Des sweatshops aux pirogues
Le géant, comme je me plais à l'appeler, a roulé sa bosse un peu partout en Afrique. Il a travaillé pendant huit ans dans les sous-régions comme couturier au sein de sweatshops infectes qui font la renommée de nos grandes marques occidentales. Il a tout laissé tomber, épuisé de n'être payé qu'une fois sur deux au gré des patrons frauduleux.
Aujourd'hui, il se considère davantage comme un styliste, rien de moins. «Je ne produis que des oeuvres uniques», se targue-t-il aux touristes. Il a balayé du revers de la main ses années de sueur à nous habiller.
Djiby a abouti à Toubab Dialao il y a trois ans. À ce moment, des centaines de jeunes de la petite communauté sautaient dans de minuscules pirogues pour rejoindre l'Europe au péril de leur vie. Amoureux de son pays, le coeur de Gabriel a fondu.
Le géant a décidé de fonder la Coopérative des jeunes de Toubab, une genre de maison des jeunes à l'africaine. Dans les faits, il s'agit surtout d'un lieu vaste et sablonneux ou les jeunes peuvent venir flâner à l'abri du regard de leurs parents.
Partager le riz et le poisson
Comme le veut la tradition sénégalaise (et africaine), les plus âgés ont tout le pouvoir sur les plus jeunes. Âgé de 34 ans, Djiby se plaît donc à envoyer ses jeunes amis faire toutes les commissions à sa place. Ils lui obéissent sans jamais rouspéter.
En contrepartie, lorsque arrive le délicieux riz au poisson qui fait la renommée du pays, il y en a pour tout le monde. «Ici, on partage tout, sauf la femme», me répète-t-on en rigolant.
Lorsqu'on parle de bouffe, c'est toujours la fête. Les mains piochent avec ardeur dans les grands plateaux préparés par les femmes. Tout le monde se régale. Et les pirogues partent davantage pour la pêche que vers une mort certaine. Djiby est heureux et les jeunes plient le cou vers le ciel pour le regarder avec admiration.
Les litres de thé
Djiby, comme toute la population du village de Toubab Dialao, adore le thé. Depuis que je suis arrivée, j'ai bu des litres et des litres de thé. Cette tradition illustre d'ailleurs bien la douce tranquilité africaine. Pour produire quelques minuscules verres de thé à la menthe, il faut plusieurs heures et des contrôles sporadiques. Lorsqu'on propose donc de faire le thé, on propose de ne rien faire du tout et d'attendre sous le soleil en discutant, en attendant la prochaine infusion. Car le travail doit être répété trois fois avec les mêmes feuilles: «La première infusion est amère comme la mort, la deuxième est douce comme la vie et la troisième est sucrée comme l'amour». La poésie africaine passe par le thé, mais surtout par le temps.
la frontiere
Le géant, comme je me plais à l'appeler, a roulé sa bosse un peu partout en Afrique. Il a travaillé pendant huit ans dans les sous-régions comme couturier au sein de sweatshops infectes qui font la renommée de nos grandes marques occidentales. Il a tout laissé tomber, épuisé de n'être payé qu'une fois sur deux au gré des patrons frauduleux.
Aujourd'hui, il se considère davantage comme un styliste, rien de moins. «Je ne produis que des oeuvres uniques», se targue-t-il aux touristes. Il a balayé du revers de la main ses années de sueur à nous habiller.
Djiby a abouti à Toubab Dialao il y a trois ans. À ce moment, des centaines de jeunes de la petite communauté sautaient dans de minuscules pirogues pour rejoindre l'Europe au péril de leur vie. Amoureux de son pays, le coeur de Gabriel a fondu.
Le géant a décidé de fonder la Coopérative des jeunes de Toubab, une genre de maison des jeunes à l'africaine. Dans les faits, il s'agit surtout d'un lieu vaste et sablonneux ou les jeunes peuvent venir flâner à l'abri du regard de leurs parents.
Partager le riz et le poisson
Comme le veut la tradition sénégalaise (et africaine), les plus âgés ont tout le pouvoir sur les plus jeunes. Âgé de 34 ans, Djiby se plaît donc à envoyer ses jeunes amis faire toutes les commissions à sa place. Ils lui obéissent sans jamais rouspéter.
En contrepartie, lorsque arrive le délicieux riz au poisson qui fait la renommée du pays, il y en a pour tout le monde. «Ici, on partage tout, sauf la femme», me répète-t-on en rigolant.
Lorsqu'on parle de bouffe, c'est toujours la fête. Les mains piochent avec ardeur dans les grands plateaux préparés par les femmes. Tout le monde se régale. Et les pirogues partent davantage pour la pêche que vers une mort certaine. Djiby est heureux et les jeunes plient le cou vers le ciel pour le regarder avec admiration.
Les litres de thé
Djiby, comme toute la population du village de Toubab Dialao, adore le thé. Depuis que je suis arrivée, j'ai bu des litres et des litres de thé. Cette tradition illustre d'ailleurs bien la douce tranquilité africaine. Pour produire quelques minuscules verres de thé à la menthe, il faut plusieurs heures et des contrôles sporadiques. Lorsqu'on propose donc de faire le thé, on propose de ne rien faire du tout et d'attendre sous le soleil en discutant, en attendant la prochaine infusion. Car le travail doit être répété trois fois avec les mêmes feuilles: «La première infusion est amère comme la mort, la deuxième est douce comme la vie et la troisième est sucrée comme l'amour». La poésie africaine passe par le thé, mais surtout par le temps.
la frontiere