Votre candidature à la mairie de Dakar semble être une surprise ?
Ma candidature est actée lors d’une délibération du parti, qui a décidé que c’est moi qui serait candidat à la candidature de notre coalition. Je peux penser que le parti a pensé que je suis le candidat de la coalition. En 2002, quand il y avait les élections, j’ai été candidat à la candidature et mon parti en avait décidé autrement. Il y avait plusieurs candidats à Dakar et de grosses têtes. Me Wade avait choisi Pape Diop. Aujourd’hui, le parti est dans l’opposition, on va vers les Locales et Dakar reste un enjeu pour tous. Le parti a donc pensé que c’est moi. Je m’engage sur cette voie en tant que missionnaire.
La bataille de Dakar s’annonce rude, sur quel levier vous appuyez-vous pour faire gagner votre coalition ?
Un seul objectif et plusieurs leviers. L’objectif, c’est d’avoir une voix de plus que mon second. Le levier, c’est l’organisation de mon parti, les quartiers que j’ai traversés. J’ai habité Fann-Hock, Bopp et je suis à Yoff. Sur le plan de la circulation, j’ai fréquenté beaucoup de quartiers et c’est un atout et l’autre, c’est que les gens regarderont de plusieurs manières, les différents candidats, leurs origines, leurs capacités, leurs parcours, leurs contacts avec les masses, par rapport à ce qui se fait depuis des années. Les leviers associatifs et les éléments de famille, de compagnonnage… Il y en a plusieurs. D’autres qui en ont et que je n’ai pas. Nous partons tous à la même limite, sur le même pied. Mais chacun a sa manière pour arriver à bout de cette ville de Dakar tant convoitée. C’est assez indicatif aussi, car on ne peut pas prendre les 380 000 leviers qu’on peut avoir pour des élections municipales.
Qu’est-ce que les Dakarois peuvent espérer de vous une fois élu maire ?
Avoir un maire qui correspond à leur idéal. Et un idéal, c’est très lointain. Aucun candidat ne peut vous dire ce qu’il fera pour changer Dakar totalement et avoir des résultats probants en 5 ans. Il faut être sérieux. Mais nous connaissons des villes, nous avons eu la chance de connaître Dakar qui, à l’époque coloniale et des indépendances, était une ville organisée. Si vous dites aux Dakarois aujourd’hui que sur le carrefour Sandaga, il y avait des passages piétons, des feux et au milieu, un parterre de gazon… C’est clair et net que Dakar a changé. Si vous faites le tour de Dakar, à la place de l’Indépendance, au Monument aux Morts, vous regardez l’état de délabrement, la saleté et Dakar, ville propre qui, à un certain moment, était comparée à Lomé, vous voyez que Dakar n’est plus comme elle était.
Vous voyez Dakar en infrastructures sanitaires, sportives, vous la voyez en organisation et en rendez-vous culturels, sportifs, cinématographiques, d’abord par ses salles et les cinéastes. Nous avions les meilleurs cinéastes et nous courrions derrière les Algériens et les Marocains. Aujourd’hui, Dakar est à la traîne. Le Dakar du théâtre s’est transformé en séries. Et l’école, si vous la regardez, vous vous rendrez compte qu’il y a beaucoup de choses à faire. Il faut ouvrir les brèches et donner une autre vision par des infrastructures. Donc il faut un Dakar, ville du monde. Dakar doit pouvoir émerger en Afrique. Abidjan nous dépasse, Kigali est sortie de guerre, après des avancées extraordinaires.
D’ailleurs, Macky Sall prend pour exemple le Rwanda et son président. Je rêve d’une ville où l’Etat est l’élu local ou les élus locaux, sont en symbiose pour faire des choses ensemble et non à se faire la guerre. 6 ans à se tirailler, pour une lampe, à ramasser un brin d’allumette. Je ne veux pas de ce Dakar-là. Quel que soit le président de la République qui sera là, élu maire, je vais m’atteler à réconcilier l’élu local et l’Etat.
Les investitures ont été compliquées, avec tant de listes rejetées. Qu’est-ce qui explique tout cela ?
Notre parti n’a pas investi Pape Diop et ne saurait l’investir ! Il a été investi par son propre parti. Nous ne sommes pas dans le même parti. Et ce n’est pas la première fois. Nous n’avons pas été dans la même liste en 2012. Vous avez oublié. On venait de sortir de l’alternance, Macky Sall était au pouvoir. Pape Diop a dit qu’il allait à des élections seul et c’était pour faire les primaires de notre parti. Et au cas où il aurait gagné, le parti lui sera retourné. Les élections sont passées, les résultats sont connus et il est resté dans son Bokk Gis Gis transformé en parti. Aux élections législatives, au regard, sans doute, de ce qui s’est passé, de son effectif, de ses gains et du nombre de ses députés, il a préféré, lui, Pape Diop, venir dans notre coalition et partir avec nous.
Par conséquent, il est candidat à une élection locale comme la ville de Dakar. D’ailleurs, la coalition qu’il a initiée ou dont il fait partie des initiateurs, le siège était à son siège, dans sa propriété. Nous y avons été convoqués à la troisième réunion. Donc qu’il nous laisse le parti et son siège pour aller ailleurs, parce qu’il n’est pas investi tête de liste. D’ailleurs, il sait ce que signifie aller seul aux élections. Mais il a eu un choix et il a été informé très tôt que le Pds aura un candidat. Il n’y a pas de discussions sur cette question. Nous avons l’esprit consensuel avec des objectifs et après les élections, Pape Diop et nous, nous allons sans doute, nous retrouver.
Des listes rejetées sont en train d’être réhabilitées par la Cour d’appel. Peut-on soupçonner l’administration territoriale d’abus de pouvoir ?
Je ne peux dire s’il y a ou pas abus de pouvoir sur toutes les listes rejetées. J’en ai qui ont été rejetées. Je serais Sg national du parti, j’aurais rejeté la liste. Pourquoi nous en sommes à ce niveau. Parce que simplement si la première coalition que nous avions voulu construire entre le mois de novembre 2020 et le mois d’avril 2021, avait réussi, on aurait dépassé de loin ce cap. Ce n’est pas le même cas pour la présidentielle. Il n’y a pas de retard, mais certains sont dubitatifs.
D’autres cherchent à forcer le 3e mandat. Mieux on se prépare dans une organisation fiable, mieux on va vers des élections et des listes déposées. Je ne me rappelle pas dans l’histoire du Sénégal, qu’il y a eu autant de rejets de listes. C’est vrai qu’il y a eu des candidatures indépendantes, mais la majorité l’ont été de partis politiques. Cela veut dire qu’un candidat, le jour où les partis politiques refuseront de louer ou que l’Etat dise que si un parti politique n’a pas de candidat, il ne peut pas louer son récépissé, à partir de ce moment, nous n’aurons plus cette situation. C’est parce que nous cristallisons nos différences au lieu d’évoluer par nos différences. Je n’ai pas encore vu les candidats qui sont allés payer 15 millions. Ils sont rares.
Avec l’affaire Barthélémy Dias, il y a eu beaucoup de bruit. L’opposition est-elle dans son droit ou c’est l’Etat qui tente de neutraliser un adversaire ?
Il faut très honnêtement analyser sur plusieurs angles. Que le Président Macky Sall s’attaque à son opposition, c’est net, c’est clair et il en a fait un objectif et un sacerdoce. Cela ne peut pas varier d’ailleurs. Par conséquent, ce qui se passe. Il s’agit au départ d’assassinat, mais d’après les informations, il s’agit d’homicide involontaire avec un coup mortel et l’excuse de la provocation. Qui est en jeu dans cette affaire ? C’est une personne qui est citée. C’est depuis 2011. Cela fait 10 ans que cela traîne et on en a fait un problème politique contre notre régime. Le Pds n’a pas été cité dans cette affaire. C’est un des procès les plus indicatifs, car il y a des documents filmés. Que l’Etat en profite contre Barth, c’est dans l’option de Macky Sall. Il a rendu visite à la famille Dias et s’est confié à son père pour lui dire qu’une fois la victoire acquise, je le ferai sortir de prison. Des choses ont été faites.
Barthélémy a eu un procès et deux appels. Il est sorti et il a été élu député. Le procès a été mis entre parenthèses. Aujourd’hui, il n’est plus avec le pouvoir qui a décidé de prolonger le procès.
Qu’est-ce que l’Etat attend pour en finir avec ce procès et le classer ? Pourquoi un prolongement jusqu’à ce niveau. Est-ce que si Barthélémy n’était pas candidat, la situation serait-elle ainsi ?
Il faut reconnaître qu’il faut dissocier les choses, mais Macky Sall a la responsabilité du régime, du judiciaire et du Procureur qui a fait appel sur la peine. Barth a fait appel sur les amendes. Nous sommes en totale contradiction, car les alliés d’hier sont devenus des ennemis féroces.
Dire que je ne vais pas répondre à la justice dans un pays démocratique ne pose-t-il pas problème ?
On doit aller répondre à la justice. C’est le cas Karim Wade, mais nous étions venus répondre à la justice. Le juge s’est permis d’ailleurs, en dehors des délais d’instruction qui étaient de 6 mois, de prolonger ça encore de 6 mois. Nous avons mené un combat féroce contre l’Etat du Sénégal pour en arriver là où nous sommes. Nous sommes toujours sur la poursuite d’un procès parce qu’on demande à l’Etat du Sénégal, non seulement de payer des pénalités à Karim Wade, mais de réexaminer son procès.
Maintenant, qui doit répondre ? Sur la violence, je dis que seul l’Etat du Sénégal est responsable, de cette situation pour avoir traîné les choses jusqu’à maintenant. Est-ce que c’est parce qu’on vous a giflé, que vous devez répondre ?
Tant que nous avons cette opposition, c’est-à-dire entre l’Etat, l’Apr, contre les Sénégalais, nous en serons là. Est-ce que demain, dans la même situation, nous ne serons pas dans cette voie ? Nous avons fait beaucoup d’efforts pour ne pas y arriver. Nous avons des responsabilités que les autres partis n’ont pas. Et ce que nous avons fait dans ce pays depuis 1974, pour arriver à ce niveau de renforcement de la démocratie. Si l’Etat ne cesse pas dans son idée, dans son besoin et son désir de vouloir tuer l’opposition, on arrivera un jour à une situation dans laquelle, le Sénégal aura beaucoup de difficultés pour s’en sortir. Ce sera de la responsabilité unique de Macky Sall.
Dans le cas Karim Wade, vous n’avez pas fait une opposition de rue. Cela n’a-t-il pas poussé Macky à faire la même chose avec Sonko et Khalifa ?
Quand nous sommes sortis du pouvoir en 2012, nous en sommes sortis avec une idée. Que nous étions dans la Constitution, il fallait l’assister, l’accompagner. J’ai été convoqué à la Crei pour des raisons que j’ignore. Nous étions arrivés à un niveau où il fallait nous organiser et nous l’avions fait. Il y avait près de 50 personnes qui étaient dans le collimateur de la justice ou en prison. Nous avions organisé des manifestations monstres en utilisant tous nos leviers par la mobilisation. Mais nous étions à un niveau que les Sénégalais ont compris trop tard.
Ces dossiers Dias et Sonko, comment régler ce problème avec une main politique ?
Nous en aurons encore, car il y a deux choses qui commencent à scinder le pouvoir. Ceux qui sont pour forcer le 3e mandat à partir des Locales. Là, il s’agit d’éliminer des candidats potentiels lors de la Présidentielle. Ensuite, poursuivre sur les Législatives et arriver à la Présidentielle avec tout un tas de tralala pour expliquer que le 3e mandat est possible. Avoir un ministre de l’Intérieur prêt à cela. Il a la force législative, la force militaire et la force policière pour le faire.
Mais est-ce que les Sénégalais n’ont pas la force de riposte en garantissant leur vie pour l’en empêcher ?
Si Macky Sall poursuit sur cette voie de liquider des adversaires, on va vers des soucis. Il crée des situations à l’interne, des situations de face-à-face, d’adversité, de concurrence entre des fils. On a l’impression que Macky veut nous quitter de force en 2024, en laissant le pays dans des cendres. Cela peut être une option pour lui. Mais tout indique que c’est cela l’option. Ou bien j’ai un 3e mandat, ou bien je laisse le pays dans des cendres.
Ma candidature est actée lors d’une délibération du parti, qui a décidé que c’est moi qui serait candidat à la candidature de notre coalition. Je peux penser que le parti a pensé que je suis le candidat de la coalition. En 2002, quand il y avait les élections, j’ai été candidat à la candidature et mon parti en avait décidé autrement. Il y avait plusieurs candidats à Dakar et de grosses têtes. Me Wade avait choisi Pape Diop. Aujourd’hui, le parti est dans l’opposition, on va vers les Locales et Dakar reste un enjeu pour tous. Le parti a donc pensé que c’est moi. Je m’engage sur cette voie en tant que missionnaire.
La bataille de Dakar s’annonce rude, sur quel levier vous appuyez-vous pour faire gagner votre coalition ?
Un seul objectif et plusieurs leviers. L’objectif, c’est d’avoir une voix de plus que mon second. Le levier, c’est l’organisation de mon parti, les quartiers que j’ai traversés. J’ai habité Fann-Hock, Bopp et je suis à Yoff. Sur le plan de la circulation, j’ai fréquenté beaucoup de quartiers et c’est un atout et l’autre, c’est que les gens regarderont de plusieurs manières, les différents candidats, leurs origines, leurs capacités, leurs parcours, leurs contacts avec les masses, par rapport à ce qui se fait depuis des années. Les leviers associatifs et les éléments de famille, de compagnonnage… Il y en a plusieurs. D’autres qui en ont et que je n’ai pas. Nous partons tous à la même limite, sur le même pied. Mais chacun a sa manière pour arriver à bout de cette ville de Dakar tant convoitée. C’est assez indicatif aussi, car on ne peut pas prendre les 380 000 leviers qu’on peut avoir pour des élections municipales.
Qu’est-ce que les Dakarois peuvent espérer de vous une fois élu maire ?
Avoir un maire qui correspond à leur idéal. Et un idéal, c’est très lointain. Aucun candidat ne peut vous dire ce qu’il fera pour changer Dakar totalement et avoir des résultats probants en 5 ans. Il faut être sérieux. Mais nous connaissons des villes, nous avons eu la chance de connaître Dakar qui, à l’époque coloniale et des indépendances, était une ville organisée. Si vous dites aux Dakarois aujourd’hui que sur le carrefour Sandaga, il y avait des passages piétons, des feux et au milieu, un parterre de gazon… C’est clair et net que Dakar a changé. Si vous faites le tour de Dakar, à la place de l’Indépendance, au Monument aux Morts, vous regardez l’état de délabrement, la saleté et Dakar, ville propre qui, à un certain moment, était comparée à Lomé, vous voyez que Dakar n’est plus comme elle était.
Vous voyez Dakar en infrastructures sanitaires, sportives, vous la voyez en organisation et en rendez-vous culturels, sportifs, cinématographiques, d’abord par ses salles et les cinéastes. Nous avions les meilleurs cinéastes et nous courrions derrière les Algériens et les Marocains. Aujourd’hui, Dakar est à la traîne. Le Dakar du théâtre s’est transformé en séries. Et l’école, si vous la regardez, vous vous rendrez compte qu’il y a beaucoup de choses à faire. Il faut ouvrir les brèches et donner une autre vision par des infrastructures. Donc il faut un Dakar, ville du monde. Dakar doit pouvoir émerger en Afrique. Abidjan nous dépasse, Kigali est sortie de guerre, après des avancées extraordinaires.
D’ailleurs, Macky Sall prend pour exemple le Rwanda et son président. Je rêve d’une ville où l’Etat est l’élu local ou les élus locaux, sont en symbiose pour faire des choses ensemble et non à se faire la guerre. 6 ans à se tirailler, pour une lampe, à ramasser un brin d’allumette. Je ne veux pas de ce Dakar-là. Quel que soit le président de la République qui sera là, élu maire, je vais m’atteler à réconcilier l’élu local et l’Etat.
Les investitures ont été compliquées, avec tant de listes rejetées. Qu’est-ce qui explique tout cela ?
Notre parti n’a pas investi Pape Diop et ne saurait l’investir ! Il a été investi par son propre parti. Nous ne sommes pas dans le même parti. Et ce n’est pas la première fois. Nous n’avons pas été dans la même liste en 2012. Vous avez oublié. On venait de sortir de l’alternance, Macky Sall était au pouvoir. Pape Diop a dit qu’il allait à des élections seul et c’était pour faire les primaires de notre parti. Et au cas où il aurait gagné, le parti lui sera retourné. Les élections sont passées, les résultats sont connus et il est resté dans son Bokk Gis Gis transformé en parti. Aux élections législatives, au regard, sans doute, de ce qui s’est passé, de son effectif, de ses gains et du nombre de ses députés, il a préféré, lui, Pape Diop, venir dans notre coalition et partir avec nous.
Par conséquent, il est candidat à une élection locale comme la ville de Dakar. D’ailleurs, la coalition qu’il a initiée ou dont il fait partie des initiateurs, le siège était à son siège, dans sa propriété. Nous y avons été convoqués à la troisième réunion. Donc qu’il nous laisse le parti et son siège pour aller ailleurs, parce qu’il n’est pas investi tête de liste. D’ailleurs, il sait ce que signifie aller seul aux élections. Mais il a eu un choix et il a été informé très tôt que le Pds aura un candidat. Il n’y a pas de discussions sur cette question. Nous avons l’esprit consensuel avec des objectifs et après les élections, Pape Diop et nous, nous allons sans doute, nous retrouver.
Des listes rejetées sont en train d’être réhabilitées par la Cour d’appel. Peut-on soupçonner l’administration territoriale d’abus de pouvoir ?
Je ne peux dire s’il y a ou pas abus de pouvoir sur toutes les listes rejetées. J’en ai qui ont été rejetées. Je serais Sg national du parti, j’aurais rejeté la liste. Pourquoi nous en sommes à ce niveau. Parce que simplement si la première coalition que nous avions voulu construire entre le mois de novembre 2020 et le mois d’avril 2021, avait réussi, on aurait dépassé de loin ce cap. Ce n’est pas le même cas pour la présidentielle. Il n’y a pas de retard, mais certains sont dubitatifs.
D’autres cherchent à forcer le 3e mandat. Mieux on se prépare dans une organisation fiable, mieux on va vers des élections et des listes déposées. Je ne me rappelle pas dans l’histoire du Sénégal, qu’il y a eu autant de rejets de listes. C’est vrai qu’il y a eu des candidatures indépendantes, mais la majorité l’ont été de partis politiques. Cela veut dire qu’un candidat, le jour où les partis politiques refuseront de louer ou que l’Etat dise que si un parti politique n’a pas de candidat, il ne peut pas louer son récépissé, à partir de ce moment, nous n’aurons plus cette situation. C’est parce que nous cristallisons nos différences au lieu d’évoluer par nos différences. Je n’ai pas encore vu les candidats qui sont allés payer 15 millions. Ils sont rares.
Avec l’affaire Barthélémy Dias, il y a eu beaucoup de bruit. L’opposition est-elle dans son droit ou c’est l’Etat qui tente de neutraliser un adversaire ?
Il faut très honnêtement analyser sur plusieurs angles. Que le Président Macky Sall s’attaque à son opposition, c’est net, c’est clair et il en a fait un objectif et un sacerdoce. Cela ne peut pas varier d’ailleurs. Par conséquent, ce qui se passe. Il s’agit au départ d’assassinat, mais d’après les informations, il s’agit d’homicide involontaire avec un coup mortel et l’excuse de la provocation. Qui est en jeu dans cette affaire ? C’est une personne qui est citée. C’est depuis 2011. Cela fait 10 ans que cela traîne et on en a fait un problème politique contre notre régime. Le Pds n’a pas été cité dans cette affaire. C’est un des procès les plus indicatifs, car il y a des documents filmés. Que l’Etat en profite contre Barth, c’est dans l’option de Macky Sall. Il a rendu visite à la famille Dias et s’est confié à son père pour lui dire qu’une fois la victoire acquise, je le ferai sortir de prison. Des choses ont été faites.
Barthélémy a eu un procès et deux appels. Il est sorti et il a été élu député. Le procès a été mis entre parenthèses. Aujourd’hui, il n’est plus avec le pouvoir qui a décidé de prolonger le procès.
Qu’est-ce que l’Etat attend pour en finir avec ce procès et le classer ? Pourquoi un prolongement jusqu’à ce niveau. Est-ce que si Barthélémy n’était pas candidat, la situation serait-elle ainsi ?
Il faut reconnaître qu’il faut dissocier les choses, mais Macky Sall a la responsabilité du régime, du judiciaire et du Procureur qui a fait appel sur la peine. Barth a fait appel sur les amendes. Nous sommes en totale contradiction, car les alliés d’hier sont devenus des ennemis féroces.
Dire que je ne vais pas répondre à la justice dans un pays démocratique ne pose-t-il pas problème ?
On doit aller répondre à la justice. C’est le cas Karim Wade, mais nous étions venus répondre à la justice. Le juge s’est permis d’ailleurs, en dehors des délais d’instruction qui étaient de 6 mois, de prolonger ça encore de 6 mois. Nous avons mené un combat féroce contre l’Etat du Sénégal pour en arriver là où nous sommes. Nous sommes toujours sur la poursuite d’un procès parce qu’on demande à l’Etat du Sénégal, non seulement de payer des pénalités à Karim Wade, mais de réexaminer son procès.
Maintenant, qui doit répondre ? Sur la violence, je dis que seul l’Etat du Sénégal est responsable, de cette situation pour avoir traîné les choses jusqu’à maintenant. Est-ce que c’est parce qu’on vous a giflé, que vous devez répondre ?
Tant que nous avons cette opposition, c’est-à-dire entre l’Etat, l’Apr, contre les Sénégalais, nous en serons là. Est-ce que demain, dans la même situation, nous ne serons pas dans cette voie ? Nous avons fait beaucoup d’efforts pour ne pas y arriver. Nous avons des responsabilités que les autres partis n’ont pas. Et ce que nous avons fait dans ce pays depuis 1974, pour arriver à ce niveau de renforcement de la démocratie. Si l’Etat ne cesse pas dans son idée, dans son besoin et son désir de vouloir tuer l’opposition, on arrivera un jour à une situation dans laquelle, le Sénégal aura beaucoup de difficultés pour s’en sortir. Ce sera de la responsabilité unique de Macky Sall.
Dans le cas Karim Wade, vous n’avez pas fait une opposition de rue. Cela n’a-t-il pas poussé Macky à faire la même chose avec Sonko et Khalifa ?
Quand nous sommes sortis du pouvoir en 2012, nous en sommes sortis avec une idée. Que nous étions dans la Constitution, il fallait l’assister, l’accompagner. J’ai été convoqué à la Crei pour des raisons que j’ignore. Nous étions arrivés à un niveau où il fallait nous organiser et nous l’avions fait. Il y avait près de 50 personnes qui étaient dans le collimateur de la justice ou en prison. Nous avions organisé des manifestations monstres en utilisant tous nos leviers par la mobilisation. Mais nous étions à un niveau que les Sénégalais ont compris trop tard.
Ces dossiers Dias et Sonko, comment régler ce problème avec une main politique ?
Nous en aurons encore, car il y a deux choses qui commencent à scinder le pouvoir. Ceux qui sont pour forcer le 3e mandat à partir des Locales. Là, il s’agit d’éliminer des candidats potentiels lors de la Présidentielle. Ensuite, poursuivre sur les Législatives et arriver à la Présidentielle avec tout un tas de tralala pour expliquer que le 3e mandat est possible. Avoir un ministre de l’Intérieur prêt à cela. Il a la force législative, la force militaire et la force policière pour le faire.
Mais est-ce que les Sénégalais n’ont pas la force de riposte en garantissant leur vie pour l’en empêcher ?
Si Macky Sall poursuit sur cette voie de liquider des adversaires, on va vers des soucis. Il crée des situations à l’interne, des situations de face-à-face, d’adversité, de concurrence entre des fils. On a l’impression que Macky veut nous quitter de force en 2024, en laissant le pays dans des cendres. Cela peut être une option pour lui. Mais tout indique que c’est cela l’option. Ou bien j’ai un 3e mandat, ou bien je laisse le pays dans des cendres.