Lorsque "Libération" avait révélé en exclusivité, sur la base d'un rapport de l'Ong Public Eye, ses pratiques scandaleuses en Afrique, en général, et au Sénégal en particulier, Philip Morris s'était fendu d'un communiqué payant pour démentir.
Mais voilà: le ministère de la Santé du Sénégal a voulu y voir clair en demandant des analyses au Programme national de lutte contre le tabac. Les résultats de ces analyses effectuées sur des cigarettes vendues au Sénégal par Philip Morris confirment les teneurs élevées en nicotine, en goudron et en monoxyde de carbone comparées aux normes de référence de l’Union européenne.
En clair et comme le révélait Public Eyes, la cigarette tue, mais celle vendue en Afrique et au Sénégal par Philip Morris tue plus vite. Public Eye était formel: des tests exclusifs réalisés alors dans le cadre de l'enquête intitulée « Les cigarettes suisses font un tabac en Afrique » révèlaient l’existence d’un double standard.
Les cigarettes produites en Suisse et vendues en Afrique par Philip Morris International et Japan Tobacco International présentaient, selon l'Ong, des taux de particules totales, de nicotine et de monoxyde de carbone plus élevés que celles destinées au marché suisse. Contrairement à la directive en vigueur dans l’Union européenne (Ue), la législation helvétique permet en effet aux géants du tabac installés en Suisse de fabriquer et d’exporter des cigarettes plus nocives et plus addictives que celles commercialisées sur son territoire.
Les analyses effectuées au Sénégal confirment Public Eye.
Les révélations faisant suite aux tests réalisés par l'Institut de Santé au travail, à Lausanne, qui fait partie du réseau de laboratoires validés par l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) étaient effarantes. Pour accéder à la demande des enquêteurs, Gregory Plateel, chef des laboratoires, et l’analyste Nicolas Concha-Lozano avaient fabriqué une machine à fumer. La méthode était presque artisanale: trois becs qui portent les cigarettes, une pompe pour aspirer, un bocal où part la fumée qui est concentrée. Rien n’était laissé au hasard: un ordinateur pilote cette machine, qui prend une bouffée de 35 ml. pendant 2 secondes, toutes les minutes.
Pour être sûr que leur appareil était bien calibré, ils l’ont d’abord testé avec une cigarette de référence 1R6F: sans marque, elle est fournie par l’Université du Kentucky et spécialement dédiée aux laboratoires de recherche.
Une fois la cigarette «fumée» par la machine, la fumée est analysée, ainsi que le filtre, afin de noter les taux de particules totales, nicotine et monoxyde de carbone. Une seule cigarette n’est évidemment pas représentative : pour obtenir des données fiables, ils en tirent une dans trois paquets séparés, puis relèvent la moyenne des trois valeurs. Ce processus a occupé les chercheurs pendant plusieurs semaines.
Gregory Plateel et Nicolas Concha-Lozano avaient analysé pas moins de 30 paquets de cigarettes provenant d'Afrique, de France et de Suisse. Leur méthodologie est conforme aux normes ISO, qui font office de référence pour tous les chercheurs qui font ce type de tests. En Suisse, comme en Europe, les autorités ont instauré la norme du 10-1-10, soit 10 mg. de goudron, 1 mg. de nicotine et 10 mg. de monoxyde de carbone: ce sont les valeurs maximales de ces substances qu’une cigarette vendue sur le marché suisse ou européen peut contenir. C’est cette norme qui a servi de référence pour l’analyse des échantillons.
Fumer tue mais fumer au Sénégal tue plus vite...
Les résultats étaient clairs : les cigarettes fabriquées sur le sol helvétique et vendues en Afrique étaient bien plus fortes, plus addictives et plus toxiques. A preuve, un échantillon de la marque Winston, par exemple, comporte plus de 16.31 milligrammes de particules totales par cigarette, contre 10.5 pour des Winston Classic achetées à Lausanne.
Pour la nicotine, la différence entre les cigarettes commercialisées en Afriqe et en Suisse est particulièrement frappante: 1.28 milligramme par cigarette pour des Camel «Swiss made» vendues en Afrique, selon les résultats de l’IST, contre à peine 0.75 milligrammes pour des Camel Filters vendues en Suisse. Pour le monoxyde de carbone, qui a pour effet de réduire la quantité d’oxygène circulant dans le sang, les valeurs sont aussi très différentes selon qu’on fume une Winston Blue en Afrique (9.62 milligramme par cigarette) ou en Suisse (5.45 milligramme). Malgré l’appellation rassurante, fumer des Camel light en Afrique revient à consommer des cigarettes plus nocives que des Camel Filters à Lausanne.
Mais il y avait plus grave encore. Dans certains cas, les taux mesurés par les scientifiques romands sont supérieurs à ceux affichés par les marques sur leurs paquets. C’est particulièrement le cas des valeurs de nicotine contenue dans les cigarettes africaines: les Winston en contiennent près de 1,5 milligramme, alors qu’elles affichent le chiffre de 1. "Les analyses effectuées au Sénégal ont tout confirmé", glisse une source avant d'ajouter : "le ministère de la Santé va prendre des mesures notamment en instaurant de nouveaux normes". Mais quand?
Mais voilà: le ministère de la Santé du Sénégal a voulu y voir clair en demandant des analyses au Programme national de lutte contre le tabac. Les résultats de ces analyses effectuées sur des cigarettes vendues au Sénégal par Philip Morris confirment les teneurs élevées en nicotine, en goudron et en monoxyde de carbone comparées aux normes de référence de l’Union européenne.
En clair et comme le révélait Public Eyes, la cigarette tue, mais celle vendue en Afrique et au Sénégal par Philip Morris tue plus vite. Public Eye était formel: des tests exclusifs réalisés alors dans le cadre de l'enquête intitulée « Les cigarettes suisses font un tabac en Afrique » révèlaient l’existence d’un double standard.
Les cigarettes produites en Suisse et vendues en Afrique par Philip Morris International et Japan Tobacco International présentaient, selon l'Ong, des taux de particules totales, de nicotine et de monoxyde de carbone plus élevés que celles destinées au marché suisse. Contrairement à la directive en vigueur dans l’Union européenne (Ue), la législation helvétique permet en effet aux géants du tabac installés en Suisse de fabriquer et d’exporter des cigarettes plus nocives et plus addictives que celles commercialisées sur son territoire.
Les analyses effectuées au Sénégal confirment Public Eye.
Les révélations faisant suite aux tests réalisés par l'Institut de Santé au travail, à Lausanne, qui fait partie du réseau de laboratoires validés par l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) étaient effarantes. Pour accéder à la demande des enquêteurs, Gregory Plateel, chef des laboratoires, et l’analyste Nicolas Concha-Lozano avaient fabriqué une machine à fumer. La méthode était presque artisanale: trois becs qui portent les cigarettes, une pompe pour aspirer, un bocal où part la fumée qui est concentrée. Rien n’était laissé au hasard: un ordinateur pilote cette machine, qui prend une bouffée de 35 ml. pendant 2 secondes, toutes les minutes.
Pour être sûr que leur appareil était bien calibré, ils l’ont d’abord testé avec une cigarette de référence 1R6F: sans marque, elle est fournie par l’Université du Kentucky et spécialement dédiée aux laboratoires de recherche.
Une fois la cigarette «fumée» par la machine, la fumée est analysée, ainsi que le filtre, afin de noter les taux de particules totales, nicotine et monoxyde de carbone. Une seule cigarette n’est évidemment pas représentative : pour obtenir des données fiables, ils en tirent une dans trois paquets séparés, puis relèvent la moyenne des trois valeurs. Ce processus a occupé les chercheurs pendant plusieurs semaines.
Gregory Plateel et Nicolas Concha-Lozano avaient analysé pas moins de 30 paquets de cigarettes provenant d'Afrique, de France et de Suisse. Leur méthodologie est conforme aux normes ISO, qui font office de référence pour tous les chercheurs qui font ce type de tests. En Suisse, comme en Europe, les autorités ont instauré la norme du 10-1-10, soit 10 mg. de goudron, 1 mg. de nicotine et 10 mg. de monoxyde de carbone: ce sont les valeurs maximales de ces substances qu’une cigarette vendue sur le marché suisse ou européen peut contenir. C’est cette norme qui a servi de référence pour l’analyse des échantillons.
Fumer tue mais fumer au Sénégal tue plus vite...
Les résultats étaient clairs : les cigarettes fabriquées sur le sol helvétique et vendues en Afrique étaient bien plus fortes, plus addictives et plus toxiques. A preuve, un échantillon de la marque Winston, par exemple, comporte plus de 16.31 milligrammes de particules totales par cigarette, contre 10.5 pour des Winston Classic achetées à Lausanne.
Pour la nicotine, la différence entre les cigarettes commercialisées en Afriqe et en Suisse est particulièrement frappante: 1.28 milligramme par cigarette pour des Camel «Swiss made» vendues en Afrique, selon les résultats de l’IST, contre à peine 0.75 milligrammes pour des Camel Filters vendues en Suisse. Pour le monoxyde de carbone, qui a pour effet de réduire la quantité d’oxygène circulant dans le sang, les valeurs sont aussi très différentes selon qu’on fume une Winston Blue en Afrique (9.62 milligramme par cigarette) ou en Suisse (5.45 milligramme). Malgré l’appellation rassurante, fumer des Camel light en Afrique revient à consommer des cigarettes plus nocives que des Camel Filters à Lausanne.
Mais il y avait plus grave encore. Dans certains cas, les taux mesurés par les scientifiques romands sont supérieurs à ceux affichés par les marques sur leurs paquets. C’est particulièrement le cas des valeurs de nicotine contenue dans les cigarettes africaines: les Winston en contiennent près de 1,5 milligramme, alors qu’elles affichent le chiffre de 1. "Les analyses effectuées au Sénégal ont tout confirmé", glisse une source avant d'ajouter : "le ministère de la Santé va prendre des mesures notamment en instaurant de nouveaux normes". Mais quand?