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ELECTRICTE - Propositions du gouvernement face à la cherté des factures

Les imams rejettent les 7 commandements

La délégation des Imams de Guédiawaye est repartie sur une déception après un face à face de quatre heures avec le ministre de l’Energie en dépit des mesures annoncées après le Conseil interministériel.


Rédigé par leral.net le Mardi 16 Décembre 2008 à 10:44 | | 0 commentaire(s)|

ELECTRICTE - Propositions du gouvernement face à la cherté des factures
Une salle à peine remplie, bien occupée par les deux parties. Disposée de sorte à créer un face à face entre l’Exécutif représenté par le ministre de l’Energie, Samuel Sarr et son staff, la délégation parlementaire d’un côté, et des bonnets des Imams bien ajustés à l’autre côté de la table. Très attendu, Samuel Sarr fait son entrée en sollicitant des prières. Le ministre souhaite une rencontre moins agressive et propose : «Choisissez la formule qui vous convient.» Le président de la Commission de l’énergie de l’assemblée nationale, Khadim Guèye, et des députés de la banlieue ouvrent la rencontre sur un ton religieux, mâtiné de recommandations divines.
Jusque-là le climat est clément mais, les hochements de tête commencent lorsque le président de la commission de régulation de l’énergie, Ibrahima Thiam, fait le point sur le mode de tarification, la grille, la hausse ou encore la baisse du coût de l’électricité. Le Collectif des résidents des quartiers de Guédiawaye n’a pas l’esprit aux chiffres que leur bombarde le délégué du ministre. Ils ne supportent pas les milliards, les milliers, les pourcentages du passé. «Regardez-moi cette dissertation», s’exclame l’un d’entre eux.
Même quand Samuel Sarr sort ses documents et les feuillette pour convaincre les Imams de la bonne foi du gouvernement en procédant à des hausses sur le coût de l’électricité, c’est l’ennui chez les interlocuteurs du jour. Sauf que le ministre promet «officiellement» qu’«il n’y aura plus jamais deux factures».
Le ministre, conscient de la détermination des résidents de Guédiawaye, illustrée par la désapprobation de certains d’entre eux, annonce qu’«il faudra auditer le fichier» de la Senelec et engage la commission de régulation à le faire. Mais, la solution semble difficilement trouvable si l’on en croit Samuel Sarr, qui mise sur les énergies alternatives telles le Solaire, l’Eolienne dès 2010. Une garantie d’une nouvelle tarification synonyme, selon lui, de baisse de la facture de 20 à 25%. La pression des Imams pousse aussi à penser à des découvertes des gisements de gaz à la commune de Diamniadio et estimés à 920 millions de m3.
L’impuissance de l’Etat à faire baisser la tension de la banlieue a néanmoins provoqué deux événements majeurs en une journée : un conseil interministériel et une rencontre forcée avec le ministre de l’Energie, en l’absence du chef de l’Etat. Une phrase du ministre renseigne tout de même sur le clair obscur du tunnel sombre de la Senelec : «Je ne peux vous dire s’il y aura baisse ou pas».

Le ministre
interrompu
C’est une litote que de déclarer que le problème de la Senelec, c’est sa communication. Le ministre de l’énergie lui-même, en l’avouant, ne fait qu’emboucher la trompette du chef de l’Etat qui, à son tour a souvent soufflé dans les bronches de sa cellule de Com à la Présidence ainsi qu’à celle du gouvernement, de manière générale. Un tel aveu de Samuel Sarr est un «refuge» pour les Imams. «Les députés nous ont toujours reproché ce problème de communication. On reconnaît notre tort», témoigne le ministre. Après moult explications, les répétitions ont fini par agacer ses interlocuteurs spéciaux.
Samuel Sarr récolte ainsi une interruption qui sonne comme un court circuit : «Monsieur le ministre nous voulons prier», lui signifie un des imams. Voilà le ministre obligé de résumer ses propos.
Le couloir du 4e étage du Building administratif est érigé en lieu de prière au moment où l’on rouspète ailleurs : «Ils n’ont rien dit pour le moment». L’ambiance augure un échec des discussions et Samuel Sarr, à la reprise, sollicite encore des prières. «Oh, c’était déjà fait. Il ne faut pas nous retarder», lui prie-t-on. Il se résigne et propose : «Imam (Youssouph Sarr) vous avez la parole et vous pouvez la donner à trois autres d’entre vous». La stratégie était claire et sans ambiguïté. Imam Sarr souligne qu’ils se sont déjà concertés et n’ont qu’une seule parole. Alors, il «apprécie» la tenue du conseil interministériel et «constate» que «des mesures importantes ont été prises. Mais elles sont insuffisantes parce qu’elles ne répondent pas aux attentes des Sénégalais. Il faut aller encore plus loin».Voilà qui ne plaît pas au ministre qui rectifie : «Imam, il faut quand même reconnaître que 500 mille consommateurs sont protégés par la Sénélec malgré la hausse». «Non, loolu amoul (ce n’est pas exact)», réplique une voix qu’un des Imams n’a pu s’empêcher de faire résonner. Et, les éclaircissements autorisés au président de la commission de régulation, M. Thiam, par la tutelle, n’ont fait qu’exaspérer les Imams qui veulent «du concret». A son tour, il reçoit son : «C’est déjà dit». Samuel Sarr perd le micro. «Arrêtez, les tergiversations et donnez la parole aux autres», ordonne-t-on à M. Thiam subitement muet.
De là à croire que le mot d’ordre déjà déclenché et qui a commencé par une marche des résidents de Guédiawaye, samedi dernier, n’est q’un début, car, Imam Youssouph Sarr persiste et signe que c’est un grain de déception, et «cette rencontre ne changera en rien (leur) détermination». La prochaine étape ? «Dieu seul sait», ironise-t-il, paraphrasant un autre de leur collègue, qui avait essuyé des huées le week-end dernier, tandis que son collègue, Imam Mohamed Lamine Diop, crie son désarroi et ne voit pas de gain mais plutôt une énorme déception : «Je jure que je ne paierai pas une seule facture tant qu’il n’y aura pas de solution. Au nom de Dieu, si les Sénégalais acceptent de payer dans un tel cas, moi, je n’utiliserai plus d’électricité et je préfèrerai vivre dans l’obscurité».

De nombreux milliards «sont en route»

Entre ce que le ministre de l’Energie, Samuel Sarr a promis comme solution aux inquiétudes des résidents de Guédiawaye et sa révélation, il y a un non-dit. Lorsqu’il annonce qu’«il y a 82 milliards de la Banque mondiale et 14 milliards de l’Agence française de développement (Afd) qui sont en route», il semble renvoyer les Imams à un manque d’argent pour justifier la situation actuelle. Histoire de faire naître un nouvel espoir et de désarmer les «djihadistes» ?
source le quotidien

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