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EXCLUSIF - L’INTERVIEW INTÉGRALE DE LA PROPRIÉTAIRE DU SALON DE MASSAGE : « SONKO, ADJI SARR ET MOI.. »

Rédigé par leral.net le Vendredi 5 Février 2021 à 22:08 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIF - L’INTERVIEW INTÉGRALE DE LA PROPRIÉTAIRE DU SALON DE MASSAGE : « SONKO, ADJI SARR ET MOI.. »
Tout est parti d’une plainte, révélée par nos confrères du journal Les Échos dans sa livraison de ce vendredi, 5 février 2021. L’affaire semble aussi grosse que grave. Ousmane Sonko, actuel leader de l’opposition et un des plus redoutables adversaires du pouvoir cité dans une affaire de mœurs, l’affaire suscite rapidement moult interrogations.
Ayant obtenu copie de la plainte déposée par la dénommée Adja Sarr, masseuse de profession, Emedia.sn décide de se rendre sur le lieu indiqué dans le document pour en vérifier l’existence. Après quelques tours près du cimetière Saint Lazare, à Sacré Cœur 3, à quelques jets de pierres de l’ancien siège de l’APR et non loin du quartier général du candidat Sonko sur la VDN, nous tombons sur une affiche publicitaire d’un salon de massage. Le nom est le même que celui sur la plainte. Sweet Beauté.

Plusieurs coups de fil sur les numéros indiqués, mais ça sonne dans le vide. Un tour dans le quartier, puis quelques questions aux riverains, nous arrivons en face d’une bâtisse peinte d’un rouge vif, avec une enseigne explicite. Les lieux ont l’air d’une maison close, mais c’est bien un salon de massage disposant d’un agrément de l’État qui y a installé ses quartiers. Après deux sonneries, la propriétaire des lieux se présente et devine d’entrée l’objet de notre visite.
Elle nous demande de patienter, se retire quelques minutes avant de ressortir ouvrir le portail de son établissement avec pour condition de ne pas la prendre en vidéo ni de laisser trace de sa voix sur le web. Marché conclu.
Le déco sommaire, une lumière rouge tamise le hall, une petite salle avec un banc de massage à gauche, une autre grande salle, fermée. La visite des lieux s’arrête ici c’est à l’entrée du couloir entre les deux salles, qu’elle accepte de répondre à nos questions.
Premier constat, elle nous donne un faux nom. En début d’interview, c’est Amy Diop, à la fin, c’est Absa Diagne. Mais, pendant près d’un quart d’heure, elle nous livre sa version de ce qui est l’origine d’une affaire qui pourrait, soit porter un coup à l’image d’un acteur majeur de la scène politique, soit renforcer son aura s’il ne s’agirait que d’une vulgaire cabale.
Cette dame, propriétaire du salon, est persuadée par la deuxième version, celle d’un coup monté contre le député de Pastef. Sauf qu’elle admet que ce dernier est un client fréquent de l’institut de massage où il a ses habitudes généralement quand il revient de voyage, mais sans jamais verser dans les propositions indécentes. Dans cet entretien, elle charge son ex employée qui aurait été manipulée pour accuser Sonko, même si elle révèle également qu’elle n’était pas sur les lieux aux moments des faits supposés .
*Interview réalisée en Wolof, entre 16h45 et 17h05, peu avant que les lieux ne soient encerclés par la gendarmerie, pour des nécessités de l’enquête.
Comment vous vous appellez ?
(Elle hésite un moment avant de répondre) Je m’appelle Amy... Amy Diop.
Êtes-vous la propriétaire de ce salon de massage dénommé "Sweet Beauté Massage" ?
Oui, j’en suis la propriétaire et je loge ici avec ma famille. Mon mari et ma fille.
Exercez-vous en tant que masseuse ou avez-vous juste des employées qui font les prestations ?
Moi, je n’exerce pas. J’ai des employées qui font le travail.
Nous avons eu l’information selon laquelle une certaine Adji Sarr, employée de ce salon de massage, a déposé une plainte à la Section de recherches contre l’homme politique Ousmane Sonko pour des accusations très graves de viols et menaces de mort et que les faits se seraient déroulés ici. Avez-vous eu vent de cette histoire ?
Moi, je n’ai porté plainte contre personne. Adji Sarr était mon employée. Elle travaillait ici. Elle a d’abord travaillé pour moi dans un premier temps, ensuite je l’avais licenciée. Elle est restée près de six mois puis elle est revenue reprendre, juste avant décembre.
À l’heure actuelle, est-elle toujours votre employée ?
Quand elle a fait cette erreur d’accuser Ousmane Sonko...
Erreur, c’est-à-dire ?
Parce que Sonko avait l’habitude de venir se faire masser ici. Mais je ne l’ai jamais vu faire des propositions indécentes aux masseuses. Tout ce que je sais, c’est qu’à chaque fois qu’il venait ici, il ne demandait qu’un seul type de massage. Il se plaignait de douleurs du dos et quand il venait, la séance de massage se faisait de la façon la plus simple : il s’installait sur une chaise et on lui massait le dos, un massage tonifiant. Et ça s’arrêtait là et il partait comme il était venu. Il ne voulait même pas être reconnu.
Comment Ousmane Sonko venait-il ici tout en voulant qu’on ne le reconnaisse pas ?
Quand il venait, il ne voulait pas que les masseuses le reconnaissent. Il masquait son visage avec un tissu ou une capuche. Je ne l’ai jamais vu se déshabiller totalement pour se faire masser. Il ne faisait que soulever le haut pour qu’on lui masse le dos. Adji Sarr, c’est moi qui l’ai mise en rapport avec Ousmane Sonko. C’est elle qui s’occupait de son massage jusqu’à ce qu’un jour, je l’ai entendue au téléphone dire à son interlocuteur qu’elle était au top, parce ce que c’est elle qui s’occupait du massage du président Sonko. Son interlocuteur lui avait répondu : « Je voudrais qu’on fasse un deal. Il faut que tu fasses l’impossible pour entretenir un rapport avec lui. Il faudra tout faire pour me trouver son sperme qui devrait nous servir de preuve contre lui. »
Ce jour-là, quand Ousmane Sonko est venu, je l’ai mis en rapport avec Adji Sarr comme d’habitude mais cette fois-ci avec une autre fille pour un massage quatre mains (avec deux masseuses) parce que je n’avais plus confiance en Adji. Mais, une fois à l’intérieur, Adji avait demandé à la fille, qui est une débutante, de sortir et de la laisser seule avec Ousmane Sonko. Après qu’il eut fini son massage, et au moment où Sonko préparait à quitter, le téléphone Adji avait sonné. C’était mardi passé. Ce jour, Sonko est entré ici vers 22h.
22h, cela veut dire que vos masseuses passent la nuit ?
Oui ! Avec le couvre-feu, elles sont obligées de passer la nuit ici. Il y a une équipe qui passe la journée, l’autre passe la nuit. Ce jour, Adji avait passé plusieurs coups de fil et des gens devaient venir la chercher pour l’amener à l’hôpital après le départ de Sonko.
Lorsqu’Adji est sortie de la cabine, je l’ai entendu parler avec quelqu’un au téléphone et elle a répondu qu’il a éjaculé. Le gars lui a ensuite demandé de se dépêcher pour partir. Une voiture noire est venue la chercher la nuit même vers 23 heures, en plein couvre-feu et bien escorté. Je suis persuadé que ce sont ces gars qui ont payé la fille pour créer des problèmes à Ousmane Sonko. Ils doivent être puissants parce que les derniers jours, tous ses repas venaient de la Résidence Mamoune et elle n’en a pas les moyens.
Sur quelles bases pouvez vous affirmer tout ceci ?
J’ai des preuves intangibles de tout ce que j’ai dit. Il y a quelqu’un qui a assisté à toutes les conversations de Adji avec ses comploteurs.
Vous étiez où au moment des faits ?
J’étais sortie. J’ai un enfant malade.
Quelle est la fréquence des visites de Sonko ici ?
Il vient rarement ici. Parfois il peut rester 15 jours sans venir. Le plus souvent, il vient au retour de ses voyages.
Comment il vient ici, par voiture, ou à pied ?
C’est près de la boutique qu’il gare sa voiture.
Quel type de voiture ?
Non je ne sais pas. Et même si je le savais, je n’allais pas le dire. Sa voiture ne m’intéresse pas.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le type de massage qu’il sollicite chez vous ?
Ici on ne pratique que les massages classiques. C’est le massage tonifiant ou le massage relaxant. Le tonifiant, c’est un massage pour ceux qui sont fatigués et l’autre pour ceux qui veulent se relaxer. Il sollicitait le tonifiant, le prix est à 20 000 F CFA.
Pourquoi votre employée l’accuse-t-elle ? Est-ce qu’il y a des clients qui vont jusqu’à avoir des faveurs sexuelles avec vos masseuses ?
Non ici, c’est un institut professionnel de beauté. C’est un lieu de travail (elle nous montre l’agrément officiel affiché sur un mur et le règlement intérieur qui indique clairement que les faveurs sexuels ne sont pas autorisés). Il n’y a pas de place pour ça.
Pouvez-vous nous dire où habite Adji Sarr ?
Je ne sais pas.
Vous dites l’avoir licenciée une fois par le passé. Pourquoi ?
On m’avait dit des choses sur elle qui sont avérées. C’est pourquoi je l’ai renvoyée. J’ai constaté qu’elle ment beaucoup. Elle est capable de prendre le téléphone des gens et de les transférer leurs messages à d’autres personnes. Elle n’était pas professionnelle.
Pourquoi l’avoir reprise alors ?
Je pensais qu’elle avait changé. Parce qu’auparavant je l’avais appelée et lui avait donné beaucoup de conseils sur comment se comporter dans la vie.
Connaissez-vous ceux qui seraient derrière elle ?
C’est ce que tout le monde demande à savoir. À la gendarmerie, c’est ce que les enquêteurs lui ont demandé. Ils lui ont demandé ses complices pour faire tomber Sonko. Quand elle quittait la maison, elle avait dit qu’elle était enceinte. Le même jour où Sonko était passé. Mais, elle n’avait pas voulu me donner des détails sur sa grossesse. C’est le lendemain que j’ai été convoquée à la gendarmerie de Colobane.
Elle avait dit aux gendarmes qu’elle a été violée. Quand je lui ai dit, devant les enquêteurs, qu’elle m’avait parlé d’une grossesse et non d’un viol, elle a répondu : "Je voulais avoir raison." Pour moi, c’est un deal. Sonko ne me semble pas être une personne de mauvaise réputation. A chaque fois qu’il venait ici, il cachait son visage. Et c’est lui qui amenait son huile de massage. Il ne peut y avoir de viol dans cette maison. C’est impossible. Mon mari est là, il y a d’autres personnes dans la maison. Mon mari, une autre masseuse, la femme de ménage, ma fille... Ma chambre est là à côté. S’il y avait tentative de viol, ils auraient entendu du bruit. Elle ment. Peut-être qu’elle veut de l’argent. S’il y a viol, ce n’est pas ici. Ailleurs peut être, je ne sais pas mais ici, non.
Elle a aussi parlé d’armes, disant que Sonko serait venu, avec deux armes...
C’est encore des mensonges. À chaque fois, c’est moi qui ouvrais la porte à Ousmane Sonko et je ne l’ai jamais vu avec une arme. J’ai toujours soupçonné Adji de fomenter quelque chose contre Sonko. C’est pourquoi, la dernière fois, je l’ai mise avec la nouvelle masseuse. Mais elle lui avait demandé de la laisser seul avec lui.
Vous disiez tantôt qu’elle aurait affirmé à quelqu’un au bout du fil, qu’elle a eu ce qu’elle voulait, de quoi pouvoir faire un prélèvement qui pourrait confondre Sonko. Cela veut-il dire qu’il y aurait eu plus qu’un massage ?
Je ne dis pas qu’il y a eu plus qu’un massage. Je dis juste qu’on lui a demandé au téléphone si elle avait été au bout et elle a dit oui, ensuite on lui a dit de quitter rapidement pour l’hôpital. Et en quittant la maison, Adji ne m’a jamais dit qu’elle avait été violée ou quoi que ce soit. Elle m’a dit qu’elle était enceinte, en pleurs. Quand je lui ai demandé l’auteur de la grossesse, elle est partie en me disant qu’elle allait m’expliquer. C’est par la suite, le lendemain mercredi, que j’ai été convoquée à la Section de recherches de la gendarmerie, à Colobane. Là, on m’a parlé de viol. Elle était là, devant le gendarme. J’ai été surprise car elle m’avait dit autre chose, mais jamais elle ne m’a parlé de viol. Et pour être honnête, je ne crois pas qu’elle puisse être violée ici par Sonko. Je n’ai jamais vu de comportement douteux en lui.
D’habitude, Sonko vous appelle-t-il pour vous prévenir qu’il venait ou vous envoie-t-il des messages, ne serait ce que pour éviter de croiser d’autres personnes ?
Je ne répondrai pas à cette question... (Elle met un terme à l’entretien).
Rappelez-nous votre nom, s’il vous plaît...
Je m’appelle Absa Diagne.
 
 
 
 



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