Á l'occasion du drapeau du chef de l’Etat en lutte traditionnelle, la mairesse s'est ouverte à Walf Grand-Place entre deux moments de répit. De la lutte, sport où s'investit son jeune frère Gaston, à la situation politique actuelle jusqu'à sa situation matrimoniale, Aminata Mbengue Ndiaye a bien accepté de jouer au... damier.
Walf Grand-Place : Tout au long du tournoi de lutte doté du drapeau du chef de 1'Etat (les 26, 27 et 28 juin 2009), on vous a vue venir au stade pour assister aux combats. Etes-vous amatrice de lutte?
Aminata MBENGUE NDIAYE : J'aime la lutte, mais je ne vais pas souvent au stade pour voir des combats. Habituellement, quand j'y vais, c'est pour soutenir mon frère Gaston ou des lutteurs que je connais. Mais cette fois-ci, c'est différent, ça a un cachet particulier. Parce que quand on organise le Drapeau du chef de 1'Etat dans ma ville, il est nécessaire que j'y sois, avec tous les conseillers municipaux. On peut considérer cet événement comme une cérémonie officielle, puisque dès l'instant que l'on parle de chef de l’Etat, c'est toute la République qui doit être impliquée. Nous devons être lá en tant que maires, mais aussi en tant que native de Louga. Nous avons des hôtes et c’est notre devoir de prendre soin d'eux, de les mettre a l'aise. On ne peut pas faire autrement. Et la lutte est un sport qui participe à l'unité nationale, á l'intégration. Parce qu'avant de parler d'intégration au niveau de la sous-région ou du continent, il faut d'abord commencer par le pays lui-même. L'ensemble des régions était lá, en train de compétir dans la sportivité, dans le fair-play, c'est important. C'est la raison pour laquelle nous avons tenu, pour notre part, à marquer cet événement par notre présence quasi permanente à tous les niveaux possibles.
Avez-vous des lutteurs que vous supportez en général?
Dans cette compétition, j'ai supporté tous les lutteurs, je suis une nationale. J'ai côtoyé leurs encadreurs et pratiquement, je les connais tous. Dans ce genre de compétition, je place d'abord mon instinct maternel, puis le sens de la responsabilité. Je les considére tous comme mes enfants, dans ce tournoi et dans ce sport en général. J'ai bien apprécié l'esprit du jeu, même s'i1 y a eu quelques petites contestations de temps à autre. Toutefois, il y a des lutteurs que j'ai beaucoup appréciés lors de cet évènement. Il s'agit de Pakala, Assurance - qui a représente Louga - Malal Ndiaye, Fodé Sarr... Et puis, il y a eu beaucoup d'ambiance au niveau culturel, la mobilisation était exceptionnelle, l'organisation également. Mais ça, c'est un ensemble, d'efforts conjugués de toutes les autorités au niveau de la région et des orga-nisateurs de cette manifestation.
On a vu que les Lougatois aiment la lutte. Sachant que Louga compte cinq écuries de lutte, comptez-vous désormais les appuyer si ce n'est pas déjá fait ?
C'est une fête de la région que nous avons vécue. Par rapport aux écuries, moi par exemple quand j'ai été maire pour la premiére, il y a peut-être une dizaine d'années, il n'y avait pas encore ce développement de la lutte dans la ville. Dans les temps, il y avait même une arène qui portait le nom de Sa Wouly Gaye, c'était un grand champion de lutte. Mais par la suite, il y a eu un relâchement. Je pense que ces dernières années quand même, avec la création du Comité régional de lutte (Crg), on essaie de donner à la lutte la dimension qu'elle mérite puisque Louga a aujourd'hui cinq écuries. Au niveau du Conseil municipal, nous allons faire quelque chose. Parce que ce qui nous intéresse, c'est de savoir quels sont les besoins de la population, qu'est-ce - qu'elle aime. Aujourd'hui, nous sommes conscients que les Lougatois aiment la lutte et nous allons nous investir dans le cadre de notre programme de ville, et essayer de développer un certain nombre d'activités qui contribueront a l'aire davantage la promotion de la lutte. Nous allons aussi le faire avec le Conseil régional, parce que j'estime que les collectivités locales doivent travailler ensemble.
On a aussi senti une certaine proximité avec les populations...
Je pense que c'est une déformation professionnelle. Moi, je suis travailleuse sociale, maîtresse d'économie familiale, rurale. Je pense que vous connaissez un peu l'histoire des groupements de promotion féminine. Le premier groupement de promotion féminine, c'est moi qui l'ai créé. A Djander en 1974 et actuellement, il y en a plus de 6.000. Et, dans presque chaque village du Sénégal, il y a un groupement. Et quand on a fait ce travail d'organisation, de stratification des groupements de la base jusqu'au sommet, quand on a comme travail quotidien d'être à l'écoute des populations, de leurs problèmes tout en essayant de leur trouver des solutions, quand on devient maire, le travail est plus facile. Parce qu'on a l'habitude de la communication sociale, 1a facilité du contact humain et cela m'a beaucoup servi dans mes fonctions de maire. Ceci de telle sorte que dès qu'on a entamé l'opération «Louga ville propre», les jeunes sont en train de s'investir dans leurs quartiers pour rendre la ville plus propre. Nous avons eu à gagner à deux reprises le prix de la ville la plus propre du Sénégal. Mais maintenant, avec ce que vous avez sûrement pu voir, Louga est presque devenu un dépotoir d’ordures. Les ordures, quand on les déplace d'un endroit à un autre sans trouver une solution à leur évacuation, ça pose probléme. On a mis trois à quatre jours avec deux pelles mécaniques parfois et une vingtaine de camions pour nous en sortir. On est en train de tout faire pour débarrasser Louga de ses ordures et j'espére que d'ici à la fin de l'hivernage, on réussira.
Aminata Mbengue est connue comme une femme qui aime se battre. Qu'est-ce qui explique cette combativité?
Mon caractére.
Mais, on n'a pas l'impression que ce caractère change avec l'âge ?
(Rires). C'est vrai que depuis que je suis toute jeune, je me suis intéressée à la vie associative, j'étais trés active à l'école, je prenais des initiatives. Quand la maîtresse sortait, elle me demandait de surveiller la classe, d'écrire les moms des bavards. Ce que je ne faisais pas souvent parce que je ne voulais pas qu'on frappe mes camarades. Quand il y avait également des plantations d'arbres à travers la ville, c'était la même chose. Vous savez, quand je regarde par exemple l'entrée de la ville de Louga, je suis fière de savoir que les premiers arbres qui ont borné la route, nous faisons partie des éléves qui les ont plantés quand nous étions au Cel ou Ce2. Au lycée Ahmet Fall aussi, j'étais trés active et j'étais sportive. Tout Saint-Louis me connaissait parce que j'étais. championne du Sénégal en lancer de poids. J'ai aussi fait du basket. J'étais dans l'équipe fanion de la région. Idem pour le volley-ball, le handball. j'étais aussi scout.
Avec toutes ces activités, est-ce que vous avez pu vous marier tôt ?
Non, je ne me suis pas mariée tôt. Je me suis mariée à 28 ans. Ce n'était pas facile. Donc, tout ça, c'est une école. Et puis, j'ai vécu en internat. Ce qui constitue Une grande expérience de la vie. S'il y avait encore ce genre d'internats, j'y aurais emmené mes petits-enfants, tellement la vie en internat est formatrice. Tout cela a forgé en moi une personnalité que les gens apprécient.
Justement pour parler politique, quelle lecture faites-vous de la création du poste de vice-président?
Moi, je trouve que ce que Me Wade devrait faire - et d'autres l'ont déjá dit - c'est essayer de faire adhérer 1e maximum de personnes à ses initiatives, D'ailleurs, je lui ai dit qu'il y a de ces initiatives, quand on veut les prendre, et qu'on veut y faire adhérer le maximum de personnes, il faut se concerter avec 1e maximum de personnes. Á mon avis, ça devrait d'abord faire l'objet d'un référendum ou, á défaut, d'une trés large concertation avec toutes les couches de la population, particulièrement avec les partis de l'opposition, la société civile... D'autant plus que nous venions de finir les Assises nationales qui ont permis à une frange importante de la population de se retrouver, de discuter de tous les grands problémes du pays et de donner des propositions importantes. Je pense que le président devrait en profiter pour lancer une concertation qui, pourrait aboutir à la création d'une atmosphère plus vivable que ce nous avons. Parce qu'on ne peut pas avoir autant de problèmes et se focaliser sur des questions qui ne sont pas essentielles pour la population. La vice-présidence n'est pas une priorité pour la population. Ce que 1e président devrait faire, c'est se concerter avec les gens, s'il voit que la majorité est d'accord, i1 l'applique. Au cas contraire, il recule et laisse tomber.
Wade vous a reçue dans ce sens, qu'est-ce que vous vous êtes dit?
Quand on l’a rencontré, il a dit que c'était pour nous consulter sur les questions de la parité, de la vice-présidence et du poste de Premier ministre. Mais, i1 n'a pas appliqué l'avis que je lui ai donné.
Quel avis lui avez-vous donné?
Par exemple, pour ce qui est de la nomination d'une femme au posté de Premier ministre, je lui ai dit qu'on en avait déjá eu une. Est-cé que cela a changé le statut des femmes dans ce pays ? Est-ce que cela a changé la gouvernance du pays ? Parce qu'un Premier ministre aussi, il faut lui donner un certain nombre de pouvoirs pour lui permettre d'agir et de prendre des initiatives. Mais, si le Premier ministre - qu'il soit un homme ou une femme - demande à chaque fois au président ce qu'il doit faire, ce n'est plus la peine. On a eu combien de Premier ministre en neuf ans, c'est extraordinaire. Cela veut simplement dire que le poste de Premier ministre n'est pas important dans notre pays.
Et si Wade vous propose le poste de vice -présidente, que diriez-vous ?
(Elle sourit) Je ne le serai pas, car je n'y crois pas et je sais que j'ai un caractère très difficile. Je ne peux pas être vice-présidente, ça ne peut pas marcher.
Que pensez-vous de l'appel du président au dialogue?
Le dialogue, on en a aussi parlé, parce qu'á chaque fois qu'il parle de dialogue, il fait des erreurs comme cette fois-ci. Quand il demande quand même à l'opposition 1e dialogue et qu'il nous adresse une correspondance, puis demande à Serigne Mbacké Ndiaye d'être notre intermédiaire, ce n'est pas ça. Serigne Mbacké Ndiaye ne peut pas être notre intermédiaire, c'est impossible. S'il avait pris quelqu'un de l'envergure d'Amadou Makhtar Mbow que les gens respectent, ce serait mieux. Mais, il prend quelqu'un d'un autre parti - c'est le Pr je crois ,- et il lui demande d'être l'intermédiaire entre l'opposition et 1e pouvoir, d'être en contact avec le président, on ne devait même pas le recevoir.
Et au-delà du dialogue, de quoi avez-vous parlé ?
Le reste, je le garde.
Vous avez parlé du pays ou de ses projets...
(Elle hésite) Je lui ai parlé par exemple de Louga. Car, il sait que Louga manque beaucoup de choses et il a promis de nous aider. Le président m'a demandé de lui faire un programme comme il l'a déjá promis. Comme vous le savez, depuis la campagne présidentielle, il a promis des milliards á Louga. Donc, en attend. Il a aussi renoncé à transférer la capitale. Louga est la capitale de sa région et il n'a aucune envie de voir Louga continuer á être une région abandonnée. I1 a promis de nous aider et de nous appuyer, car nous avons déjá montré notre savoir-faire. Le Conseil municipal de Louga est composé de beaucoup de cadres, je ne pense pas qu'il y ait dans une autre région beaucoup plus de cadres qu'il y a en à Louga et á tous les niveaux. On va s'en sortir avec la mobilisation des Lougatois dans les mois à venir. Cela va porter des fruits á travers les divers projets. Tous les jours, je reçois la contribution d'un Lougatois. Que ce soit de la France ou du Canada.
Quelle analyse faites-vous de la victoire de l'opposition aux élections législatives?
Ceux qui étaient là n'ont pas bien travaillé, il faut le reconnaître. Les gens nous disaient que ce n'est même pas 1a peine de faire campagne. Quand j'entrais quelque part, on me disait que «ce n'est pas la peine de dépenser votre argent, il ne faut pas, car nous savons ce qui nous reste à faire le jour de l'élection.» Donc, les gens savaient. On a beau faire l'achat de conscience, mais à un moment donné, les populations mettent en avant l'intérêt de leur commune. C'est cela qui s'est passé. Pendant sept ans, Louga a été délaissée. Ceux qui étaient là avec le minimum, de moyens, même pour ramasser les ordures, ce n'était pas possible. Les gens ont dit que si on continue comme ça, rien n'ira, Alors, chacun a pris ses responsabilités.
Ne pensez-vous pas également que c'est en quelque sorte un signal lancé à Wade sur ce qui pourrait se passer en 2012 vu la grande victoire de Bennoo ?
L'essentiel, c'est que Bennoo reste Bennoo. Que nous restions ensemble, que nous soyons solidaire, et surtout que nous travaillons. Moi, quand j'étais maire la première fois, je n'avais pas de véhicule. Cette fois-ci aussi, je n'en ai pas et je sais que je n'en aurais pas parce qu'il y a des priorités telles que l'état de nos marchés, la mobilité urbaine, la question de la voirie, l'accés à l'eau potable pour les quartiers périphériques, à l'électricité, l'insalubrité dans la ville... C'est ça notre souci et on va se battre pour résoudre les problèmes des populations.
Que pensez-vous de la déclaration de patrimoine de Khalifa Sall, maire de Dakar et du docteur Malick Diop, maire du Point E ?
La déclaration de patrimoine est un acte privé. Si quelqu'un doit faire la déclaration de son patrimoine, il compose un jury pour leur dire ce dont il dispose en biens avant de prendre fonction, cela ne peut pas être public, et ne peut être publié dans la presse. Partout oú ça se fait, ça sa fait en privé. Ce n'est pas la peine, je pense, de l'exposer au grand public. De plus, dans nos traditions, ça ne se fait pas habituellement de se montrer comme ça ou de faire savoir à tout le monde ce qu’on a. Les gens penseront que c'est pour faire du «voyez-moi» ou même que la personne qui fait sa déclaration de patrimoine a la folie des grandeurs. Ce n'est pas pour critiquer qui que ce soit, c'est plutôt un choix qui m'est person-nel. Moi, je ne suis pas d'accord avec le principe de la déclaration de patrimoine. Si on me demande d'en faire, parce que j'ai adhéré à la charte démocratique des assises nationales, je le ferai en privé, avec des personnes dignes de confiance. C'est lá la seule différence, sinon je ne trouve aucun probléme á ce que ça se fasse.
Depuis que Khalifa Sall est devenu maire de Dakar, on a souvent entendu la presse parler de probléme de leadership au sein du Parti socialiste. Qu'en est-il vraiment?
Ce sont les gens qui veulent créer des problémes, mais il n’en existe pas dans le Parti socialiste . II y a des personnes malintentionnées qui veulent toujours créer une division. Mais Khalifa est suffisamment politique pour ne pas rentrer dans ce jeu, de même que Tanor. On travaille en symbiose au Bureau politique. Khalifa est même plus assidu que moi au Bureau politique. Quand une personne veut s’éloigner, elle le fait sans problème. Khalifa n’est pas le genre à faire ça. Lui, il a des choses qu’il veut faire et c’est dans le parti qu’il veut le faire. Je n’ai pas remarqué une volonté de vouloir aller en scission de la part de qui que ce soit dans le parti. On ne le décèle ni dans leur déclaration, ni dans leurs faits et gestes. C’est le dernier de nos soucis. Le Ps qui a survécu en 2000 ne va pas se mettre à se crêper les chignons. Déjá, ceux qui ont quitté le Ps ont vu les résultats aux élections locales, tous on été battus au niveau de leurs locales. Alors que s'ils étaient restés au Ps, le problème ne se serait pas posé. Et aujourd'hui, je pense que s'ils veulent revenir, ils ne devraient éprouver aucune gêne à renouer au Ps. Combien de fois le Ps s'est-il reconstitué ? II y a encore des possibilités de retrouvailles. Je ne parle pas de retrouvailles de la grande famille sociale démocrate et même lá, ce serait une bonne chose. En tout cas, notre union au sein de Bennoo a donné ses résultats.
On a aussi beaucoup parlé de Barthlémy Dias...
Pour Barthlémy, je pense que c'est la fougue de jeunesse, il est jeune. Moi, personnellement. c'est un garçon que j'apprécie beaucoup. Il sait se battre. Il a fait son chemin, il a appris sur le tas. C'est en forgeant que l'on devient forgeron. Dans deux ans, dans trois ans, quand il verra comment les choses se passent dans un conseil municipal, il saura raison garder. II ne faut pas le juger trop vite, il est jeune, il n'a pas une expérience de l'administration des collectivités locales. Peut-être qu'il peut faire des erreurs. Il écoute les conseils et tout le monde est en train de le conseiller.
Au rythme oú les choses avancent, espérez-vous que le Ps puisse revenir à la magistrature suprême aux prochaines joutes présidentielles?
Mais pourquoi pas? C'est bien possible. Que ça soit le parti socialiste ou Bennoo, l’essentiel c’est de travailler pour l’intérêt du Sénégal. Le Ps comme tous les autres partis est en train de travailler à cela. Au Sénégal, je ne pense pas qu’un seul parti puisse gagner les élections. Même Wade pour venir au pouvoir, a été accompagné par une multitude de partis. Nous sommes sur la bonne voie.
Que pensez-vous de Karim Wade à qui son père a confié un Poste ministériel trés important?
Karim Wade, son père 1'a trop servi, parce que quelqu'un qui n'a jamais été aux affaires, qui n'a jamais été ministre, qui n'a jamais été dans un gouvernement, vous vous levez un beau matin et le bombardez ministre d’Etat á 1a tête de départements stratégiques tels que l'équipement, les transports aériens, la coopération internationale l'aménagement du territoire, c’est trop de responsabilités. Et quelles que soient ses compétences supposées, ses capacités supposées, on ne lui rend pas service en lui confiant tout cela. Tous les départements qui peuvent attirer des financements, on les lui a confiés. Et ça, c’est discourtois vis-à-vis de la nation et de l’Etat. Il y’a des gens beaucoup plus qualifiés que Karim Wade, beaucoup plus exprimentés.
Pour en revenir á Louga, on voit qu’il y a de très belles maisons grâce au Modou-modou. Apparemment, l’émigration réussit bien à cette ville ?
Oui, l’émigration nous réussit bien. Et, je peux dire que tout ce qui est infrastructure structurante, tout ce qui participe à l'embellissement participe de la ville, les émigrés ont beaucoup fait. Mais aujourd'hui, ils s'orientent vers l'investissement qui produit des emplois. Ils ne veulent plus seulement faire des constructions parce que la ville est saturée, il n'y a pas de location. Aujourd'hui, ils s'investissent dans le cadre du co-développement et font des projets qui aideront les jeunes. Ils travaillent avec la ville et cherchent des accords de coopération.
Maintenant que vous êtes maire, êtes-vous revenue á Louga ou bien faites-vous la navette?
Je suis á Louga la plupart du temps, dans le mois, je ne suis que trois à quatre jours á Dakar. Et puis, les populations aussi ont besoin de cela. Elles disent qu'elles ne veulent pas de maire du week-end, nous voulons des maires qui restent sur place. (Elle rit) Moi, j'ai été maire du week-end à mon premier mandat, mais lá aussi c'était parce que j'avais des responsabilités ministérielles. Á présent; tous les jours, on est á la mairie, jusqu'á minuit.
Lors de notre derniére rencontre, vous étiez encore célibataire. Qu'en est-il présentement?
(Elle sourit) je suis encore célibataire, la situation est restée la même.
Pourquoi ? Est-ce que ce n'est pas parce vous rejetez les prétendants ?
(Elle rit) Ne me reposez pas cette question.
Ah, c'est juste pour savoir, une femme aussi élégante et aussi courageuse que vous!
Ah, peut-être que les hommes hésitent un peu.
C'est peut-être une raison aussi, d'autant plus que vous travailler beaucoup
Oui, je travaille beaucoup en ce moment je n’ai pas trop le temps de penser à autre chose qu’a mon travail.
Et si vous décrochez politiquement ?
Si je décroche, oui. Peut-être même avant que je ne décroche, je peux me marier. Tout est possible.
A quel âge comptez-vous décrocher ?
Je ne sais pas. Franchement, je ne saurais vous le dire. Pour le moment, j’y suis et seul Dieu sait quand est-ce que je vais quitter. Mais le jour où je m’engagerai à laisser tomber, ce sera fait.
Source: Walf Gran Place
Walf Grand-Place : Tout au long du tournoi de lutte doté du drapeau du chef de 1'Etat (les 26, 27 et 28 juin 2009), on vous a vue venir au stade pour assister aux combats. Etes-vous amatrice de lutte?
Aminata MBENGUE NDIAYE : J'aime la lutte, mais je ne vais pas souvent au stade pour voir des combats. Habituellement, quand j'y vais, c'est pour soutenir mon frère Gaston ou des lutteurs que je connais. Mais cette fois-ci, c'est différent, ça a un cachet particulier. Parce que quand on organise le Drapeau du chef de 1'Etat dans ma ville, il est nécessaire que j'y sois, avec tous les conseillers municipaux. On peut considérer cet événement comme une cérémonie officielle, puisque dès l'instant que l'on parle de chef de l’Etat, c'est toute la République qui doit être impliquée. Nous devons être lá en tant que maires, mais aussi en tant que native de Louga. Nous avons des hôtes et c’est notre devoir de prendre soin d'eux, de les mettre a l'aise. On ne peut pas faire autrement. Et la lutte est un sport qui participe à l'unité nationale, á l'intégration. Parce qu'avant de parler d'intégration au niveau de la sous-région ou du continent, il faut d'abord commencer par le pays lui-même. L'ensemble des régions était lá, en train de compétir dans la sportivité, dans le fair-play, c'est important. C'est la raison pour laquelle nous avons tenu, pour notre part, à marquer cet événement par notre présence quasi permanente à tous les niveaux possibles.
Avez-vous des lutteurs que vous supportez en général?
Dans cette compétition, j'ai supporté tous les lutteurs, je suis une nationale. J'ai côtoyé leurs encadreurs et pratiquement, je les connais tous. Dans ce genre de compétition, je place d'abord mon instinct maternel, puis le sens de la responsabilité. Je les considére tous comme mes enfants, dans ce tournoi et dans ce sport en général. J'ai bien apprécié l'esprit du jeu, même s'i1 y a eu quelques petites contestations de temps à autre. Toutefois, il y a des lutteurs que j'ai beaucoup appréciés lors de cet évènement. Il s'agit de Pakala, Assurance - qui a représente Louga - Malal Ndiaye, Fodé Sarr... Et puis, il y a eu beaucoup d'ambiance au niveau culturel, la mobilisation était exceptionnelle, l'organisation également. Mais ça, c'est un ensemble, d'efforts conjugués de toutes les autorités au niveau de la région et des orga-nisateurs de cette manifestation.
On a vu que les Lougatois aiment la lutte. Sachant que Louga compte cinq écuries de lutte, comptez-vous désormais les appuyer si ce n'est pas déjá fait ?
C'est une fête de la région que nous avons vécue. Par rapport aux écuries, moi par exemple quand j'ai été maire pour la premiére, il y a peut-être une dizaine d'années, il n'y avait pas encore ce développement de la lutte dans la ville. Dans les temps, il y avait même une arène qui portait le nom de Sa Wouly Gaye, c'était un grand champion de lutte. Mais par la suite, il y a eu un relâchement. Je pense que ces dernières années quand même, avec la création du Comité régional de lutte (Crg), on essaie de donner à la lutte la dimension qu'elle mérite puisque Louga a aujourd'hui cinq écuries. Au niveau du Conseil municipal, nous allons faire quelque chose. Parce que ce qui nous intéresse, c'est de savoir quels sont les besoins de la population, qu'est-ce - qu'elle aime. Aujourd'hui, nous sommes conscients que les Lougatois aiment la lutte et nous allons nous investir dans le cadre de notre programme de ville, et essayer de développer un certain nombre d'activités qui contribueront a l'aire davantage la promotion de la lutte. Nous allons aussi le faire avec le Conseil régional, parce que j'estime que les collectivités locales doivent travailler ensemble.
On a aussi senti une certaine proximité avec les populations...
Je pense que c'est une déformation professionnelle. Moi, je suis travailleuse sociale, maîtresse d'économie familiale, rurale. Je pense que vous connaissez un peu l'histoire des groupements de promotion féminine. Le premier groupement de promotion féminine, c'est moi qui l'ai créé. A Djander en 1974 et actuellement, il y en a plus de 6.000. Et, dans presque chaque village du Sénégal, il y a un groupement. Et quand on a fait ce travail d'organisation, de stratification des groupements de la base jusqu'au sommet, quand on a comme travail quotidien d'être à l'écoute des populations, de leurs problèmes tout en essayant de leur trouver des solutions, quand on devient maire, le travail est plus facile. Parce qu'on a l'habitude de la communication sociale, 1a facilité du contact humain et cela m'a beaucoup servi dans mes fonctions de maire. Ceci de telle sorte que dès qu'on a entamé l'opération «Louga ville propre», les jeunes sont en train de s'investir dans leurs quartiers pour rendre la ville plus propre. Nous avons eu à gagner à deux reprises le prix de la ville la plus propre du Sénégal. Mais maintenant, avec ce que vous avez sûrement pu voir, Louga est presque devenu un dépotoir d’ordures. Les ordures, quand on les déplace d'un endroit à un autre sans trouver une solution à leur évacuation, ça pose probléme. On a mis trois à quatre jours avec deux pelles mécaniques parfois et une vingtaine de camions pour nous en sortir. On est en train de tout faire pour débarrasser Louga de ses ordures et j'espére que d'ici à la fin de l'hivernage, on réussira.
Aminata Mbengue est connue comme une femme qui aime se battre. Qu'est-ce qui explique cette combativité?
Mon caractére.
Mais, on n'a pas l'impression que ce caractère change avec l'âge ?
(Rires). C'est vrai que depuis que je suis toute jeune, je me suis intéressée à la vie associative, j'étais trés active à l'école, je prenais des initiatives. Quand la maîtresse sortait, elle me demandait de surveiller la classe, d'écrire les moms des bavards. Ce que je ne faisais pas souvent parce que je ne voulais pas qu'on frappe mes camarades. Quand il y avait également des plantations d'arbres à travers la ville, c'était la même chose. Vous savez, quand je regarde par exemple l'entrée de la ville de Louga, je suis fière de savoir que les premiers arbres qui ont borné la route, nous faisons partie des éléves qui les ont plantés quand nous étions au Cel ou Ce2. Au lycée Ahmet Fall aussi, j'étais trés active et j'étais sportive. Tout Saint-Louis me connaissait parce que j'étais. championne du Sénégal en lancer de poids. J'ai aussi fait du basket. J'étais dans l'équipe fanion de la région. Idem pour le volley-ball, le handball. j'étais aussi scout.
Avec toutes ces activités, est-ce que vous avez pu vous marier tôt ?
Non, je ne me suis pas mariée tôt. Je me suis mariée à 28 ans. Ce n'était pas facile. Donc, tout ça, c'est une école. Et puis, j'ai vécu en internat. Ce qui constitue Une grande expérience de la vie. S'il y avait encore ce genre d'internats, j'y aurais emmené mes petits-enfants, tellement la vie en internat est formatrice. Tout cela a forgé en moi une personnalité que les gens apprécient.
Justement pour parler politique, quelle lecture faites-vous de la création du poste de vice-président?
Moi, je trouve que ce que Me Wade devrait faire - et d'autres l'ont déjá dit - c'est essayer de faire adhérer 1e maximum de personnes à ses initiatives, D'ailleurs, je lui ai dit qu'il y a de ces initiatives, quand on veut les prendre, et qu'on veut y faire adhérer le maximum de personnes, il faut se concerter avec 1e maximum de personnes. Á mon avis, ça devrait d'abord faire l'objet d'un référendum ou, á défaut, d'une trés large concertation avec toutes les couches de la population, particulièrement avec les partis de l'opposition, la société civile... D'autant plus que nous venions de finir les Assises nationales qui ont permis à une frange importante de la population de se retrouver, de discuter de tous les grands problémes du pays et de donner des propositions importantes. Je pense que le président devrait en profiter pour lancer une concertation qui, pourrait aboutir à la création d'une atmosphère plus vivable que ce nous avons. Parce qu'on ne peut pas avoir autant de problèmes et se focaliser sur des questions qui ne sont pas essentielles pour la population. La vice-présidence n'est pas une priorité pour la population. Ce que 1e président devrait faire, c'est se concerter avec les gens, s'il voit que la majorité est d'accord, i1 l'applique. Au cas contraire, il recule et laisse tomber.
Wade vous a reçue dans ce sens, qu'est-ce que vous vous êtes dit?
Quand on l’a rencontré, il a dit que c'était pour nous consulter sur les questions de la parité, de la vice-présidence et du poste de Premier ministre. Mais, i1 n'a pas appliqué l'avis que je lui ai donné.
Quel avis lui avez-vous donné?
Par exemple, pour ce qui est de la nomination d'une femme au posté de Premier ministre, je lui ai dit qu'on en avait déjá eu une. Est-cé que cela a changé le statut des femmes dans ce pays ? Est-ce que cela a changé la gouvernance du pays ? Parce qu'un Premier ministre aussi, il faut lui donner un certain nombre de pouvoirs pour lui permettre d'agir et de prendre des initiatives. Mais, si le Premier ministre - qu'il soit un homme ou une femme - demande à chaque fois au président ce qu'il doit faire, ce n'est plus la peine. On a eu combien de Premier ministre en neuf ans, c'est extraordinaire. Cela veut simplement dire que le poste de Premier ministre n'est pas important dans notre pays.
Et si Wade vous propose le poste de vice -présidente, que diriez-vous ?
(Elle sourit) Je ne le serai pas, car je n'y crois pas et je sais que j'ai un caractère très difficile. Je ne peux pas être vice-présidente, ça ne peut pas marcher.
Que pensez-vous de l'appel du président au dialogue?
Le dialogue, on en a aussi parlé, parce qu'á chaque fois qu'il parle de dialogue, il fait des erreurs comme cette fois-ci. Quand il demande quand même à l'opposition 1e dialogue et qu'il nous adresse une correspondance, puis demande à Serigne Mbacké Ndiaye d'être notre intermédiaire, ce n'est pas ça. Serigne Mbacké Ndiaye ne peut pas être notre intermédiaire, c'est impossible. S'il avait pris quelqu'un de l'envergure d'Amadou Makhtar Mbow que les gens respectent, ce serait mieux. Mais, il prend quelqu'un d'un autre parti - c'est le Pr je crois ,- et il lui demande d'être l'intermédiaire entre l'opposition et 1e pouvoir, d'être en contact avec le président, on ne devait même pas le recevoir.
Et au-delà du dialogue, de quoi avez-vous parlé ?
Le reste, je le garde.
Vous avez parlé du pays ou de ses projets...
(Elle hésite) Je lui ai parlé par exemple de Louga. Car, il sait que Louga manque beaucoup de choses et il a promis de nous aider. Le président m'a demandé de lui faire un programme comme il l'a déjá promis. Comme vous le savez, depuis la campagne présidentielle, il a promis des milliards á Louga. Donc, en attend. Il a aussi renoncé à transférer la capitale. Louga est la capitale de sa région et il n'a aucune envie de voir Louga continuer á être une région abandonnée. I1 a promis de nous aider et de nous appuyer, car nous avons déjá montré notre savoir-faire. Le Conseil municipal de Louga est composé de beaucoup de cadres, je ne pense pas qu'il y ait dans une autre région beaucoup plus de cadres qu'il y a en à Louga et á tous les niveaux. On va s'en sortir avec la mobilisation des Lougatois dans les mois à venir. Cela va porter des fruits á travers les divers projets. Tous les jours, je reçois la contribution d'un Lougatois. Que ce soit de la France ou du Canada.
Quelle analyse faites-vous de la victoire de l'opposition aux élections législatives?
Ceux qui étaient là n'ont pas bien travaillé, il faut le reconnaître. Les gens nous disaient que ce n'est même pas 1a peine de faire campagne. Quand j'entrais quelque part, on me disait que «ce n'est pas la peine de dépenser votre argent, il ne faut pas, car nous savons ce qui nous reste à faire le jour de l'élection.» Donc, les gens savaient. On a beau faire l'achat de conscience, mais à un moment donné, les populations mettent en avant l'intérêt de leur commune. C'est cela qui s'est passé. Pendant sept ans, Louga a été délaissée. Ceux qui étaient là avec le minimum, de moyens, même pour ramasser les ordures, ce n'était pas possible. Les gens ont dit que si on continue comme ça, rien n'ira, Alors, chacun a pris ses responsabilités.
Ne pensez-vous pas également que c'est en quelque sorte un signal lancé à Wade sur ce qui pourrait se passer en 2012 vu la grande victoire de Bennoo ?
L'essentiel, c'est que Bennoo reste Bennoo. Que nous restions ensemble, que nous soyons solidaire, et surtout que nous travaillons. Moi, quand j'étais maire la première fois, je n'avais pas de véhicule. Cette fois-ci aussi, je n'en ai pas et je sais que je n'en aurais pas parce qu'il y a des priorités telles que l'état de nos marchés, la mobilité urbaine, la question de la voirie, l'accés à l'eau potable pour les quartiers périphériques, à l'électricité, l'insalubrité dans la ville... C'est ça notre souci et on va se battre pour résoudre les problèmes des populations.
Que pensez-vous de la déclaration de patrimoine de Khalifa Sall, maire de Dakar et du docteur Malick Diop, maire du Point E ?
La déclaration de patrimoine est un acte privé. Si quelqu'un doit faire la déclaration de son patrimoine, il compose un jury pour leur dire ce dont il dispose en biens avant de prendre fonction, cela ne peut pas être public, et ne peut être publié dans la presse. Partout oú ça se fait, ça sa fait en privé. Ce n'est pas la peine, je pense, de l'exposer au grand public. De plus, dans nos traditions, ça ne se fait pas habituellement de se montrer comme ça ou de faire savoir à tout le monde ce qu’on a. Les gens penseront que c'est pour faire du «voyez-moi» ou même que la personne qui fait sa déclaration de patrimoine a la folie des grandeurs. Ce n'est pas pour critiquer qui que ce soit, c'est plutôt un choix qui m'est person-nel. Moi, je ne suis pas d'accord avec le principe de la déclaration de patrimoine. Si on me demande d'en faire, parce que j'ai adhéré à la charte démocratique des assises nationales, je le ferai en privé, avec des personnes dignes de confiance. C'est lá la seule différence, sinon je ne trouve aucun probléme á ce que ça se fasse.
Depuis que Khalifa Sall est devenu maire de Dakar, on a souvent entendu la presse parler de probléme de leadership au sein du Parti socialiste. Qu'en est-il vraiment?
Ce sont les gens qui veulent créer des problémes, mais il n’en existe pas dans le Parti socialiste . II y a des personnes malintentionnées qui veulent toujours créer une division. Mais Khalifa est suffisamment politique pour ne pas rentrer dans ce jeu, de même que Tanor. On travaille en symbiose au Bureau politique. Khalifa est même plus assidu que moi au Bureau politique. Quand une personne veut s’éloigner, elle le fait sans problème. Khalifa n’est pas le genre à faire ça. Lui, il a des choses qu’il veut faire et c’est dans le parti qu’il veut le faire. Je n’ai pas remarqué une volonté de vouloir aller en scission de la part de qui que ce soit dans le parti. On ne le décèle ni dans leur déclaration, ni dans leurs faits et gestes. C’est le dernier de nos soucis. Le Ps qui a survécu en 2000 ne va pas se mettre à se crêper les chignons. Déjá, ceux qui ont quitté le Ps ont vu les résultats aux élections locales, tous on été battus au niveau de leurs locales. Alors que s'ils étaient restés au Ps, le problème ne se serait pas posé. Et aujourd'hui, je pense que s'ils veulent revenir, ils ne devraient éprouver aucune gêne à renouer au Ps. Combien de fois le Ps s'est-il reconstitué ? II y a encore des possibilités de retrouvailles. Je ne parle pas de retrouvailles de la grande famille sociale démocrate et même lá, ce serait une bonne chose. En tout cas, notre union au sein de Bennoo a donné ses résultats.
On a aussi beaucoup parlé de Barthlémy Dias...
Pour Barthlémy, je pense que c'est la fougue de jeunesse, il est jeune. Moi, personnellement. c'est un garçon que j'apprécie beaucoup. Il sait se battre. Il a fait son chemin, il a appris sur le tas. C'est en forgeant que l'on devient forgeron. Dans deux ans, dans trois ans, quand il verra comment les choses se passent dans un conseil municipal, il saura raison garder. II ne faut pas le juger trop vite, il est jeune, il n'a pas une expérience de l'administration des collectivités locales. Peut-être qu'il peut faire des erreurs. Il écoute les conseils et tout le monde est en train de le conseiller.
Au rythme oú les choses avancent, espérez-vous que le Ps puisse revenir à la magistrature suprême aux prochaines joutes présidentielles?
Mais pourquoi pas? C'est bien possible. Que ça soit le parti socialiste ou Bennoo, l’essentiel c’est de travailler pour l’intérêt du Sénégal. Le Ps comme tous les autres partis est en train de travailler à cela. Au Sénégal, je ne pense pas qu’un seul parti puisse gagner les élections. Même Wade pour venir au pouvoir, a été accompagné par une multitude de partis. Nous sommes sur la bonne voie.
Que pensez-vous de Karim Wade à qui son père a confié un Poste ministériel trés important?
Karim Wade, son père 1'a trop servi, parce que quelqu'un qui n'a jamais été aux affaires, qui n'a jamais été ministre, qui n'a jamais été dans un gouvernement, vous vous levez un beau matin et le bombardez ministre d’Etat á 1a tête de départements stratégiques tels que l'équipement, les transports aériens, la coopération internationale l'aménagement du territoire, c’est trop de responsabilités. Et quelles que soient ses compétences supposées, ses capacités supposées, on ne lui rend pas service en lui confiant tout cela. Tous les départements qui peuvent attirer des financements, on les lui a confiés. Et ça, c’est discourtois vis-à-vis de la nation et de l’Etat. Il y’a des gens beaucoup plus qualifiés que Karim Wade, beaucoup plus exprimentés.
Pour en revenir á Louga, on voit qu’il y a de très belles maisons grâce au Modou-modou. Apparemment, l’émigration réussit bien à cette ville ?
Oui, l’émigration nous réussit bien. Et, je peux dire que tout ce qui est infrastructure structurante, tout ce qui participe à l'embellissement participe de la ville, les émigrés ont beaucoup fait. Mais aujourd'hui, ils s'orientent vers l'investissement qui produit des emplois. Ils ne veulent plus seulement faire des constructions parce que la ville est saturée, il n'y a pas de location. Aujourd'hui, ils s'investissent dans le cadre du co-développement et font des projets qui aideront les jeunes. Ils travaillent avec la ville et cherchent des accords de coopération.
Maintenant que vous êtes maire, êtes-vous revenue á Louga ou bien faites-vous la navette?
Je suis á Louga la plupart du temps, dans le mois, je ne suis que trois à quatre jours á Dakar. Et puis, les populations aussi ont besoin de cela. Elles disent qu'elles ne veulent pas de maire du week-end, nous voulons des maires qui restent sur place. (Elle rit) Moi, j'ai été maire du week-end à mon premier mandat, mais lá aussi c'était parce que j'avais des responsabilités ministérielles. Á présent; tous les jours, on est á la mairie, jusqu'á minuit.
Lors de notre derniére rencontre, vous étiez encore célibataire. Qu'en est-il présentement?
(Elle sourit) je suis encore célibataire, la situation est restée la même.
Pourquoi ? Est-ce que ce n'est pas parce vous rejetez les prétendants ?
(Elle rit) Ne me reposez pas cette question.
Ah, c'est juste pour savoir, une femme aussi élégante et aussi courageuse que vous!
Ah, peut-être que les hommes hésitent un peu.
C'est peut-être une raison aussi, d'autant plus que vous travailler beaucoup
Oui, je travaille beaucoup en ce moment je n’ai pas trop le temps de penser à autre chose qu’a mon travail.
Et si vous décrochez politiquement ?
Si je décroche, oui. Peut-être même avant que je ne décroche, je peux me marier. Tout est possible.
A quel âge comptez-vous décrocher ?
Je ne sais pas. Franchement, je ne saurais vous le dire. Pour le moment, j’y suis et seul Dieu sait quand est-ce que je vais quitter. Mais le jour où je m’engagerai à laisser tomber, ce sera fait.
Source: Walf Gran Place