iGFM – (Dakar) Le harcèlement sexuel désigne les situations dans lesquelles une ou plusieurs personnes sont soumises à des propos ou pratiques visant à les réduire à leur identité sexuelle sans pour autant que ces propos ou comportements soient par ailleurs considérés isolément comme des délits. Le harcèlement sexuel au travail est un fléau qui prend de l’ampleur au Sénégal. Il est vécu par certains employés, des hommes comme des femmes. Mais, on le rencontre particulièrement chez les femmes. Mame Fama Guèye de IGFM a mené une enquête sur le phénomène dans certaines entreprises de la place. Un avocat, en l’occurrence Me Mouhamadou Moustapha Dieng et le Directeur des Ressources Humaines de GFM, M. Ousseynou Sow, apportent des éclairages sur le sujet.
Le harcèlement sexuel se vit en général en plusieurs phases. On subit, on ne comprend pas, puis on s’isole. Par honte, on le garde pour soi. Mais, c’est la première chose qu’il ne faut pas faire. Les victimes doivent à tout prix en parler, à leurs proches, aux collègues, et aux représentants du personnel. La peur de représailles vient de l’isolement. Ce n’est pas parce que l’on va en parler que l’on s’expose davantage.
Toutefois, le harcèlement n’est pas à confondre avec la simple «pression aux résultats et objectifs» subie par de très nombreux salariés et qui ne relève pas du harcèlement.
Une dame, employée dans une grande entreprise de la place, la trentaine, sous le couvert de l’anonymat, raconte sa mésaventure avec le Directeur des Ressources Humaines de son service.
A l’en croire, il bloque tous ses dossiers pour une augmentation de salaire ou pour un contrat de travail à durée indéterminée. «J’ai été victime de harcèlement dans mon lieu de travail. Mais, j’ai mis fin à cela à ma manière. Je suis nouvelle dans cette entreprise. Tous les hommes me veulent dans leur lit. Je ne suis pas une fille facile. En plus, je sais ce que je veux. Je ne mélange pas vie professionnelle et vie amoureuse. La plupart du temps, ce sont des Directeurs qui abusent de leurs pouvoirs pour te mettre le bâtons dans les roues pour arriver à leur fin. Si tu résistes attend toi aux représailles», confie-t-elle.
Elle poursuit : « J’ai mis fin à tout cela. J’ai changé de méthode avec tout le monde. Je dis «Monsieur» parce que cela freine beaucoup de choses. On échange peu. C ‘est-à-dire, sur le travail uniquement».
Autre entreprise, même problème pour certaines employées. Diarra Fall est opératrice dans un centre d’appel de la place.
La vingtaine, elle raconte son histoire avec son supérieur : «au début, ça m’amusait de le voir courir derrière moi. Je le faisais marcher et lui donner de faux espoirs. Il m’appelle le plus souvent dans son bureau et je vois qu’il se masturbait. C’est en ce moment, que j’ai pris conscience que les choses sont allées trop loin. J’ai décidé d’y mettre fin. Je suis devenue une obsession pour lui. Je le stressais pour un oui ou un non. Il m’agressait verbalement, le plus souvent. Quand je n’ai pas d’appel, il me déconnectait et me demande de rentrer et on est payé selon les heures de connexion. Du coup, à la fin du mois, je me retrouve avec la moitié de ce que je gagnais d’habitude. J’ai saisi notre Directeur et je lui ai exposé le problème. Puisque je répondais à ses messages au début, il a montré ses messages comme preuve à l’appui que j’étais consentante. Le Directeur a réglé le problème et ils m’ont changé de département et depuis, je n’ai plus de problème de ce genre».
Astou Diop : « Quand j’ai refusé à ses avances, il est devenu désagréable et trop dur avec moi »
Une autre fille, qui a vécu le même phénomène. Astou Diop, un nom d’emprunt. Agée de 18 ans. Elle travaille dans le Make up. Elle confie : «J’ai été victime de harcèlement dans mon lieu de travail. Je travaille pour une marque de cosmétique. Mon superviseur me faisait la cour. Chaque jour, il vient superviser si le travail a été bien fait. Si nous avons respecté les règles. Au début, c’était quelqu’un de vraiment sympa et je l’appréciais beaucoup. On était même de bons amis. Mais, quand j’ai refusé à ses avances, il est devenu désagréable et trop dur avec moi. Il me parlait mal, me reprochait tout sur le travail. Des reproches du genre « tu ne dois pas porter de baskets, tu es trop garçon manqué etc… »
Astou semble être plus chanceuse que les autres filles rencontrées par le reporter de IGFM. « J’ai eu de la chance. Parce qu’à l’époque, il sortait avec la fondatrice de la marque. J’en avais presque marre. J’en ai parlé avec la patronne. Elle a fait appel à lui devant moi. Il a eu tellement peur qu’il s’est excusé et depuis, il ne me parle plus» se rappelle-t-elle.
S. Gaye : « Je suis devenue l’amante de mon patron pour ne pas perdre mon travail »
S. Gaye, quant à elle est commerçante dans un centre commercial de la place. Contrairement nos premières interlocutrices, Soda a cédé à la pression de son patron. Elle revient sur son histoire avec son patron. « J’étais victime de harcèlement sexuel et j’ai cédé. Je suis l’amante de mon patron depuis presque trois ans. Au début, je refusais de répondre à ses avances. Mais, quand il m’a menacé de me renvoyer, j’ai eu peur et j’ai décidé de le satisfaire sexuellement. Parce que je fais partie d’une famille très pauvre. Je suis fille unique. Mes parents ont divorcé depuis que j’avais 4 ans. C’est ma mère qui essayait de joindre les deux bouts pour me nourrir jusqu’à présent. Tout le monde est conscient que ce n’est pas facile de trouver du travail au Sénégal. Puisque je n’ai pas le choix par peur de perdre mon travail et je ne veux pas décevoir ma mère. Parce que c’est avec ce que je gagne que j’arrive à payer le loyer et de subvenir à nos besoins. Ce n’est pas facile de vivre tout ça. Parce qu’il n’y a pas d’amour entre nous. C’est juste pour le sexe et cela me permet de garder mon travail. Je veux me marier et changer de vie, mais pour le moment, je continue de garder cette relation en attendant de trouver un autre travail. Je suis en train de chercher mais, je n’ai encore rien trouvé. Mais je ne perds pas espoir ».
Est-ce que c’est seulement les femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel dans les entreprises. Les hommes dans tout ça. Y a-t-il des hommes victimes de cette pratique? La réponse est oui.
Rencontré dans le cadre de notre enquête, un homme, la quarantaine, sous couvert de l’anonymat, il explique. « Nombreux sont ceux qui pensent que seules les femmes subissent le harcèlement sexuel alors que nous les hommes, nous sommes beaucoup plus exposés à cette pratique. Chaque jour que Dieu fait, dans la rue comme dans toutes les entreprises, on voit des femmes qui s’habillent d’une manière très provocatrice. Je trouve que cela est fait pour charmer le patron pour avoir plus davantages que les autres. Donc, c’est normal qu’elles soient exposées. Il faut que les femmes changent leur manière de s’habiller.
Que dit le Code du Travail sur la question ?
Pape Ousseynou Sow : «Je n’ai jamais été saisi pour un cas avéré de harcèlement sexuel au Groupe Futurs Médias»
Quelles sont les dispositions et mesures prises au sein des entreprises pour barrer la route à ce phénomène. Que dit le code du travail à ce sujet, les sanctions, Pape Ousseynou Sow Directeur des ressources humaines du Groupe Futurs Médias livre explique dans cette vidéo.
1- Que prévoit le code pénal pour le délit de harcèlement sexuel?
La personne reconnue coupable du délit de harcèlement sexuel sera punie d’une peine d’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 50 000 à 500 000 Francs. Lorsque la victime de l’infraction est âgée de moins de 16 ans, le maximum de la peine d’emprisonnement sera prononcé.
2- Le Harcèlement sexuel est-il un délit mineur ?
Absolument pas. Le harcèlement sexuel est une infraction sévèrement réprimée au Sénégal. D’ailleurs, le Législateur le classe dans la section relative aux attentats aux mœurs.
Ce délit d’une extrême gravité est prévu par l’article 319 bis du Code Pénal sénégalais qui le définit comme étant : «le fait de harceler autrui en usant d’ordres, de gestes, de menaces, de paroles, d’écrits ou de contrainte dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ».
Réalisé par Mame Fama Guèye igfm
Le harcèlement sexuel se vit en général en plusieurs phases. On subit, on ne comprend pas, puis on s’isole. Par honte, on le garde pour soi. Mais, c’est la première chose qu’il ne faut pas faire. Les victimes doivent à tout prix en parler, à leurs proches, aux collègues, et aux représentants du personnel. La peur de représailles vient de l’isolement. Ce n’est pas parce que l’on va en parler que l’on s’expose davantage.
Toutefois, le harcèlement n’est pas à confondre avec la simple «pression aux résultats et objectifs» subie par de très nombreux salariés et qui ne relève pas du harcèlement.
Une dame, employée dans une grande entreprise de la place, la trentaine, sous le couvert de l’anonymat, raconte sa mésaventure avec le Directeur des Ressources Humaines de son service.
A l’en croire, il bloque tous ses dossiers pour une augmentation de salaire ou pour un contrat de travail à durée indéterminée. «J’ai été victime de harcèlement dans mon lieu de travail. Mais, j’ai mis fin à cela à ma manière. Je suis nouvelle dans cette entreprise. Tous les hommes me veulent dans leur lit. Je ne suis pas une fille facile. En plus, je sais ce que je veux. Je ne mélange pas vie professionnelle et vie amoureuse. La plupart du temps, ce sont des Directeurs qui abusent de leurs pouvoirs pour te mettre le bâtons dans les roues pour arriver à leur fin. Si tu résistes attend toi aux représailles», confie-t-elle.
Elle poursuit : « J’ai mis fin à tout cela. J’ai changé de méthode avec tout le monde. Je dis «Monsieur» parce que cela freine beaucoup de choses. On échange peu. C ‘est-à-dire, sur le travail uniquement».
Autre entreprise, même problème pour certaines employées. Diarra Fall est opératrice dans un centre d’appel de la place.
La vingtaine, elle raconte son histoire avec son supérieur : «au début, ça m’amusait de le voir courir derrière moi. Je le faisais marcher et lui donner de faux espoirs. Il m’appelle le plus souvent dans son bureau et je vois qu’il se masturbait. C’est en ce moment, que j’ai pris conscience que les choses sont allées trop loin. J’ai décidé d’y mettre fin. Je suis devenue une obsession pour lui. Je le stressais pour un oui ou un non. Il m’agressait verbalement, le plus souvent. Quand je n’ai pas d’appel, il me déconnectait et me demande de rentrer et on est payé selon les heures de connexion. Du coup, à la fin du mois, je me retrouve avec la moitié de ce que je gagnais d’habitude. J’ai saisi notre Directeur et je lui ai exposé le problème. Puisque je répondais à ses messages au début, il a montré ses messages comme preuve à l’appui que j’étais consentante. Le Directeur a réglé le problème et ils m’ont changé de département et depuis, je n’ai plus de problème de ce genre».
Astou Diop : « Quand j’ai refusé à ses avances, il est devenu désagréable et trop dur avec moi »
Une autre fille, qui a vécu le même phénomène. Astou Diop, un nom d’emprunt. Agée de 18 ans. Elle travaille dans le Make up. Elle confie : «J’ai été victime de harcèlement dans mon lieu de travail. Je travaille pour une marque de cosmétique. Mon superviseur me faisait la cour. Chaque jour, il vient superviser si le travail a été bien fait. Si nous avons respecté les règles. Au début, c’était quelqu’un de vraiment sympa et je l’appréciais beaucoup. On était même de bons amis. Mais, quand j’ai refusé à ses avances, il est devenu désagréable et trop dur avec moi. Il me parlait mal, me reprochait tout sur le travail. Des reproches du genre « tu ne dois pas porter de baskets, tu es trop garçon manqué etc… »
Astou semble être plus chanceuse que les autres filles rencontrées par le reporter de IGFM. « J’ai eu de la chance. Parce qu’à l’époque, il sortait avec la fondatrice de la marque. J’en avais presque marre. J’en ai parlé avec la patronne. Elle a fait appel à lui devant moi. Il a eu tellement peur qu’il s’est excusé et depuis, il ne me parle plus» se rappelle-t-elle.
S. Gaye : « Je suis devenue l’amante de mon patron pour ne pas perdre mon travail »
S. Gaye, quant à elle est commerçante dans un centre commercial de la place. Contrairement nos premières interlocutrices, Soda a cédé à la pression de son patron. Elle revient sur son histoire avec son patron. « J’étais victime de harcèlement sexuel et j’ai cédé. Je suis l’amante de mon patron depuis presque trois ans. Au début, je refusais de répondre à ses avances. Mais, quand il m’a menacé de me renvoyer, j’ai eu peur et j’ai décidé de le satisfaire sexuellement. Parce que je fais partie d’une famille très pauvre. Je suis fille unique. Mes parents ont divorcé depuis que j’avais 4 ans. C’est ma mère qui essayait de joindre les deux bouts pour me nourrir jusqu’à présent. Tout le monde est conscient que ce n’est pas facile de trouver du travail au Sénégal. Puisque je n’ai pas le choix par peur de perdre mon travail et je ne veux pas décevoir ma mère. Parce que c’est avec ce que je gagne que j’arrive à payer le loyer et de subvenir à nos besoins. Ce n’est pas facile de vivre tout ça. Parce qu’il n’y a pas d’amour entre nous. C’est juste pour le sexe et cela me permet de garder mon travail. Je veux me marier et changer de vie, mais pour le moment, je continue de garder cette relation en attendant de trouver un autre travail. Je suis en train de chercher mais, je n’ai encore rien trouvé. Mais je ne perds pas espoir ».
Est-ce que c’est seulement les femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel dans les entreprises. Les hommes dans tout ça. Y a-t-il des hommes victimes de cette pratique? La réponse est oui.
Rencontré dans le cadre de notre enquête, un homme, la quarantaine, sous couvert de l’anonymat, il explique. « Nombreux sont ceux qui pensent que seules les femmes subissent le harcèlement sexuel alors que nous les hommes, nous sommes beaucoup plus exposés à cette pratique. Chaque jour que Dieu fait, dans la rue comme dans toutes les entreprises, on voit des femmes qui s’habillent d’une manière très provocatrice. Je trouve que cela est fait pour charmer le patron pour avoir plus davantages que les autres. Donc, c’est normal qu’elles soient exposées. Il faut que les femmes changent leur manière de s’habiller.
Que dit le Code du Travail sur la question ?
Pape Ousseynou Sow : «Je n’ai jamais été saisi pour un cas avéré de harcèlement sexuel au Groupe Futurs Médias»
Quelles sont les dispositions et mesures prises au sein des entreprises pour barrer la route à ce phénomène. Que dit le code du travail à ce sujet, les sanctions, Pape Ousseynou Sow Directeur des ressources humaines du Groupe Futurs Médias livre explique dans cette vidéo.
1- Que prévoit le code pénal pour le délit de harcèlement sexuel?
La personne reconnue coupable du délit de harcèlement sexuel sera punie d’une peine d’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 50 000 à 500 000 Francs. Lorsque la victime de l’infraction est âgée de moins de 16 ans, le maximum de la peine d’emprisonnement sera prononcé.
2- Le Harcèlement sexuel est-il un délit mineur ?
Absolument pas. Le harcèlement sexuel est une infraction sévèrement réprimée au Sénégal. D’ailleurs, le Législateur le classe dans la section relative aux attentats aux mœurs.
Ce délit d’une extrême gravité est prévu par l’article 319 bis du Code Pénal sénégalais qui le définit comme étant : «le fait de harceler autrui en usant d’ordres, de gestes, de menaces, de paroles, d’écrits ou de contrainte dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ».
Réalisé par Mame Fama Guèye igfm