars), dénonçait déjà les tracasseries dont il estimait avoir fait l'objet. « Demander un visa pour venir en France devient une épreuve. Cela fait 38 ans que je fais du cinéma. Les gens me connaissent au consulat. Ils m'ont quand même demandé de revenir avec une attestation comme quoi j'exerçais cette profession. Mon fils, sélectionné pour un court-métrage à Ciné Sud, n'a pu l'obtenir pour m'accompagner. Tout ce qu'il voulait, c'était rencontrer des jeunes ici, discuter avec eux. Tout cela est humiliant. »
Trois visas sans réponse
Pour Nicole Ménier, comme pour Marion Tessier, nouvellement nommée coordinatrice générale du festival, la situation est chaque année plus complexe. « Nous envisageons de nous fédérer au sein d'un collectif pour peser sur les choses, à l'instar de qui s'est créé dans le domaine des musiques actuelles (2) », explique Marion Tessier. « Nous ne pouvons plus programmer d'événements sans être soumis à des changements de programmation liés à ce problème des visas. Nous avons fait des demandes pour une dizaine de visas. Trois restaient mardi sans réponse, alors même que le festival s'ouvre lundi. »
L'organisation s'adapte mais ce n'est pas satisfaisant. « Nous n'avons pas de problème de troupe cette année. Mais parce que nous avons pris des dispositions. Nous recevons des intellectuels, des syndicalistes, des écrivains, des cinéastes… Il est malheureux que nous soyons contraints d'adapter une programmation en fonction des seuls impératifs de visas. »
Les bénévoles de Plein Sud sonnent à toutes les portes, interpellent les élus. Ces derniers répondent avec leur énergie et leur bonne foi. Mais se heurtent à l'obstination d'une administration hermétique. « Les visas ne sont accordés qu'au compte-gouttes. Les demandes de pièces complémentaires sont sans cesse plus nombreuses. Nous nous trouvons parfois devant un mur. Les élus n'ont guère plus de succès. Le service des visas ne rend compte qu'au ministère de l'Intérieur. »
Militantisme
La vingtième édition de Plein Sud, manifestation née de la passion de Michel Giraudot, alors enseignant au collège de Cozes, pour les cultures africaines, est plus que jamais placée sous le signe du militantisme. Le thème officiel en est le cinquantième anniversaire des indépendances des territoires d'Afrique. Il pourrait devenir le centre d'un plaidoyer pour une libre circulation des Africains. La pensée et la parole, en tout cas, ne s'arrêteront pas aux frontières.
(1) Plein Sud, du 10 au 16 mai, au Logis de Sorlut, à Cozes (www.festivalpleinsud.com). (2) Via le collectif « Zone franche » (www.zonefranche.com).
« Cela devient une épreuve pour tout le monde, explique Nicole Ménier. Chaque année, les choses deviennent plus difficiles. » Moussa Touré, invité d'honneur et président du jury de Ciné Sud, en mars dernier (notre édition du 28 mars), dénonçait déjà les tracasseries dont il estimait avoir fait l'objet. « Demander un visa pour venir en France devient une épreuve. Cela fait 38 ans que je fais du cinéma. Les gens me connaissent au consulat. Ils m'ont quand même demandé de revenir avec une attestation comme quoi j'exerçais cette profession. Mon fils, sélectionné pour un court-métrage à Ciné Sud, n'a pu l'obtenir pour m'accompagner. Tout ce qu'il voulait, c'était rencontrer des jeunes ici, discuter avec eux. Tout cela est humiliant. »
Trois visas sans réponse
Pour Nicole Ménier, comme pour Marion Tessier, nouvellement nommée coordinatrice générale du festival, la situation est chaque année plus complexe. « Nous envisageons de nous fédérer au sein d'un collectif pour peser sur les choses, à l'instar de qui s'est créé dans le domaine des musiques actuelles (2) », explique Marion Tessier. « Nous ne pouvons plus programmer d'événements sans être soumis à des changements de programmation liés à ce problème des visas. Nous avons fait des demandes pour une dizaine de visas. Trois restaient mardi sans réponse, alors même que le festival s'ouvre lundi. »
L'organisation s'adapte mais ce n'est pas satisfaisant. « Nous n'avons pas de problème de troupe cette année. Mais parce que nous avons pris des dispositions. Nous recevons des intellectuels, des syndicalistes, des écrivains, des cinéastes… Il est malheureux que nous soyons contraints d'adapter une programmation en fonction des seuls impératifs de visas. »
Les bénévoles de Plein Sud sonnent à toutes les portes, interpellent les élus. Ces derniers répondent avec leur énergie et leur bonne foi. Mais se heurtent à l'obstination d'une administration hermétique. « Les visas ne sont accordés qu'au compte-gouttes. Les demandes de pièces complémentaires sont sans cesse plus nombreuses. Nous nous trouvons parfois devant un mur. Les élus n'ont guère plus de succès. Le service des visas ne rend compte qu'au ministère de l'Intérieur. »
Militantisme
La vingtième édition de Plein Sud, manifestation née de la passion de Michel Giraudot, alors enseignant au collège de Cozes, pour les cultures africaines, est plus que jamais placée sous le signe du militantisme. Le thème officiel en est le cinquantième anniversaire des indépendances des territoires d'Afrique. Il pourrait devenir le centre d'un plaidoyer pour une libre circulation des Africains. La pensée et la parole, en tout cas, ne s'arrêteront pas aux frontières.
(1) Plein Sud, du 10 au 16 mai, au Logis de Sorlut, à Cozes (www.festivalpleinsud.com). (2) Via le collectif « Zone franche » (www.zonefranche.com).