Aveu ne pouvait pas être aussi mignon que celui de l’ex-directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase). Invité de l’émission Par conviction de la 2Stv, Baïla Wane, répondant aux accusations de ses détracteurs reconnaît, sans ambages, qu’il a employé des militants du Parti démocratiques sénégalais, sa formation. Même s’il ajoute, après s’être rendu compte, de sa « faute » politique, que ses « frères » sont tout de même compétents. Cette précision, après coup, prend des relents d’un rectificatif pour atténuer la gravité d’une telle gaffe. Sinon comment comprendre que, dans un Etat de droit dont l’essence devrait être la neutralité, l’impartialité et l’égalité devant tous les citoyens, de tels aveux se fassent sans aucune indignation. La promotion de postes de complaisance- car c’est le cas- aurait ameuté une République digne de ce nom pour faire la lumière sur ce scandale inqualifiable. En fait, il s’agit quand même d’une société nationale et du contribuable. Mais nous sommes là surtout face à une question de gestion des affaires publiques. Ses recrutements partisans interpellent les institutions de contrôle de gestion.
La Lonase ne peut y échapper. Cet aveu est un scandale, non seulement parce qu’il a choisi des militants de son parti politique, mais parce qu’il a osé le dire. « Ça, je ne peux pas le nier », a-t-il confessé au journaliste. « Au moins, il a osé dire à haute voix ce que d’autres n’auraient jamais dit », a commenté un téléspectateur. Ses mots ne sont pas sortis dans un style de la sincérité. Nous sommes plutôt dans le registre de l’arrogance. La cooptation partisane n’est pas née avec Baïla Wane, mais elle confirme l’idée- qui n’est pas seulement reçue, mais vécue- selon laquelle pour trouver un emploi, il faut faire de la politique ou militer dans un parti politique. Il y a sans doute d’autres personnalités qui font fi d’une quelconque compétition dans les postes. C’est l’administration qui, de façon générale, subit un sacré coup et ses résultats sont à la dimension du choix des hommes qui l’animent. Qui peut croire à une compétition des postes aussi restreinte soit-elle. La restriction est déjà faite du moment où le critère principal qui vaille reste la couleur du parti. Faut-il être bleu pour mériter un poste alors que les seules couleurs doivent être celles du Sénégal ? Quel citoyen aurait compris, en déposant une demande d’emploi, que son dossier n’est pas complet, ou parce qu’il n’a pas le profil de l’emploi ? Qui peut croire en « l’égal accès de tous les citoyens aux services publics », tel que le stipule le préambule de la Constitution sénégalaise ?
EGALE ADMISSIBILITE A L’EMPLOI
La sortie de Baïla Wane remet au goût du jour « Le principe de l’égal admissibilité aux emplois publics », thème de la Rentrée des cours et tribunaux du 12 janvier 2011. Une situation préoccupante au point que, la magistrate Aminata Fall Cissé a proposé, dans son discours, l’« adoption d’une charte pour la promotion de l’égalité dans la fonction publique ». Et, elle n’en pense pas moins que, « dans le recrutement aux emplois publics, seuls les critères de capacités, de vertus et de talents des candidats doivent être pris en compte ». C’est là une « garantie » pour une « administration de qualité parce que fondée sur le mérite ». Le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Alioune Badara Fall, lui, faisait remarquer que parmi les maux qui freinent l’égal accès à l’emploi, il y a le « favoritisme, le clanisme, les passe-droits, le trafic d’influence et même les pratiques mystiques ». Où classer les emplois politiques parmi tous ces maux ? Pour le président de la Cour Suprême, Papa Oumar Sakho, la sélection des candidats à l’emploi doit dépendre « des capacités des postulants et des caractéristiques spécifiques aux emplois publics à pourvoir ». Pour l’heure, l’égale admissibilité aux emplois publics reste un vœu pieux. Comme le fléau de corruption, le « favoritisme » doit être combattu. Il en va de la crédibilité de l’administration sénégalaise.
Hamath KANE lagazette.sn
La Lonase ne peut y échapper. Cet aveu est un scandale, non seulement parce qu’il a choisi des militants de son parti politique, mais parce qu’il a osé le dire. « Ça, je ne peux pas le nier », a-t-il confessé au journaliste. « Au moins, il a osé dire à haute voix ce que d’autres n’auraient jamais dit », a commenté un téléspectateur. Ses mots ne sont pas sortis dans un style de la sincérité. Nous sommes plutôt dans le registre de l’arrogance. La cooptation partisane n’est pas née avec Baïla Wane, mais elle confirme l’idée- qui n’est pas seulement reçue, mais vécue- selon laquelle pour trouver un emploi, il faut faire de la politique ou militer dans un parti politique. Il y a sans doute d’autres personnalités qui font fi d’une quelconque compétition dans les postes. C’est l’administration qui, de façon générale, subit un sacré coup et ses résultats sont à la dimension du choix des hommes qui l’animent. Qui peut croire à une compétition des postes aussi restreinte soit-elle. La restriction est déjà faite du moment où le critère principal qui vaille reste la couleur du parti. Faut-il être bleu pour mériter un poste alors que les seules couleurs doivent être celles du Sénégal ? Quel citoyen aurait compris, en déposant une demande d’emploi, que son dossier n’est pas complet, ou parce qu’il n’a pas le profil de l’emploi ? Qui peut croire en « l’égal accès de tous les citoyens aux services publics », tel que le stipule le préambule de la Constitution sénégalaise ?
EGALE ADMISSIBILITE A L’EMPLOI
La sortie de Baïla Wane remet au goût du jour « Le principe de l’égal admissibilité aux emplois publics », thème de la Rentrée des cours et tribunaux du 12 janvier 2011. Une situation préoccupante au point que, la magistrate Aminata Fall Cissé a proposé, dans son discours, l’« adoption d’une charte pour la promotion de l’égalité dans la fonction publique ». Et, elle n’en pense pas moins que, « dans le recrutement aux emplois publics, seuls les critères de capacités, de vertus et de talents des candidats doivent être pris en compte ». C’est là une « garantie » pour une « administration de qualité parce que fondée sur le mérite ». Le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Alioune Badara Fall, lui, faisait remarquer que parmi les maux qui freinent l’égal accès à l’emploi, il y a le « favoritisme, le clanisme, les passe-droits, le trafic d’influence et même les pratiques mystiques ». Où classer les emplois politiques parmi tous ces maux ? Pour le président de la Cour Suprême, Papa Oumar Sakho, la sélection des candidats à l’emploi doit dépendre « des capacités des postulants et des caractéristiques spécifiques aux emplois publics à pourvoir ». Pour l’heure, l’égale admissibilité aux emplois publics reste un vœu pieux. Comme le fléau de corruption, le « favoritisme » doit être combattu. Il en va de la crédibilité de l’administration sénégalaise.
Hamath KANE lagazette.sn