C’est dans ce contexte qu’un groupe de six personnalités de la société civile et du monde des affaires ont entrepris de jouer aux facilitateurs entre les deux parties, qui se boudent depuis. Ces hommes de bonne volonté sont : Pierre Goudiaby, Baidy Agne, Mansour Kama, Ismaïla Madior Fall, Anna Ba et Mbaye Sidy Mbaye.
Selon eux, l’absence de dialogue et de communication entre le pouvoir et ses opposants a « engendré d’une certaine manière toutes ces violences, le désordre qui s’installe petit à petit… Et nous pensons que s’il y a un dialogue entre eux, cela peut être dissuasif ».
L’offre a été bien reçue à la présidence, où le locataire des lieux a exprimé toute sa disposition à recevoir ses adversaires. Par contre, au moment où nous tracions ces lignes, on n’avait pas encore la réponse de l’opposition.
On imagine que si l’opposition traîne les pieds, c’est sans doute parce qu’elle a besoin de temps pour se concerter, coordonner ses positions et poser ses conditions. Dialoguer n’est pas parlementer, il faut que les échanges aboutissent vraiment à quelque chose de concret tant dans le comportement que dans l’agir de leur vis-à-vis sinon il ne sert à rien d’aller perdre du temps. L’opposition est d’autant plus fondée à faire la fine bouche que Wade semble quelque peu acculé. Le fait qu’il ait rapidement accepté le dialogue pourrait en être la preuve.
Mais en attendant, on ne peut que louer cette initiative de ces personnalités, qui vise à amener deux parties à se parler. Que l’initiative aboutisse ou pas, elle est déjà un geste louable posé par des enfants du pays qui préconisent ainsi une solution-maison à la crise sénégalaise.
Evidemment, la démarche n’est pas sans comporter des difficultés, la plus importante venant de la constellation même de l’opposition : au pays de la Teranga, il n’y a pas de chef reconnu de l’opposition, cet homme charismatique qui fédère tout le monde ; dans le landernau des opposants, on trouve de grosses pointures certes, mais malheureusement nul ne peut imposer une ligne de conduite aux autres. Alors il ne serait pas étonnant que l’initiative de Goudiaby et de ses camarades divise davantage une opposition qui, visiblement, a mal à son unité.
La nouveauté dans cette démarche, c’est surtout la composition du panel des facilitateurs. Sur les terres de la Teranga, lorsque le mercure social ou politique grimpe trop, généralement, ce sont les marabouts, les cheikhs des grandes confréries musulmanes, qui sont à la manœuvre pour faire baisser la tension.
Du coup, on ne peut que s’interroger sur les raisons de l’absence de ces hommes influents qui ont l’habitude de régler ces genres de situations. Alors que s’est-il passé cette fois pour que ces autorités morales et religieuses soient ou semblent aussi loin de la médiation ? Pourquoi ne se sont-ils pas autosaisis du dossier de la crise pour tenter de rapprocher les positions des uns et des autres ? Faut-il y voir, comme certains le prétendent, l’état exécrable de leurs rapports avec Wade ou ses contempteurs ? On ne le sait.
Qu’importe, il faut surtout souhaiter que les Sénégalais, qui ont horreur de la violence, saisissent cette perche tendue par ces personnalités de la société civile pour ramener la sérénité et la paix dans ce havre d’hospitalité qu’est leur pays.
San Evariste Barro — L’Observateur Paalga
Selon eux, l’absence de dialogue et de communication entre le pouvoir et ses opposants a « engendré d’une certaine manière toutes ces violences, le désordre qui s’installe petit à petit… Et nous pensons que s’il y a un dialogue entre eux, cela peut être dissuasif ».
L’offre a été bien reçue à la présidence, où le locataire des lieux a exprimé toute sa disposition à recevoir ses adversaires. Par contre, au moment où nous tracions ces lignes, on n’avait pas encore la réponse de l’opposition.
On imagine que si l’opposition traîne les pieds, c’est sans doute parce qu’elle a besoin de temps pour se concerter, coordonner ses positions et poser ses conditions. Dialoguer n’est pas parlementer, il faut que les échanges aboutissent vraiment à quelque chose de concret tant dans le comportement que dans l’agir de leur vis-à-vis sinon il ne sert à rien d’aller perdre du temps. L’opposition est d’autant plus fondée à faire la fine bouche que Wade semble quelque peu acculé. Le fait qu’il ait rapidement accepté le dialogue pourrait en être la preuve.
Mais en attendant, on ne peut que louer cette initiative de ces personnalités, qui vise à amener deux parties à se parler. Que l’initiative aboutisse ou pas, elle est déjà un geste louable posé par des enfants du pays qui préconisent ainsi une solution-maison à la crise sénégalaise.
Evidemment, la démarche n’est pas sans comporter des difficultés, la plus importante venant de la constellation même de l’opposition : au pays de la Teranga, il n’y a pas de chef reconnu de l’opposition, cet homme charismatique qui fédère tout le monde ; dans le landernau des opposants, on trouve de grosses pointures certes, mais malheureusement nul ne peut imposer une ligne de conduite aux autres. Alors il ne serait pas étonnant que l’initiative de Goudiaby et de ses camarades divise davantage une opposition qui, visiblement, a mal à son unité.
La nouveauté dans cette démarche, c’est surtout la composition du panel des facilitateurs. Sur les terres de la Teranga, lorsque le mercure social ou politique grimpe trop, généralement, ce sont les marabouts, les cheikhs des grandes confréries musulmanes, qui sont à la manœuvre pour faire baisser la tension.
Du coup, on ne peut que s’interroger sur les raisons de l’absence de ces hommes influents qui ont l’habitude de régler ces genres de situations. Alors que s’est-il passé cette fois pour que ces autorités morales et religieuses soient ou semblent aussi loin de la médiation ? Pourquoi ne se sont-ils pas autosaisis du dossier de la crise pour tenter de rapprocher les positions des uns et des autres ? Faut-il y voir, comme certains le prétendent, l’état exécrable de leurs rapports avec Wade ou ses contempteurs ? On ne le sait.
Qu’importe, il faut surtout souhaiter que les Sénégalais, qui ont horreur de la violence, saisissent cette perche tendue par ces personnalités de la société civile pour ramener la sérénité et la paix dans ce havre d’hospitalité qu’est leur pays.
San Evariste Barro — L’Observateur Paalga