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Eclairage sur l'entourage de Serigne Mountakha Bachir Mbacké, Khalif général des Mourides

Rédigé par leral.net le Dimanche 8 Mars 2020 à 19:23 | | 0 commentaire(s)|

Eclairage sur l'entourage de Serigne Mountakha Bachir Mbacké, Khalif général des Mourides
Depuis un certain temps, l’actualité est focalisée sur l’affaire de la veuve de Cheikh Béthio Thioune (que Dieu lui accorde Sa Miséricorde) au sortir de sa visite nocturne et en catimini, à Porokhane, auprès de Serigne Mountakha Bachir Mbacké.

Cette rencontre a été confirmée par Serigne Modou Rokhiya Mbacké dans un entretien téléphonique enregistré à son insu et qui par la suite, a largement circulé dans les réseaux sociaux. Dans cet audio, il justifie à tort ou à raison les motifs qui l’ont poussé à faciliter la visite de cette dame que le Khalife, dans un passé récent, avait publiquement désavouée et jetée à la poubelle.

Dès lors, cette rencontre qui a pris de court les mourides dans leur écrasante majorité, revêt un caractère incongru qui a soulevé naturellement l’ire des disciples et déclenché cette levée de boucliers à l’endroit de l’entourage immédiat du Khalife. Certaines personnes, telles des meutes déchaînées, profitèrent de cette opportunité pour déverser sans retenue leur bile sur l’entourage du Khalife Général, tenu pour responsable de cette forfaiture.

Fort de ce constat, il urge que des précisions objectives soient apportées pour mieux élucider le soubassement de cette affaire, avec comme unique objectif d’éclairer la lanterne des talibés qui portent jalousement dans leur cœur la mouridiyya et adorent particulièrement Serigne Mountakha Bachir Mbacké.

TOUBA : VERITABLE PÔLE D’ATTRACTION

Avant d’analyser la composition de l’entourage du Khalife et les missions spécifiques assignées à chaque membre auprès du saint homme, il me parait pertinent de rappeler que la proximité des membres de la famille religieuse détentrice pour un temps de la mission sacrée et sacerdotale de diriger la communauté mouride, a de tout temps généré une multitude de récriminations et de critiques justifiés ou pas à leur encontre. Cette réalité dont aucun Khilafat ne peut échapper peut s’expliquer par la multiplicité et la complexité des missions à la fois spirituelles, temporelles et éminemment sociales de cette haute charge divine qui draine et focalise toutes les forces d’intérêts et de convoitises du pays.

De facto, Touba devenu carrefour de rencontres, d’échanges et de brassages de tous les segments de la société dans un contexte mondial agité, se positionne en pôle d’attraction et centre vital de gravité du pays où tout se fait et se défait dans tous les compartiments de la vie. Il convient de souligner qu’en dépit de ce bouillonnement dont la ville sainte est en permanence soumise, la préoccupation majeure du Khalife est de préserver et de sauvegarder l’intégrité des disciples contre tout errement face aux dangers et périls pouvant survenir de tout côté qui guettent et menacent la communauté mouride. Il faut relever également que dans cette permanente agitation et la confusion qui en découle, l’éclosion et l’épanouissement de forces obscures sont favorisées.

Tapies dans l’ombre, elles mijotent leur sombre dessein, imaginant toutes formes de stratagèmes machiavéliques tendant à ternir voire mettre fin à la noble mission des familles religieuses celle de véhiculer et de propager les valeurs islamiques ancestrales de foi, de vertu et de piété dans le monde. L’entourage proche de ces hommes de Dieu, malheureusement, ne maîtrisant pas les réels enjeux de leur position, s’expose en cible de choix des pouvoirs d’argent toujours à l’affût de tels foyers religieux. Raison pour laquelle, Mame Cheikh Ibrahima FALL BABOUL MOURIDINA alertait en son temps : « Thia kanam touti, liye roure gnak bi, tchi bir gnak bi laye diogué ». ( Il est évident que dans un avenir proche les forces qui feront tomber la façade de protection proviendront de l’intérieur de la façade). Prémonition paraphrasée qui signifie que le danger attendu de l’extérieur proviendra juste de l’intérieur.

Dès après la disparition du regretté Serigne Sidy Moctar Mbacké (que DIEU lui accorde toute sa miséricorde), Serigne Mountakha Bachir Mbacké, installé nouveau Khalife Général des mourides, prit soin dans ses premières décisions d’écarter les membres de la famille de son père Serigne Bassirou Mbacké de toutes les responsabilités sensibles liées à la gestion de la ville sainte . J‘aborderai plus en détails ce sujet proprement dit dans les passages qui suivent.

AL MOUNTAKHA LE SELECTIONNE

L’éternel Diawrigne, bras droit et homme de confiance de plusieurs Khalifes de Serigne Touba devenu Guide suprême de la mouridiyya accepta le pacte d’allégeance de toute la communauté mouride. Très tôt dénommé le Khalife de la continuité, l’homme de Dieu imbu de ses qualités humaines, de son érudition, de ses vastes connaissances mais surtout de son charisme imprima à son magistère le sceau de la droiture, de la dévotion, de la piété mais surtout de l’anéantissement total à Dieu. Ces atouts et prédispositions naturelles, doublés de son aura personnel pétillant de majesté, lui valent aujourd’hui l’admiration et l’amour profond de tous les musulmans en général et particulièrement des mourides.

Dans le but de dissocier sa famille originelle de tout soupçon d’ingérence dans l’exercice de ses nouvelles prérogatives, sa première décision fut de désigner la Résidence Khadimou Rassoul, comme Siège officiel de son califat. A ses jeunes frères Serigne Fallou Bachir Mbacké et Serigne Issakha Bachir Mbacké,
il confia la charge de la gestion de tout l’ensemble du patrimoine de la famille de Darou Minane. Également le nouveau Khalife se déchargeait par la même occasion de tous les évènements jadis organisés et pilotés par la famille de Serigne Bassirou Mbacké. En guise d’illustration, je n’en citerais que deux, à savoir le FULK de Diourbel durant le mois de ramadan et le Maouloud à Diourbel.

Le Magal de Porokhane était prévu de figurer dans cette liste d’événements à supprimer de son agenda particulier n’eût été l’insistance pressante de certains dignitaires mourides, qui le persuadèrent de garder au moins dans ses prérogatives régaliennes cette haute responsabilité qui intéresse et interpelle toute la communauté mouride entière.

A noter que ces nouvelles mesures prises par Serigne Mountakha Mbacké ne manquèrent pas de susciter un goût amer dans la famille de Darou Minane et surtout à Diourbel. Mais au bout du compte, la raison finit par gagner tout le monde, convaincu que le Khalife souhaitait par ces sages mesures atteindre un double objectif. Premièrement celui de préserver sa famille originelle de toute séquelle souvent survenir à la fin de chaque khilafat (que DIEU lui accorde encore longtemps une longue vie). Dans un second plan, inaugurer une ère nouvelle, une nouvelle démarche participative qui lui permettrait de se concentrer, exclusivement, sur la gestion des affaires de la Cité religieuse.

Dès après la célébration des cérémonies de funérailles de Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, Serigne Mountakha Bachir a instruit tous ses fils, neveux et petits-fils de Serigne Bassirou Mbacké, de ne jamais interférer dans la gestion de son Khilafat et chacun de retourner dans son fief respectif. Il est reconnu aux descendants de la lignée de Darou Minane de ne jamais discuter un quelconque ndigel de leurs guides et que par conséquent, tout le monde était convaincu que ces instructions du Khalife allaient être respectées à la lettre.

A analyser de près la configuration des membres immédiatement proches du Khalife et qui détient les principales responsabilités, d’où repose le socle du pouvoir de décision de Touba, aucun fils ou autre quelconque neveu que ce soit n’y figure. A ce propos, il faut souligner que rares sont les mourides qui peuvent reconnaître le fils aîné du Khalife. Fidèle à sa ligne de conduite d’écarter tout membre de sa famille, contrairement dans le passé où des membres proches de la famille (fils ou autres) étaient soit désignés comme interlocuteurs officiels ou officieux auprès des autorités étatiques, soit se proclamaient d’un tel statut. Serigne Mountakha Bachir a laissé à Serigne Bass Abdou Khadre, cette mission.

D’ailleurs à ce propos, ce dernier ne me démentira pas car il est particulièrement à l’aise dans la famille de son homonyme ( Serigne Bassirou ), en dépit des craintes qu’il nourrissait pour évoluer aisément dans cette famille réputée pour son orthodoxie basée sur l’éducation, le savoir, le travail et l’adoration de Dieu. En prenant ces mesures, Serigne Mountakha apportait une preuve supplémentaire de son engagement à revêtir son magistère d’un caractère neutre et général, où toute empreinte ou indice d’accointance familiale est occultée.

Toutes les instances mises en place par ses aînés et trouvées sur place ont été maintenues et leurs dirigeants reconduits jusqu’au poste de Maire de la Commune de Touba autrefois instable à l’avènement de tout nouveau Khalife. L’ancien titulaire demeure toujours en poste bien que son incompétence et ses limites soient avérées et admises par tous. Toutefois, Il faut admettre que son remplacement devenu une nécessité, doit découler de critères objectifs de choix définis au regard de la dimension et de l’envergure de Touba et non survenir que d’une simple succession de Khalifes. Toutes les autres structures qui s’activent dans la ville sainte de Touba, ont vu leurs compétences et leurs prérogatives renforcées par Serigne Mountakha.

A titre d’exemple, je peux citer le Dahira SAFINATOUL AMANE, dont le cheval de bataille est la lutte contre les mauvaises mœurs et la délinquance dirigé par son cousin Serigne Modou Lô Ngabou, qui a été galvanisé par le Khalife en ces termes : « Je suis totalement réceptif et favorable à toute initiative ou suggestion émanant de votre structure ». Le Dahira RAWDOU RAYAHINE à sa tête l’infatigable Serigne Ahmadou Badawou Mbacké Falilou, entouré de savants et d’hommes de science mourides, joue le rôle de levier sur lequel Serigne Mountakha s’appuie pour réaliser son gigantesque projet, à savoir la construction de l’Université de Touba dévolue à la quête de la science et de l’apprentissage de toutes les connaissances.

Son vœu le plus cher est de parachever le dernier vœu de Cheikhoul Khadim. Les membres du Dahira Hizbou Tarkhiya quant à eux, sont porteurs d’un autre projet d’envergure du Khalife à savoir la construction d’une grande bibliothèque « Keurouk Khassaîdes « . Le Comité de pilotage en charge de la préparation et de l’organisation du Grand Magal de Touba, autre grande instance, est toujours supervisé par le porte-parole Serigne Bass Abdou Khadre sans une présence influente de Darou Minane.

S’agissant des comptes de Serigne Touba, Serigne Mountakha Bachir les a tous personnellement verrouillés et sécurisées.

Mon intention en énumérant ces quelques instances de gestion dans la ville de Touba, est de démontrer, preuves à l’appui, que durant le khilafat de Serigne Mountakha, aucun membre de la famille de Darou Minane n’est impliqué de près ou de loin dans la gestion des affaires.

Les quelques membres de la famille de Serigne Bassirou qui gravitent autour du Khalife, sont strictement circonscrits dans la gestion de sa demeure pour la plupart des « beuks neks » . La gestion de l’organisation des ziars et des dahiras est confiée à son neveu Serigne Cheikh Abdou Latif Mbacké. Ce groupe de personnes, les seules issues de sa famille, est placé sous la supervision de Serigne Moussa Nawel Mbacké.

Il convient à présent d’apporter quelques précisions importantes relatives au scandale né de la visite de la veuve de Cheikh Béthio qui a défrayé la chronique. L’opinion publique n’en a retenu que le rôle supposé joué par mon frère cadet, qui ne mesurant pas l’impact que susciterait une rencontre de la dame avec le Khalife, a été induit en erreur à le pousser à s’impliquer dans l’organisation de cette visite et d’en endosser naïvement toute la responsabilité.

En cédant à la pensée d’un repentir sincère de la dame Serigne Modou Rokhiya a commis l’erreur fatale qui lui a valu ce torrent de reproches tous azimuts . En réalité, son péché majeur est d’avoir perdu de vue que ce déchet (la dame) n’est pas recyclable. La nuit du Saint valentin pompeusement célébrée le 14 Février par ses adeptes, en apporte suffisamment la preuve. Par ailleurs dans cette affaire, ce qui est passé sous silence et ignoré de l’opinion, est que c’est une autorité religieuse de Touba en l’occurrence Serigne Mbaye NIANG de Keur NIANG qui a mûri ce projet de visite, l’a organisé et même exécuté.

Ce Conseiller de la Mairie de Touba mosquée a non seulement accompagné la dame mais encore, a parlé en son nom durant cette audience avec le Khalif à Porokhane. Tout le monde se rappelle que c’est lui Mame Mbaye NIANG qui avait alerté la Gendarmerie de Touba sur une éventuelle attaque des mourides sur la résidence de la dame à Ngabou. Information avérée finalement fausse, car aucune agression de la dame n’était envisagée car les talibés qui avaient déjà jeté la dame dans les poubelles, conformément au ndigël du Khalife.

D’ailleurs, le lendemain de cette fausse alerte, toute la presse du pays reprenait l’information en gros titre : « Comment Mame Mbaye NIANG a sauvé la dame Aîda Diallo du pire ». Le journal "L’Observateur" dans sa parution du 24 octobre 2019, écrivait : « Après la fatwa du Khalif Général des mourides, certains fidèles avaient nourri le dessein de s’en prendre à elle…et elle ne dut son salut que grâce au concours de Mame Mbaye NIANG.

SERIGNE MOUNTAKHA BACHIR MBACKE SEUL FACE AUX CHARGES

A la lumière de tout ce qui précède, il convient de tirer la conclusion selon laquelle, Serigne Mountakha Bachir Mbacké, au regard de l’originalité de son management dans la gestion de son khilafat :
- écartant les membres de sa famille,
- maintenant tous les responsables à leurs postes,
- lancé un appel et ouvert ses bras à tout descendant et cheikh de Serigne Touba,
… a véritablement réussi le pari de la transparence et de l’ouverture sans exclusive. Aujourd’hui, il apparaît évident que la disponibilité, l’abnégation, la sollicitude et le sacrifice de soi dont il a fait preuve auprès des Khalifes qui l’ont précédé, qu’il a tous servis dans l’effacement et l’humilité, lui facilitent aujourd’hui l’exercice de sa mission. Seulement, à observer de près ce qui se déroule sous nos yeux, Serigne Mountakha Mbacké ne semble t-il pas trop seul face aux assauts et agressions contre la mouridiyya ? Bénéficie-t-il réellement de la posture d’un certain Serigne Mountakha Bachir, dont tous les autres Khalifes avaient bénéficié. Tous les responsables de son dispositif à qui il a confié des misions importantes prennent-ils la pleine mesure du véritable rôle attendu d’eux.

A mon humble avis, ils se devaient de constituer autour de sa personne, une arrière-garde visible, lui proposant des initiatives, anticipant sur le déroulement des évènements mais surtout actifs sur tous les fronts dont la mouridiyya est confrontée ou en voie de l’être. Les dignitaires de Touba les plus représentatifs inquiètent par leur attentisme face aux évènements qui se déroulent devant eux, obligeant le Khalife à s’exposer en permanence en première ligne. Eux qui devaient lui servir de bouclier et faire écran autour de sa personne, se réfugient dans un silence incompréhensible tandis que les menaces et les périls sont aux portes de la Cité religieuse.

Dans son discours historique d’après la prière de la Korité de 2019, le Khalif Général des mourides, Serigne Mountakha Bachir Mbacké presque en larmes, déclarait publiquement son impuissance face aux agressions et attaques contre la communauté, formulant clairement sa vive complainte d’être convaincu que ses propos resteront vains et ne seront pas entendus. Il conclut en disant : « dama wara wakh mo takh maye wakh ».L’on se remémore le bonheur et la satisfaction que le khalife a éprouvées après la brillante sortie d’après prière de Korité 2019 de SERIGNE ELHADJI MAME THIERNO MBACKE de DAROU MANAME, invitant justement toutes les autorités de Touba, en les citant nommément, à s’ériger en bouclier autour de serigne Mountakh Bachir Mbacké, dans la défense et la sauvegarde du legs de Serigne BAMBA.

Certes, tous les mourides sont convaincus de l’inaltérabilité et de l’inviolabilité de la mission de Serigne TOUBA. Serigne Mountakha en proposant de jeter la dame à la poubelle, avait également déclaré que nul ne pouvait salir ou détruire la voie de Serigne Touba. Effectivement, jusqu’au Jugement dernier, des phénomènes de ce genre continueront de se produire car Ibliss avait averti Dieu en ces termes : « Seigneur, puisque Tu m’as égaré’ je m’emploierai à égarer les hommes en embellissant à leurs yeux la vie sur terre excepté les fidèles que Tu auras élus. »

Moustapha Fadilou MBACKE
Journaliste / Conseiller en stratégie de communication