Le 8 décembre 2011, la Direction générale des douanes a pris la décision portant arrêt de rigueur de l’inspecteur des douanes Ndiaga Soumaré. Auparavant, le 3 décembre 2011, une note de service avait annoncé le remplacement de M. Soumaré, jusque là, chef du bureau des investigations criminelles et des stupéfiants, par l’inspecteur des douanes, Mamadou Diamé. Le 18 décembre 2011 une autre décision fait état d’un arrêt de rigueur frappant l’inspecteur Papa Djigdjam Diop. Ces deux personnalités des douanes, d’après des documents que La Gazette s’est procurés, « ont été punis pour faits de participation à une réunion publique en rapport à des activités de nature syndicale, et de prise de position de nature à jeter le discrédit sur les institutions ». Ces décisions de l’autorité sont entrées immédiatement en vigueur, dés notification aux intéressés et ont été enregistrées dans leurs dossiers disciplinaires. Selon la loi n°69-064 du 30 octobre 1969, les arrêts de rigueur rentrent dans le chapitre des punitions intérieures. L’article 86 de la loi faisant référence à ce type de sanction dit que les membres des services des douanes auxquels ces punitions sont infligées n’ont droit qu’au bénéfice du traitement, de l’indemnité de résidence, des suppléments pour charge de famille à l’exclusion de toutes autres indemnités ou avantage.
Ce qu’il faut surtout préciser dans cette affaire, est que ces mis en cause n’ont guère outrepassé leurs prérogatives. Car, depuis le mois de janvier 2010, les syndicats et associations des agents de douanes des huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest africain (Uemoa) se retrouvent chaque année dans un forum dénommé « Forum des agents de douanes de l’espace Uemoa » à l’occasion de la journée mondiale des douanes sous le haut patronage de cette institution. Ce cadre regroupe les organisations professionnelles des différentes administrations douanières, pour la promotion de toutes les questions communautaires et la sensibilisation des agents sur les objectifs poursuivis par l’Uemoa. Cette réunion publique ayant valu des punitions aux sieurs Ndiaga Soumaré et Djigdjam Diop sert aussi à cultiver et développer un esprit de solidarité et d’éthique entre tous les agents des douanes des pays membres de l’Uemoa, en plus d’amener à mieux comprendre les objectifs et les obligations des nombreuses directives communautaires.
A l’issue du premier forum qui s’est tenu à Niamey et du second qui s’est déroulé à Bamako, il est apparu que seul le Sénégal ne disposait pas de représentation syndicale des agents de douanes. Ce qui reste assez réducteur de son image, au regard du niveau de démocratisation atteint par notre pays et de l’étendue de l’esprit de négociation, de dialogue social dans l’humanisation des relations professionnelles. C’est d’ailleurs, dans cette perspective que le président du Comité de suivi du forum, le malien Yacouba Katilé a adressé une correspondance au ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, pour lui demander « de bien vouloir faciliter aux camarades agents des douanes sénégalaises les conditions de leur syndicalisation, afin de leur permettre d’occuper objectivement leur place au côté des autres syndicats frères de la sous région. Ce faisant, vous aurez apporté une contribution énorme à la volonté des douanes, d’accompagner nos Etats dans le succès de leur intégration ». M. Katilé a reproduit la même démarche avec le ministre sénégalais du budget à qui il a sollicité une audience pour évoquer en profondeur la question de la syndicalisation.
En clair, les deux inspecteurs incriminés par l’administration douanière sénégalaise et mis aux arrêts de rigueur sont loin d’avoir fauté. Ils ont, au contraire pleinement joué leur rôle dans l’optique de faciliter la collaboration avec leurs collègues de la sous région. D’ailleurs, Pape Djigdjam Diop, quelques heures avant de faire l’objet de la mesure disciplinaire qui l’a frappé, a dans une note de précision adressée au Directeur des douanes, expliqué de façon limpide la situation. Il dit : « suite à la décision visée en référence et en tant que personne ayant activement participé aux activités de l’Association internationale des organisations douanières, je voudrais indiquer que nous sommes partis à Bamako en janvier 2011 pour prendre part au deuxième forum. A notre retour, le compte rendu des travaux ainsi que les recommandations vous ont été adressés. Il a été mis en place un comité de suivi des recommandations du forum composé de huit membres dont Ndiaga Soumaré qui représente les associations socioprofessionnelles du Sénégal vu que nous n’avons pas encore de syndicat ». Poursuivant ses explications, M. Diop rappelle à l’endroit du Directeur général que lors d’une rencontre à la maison des douanes à la quelle le Dg avait convié tous les inspecteurs, la question avait été soulevée par Ndiaga Soumaré.
En guise de réponse, « il a eu droit à des menaces de traduction devant le Conseil de discipline », renseigne Djigdjam Diop. Des menaces qui, en fin de compte ont été mises à exécution. M. Diop souligne par ailleurs que le projet de syndicalisation n’est pas dirigé contre une quelconque autorité encore moins celle des douanes. Il est le résultat d’un ensemble de principes élémentaires conformes à la Constitution. Des principes posés en temps opportun et qui méritent réflexion. Pape Djigdjam Diam ajoute : « Nous sommes jeunes certes mais nous avons des ambitions pour notre douane de demain car un jour nous serons aux commandes s’il plait à Dieu. Nous sommes tous responsables et assumons pleinement nos actes en agissant à visage découvert en toute légalité. Tout le monde n’approuve pas la démarche à tort ou à raison mais il y a beaucoup d’agents, tous grades confondus qui nous comprennent et pensent que le projet est noble même s’ils ne le manifestent pas en public. Il y a eu beaucoup de rumeurs à propos qui nous font sourire. Certains pensent que des gens nous manipulent, d’autres parlent de postes réservés aux syndicalistes pour nous intimider et nous traitent même de tous les noms d’oiseaux en privé ». Pour rétablir la vérité des faits et surtout fustiger la décision en référence qui frappe Ndiaga Soumaré, à l’en croire, on ne peut pas lui reprocher d’avoir participé à une prise de position de nature à jeter le discrédit sur des institutions, car, « il y’a une incompréhension. Ndiaga Soumaré en tant que membre du Comité de suivi a seulement soulevé la question syndicale lors de son discours de bienvenue pour faire le point. Il n’y a eu aucun propos ou agissement qui peuvent mériter une quelconque sanction ». En guise de conclusion, Djigdjam Diop, outré sans doute, demande au Directeur général des douanes sénégalaises de lui appliquer les mêmes mesures disciplinaires que celles ayant frappé Ndiaga Soumaré. « J’ai participé à cette rencontre comme lui (Ndiaga Soumaré) en tant que représentant d’une association et j’adhère entièrement à tout ce qu’il a fait et dit en connaissance de cause et en toute responsabilité. Nous avons tout fait ensemble et jusqu’à présent, nous n’avons rien à nous reprocher sincèrement ».
Alioune Badara COULIBALY
La Gazette
Ce qu’il faut surtout préciser dans cette affaire, est que ces mis en cause n’ont guère outrepassé leurs prérogatives. Car, depuis le mois de janvier 2010, les syndicats et associations des agents de douanes des huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest africain (Uemoa) se retrouvent chaque année dans un forum dénommé « Forum des agents de douanes de l’espace Uemoa » à l’occasion de la journée mondiale des douanes sous le haut patronage de cette institution. Ce cadre regroupe les organisations professionnelles des différentes administrations douanières, pour la promotion de toutes les questions communautaires et la sensibilisation des agents sur les objectifs poursuivis par l’Uemoa. Cette réunion publique ayant valu des punitions aux sieurs Ndiaga Soumaré et Djigdjam Diop sert aussi à cultiver et développer un esprit de solidarité et d’éthique entre tous les agents des douanes des pays membres de l’Uemoa, en plus d’amener à mieux comprendre les objectifs et les obligations des nombreuses directives communautaires.
A l’issue du premier forum qui s’est tenu à Niamey et du second qui s’est déroulé à Bamako, il est apparu que seul le Sénégal ne disposait pas de représentation syndicale des agents de douanes. Ce qui reste assez réducteur de son image, au regard du niveau de démocratisation atteint par notre pays et de l’étendue de l’esprit de négociation, de dialogue social dans l’humanisation des relations professionnelles. C’est d’ailleurs, dans cette perspective que le président du Comité de suivi du forum, le malien Yacouba Katilé a adressé une correspondance au ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, pour lui demander « de bien vouloir faciliter aux camarades agents des douanes sénégalaises les conditions de leur syndicalisation, afin de leur permettre d’occuper objectivement leur place au côté des autres syndicats frères de la sous région. Ce faisant, vous aurez apporté une contribution énorme à la volonté des douanes, d’accompagner nos Etats dans le succès de leur intégration ». M. Katilé a reproduit la même démarche avec le ministre sénégalais du budget à qui il a sollicité une audience pour évoquer en profondeur la question de la syndicalisation.
En clair, les deux inspecteurs incriminés par l’administration douanière sénégalaise et mis aux arrêts de rigueur sont loin d’avoir fauté. Ils ont, au contraire pleinement joué leur rôle dans l’optique de faciliter la collaboration avec leurs collègues de la sous région. D’ailleurs, Pape Djigdjam Diop, quelques heures avant de faire l’objet de la mesure disciplinaire qui l’a frappé, a dans une note de précision adressée au Directeur des douanes, expliqué de façon limpide la situation. Il dit : « suite à la décision visée en référence et en tant que personne ayant activement participé aux activités de l’Association internationale des organisations douanières, je voudrais indiquer que nous sommes partis à Bamako en janvier 2011 pour prendre part au deuxième forum. A notre retour, le compte rendu des travaux ainsi que les recommandations vous ont été adressés. Il a été mis en place un comité de suivi des recommandations du forum composé de huit membres dont Ndiaga Soumaré qui représente les associations socioprofessionnelles du Sénégal vu que nous n’avons pas encore de syndicat ». Poursuivant ses explications, M. Diop rappelle à l’endroit du Directeur général que lors d’une rencontre à la maison des douanes à la quelle le Dg avait convié tous les inspecteurs, la question avait été soulevée par Ndiaga Soumaré.
En guise de réponse, « il a eu droit à des menaces de traduction devant le Conseil de discipline », renseigne Djigdjam Diop. Des menaces qui, en fin de compte ont été mises à exécution. M. Diop souligne par ailleurs que le projet de syndicalisation n’est pas dirigé contre une quelconque autorité encore moins celle des douanes. Il est le résultat d’un ensemble de principes élémentaires conformes à la Constitution. Des principes posés en temps opportun et qui méritent réflexion. Pape Djigdjam Diam ajoute : « Nous sommes jeunes certes mais nous avons des ambitions pour notre douane de demain car un jour nous serons aux commandes s’il plait à Dieu. Nous sommes tous responsables et assumons pleinement nos actes en agissant à visage découvert en toute légalité. Tout le monde n’approuve pas la démarche à tort ou à raison mais il y a beaucoup d’agents, tous grades confondus qui nous comprennent et pensent que le projet est noble même s’ils ne le manifestent pas en public. Il y a eu beaucoup de rumeurs à propos qui nous font sourire. Certains pensent que des gens nous manipulent, d’autres parlent de postes réservés aux syndicalistes pour nous intimider et nous traitent même de tous les noms d’oiseaux en privé ». Pour rétablir la vérité des faits et surtout fustiger la décision en référence qui frappe Ndiaga Soumaré, à l’en croire, on ne peut pas lui reprocher d’avoir participé à une prise de position de nature à jeter le discrédit sur des institutions, car, « il y’a une incompréhension. Ndiaga Soumaré en tant que membre du Comité de suivi a seulement soulevé la question syndicale lors de son discours de bienvenue pour faire le point. Il n’y a eu aucun propos ou agissement qui peuvent mériter une quelconque sanction ». En guise de conclusion, Djigdjam Diop, outré sans doute, demande au Directeur général des douanes sénégalaises de lui appliquer les mêmes mesures disciplinaires que celles ayant frappé Ndiaga Soumaré. « J’ai participé à cette rencontre comme lui (Ndiaga Soumaré) en tant que représentant d’une association et j’adhère entièrement à tout ce qu’il a fait et dit en connaissance de cause et en toute responsabilité. Nous avons tout fait ensemble et jusqu’à présent, nous n’avons rien à nous reprocher sincèrement ».
Alioune Badara COULIBALY
La Gazette