Les astéroïdes sont-ils une menace majeure pour l'humanité? A en croire l'ancien astronaute de la Nasa Ed Lu, la chose ne fait aucun doute. Il a donc décidé de lancer jeudi, via sa fondation B612 - du nom de l'astéroïde dont est originaire le Petit Prince de Saint-Exupéry -, le projet Sentinel. Objectif: recenser en cinq ans et demi plus de 90% des astéroïdes de plus de 140 mètres susceptibles de croiser la route de la Terre à plus ou moins long terme.
«Un géocroiseur de 300 mètres qui tombe sur Terre, c'est 100.000 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima. S'il s'écrase sur Paris, ce n'est pas la ville mais toute l'Europe qui est détruite», avertit Patrick Michel, astrophysicien à l'observatoire de la Côte d'Azur (UMR 7293 Lagrange/CNRS), spécialiste des collisions entre petits corps célestes. «On peut raisonnablement imaginer qu'un astéroïde de 140 mètres puisse rayer la France de la carte. On pense qu'il se produit un événement de cette intensité tous les 100.000 ans environ.»
950 astéroïdes présentent un risque de catastrophe globale
En 1908, la météorite de la Toungouska, de quelques dizaines de mètres seulement, avait provoqué la destruction de 2000 kilomètres carré de forêt en Sibérie. Et encore, celle-ci n'avait même pas eu le temps de toucher le sol! Elle avait explosé en vol à environ 8 kilomètres d'altitude. L'explosion fut ainsi visible à 700 kilomètres de distance et entendue à plus de 1500 kilomètres.
La Nasa a récemment estimé qu'il devait exister environ 4700 objets de plus de 100 mètres présentant un risque élevé de collision avec notre planète. Entre notre orbite et celle de Mars, ils se compteraient par dizaines de milliers. «La Nasa n'a inventorié précisément que les géocroiseurs de plus d'un kilomètre», précise Patrick Michel. «Ce sont ceux dont on pense qu'ils pourraient engendrer une catastrophe globale et la disparition d'un quart des espèces vivantes.» On en compte 950, surveillés avec beaucoup d'attention.
Une carte dynamique valable près de 20 ans
C'est à peu près ce que les astronomes pouvaient faire de mieux avec les outils à leur disposition (des télescopes au sol ou en orbite proche de la Terre). Pour affiner cet inventaire, le projet Sentinel compte sur la mise en orbite autour du Soleil d'un télescope spatial regardant dans l'infrarouge. Placé sur la trajectoire de Vénus, à 100 millions de kilomètres du Soleil, il tournerait le dos à notre étoile, pour ne pas être ébloui, et braquerait ses yeux sur l'orbite terrestre.
En prenant plusieurs images d'une même partie du ciel à des intervalles réguliers, il permettra de dresser une carte dynamique des astéroïdes en mouvement. «Il sera possible d'extrapoler leur trajectoire sur 20 ans environ», estime Patrick Michel. «Au-delà, les perturbations s'accumulent et les prédictions ne sont plus fiables.» En cas de collision prévisible, plusieurs projets sont très sérieusement à l'étude pour détourner ou faire exploser les astéroïdes menaçants.
Le satellite pourrait être envoyé via une fusée Falcon de la société Space X en 2016 ou en 2017. Le coût total du projet, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, sera entièrement financé par des dons privés (le fameux «crowd funding»).
Par Tristan Vey
Journaliste web,
«Un géocroiseur de 300 mètres qui tombe sur Terre, c'est 100.000 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima. S'il s'écrase sur Paris, ce n'est pas la ville mais toute l'Europe qui est détruite», avertit Patrick Michel, astrophysicien à l'observatoire de la Côte d'Azur (UMR 7293 Lagrange/CNRS), spécialiste des collisions entre petits corps célestes. «On peut raisonnablement imaginer qu'un astéroïde de 140 mètres puisse rayer la France de la carte. On pense qu'il se produit un événement de cette intensité tous les 100.000 ans environ.»
950 astéroïdes présentent un risque de catastrophe globale
En 1908, la météorite de la Toungouska, de quelques dizaines de mètres seulement, avait provoqué la destruction de 2000 kilomètres carré de forêt en Sibérie. Et encore, celle-ci n'avait même pas eu le temps de toucher le sol! Elle avait explosé en vol à environ 8 kilomètres d'altitude. L'explosion fut ainsi visible à 700 kilomètres de distance et entendue à plus de 1500 kilomètres.
La Nasa a récemment estimé qu'il devait exister environ 4700 objets de plus de 100 mètres présentant un risque élevé de collision avec notre planète. Entre notre orbite et celle de Mars, ils se compteraient par dizaines de milliers. «La Nasa n'a inventorié précisément que les géocroiseurs de plus d'un kilomètre», précise Patrick Michel. «Ce sont ceux dont on pense qu'ils pourraient engendrer une catastrophe globale et la disparition d'un quart des espèces vivantes.» On en compte 950, surveillés avec beaucoup d'attention.
Une carte dynamique valable près de 20 ans
C'est à peu près ce que les astronomes pouvaient faire de mieux avec les outils à leur disposition (des télescopes au sol ou en orbite proche de la Terre). Pour affiner cet inventaire, le projet Sentinel compte sur la mise en orbite autour du Soleil d'un télescope spatial regardant dans l'infrarouge. Placé sur la trajectoire de Vénus, à 100 millions de kilomètres du Soleil, il tournerait le dos à notre étoile, pour ne pas être ébloui, et braquerait ses yeux sur l'orbite terrestre.
En prenant plusieurs images d'une même partie du ciel à des intervalles réguliers, il permettra de dresser une carte dynamique des astéroïdes en mouvement. «Il sera possible d'extrapoler leur trajectoire sur 20 ans environ», estime Patrick Michel. «Au-delà, les perturbations s'accumulent et les prédictions ne sont plus fiables.» En cas de collision prévisible, plusieurs projets sont très sérieusement à l'étude pour détourner ou faire exploser les astéroïdes menaçants.
Le satellite pourrait être envoyé via une fusée Falcon de la société Space X en 2016 ou en 2017. Le coût total du projet, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, sera entièrement financé par des dons privés (le fameux «crowd funding»).
Par Tristan Vey
Journaliste web,