Envoyé spécial au Caire
L'immense fête dont s'est enivrée dimanche soir la place Tahrir n'aura constitué qu'une courte trêve. Sitôt la liesse retombée, le président élu, Mohammed Morsi, s'est attelé lundi à la composition du futur gouvernement, qu'il a promis d'ouvrir aux diverses composantes de l'échiquier politique égyptien. Il devait ensuite se rendre au ministère de la Défense afin d'examiner avec le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) les modalités de son investiture, d'ici au 1er juillet.
Ces discussions, loin de se cantonner à de simples considérations protocolaires, portent sur le délicat partage des pouvoirs entre le président et les forces armées. Or les deux camps en présence affichent des vues diamétralement opposées en la matière.
Le CSFA, en charge de la transition depuis la chute de l'ex-raïs, a entériné il y a dix jours la dissolution du Parlement ordonnée par la justice. Il a dans la foulée publié une déclaration constitutionnelle qui borne étroitement les prérogatives du président et confie à l'armée l'exercice temporaire du pouvoir législatif, ainsi que la maîtrise des questions de défense et de sécurité intérieure. En l'absence d'un Parlement régulièrement élu, le texte prévoit enfin que Mohammed Morsi prête serment devant les magistrats de la Cour constitutionnelle - ce qui reviendrait à reconnaître l'autorité de son président, Farouk Sultan, nommé par Hosni Moubarak et réputé proche de l'armée.
Encouragés par leur victoire électorale, les Frères musulmans espèrent faire reculer les généraux, notamment en continuant d'occuper la place Tahrir. «Le président Morsi et son équipe sont en pourparlers avec le Conseil suprême des forces armées pour rétablir le Parlement élu, ainsi que sur d'autres questions», a déclaré lundi Essam Haddad, haut responsable de la confrérie. Un recours a notamment été formé dans l'espoir de faire annuler le décret prononçant la dissolution du Parlement. Il devrait être examiné ce mardi par le tribunal administratif.
Mise en garde de l'UE
Au Caire, nombre d'observateurs doutent cependant que Mohammed Morsi parvienne à faire fléchir les généraux. «Il semble que le président n'ait pas beaucoup de pouvoirs et que son élection constitue finalement un non-événement», grimace Hisham Kassem, un éditorialiste libéral. «Après tout ce qui s'est passé, on ne voit pas très bien comment les militaires pourraient reculer sur la dissolution», confirme un diplomate européen.
Mohammed Morsi, dont l'élection a été saluée lundi par une forte hausse des indices à la Bourse du Caire, a reçu des messages de félicitations venus du monde entier, ainsi que quelques mises en garde. L'UE lui a notamment rappelé la nécessité de «respecter l'État de droit et de protéger les droits de l'homme pour tous, y compris les libertés d'expression, de rassemblement, de religion et de croyance». Un message sans ambiguïté, alors que la communauté copte a accueilli avec appréhension l'élection d'un président islamiste à la tête du pays. Dimanche soir, dans sa première allocution présidentielle, Mohammed Morsi avait promis d'être «le président de tous les Égyptiens».
Par Cyrille Louis
L'immense fête dont s'est enivrée dimanche soir la place Tahrir n'aura constitué qu'une courte trêve. Sitôt la liesse retombée, le président élu, Mohammed Morsi, s'est attelé lundi à la composition du futur gouvernement, qu'il a promis d'ouvrir aux diverses composantes de l'échiquier politique égyptien. Il devait ensuite se rendre au ministère de la Défense afin d'examiner avec le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) les modalités de son investiture, d'ici au 1er juillet.
Ces discussions, loin de se cantonner à de simples considérations protocolaires, portent sur le délicat partage des pouvoirs entre le président et les forces armées. Or les deux camps en présence affichent des vues diamétralement opposées en la matière.
Le CSFA, en charge de la transition depuis la chute de l'ex-raïs, a entériné il y a dix jours la dissolution du Parlement ordonnée par la justice. Il a dans la foulée publié une déclaration constitutionnelle qui borne étroitement les prérogatives du président et confie à l'armée l'exercice temporaire du pouvoir législatif, ainsi que la maîtrise des questions de défense et de sécurité intérieure. En l'absence d'un Parlement régulièrement élu, le texte prévoit enfin que Mohammed Morsi prête serment devant les magistrats de la Cour constitutionnelle - ce qui reviendrait à reconnaître l'autorité de son président, Farouk Sultan, nommé par Hosni Moubarak et réputé proche de l'armée.
Encouragés par leur victoire électorale, les Frères musulmans espèrent faire reculer les généraux, notamment en continuant d'occuper la place Tahrir. «Le président Morsi et son équipe sont en pourparlers avec le Conseil suprême des forces armées pour rétablir le Parlement élu, ainsi que sur d'autres questions», a déclaré lundi Essam Haddad, haut responsable de la confrérie. Un recours a notamment été formé dans l'espoir de faire annuler le décret prononçant la dissolution du Parlement. Il devrait être examiné ce mardi par le tribunal administratif.
Mise en garde de l'UE
Au Caire, nombre d'observateurs doutent cependant que Mohammed Morsi parvienne à faire fléchir les généraux. «Il semble que le président n'ait pas beaucoup de pouvoirs et que son élection constitue finalement un non-événement», grimace Hisham Kassem, un éditorialiste libéral. «Après tout ce qui s'est passé, on ne voit pas très bien comment les militaires pourraient reculer sur la dissolution», confirme un diplomate européen.
Mohammed Morsi, dont l'élection a été saluée lundi par une forte hausse des indices à la Bourse du Caire, a reçu des messages de félicitations venus du monde entier, ainsi que quelques mises en garde. L'UE lui a notamment rappelé la nécessité de «respecter l'État de droit et de protéger les droits de l'homme pour tous, y compris les libertés d'expression, de rassemblement, de religion et de croyance». Un message sans ambiguïté, alors que la communauté copte a accueilli avec appréhension l'élection d'un président islamiste à la tête du pays. Dimanche soir, dans sa première allocution présidentielle, Mohammed Morsi avait promis d'être «le président de tous les Égyptiens».
Par Cyrille Louis