Dans une interview accordée à RFI mardi 22 mai 2012, le ministre burkinabè des Affaires étrangères revient sur les circonstances de l'agression du président Troaré, et explique les conséquences de cet évènement sur le processus de normalisation en cours.
RFI : Le président Dioncounda Traoré agressé, blessé, qu’est-ce que cette image symbolise pour vous ?
Djibril Bassolé : Pour moi, c’est un désastre. J’ai été personnellement très, très surpris de la tournure des évènements, surtout moins de 24 heures après que les plus hautes autorités sont parvenues à un accord.
RFI : Qui est derrière ces manifestants, selon vous ?
D. B. : Je ne saurais le dire. Je pense seulement que les autorités en charge de la sécurité auraient dû prendre l’ensemble des dispositions pour que ce genre d’évènements, évidemment, ne se produise pas. Ce genre d’évènements remet absolument en cause tous les acquis qui allaient dans le sens de la normalisation, et donne une image absolument désastreuse du processus au Mali.
RFI : L’accord qui vient d’être conclu dimanche est-il toujours d’actualité ?
D. B. : La question mérite d’être posée aux acteurs, parce que ce sont les premiers responsables qui ont initié cet accord. Il a été rédigé dans leurs termes et accepté par eux, signés par tous. Je pense que les acteurs restent toujours engagés, que très vite les Maliens vont se ressaisir pour continuer à coopérer avec la Cédéao et la communauté internationale.
RFI : Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, en visite à Abidjan, estime qu’après cette agression, la sortie de crise est en danger et exhorte à envisager désormais d’autres voies. Avez-vous un plan « B » ?
D. B. : Nous, en tant que médiation, nous n’avons pas de plan « B ». La médiation continue ou s’arrête. En tout cas, je pense que, non seulement la Cédéao mais l’Union africaine et la communauté internationale à travers le Conseil de sécurité, vont très certainement envisager des mesures pour sortir de la crise.
RFI : Le ministre ivoirien des Affaires étrangères avait été très clair, il avait promis des sanctions pour ceux qui n’appliqueraient pas l’accord. Allez-vous prendre des sanctions ?
D.B. : J’ai bien peur que oui. J’ai peur que maintenant il n’y ait plus qu’une seule voie, celle des sanctions et de la contrainte. Enfin, je souhaite que tous les acteurs se ressaisissent et que l'on n'en arrive pas à des extrêmes qui pourraient être préjudiciables de toute façon à la paix et à la stabilité.
RFI : Est-il encore possible aujourd’hui que Dioncounda Traoré reste à la présidence ?
D. B. : C’est le souhait, en tout cas, de la Cédéao. Nous souhaitons que cet incident grave ne soit qu’un incident de parcours et que très vite on puisse le surmonter. Mais si on en venait à aller à des blocages irrémédiables, que les institutions soient empêchées de fonctionner, à ce moment je pense que la communauté internationale et la Cédéao en tireraient toutes les conséquences.
RFI : Est-ce que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest va déployer des militaires ?
D. B. : Pas encore. Il en est question pour sécuriser, non seulement la transition, mais aussi pour stabiliser les institutions du pays.
RFI : Ces évènements ne constituent-ils pas, tout de même, un désaveu pour la Cédéao ?
D. B. : On peut être incompris. Bien entendu, il y a des actions qui ne vont pas dans le sens de ce que nous souhaitons. Mais il ne faut pas se décourager, parce que si les difficultés doivent nous arrêter, alors il est à désespérer pour le Mali.
RFI : En même temps, dans cette marche, on voit la Cédéao avancer dans un sens et avancer dans l’autre...
D.B. : Je ne crois pas que le fait de faire des concessions, ou le fait d’assouplir le discours, soit un signe d’hésitation ou de faiblesse. Si les concessions qui sont faites ont pour but d’apaiser les tensions et de faire obtenir des résultats positifs dans le sens du retour à la normalité, pourquoi pas ? Maintenant, il est évident que les entraves que l’on enregistre vont très certainement nous amener à envisager d’autres mesures beaucoup plus fermes.
RFI : La Cédéao a-t-elle les moyens de sa fermeté ?
D. B. : On se donne les moyens de la fermeté lorsqu’il faut être ferme. Lorsqu’il n’y a que par la fermeté que nous pouvons redresser les choses et aider le Mali utilement, on se donnera les moyens de la fermeté.
Par Carine Frenk
RFI : Le président Dioncounda Traoré agressé, blessé, qu’est-ce que cette image symbolise pour vous ?
Djibril Bassolé : Pour moi, c’est un désastre. J’ai été personnellement très, très surpris de la tournure des évènements, surtout moins de 24 heures après que les plus hautes autorités sont parvenues à un accord.
RFI : Qui est derrière ces manifestants, selon vous ?
D. B. : Je ne saurais le dire. Je pense seulement que les autorités en charge de la sécurité auraient dû prendre l’ensemble des dispositions pour que ce genre d’évènements, évidemment, ne se produise pas. Ce genre d’évènements remet absolument en cause tous les acquis qui allaient dans le sens de la normalisation, et donne une image absolument désastreuse du processus au Mali.
RFI : L’accord qui vient d’être conclu dimanche est-il toujours d’actualité ?
D. B. : La question mérite d’être posée aux acteurs, parce que ce sont les premiers responsables qui ont initié cet accord. Il a été rédigé dans leurs termes et accepté par eux, signés par tous. Je pense que les acteurs restent toujours engagés, que très vite les Maliens vont se ressaisir pour continuer à coopérer avec la Cédéao et la communauté internationale.
RFI : Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, en visite à Abidjan, estime qu’après cette agression, la sortie de crise est en danger et exhorte à envisager désormais d’autres voies. Avez-vous un plan « B » ?
D. B. : Nous, en tant que médiation, nous n’avons pas de plan « B ». La médiation continue ou s’arrête. En tout cas, je pense que, non seulement la Cédéao mais l’Union africaine et la communauté internationale à travers le Conseil de sécurité, vont très certainement envisager des mesures pour sortir de la crise.
RFI : Le ministre ivoirien des Affaires étrangères avait été très clair, il avait promis des sanctions pour ceux qui n’appliqueraient pas l’accord. Allez-vous prendre des sanctions ?
D.B. : J’ai bien peur que oui. J’ai peur que maintenant il n’y ait plus qu’une seule voie, celle des sanctions et de la contrainte. Enfin, je souhaite que tous les acteurs se ressaisissent et que l'on n'en arrive pas à des extrêmes qui pourraient être préjudiciables de toute façon à la paix et à la stabilité.
RFI : Est-il encore possible aujourd’hui que Dioncounda Traoré reste à la présidence ?
D. B. : C’est le souhait, en tout cas, de la Cédéao. Nous souhaitons que cet incident grave ne soit qu’un incident de parcours et que très vite on puisse le surmonter. Mais si on en venait à aller à des blocages irrémédiables, que les institutions soient empêchées de fonctionner, à ce moment je pense que la communauté internationale et la Cédéao en tireraient toutes les conséquences.
RFI : Est-ce que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest va déployer des militaires ?
D. B. : Pas encore. Il en est question pour sécuriser, non seulement la transition, mais aussi pour stabiliser les institutions du pays.
RFI : Ces évènements ne constituent-ils pas, tout de même, un désaveu pour la Cédéao ?
D. B. : On peut être incompris. Bien entendu, il y a des actions qui ne vont pas dans le sens de ce que nous souhaitons. Mais il ne faut pas se décourager, parce que si les difficultés doivent nous arrêter, alors il est à désespérer pour le Mali.
RFI : En même temps, dans cette marche, on voit la Cédéao avancer dans un sens et avancer dans l’autre...
D.B. : Je ne crois pas que le fait de faire des concessions, ou le fait d’assouplir le discours, soit un signe d’hésitation ou de faiblesse. Si les concessions qui sont faites ont pour but d’apaiser les tensions et de faire obtenir des résultats positifs dans le sens du retour à la normalité, pourquoi pas ? Maintenant, il est évident que les entraves que l’on enregistre vont très certainement nous amener à envisager d’autres mesures beaucoup plus fermes.
RFI : La Cédéao a-t-elle les moyens de sa fermeté ?
D. B. : On se donne les moyens de la fermeté lorsqu’il faut être ferme. Lorsqu’il n’y a que par la fermeté que nous pouvons redresser les choses et aider le Mali utilement, on se donnera les moyens de la fermeté.
Par Carine Frenk